𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟕.
21 octobre 2024, 18h52.
La discussion avec ma mère tournait en boucle dans ma tête. Il était certain qu'elle avait touché un point sensible. Elle avait posé une question que j'avais trop longtemps refoulé parce que je ne me sentais pas en droit d'y apporter une réponse. Malheureusement, il fallait que je me rende à l'évidence.
J'admirais un peu trop monsieur Park.
Il m'intriguait un peu trop.
J'étais, *un peu trop,* perturbé en sa présence pour que cela soit anodin.
Pourtant je ne me sentais pas....Comment dire..? Je n'avais pas l'impression que ces sentiments puissent être ceux qu'elle suggérait.
J'étais rempli de doutes et d'incertitudes depuis ce samedi, alors j'avais décidé de sortir faire un tour pour me changer les idées. J'étais passé à la supérette pour faire une course, puis j'étais allé faire un tour à la piscine municipale pour saluer mes anciens collègues et voir comment ça se passait depuis mon départ. L'air de Busan me faisait vraiment du bien, je me sentais chez moi, à ma place et j'oubliais tous mes soucis. C'était presque comme si je n'étais jamais partit, comme si ces derniers mois à l'Institut n'avaient été qu'un très long rêve, qu'une illusion.
Perdu dans le fil de mes pensées, je ne remarquai pas immédiatement le quartier dans lequel j'avais atterris comme par magie. Mon subconscient cherchait sûrement à me faire passer un message, je ne voyais pas d'autres explications. Curieux, je tournai à droite au croisement d'une rue que je connaissais par coeur. C'était ici que se trouvait...
...Mon premier travail.
L'enseigne était la même, les vitrines également, les tables et les chaises non plus n'avaient pas changé. Cela devait faire un peu plus d'un an que je n'avais pas mis les pieds ici. J'étais nostalgique. Mais tout de même teinté d'amertume. Un soupir m'échappa au moment où j'allais faire demi tour, puis une voix retentit et me stoppa net.
— Jungkook-ah ?
En relevant la tête, mes yeux croisèrent le regard de mon ancien patron. Ses traits étaient bien plus marqué que dans mes souvenirs et pour une raison étrange cela me serra le coeur.
— C'est bien toi, j'ai failli ne pas te reconnaitre..
J'esquissai un faible sourire en m'inclinant poliment alors que monsieur Lee s'avançait vers moi. Une petite accolade sur l'épaule m'incita à me redresser, me plongeant dans son regard vitreux, il semblait ému de me voir là.
— Je ne pensais pas te revoir un jour.. Ta mère m'as dit que tu étais partie à Daegu pour faire des études..?
— C'est exact, j'étudie à l'Institut Viktor Andris. En lettres. Je suis rentrée chez ma mère pour les vacances.
Il acquiesça vivement en me tapotant l'épaule.
— C'est bien, c'est bien, tu poursuis ton rêve...Tu veux boire quelque chose ? Je suis très heureux de te voir. Je n'ouvre pas tout de suite, on aurait un peu le temps pour discuter.
Mon coeur rata un battement tandis que je cherchais un moyen pour décliner son offre sans l'offenser. J'aimais énormément monsieur Lee, mais il y avait quelqu'un ici que je ne voulais surtout pas croiser.
— Je suis désolé, j'ai-
Avant que je n'ai pu finir ma phrase, je vis la porte du restaurant s'ouvrir sur une silhouette qui m'était bien trop familière. J'allais prendre mes jambes à mon cou lorsque ses yeux se relevèrent vers moi. Ses pupilles s'arrondirent et ma respiration se coupa.
— Jungkook-ah..?
Monsieur Lee sembla intriguer par ma soudaine coupure et ne tarda pas à suivre mon regard pour se poser sur son employé, derrière lui.
— Ah, Sungwoo-yah...
Nos regards s'étaient aimantés et ne semblaient plus vouloir se lâcher. Sungwoo avança soudain doucement et j'eu un mouvement de recul involontaire.
— Jungkook...
Sa voix réveilla des sensations que j'avais oublié et que j'aurais préféré garder enfouis. Monsieur Lee passa une main dans mon dos en signe de soutien, puis il regarda Sungwoo d'un air sérieux.
— Vous devez avoir envie de discuter, aller faire un tour avant que nous ouvrions le restaurant.
Mon vis-à-vis acquiesça sans me lâcher des yeux, puis monsieur Lee m'accorda une dernière tape dans le dos avant de s'éclipser discrètement. Nous ne lui avions jamais avoué la raison pour laquelle j'avais démissionné il y a un an, comme nous ne lui avions jamais parlé de nous. Mais je présumais qu'il avait dû s'en douter. Nous n'étions pas assez discret pour qu'il ait pu complètement ignoré que nous étions sortis ensemble.
— Je.. Je suis heureux de te revoir.
Mes yeux fuirent vers le sol. Je n'étais pas prêt à affronter cette partie de ma vie que j'avais laissé derrière moi. C'était trop douloureux. Encore trop vif au creux de mon coeur et marqué au fer rouge dans ma poitrine.
— Est-ce qu'on peut parler..? Je pense que je te dois des excuses convenables...et surtout une explication..
Je me pinçais les lèvres, hésitant. Peu importait ses excuses, cela ne changerait rien. Il m'avait trompé.
— Je ne suis pas venu ici pour ça. Et tes explications n'atténueront pas ce que tu m'as fait.
— Oui...Tu as raison.. Mais je tiens quand même à m'excuser...Vraiment, je suis désolé de t'avoir fait du mal, j'étais un idiot qui croyait savoir tout mieux que tout le monde.
J'hochai vaguement la tête. Je m'en fichais de ses excuses, je ne voulais pas le revoir, pas entendre ses pseudos remords, *rien*. Mais en relevant la tête, son regard me fit de la peine. En presque un an de relation, je ne l'avais jamais vu comme ça. Cette constatation me bouleversa mais je fis mon possible pour le masquer.
— Tu m'as brisé. Je te faisais confiance. Je t'aimais. Je t'ai tout donné de moi. Et toi tu as...tu m'as..
Ma gorge se compressa sous l'effort, parler de cette histoire faisait remonter tout ce que j'avais tenté, en vain, d'enfouir au plus profond de moi. Mes pupilles larmoyantes plantées dans les siennes pouvaient lire des remords et de la tristesse. Il était peut-être sincère finalement.
— Je sais. Et encore une fois, je suis désolé. Je ne voulais pas, je regrette vraiment d'avoir fait des choix aussi stupides.
— D'accord. Je pense que le plus important est que tu reconnaisses tes erreurs. répondis-je, plus sèchement que ce que j'aurais voulu.
— Je suis heureux de voir que tu n'as pas laissé tombé tes ambitions...*Un sourire nostalgique naquit sur son visage.* J'ai appris que tu avais intégrer cette école qui te faisait tant rêver...
Un sourire m'échappa malgré moi.
— Ça n'as pas été facile mais j'ai réussi.
— Je suis fier de toi, je sais que tu iras loin. Tu es une personne incroyable, Kook. Et tu seras pour toujours mon plus grand regret, si seulement je ne t'avais pas rencontré à ce moment là, je ne t'aurais jamais fait souffrir de la sorte. Les choses se seraient peut-être passées autrement..
Sa voix s'était craquelée, m'interpellant. Sungwoo n'avait jamais montré une telle faiblesse, une telle faille, et je présumais que si je voulais faire le deuil de notre relation, je devais l'écouter. Il fallait que je tourne la page et que ces sentiments s'évanouissent une bonne fois pour toute. Il était temps de tourner le dos au passé, mais pour cela je devais d'abord tendre la main.
— On marche un peu.. ?
Son visage retrouva soudain des couleurs avant qu'il n'acquiesce vivement. Nous rejoignîmes très vite un chemin près du fleuve Nakdong, le long duquel nous marchâmes tout en discutant. Je laissai Sungwoo me raconter ce qu'il s'était réellement passé avant notre rupture. Je n'avais jamais su les tenants et les aboutissant car je l'avais quitté avant de lui laisser une chance de m'expliquer.
Un soir, nous dînions comme à notre habitude, lorsqu'il m'avait avoué m'avoir trompé quelques semaines plutôt. Cette révélation m'avais détruit de l'intérieur et je ne voulais plus rien savoir de lui. Je me souvenais encore m'être levé avec les larmes aux yeux, l'avoir giflé et avoir quitté son appartement en trombe. Sur le chemin du retour, je lui avais écris un immense message dans lequel je lui expliquais combien il me dégoutait et que je ne voulais plus jamais le revoir.
Le lendemain, je donnais ma démission à monsieur Lee.
Ma mère avait essayé de me raisonner, me disant d'au moins en parler avec lui pour comprendre ce qu'il s'était passé avant de prendre une décision que je regretterais sûrement. Mais je ne l'avais pas écouté, j'avais simplement voulu me protéger. La nouvelle m'avait fait bien trop de mal pour que je n'ai la force de m'infliger plus que cela.
Mais aujourd'hui, c'était différent. Le temps avait passé, j'avais murît et je m'étais forgé. J'étais prêt à entendre ce qu'il avait à me dire.
J'appris alors que le garçon avec lequel il m'avait trompé n'était autre que son premier amour. Un homme qu'il avait rencontré quelques années avant moi et qu'il ne pensait jamais revoir de sa vie. Il avait fait une croix sur ses sentiments, et ne pensait pas qu'un jour, il reviendrait toquer à sa porte. Il avait d'abord tenté de lui expliquer qu'il avait déjà quelqu'un, mais l'autre homme ne semblait pas vouloir l'entendre et insistait pour qu'il lui laisse une nouvelle chance. Sungwoo n'as pas réussit à lutter alors que ses sentiments étaient revenu au galop rien qu'à la vue de l'homme qu'il avait aimé si fort. La manière dont il s'ouvrait à moi ne me laissait aucun doute quand à la véracité de ce qu'il me disait, surtout qu'il ne me devait plus rien à l'heure actuelle.
Il m'expliqua également combien il avait immédiatement regretté ce moment de faiblesse, combien il s'en voulait et combien il aurait voulu pouvoir remonter le temps pour effacer ce qu'il s'était passé. Il avait longuement hésité sur la manière dont il voulait me l'avouer, la crainte de me perdre planant au dessus de sa tête. Et j'avais fait tout ce qu'il avait redouté. Je m'en voulais d'une certaine manière. Parce que si j'avais été plus mature, j'aurais au moins pu écouter ce qu'il avait à me dire. Même si, j'aurais sûrement toujours choisi de le quitter au bout du compte. Nous aurions sûrement moins souffert si nous avions pu en discuter. Mais j'avais été égoïste.
Ce qui était fait, était fait. Cela ne servirait plus à rien de remuer mes choix passés.
Sur notre chemin, nous avions trouvé un banc sur lequel nous asseoir pour pouvoir parler plus convenablement. Et après m'avoir raconté ce qu'il s'était passé pour lui après notre séparation, il me demanda ce que j'avais fait de mon côté. Je lui racontai alors pour mon second job à la piscine municipale jusqu'à mon inscription à l'Institut Viktor Andris et plus récemment, ma rentrée là-bas.
À mesure que nous parlions, je sentais un poids quitter mon corps. Je savais que j'avais fait le bon choix en acceptant de l'écouter. J'allais enfin tourner la page et peut-être pouvoir rouvrir mon coeur.
Cette barrière que j'avais créé, allait enfin pouvoir céder.
— Il y a des choses qui ne changent pas on dirait.
Je relevais les yeux vers lui, surpris.
— Comment ça...?
Il me tendit un sourire en dégageant une mèche rebelle de mon visage.
— Tu te protèges en te montrant sûr de toi alors que tu as juste envie qu'on te prenne dans nos bras.
Je me mordis la langue en détournant les yeux.
— N'importe quoi, j'ai grandis tu sais.
Un souffle amusé lui échappa alors que je sentis son bras passer derrière ma nuque avant de me tirer vers lui. La seconde d'après, j'étais blotti dans ses bras.
— Même si ça fait un an qu'on ne s'est pas vu, je te connais. Et je sens bien que tu ne me dis pas tout. Ce n'est pas grave, je comprend que je ne sois pas la personne à qui tu ais envie de te confier. Mais n'oublie pas que tu es un être humain, et que c'est normal de ne pas toujours être au meilleur sa forme.
Ses mots, au creux de mes oreilles réchauffèrent mon coeur.
J'acceptai alors l'étreinte, serein.
— Merci.
Il esquissa un sourire, je ne le voyais pas, mais je le savais.
— Non, ne me remercie pas. Je suis simplement sincère. Autorise toi tes faiblesses, autorise toi d'échouer, autorise toi d'être triste. Accepte que tu n'es pas parfait.
Ah. Il me connaissait bien. Trop bien même.
Mais il avait raison. Il ignorait la véritable préoccupation qui couraient dans mon esprit. Mais il avait raison sur une chose.
Je refoulais et reniait ce que je ressentais depuis bien trop longtemps.
Il était tant d'accepter la réalité.
Monsieur Park me plaisait.
Vraiment beaucoup.
~
28 octobre 2024, 7h46.
Plusieurs sentiments se mélangeaient en moi depuis une semaine. C'était sûrement les différentes phases d'acceptation. Je tentais de comprendre ce que je ressentais, d'en voir le sens et d'accepter tout ça. J'étais encore perdu, mais je présumais que c'était normal. Je m'étais plus ou moins avoué à moi-même que j'aimais, un peu trop, mon professeur. Il était plutôt normal d'avoir du mal à l'intégrer et à parfaitement vivre avec ce fait, non ?
Le chemin jusqu'à la salle de cour me semblait interminable, pourtant je n'étais pas certain de ce dont j'avais envie : voulais-je le voir ou pas ? Redoutais-je ses yeux ou désirais-je son regard sur moi ? Que souhaitais-je véritablement ?
Le couloir, bien que bondé, me paraissait vide et silencieux. Les bruits de pas et les bavardages ne m'atteignaient plus que comme des bourdonnements étranges, même ce que me racontait Seojun ne semblait pas avoir de sens. Mes songes ne tournaient qu'autour de monsieur Park. Il était partout dans mes pensées sans que je ne puisse le contrôler. Maintenant que j'essayais d'être honnête envers moi même, je devais admettre qu'il occupait une grande part de mon esprit depuis plusieurs semaines déjà...
J'avais simplement refuser d'en prendre conscience.
— Bonjour, mignon.
Le ton grave qui s'éleva en face de moi me sortit brutalement de ma transe. En relevant la tête, je tombai dans le regard azur du seul et unique ; Kim Taehyung. Son sourire, habituellement large et amusé me paraissait froid et menaçant, j'en frissonnai. Il était comme toujours accompagné par son chien de garde qui me fixait d'un regard noir et semblait prêt à me sauter dessus au moindre faux pas. J'ignorai ce qu'il se passait, mais cela ne présageait vraiment rien de bon.
— J'aimerais parler à notre cher ami, peux-tu nous laisser ? demanda Taehyung après avoir posé son regard sur Seojun.
Je sentis mon colocataire tourner la tête vers moi, j'acquiesçai alors d'un bref mouvement pour le rassurer.
— Ok, on se retrouve en classe alors. répondit-il en passant son regard sur notre aîné avant de se reposer sur moi.
— Toi aussi, Seokie. Attends-moi, je te rejoins en bas.
Le chien de garde sembla réfléchir un instant avant d'acquiescer. Lorsqu'il s'avança pour me doubler, il se pencha un court instant à mon oreille pour me souffler :
— Un conseil, ne te mets pas Taehyung à dos. Tu le regretterais.
Son conseil cachant une implicite menace me figea sur place. Qu'entendait-il par là ? Je n'aimais vraiment pas la tournure de la situation.
Lorsqu'Hoseok fut hors de vue, Taehyung s'avança vers moi, m'obligeant à reculer. Encore et encore. Nous faisions la même taille et pourtant il me surplombait complètement, je me sentais minuscule devant lui. Et bientôt mon dos se retrouva coller au mur du couloir. Son corps barrant ma vue et m'isolant du reste du monde.
— Je croyais avoir été clair.
— Quoi....?
Ses yeux fuitèrent sur le côté comme pour s'assurer que nous passions inaperçu avant qu'il ne se penche près de mon visage.
— Je ne voulais pas en arriver là mais tu ne me laisses plus le choix.
Un frisson dévala ma colonne vertébrale et mes pupilles devinrent fuyantes, évitant à tout prix son regard. Je fus obligé de déglutir avant de pouvoir parler.
— De quoi tu parles..?
Il esquissa un bref sourire tout en pressant son corps contre le mien, me bloquant complètement contre le mur, brisant ma respiration et faisant tourner ma tête. Ses lèvres frôlèrent mon oreille alors que j'étais paralysé par ce qu'il était entrain de se passer.
— J'ai entendu dire que tu posais beaucoup de questions sur Jakyung. Que tu cherchais à savoir s'il aurait pu être à l'origine des rumeurs sur Park. Est-ce vrai ?
Il parlait différemment, son ton était bas, rauque, presque suave et dur. Je sentais une menace planer au dessus de ma tête. Il était au courant...? Bien sûr qu'il le savait ! C'était Kim Taehyung, j'aurais dû penser qu'il finirait par l'apprendre d'une manière ou d'une autre ! Merde..!
— Je veux simplement comprendre pourquoi on s'en prend à lui...
Ma gorge était serré et j'ignorai si j'avais l'air crédible ou complètement ridicule.
— Je t'avais dit de rester en dehors de la vie de Park. Tu veux à ce point ruiner ton année ? Je pensais que tu étais plus intelligent que ça.
Mon rythme cardiaque s'épaissit soudain, et je cru que l'air était devenu empoisonné tant j'avais du mal à respirer. Je me tassai sur moi même, pour tenter d'échapper à son emprise, la tête baissée sur mes pieds. Je ne savais pas de quoi j'avais peur, il ne pourrait rien me faire avec autant de monde autour. C'était juste plus fort que moi.
— Pourquoi ça te dérange autant que je m'intéresse à lui... ? J'osai demander dans un souffle à peine audible.
Un rire lui échappa alors que je sentis ses doigts attraper ma mâchoire d'une poigne étonnamment légère. Il ne me faisait pas mal, mais il était assez ferme pour m'obliger à relever la tête vers lui.
— Pourquoi tu ne comprends pas que j'essaye de t'aider ? Écoute moi un peu au lieu de n'en faire qu'à ta tête. Je ne te sauverais pas la mise à chaque fois.
Son ton était clair et intransigeant, pour la première fois depuis que je le connaissais, il paraissait extrêmement sérieux et cela me fit soudain peur. Pourquoi avait-il l'air aussi sincère ? Pourquoi ce que j'avais la sensation de lire au fond de ses pupilles semblait aussi terrifiant ? Que voulait-il dire par me « sauver à chaque fois ?» Me sauver de quoi ? Ou de qui ?
— De quoi est-ce que tu par-....
— Monsieur Kim ? Monsieur Jeon ? Que faites-vous ?
Un frisson dévala ma colonne vertébrale. Non, c'était le pire scénario possible.
Taehyung esquissa un soupir en tournant la tête vers notre enseignant. La main qui tenait ma mâchoire glissa le long de mon cou et mes yeux s'arrondirent en sentant l'autre se poser contre ma hanche. Mais à quoi jouait-il ?!?
— Désolé prof', mais je ne crois pas que cela vous regarde. répondit mon aîné avec son habituel sourire carnassier.
Je me tortillai contre le mur, n'osant pas croiser le regard de qui que ce soit.
— Laissez moi en douter. Monsieur Jeon n'as pas du tout l'air à l'aise.
— Ah oui ? plaisanta Taehyung en ramenant mon corps vers le sien. Pourtant, nous avions une discussion très intéressante. Pas vrai, mignon ?
Ma respiration se fit lourde alors que je distinguai le visage fermé de monsieur Park, du coin de l'oeil. Mais comment m'étais-je retrouvé dans cette situation ? Le ton avec lequel il souffla mon surnom était plus que subjectif. Je ne savais pas pourquoi il jouait cette comédie et je n'étais pas certain d'avoir envie de comprendre, sauf que je n'avais pas envie que mon enseignant puisse croire qu'il se passait quelque chose entre nous. Alors je ne répondis pas.
— Kim, lâchez le. Immédiatement. ordonna monsieur Park d'un ton ferme mais calme.
Je vis mon aîné grimacer en me jetant un regard que j'ignorai royalement.
— Tu n'as donc toujours pas compris. Il cracha entre ses dents, assez bas pour que je sois le seul à l'entendre, mais je n'y réagissais pas non plus.
— Monsieur Kim !
Mon professeur s'impatienta, son ton plus haut fit enfin reculer le blond qui leva les mains en signe d'innocence.
— Ça va, c'est bon !
Monsieur Park s'avança vers moi mais je secouais la tête par anticipation, il s'arrêta alors sur le champ.
— Monsieur Jeon, est-ce que tout va bien ?
Je gardai la tête baissée, troublé par ce qui me traversait. Je ne comprenais pas tout ce que m'avait dit Taehyung parce que rien ne semblait avoir de sens. Essayait-il de m'aider ou de m'embrouiller ? Était-il sincère ou mentait-il comme un acteur professionnel ? Ah, j'avais des nœuds au cerveau à force d'essayer de comprendre.
— Un conseil, ne te mets pas Taehyung à dos. Tu le regretterais.
L'avertissement d'Hoseok me revint soudainement en mémoire. Je ne le comprenais pas, mais il avait raison sur un point ; en me mettant Taehyung à dos, je finirais sûrement par le regretter, un jour où l'autre. Je pourrais encore avoir besoin de lui, même si nous n'étions pas vraiment dans le même camps. Que ce soit le cas ou non, j'y perdrais bien plus à devenir son ennemi. Je pouvais le sentir au fond de moi.
Rassemblant mes esprits, je relevais enfin la tête, présentant mon sourire le plus convainquant.
— Tout va bien, monsieur. Nous discutions juste.
J'évitai ses yeux qui me sondait de la tête au pied tout en essayant de garder contenance.
— Vous êtes sûr ?
J'acquiesçai d'un petit hochement de tête en prenant une posture assurée. Le bras de Taehyung tomba soudainement sur mes épaules et un sourire barrait son visage.
— Vous voyez, m'sieur ?
Notre enseignant sembla se résigner dans un bref soupir.
— Tant qu'il n'y a pas de problème... Mais à l'avenir il serait plus convenable de garder une telle proximité pour un lieu plus approprié.
Mon cœur rata un battement en comprenant qu'il allait vraiment mal interpréter ce qu'il venait de se passer. J'aurais voulu avoir le courage de m'imposer et d'expliquer qu'il ne s'agissait que d'un malentendu mais je ne pouvais pas le faire. J'avais encore besoin de Taehyung, et s'il disait vrai, je courais un risque avec mon enquête.
— Oh vous me connaissez... Vous savez à quel point je suis tactile avec les belles choses. répondit mon aîné d'un ton bas et grave juste au dessus de mon oreille.
Inévitablement, je scrutais la réaction de mon enseignant qui avait fixé son regard dans celui de Taehyung.
— Faites attention à vos mots, monsieur Kim.
J'avais peur de comprendre tout l'implicite de cette conversation et je sentais le déni s'emparer de mon coeur. Je n'avais pas envie de savoir ce qu'il se passait, ou c'était passé entre eux. Je ne voulais pas comprendre. Je préférais rester ignorant.
Je me détestais de ressentir ça.
— J'énonce de simple faits, monsieur.
Du coin de l'œil, je distinguai le sourire de mon homologue s'agrandir alors que ses iris n'avaient pas lâché celles de notre professeur.
—Monsieur Jeon, le cour va bientôt commencer vous devriez aller rejoindre la salle désormais... Monsieur Kim, puis-je vous parler un instant ?
Je me mordis la lèvre en acquiesçant, le bras de Taehyung quitta mes épaules alors que ses lèvres effleurèrent le lobe de mon oreille.
— Nous reprendrons cette conversation une prochaine fois, d'ici là, tiens toi à carreau.
Je ne répondis rien et me contenta de doubler monsieur Park pour rejoindre la classe quelque mètre plus loin, les laissant seuls à contre cœur.
~
Mon esprit divaguait depuis sûrement plus d'une heure maintenant. J'écoutais mon professeur mais je n'étais pas vraiment là, j'avais perdu le contrôle de mes pensées malgré mon envie de suivre le cours. Et je l'avais suivis, enfin, jusqu'à présent. J'adorais son cours, et surtout sa voix. Il avait une si belle voix lorsqu'il nous parlait des anciens proverbes littéraires de 1976. Ce n'était pas le sujet le plus fascinants mais il le rendait intéressant grâce à la manière dont il le présentait et grâce à la passion qu'il mettait dans son allocution. Mes doigts avaient agit de leur plein gré, attrapant ce crayon qui dépassait de ma trousse pour esquisser des traits, distraitement, sur une page anciennement vierge de mon carnet.
Ce fut la silhouette de mon enseignant qui apparu petit à petit. Il était si agréable à dessiner. J'adorais le regarder, tracer ses contours et arrondir les traits de son visage.
Il était beau.
C'était d'ailleurs une des premières choses qui m'avaient traversé lorsque je l'avais vu pour la première fois, sur le banc de la cour intérieure. Il ressemblait à une œuvre d'art, allongé et immobile sur cette pierre blanche qui aurait pu être son socle.
Et lui la statue.
Ah, je ne savais pas si avoir pris conscience de mon attirance me serait bénéfique ou me desservirait complètement.
Je craignais désormais qu'il ne s'imagine que Taehyung et moi entretenions une quelconque relation. Parce que je n'avais aucun moyen de lui faire comprendre que ce n'était pas le cas. Je n'avais absolument aucune raison valable, et surtout officielle, qui me permettait de lui dire que nous n'étions ni plus ni moins que des camarades. Ce serait tellement plus simple s'il me posait lui même la question, mais il n'y avait aucune chance pour que ça arrive, n'est-ce pas ?
— Pensez à réviser ce chapitre pour la semaine prochaine, et continuez d'étudier le texte que je vous ai donné pour jeudi. Bonne journée à tous.
Lorsque monsieur Park annonça la fin du cours, je me redressais, surpris. Je n'avais pas vu le temps passer et j'avais à peine suivis la fin de la séance. Je voulais me gifler intérieurement. J'adorais pourtant l'écouter, mais j'aimais tellement ça que je me perdais complètement dans le fil de mes pensées. Ah, il allait falloir que je rattrape ce que j'avais manqué maintenant...
— Monsieur Jeon, pouvez-vous rester un instant ?
Mon sang se figea lorsque je le vis devant moi, les bras croisés et le visage clos. Merde, est-ce qu'il avait remarqué mon inattention ? Je priais intérieurement pour que ce ne soit pas le cas, une énième excuse bidon ne fonctionnerait pas.
Seojun me lança un regard perplexe avant de quitter la salle, précédent nos camarades de promotion, et vidant la salle à l'exception de mon professeur et moi.
Ce dernier s'avança alors vers ma place, s'appuya contre le pupitre devant le mien et désigna d'un coup de menton mon carnet, toujours étalé devant moi.
— Je peux voir ?
Mon cœur se figea autant que mes membres. Il voulait-...quoi ?
— Pardon...?
Je n'étais pas certain d'avoir bien compris, pourtant mon incrédulité ne le déstabilisa pas le moins du monde.
— Votre carnet. J'aimerais le voir. J'ai bien vu que vous avez dessiné pendant mon cours.
Je me mordis la lèvre en baissant la tête, honteux. Je ne trouvais aucune excuse, aucune justification qui me permettrait de m'échapper de cette situation. C'était trop la honte.
— Je suis vraiment désolé... Je-
— Montrez moi votre carnet, monsieur Jeon.
Son ton implacable me coupa, net et franc, mais pourtant étonnamment calme. Il ne semblait pas en colère, juste déterminé.
Hésitant, je lui tendis alors mon calepin qu'il récupéra délicatement avant de commencer à le feuilleter.
— Je peux comprendre que le dessin soit une passion mais vous devez apprendre à choisir les bons moments pour le faire.
Je me tassais sur moi même en l'écoutant attentivement tandis qu'il observait mes derniers croquis.
— Oui, monsieur...
Le silence tomba soudain, d'abord angoissant, puis insignifiant quand je remarquai ses pupilles s'adoucirent.
— J'avais été clair la dernière fois, n'est-ce pas ? Vous m'aviez dit que tout allait bien mais je commence à avoir des doutes. Vous savez que vous pouvez me parler si quelque ne va pas.
Il avait soupirer sa phrase mais j'ignorai si c'était d'ennui ou d'inquiétude. Je cherchai mes mots, une excuse, n'importe quoi qui m'aurait permis de me sortir de cette situation embarrassante. Sauf que rien ne me vint, et il prit mon silence pour ce qu'il n'était pas.
— Expliquez moi ce qu'il se passe, Jeon. Je peux vous aider.
Lorsque je relevais la tête, il avait refermé mon carnet et s'avançait pour me faire complètement face. Mes yeux suivirent ses mouvements, et soudain son visage était juste au dessus du mien.
Ah, il voulait lire en moi, il cherchait mon regard.
Il voulait que je tombe dans ses filets.
— Est-ce lié à ce qu'il s'est passé dans le couloir avec monsieur Kim..?
Son interrogation me figea. Que voulait-il dire par là ? Que sous entendait-il ? Qu'étais-je sensé répondre ?
— Je-..
Mon élan fut coupé net par une voix grave et clair que je reconnaissais par cœur.
— Je crois que la vie privé de vos étudiants ne vous regarde pas, m'sieur.
Mon cou se dévissa d'une extrême lenteur alors que le visage de mon enseignant s'était relever à l'arrivée de l'intrus, adossé contre l'encadrement de la porte.
Il était là.
Taehyung était là.
∼
Hello, mes amours ! 🤎
Le voilà enfin !!! C'est un beau pavé que je vous ai servis là.. 😭 Ce n'était pas du tout prévu mais j'ai été pas mal inspiré !! Il marque un gros tournant pour Jungkook qui accepte enfin la réalité (On s'en doutait tous mais pour lui c'était vraiment compliqué ! 😔) et d'un autre le personne de Taehyung se dévoile un peu, à votre avis, sera-t-il un allié ou non ? 👀
J'espère que ce chapitre vous à plu, comme d'habitude n'hésitez pas à me laisser vos avis, ça fait toujours plaisir ! 🫶🏼
Je vous dis à la semaine prochaine,
Tendrement, Lunie. 🖋️
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