~7~
Harvey
Mes yeux restent braqués sur la feuille blanche où écrit Ella avec son écriture soignée, alors qu'un mal de crâne dément commence à s'emparer de moi. Je sais pertinemment bien qu'elle n'est pas causée par une déshydratation ou de la fatigue, je n'arrive tout simplement pas à comprendre ce que m'explique Ella et ça explose presque mon cerveau d'être aussi perdu. Elle essaye de m'expliquer quelque chose que nous avons vu pendant le trimestre parce que les examens approchent bientôt mais je n'arrive pas à y capter grand chose. Au début je saisisais mais plus elle avance, plus ça devient compliqué.
J'émerge de mes pensées lorsque je sens son coude frapper mes côtes.
- Tu ne m'écoutes pas, Harvey! Elle se plaint, complètement exaspérée.
- J'arrive pas à comprendre, j'essaye de me défendre, en haussant les épaules.
- Ça n'a rien de surprenant, tu comprendrais si tu m'écoutais, elle me répond, avant de déposer son stylo sur son bureau, presque en fulminant.
- En plus, en cours de physique tu ne fais que rouler des pelles à Stéphane.
- Ta gueule Mirko.
Je n'aime pas être méchant mais il faut dire qu'il l'a bien cherché après tout. Il sait bien à quel point je n'arrive pas à supporter Stéphane mais il vient quand même me parler de lui rouler des pelles. Le simple fait d'y penser me donne envie de vomir et le fait que je prenais plaisir à faire ça à une époque me donne envie de mourir. Et oui, l'exagération c'est mon deuxième prénom.
- Bon, vous voulez que je vous explique ce truc ou non? Nous demande Ella, sa fatigue s'entendant parfaitement dans sa voix.
Nous acquiescons d'un geste commun de la tête. Bon, cette fois je compte bien me concentrer car j'ai pas envie de me trouver avec une note horrible sur mon bulletin. Cela ne me dérange pas de façon particulière mais je ne veux pas avoir mes parents sur mon dos. Je n'ai aucunement envie d'entendre mon père me raconter à quel point il était brillant à l'école une nouvelle fois.
Malheureusement, ma motivation ne suffit pas. Au bout de quelques minutes, je finis par ne plus vraiment pouvoir continuer à les suivre. Je me laisse distraire par Srik et Zéphyr qui étudient des notes de SVT que je connais déjà par cœur. Je prends même plaisir à les réciter avec eux silencieusement. Srik et Zéphyr n'arrivent pas à mémoriser les notes facilement mais leur motivation va sûrement finir par les aider à triompher. Nous étions tous motivés cet après midi quand nous avions décidé de venir étudier chez Ella et apparemment je suis le seul à avoir perdu ma motivation. Après c'est normal, je n'arrive vraiment pas à arriver à comprendre la physique.
- Les gars, calmez vous. Vous devriez faire une petite pause, nous dit Ary qui reste dans un coin de la spacieuse chambre de Ella pour ne pas nous déranger.
- Je suis complètement d'accord, réponds sa petite amie, se levant entre Mirko et moi pour aller trouver sa copine assise sur son pouf.
Zéphyr et Srik déposent leurs cahiers et la pause commence officiellement. Je prends mon téléphone de mes poches, m'apprêtant à aller sur Instagram mais je m'arrête lorsque je vois le regard insistant de Mirko sur moi du coin de l'œil. Je tourne ma tête pour l'affronter du regard avec un sourcil arqué.
- Tu veux ma photo? Je lui demande, alors que je réalise intérieurement qu'il pourrait finir par penser que j'ai quelque chose de personnel contre lui.
- Non, je veux juste te baiser, il me répond, sans broncher.
Un "Ohhhh" communautaire se fait entendre de la part de mes amis et cette situation me fait aimer ma peau noire encore plus. Il ne manquerait plus que je me mette à rougir à cause de ce con.
- N'y pense même pas, idiot. Plus sérieusement, pourquoi tu me regardes ainsi? Je lui demande, espérant qu'il ne va pas continuer avec ses blagues.
J'aime bien blaguer avec mes amis mais le sexe est définitivement un sujet sensible pour moi. C'est trop gênant d'en parler. Si j'ai gagné en maturité sur certains points, celui là n'est pas encore près de changer. J'ai pas du tout envie d'avoir de relations sexuelles pour le moment.
- Il n'y a pas vraiment de raison précise, je me disais juste que tu sembles beaucoup plus intéressé par ton téléphone ces derniers temps. Avant tu lisais plus, maintenant on dirait qu'il y a quelque chose qui t'attire beaucoup vers ton téléphone, il me fait remarquer, alors qu'il a l'attention de tout le monde.
- En plus, tu souris toujours maintenant quand t'as ton téléphone, ajoute Srik comme s'il veut m'achever avec sa une voix tranchante.
- Le fait que je souris devant mon téléphone n'est pas forcément lié à un mec, je me défends rapidement, voyant où il veut en venir.
- Personne n'a parler de mec, Harvey. A part toi, tout du moins, me répond Ella, un sourire moqueur ornant ses lèvres.
- Je ne suis pas un idiot non plus, je comprends bien où vous voulez en venir, je me défends à nouveau, ne sentant pas l'envie particulière de leur raconter quoi que ce soit sur la raison qui me pousse à rester scotché à mon téléphone.
Zéphyr ouvre la bouche pour dire quelque chose mais la sonnerie de mon téléphone ne le lui en laisse pas le temps. Je jette un regard à l'écran et remarque qu'il s'agit d'un appel vidéo Instagram venant de Joe. Mirko lance un regard vers mon écran donc je me lève rapidement. je sors de la chambre de Ella et reste dans le couloir gigantesque de ses parents.
J'accepte l'appel et je vois le visage de Joe s'afficher en grand plan sur mon écran. Je lui souris et il ne tarde pas à faire de même. Nous nous sommes vraiment beaucoup rapprochés lui et moi depuis le jour où nous sommes rester au café tout près de sa librairie jusqu'à pas d'heure. Depuis, les deux semaines qui ont suivis, il y a une belle amitié grandissante entre nous. Nous nous écrivons à longueur de journée, nous faisons des appels de temps à autre et je suis déjà passé à la librairie quatre fois. Je crois que nous pouvons nous considérer comme étant amis. Le contraire serait vraiment bizarre.
- Tu sais que c'est un peu bizarre quand je t'appelle et que tu passe tout ce temps sans parler.
Entendre sa voix un peu taquine me fait revenir à la réalité et oublier mes pensées.
- Oh, désolé. J'avais pas remarqué que j'étais autant perdu dans mes pensées, je m'excuse, en avançant mon téléphone un peu plus de mon visage. Je pensais juste à comment on s'est beaucoup rapprochés en deux semaines.
- C'est vrai que c'est impressionnant. D'habitude, lorsque je sympathisais avec des gens ça prenait vraiment longtemps mais avec toi c'est tellement différent. Ça passe crème entre nous, j'ai pas besoin de me forcer pour me rapprocher de toi, il m'avoue, en passant sa main gauche dans sa touffe de cheveux, alors que j'entends la voix de Lory en arrière plan, parlant sûrement à un client.
- Je pense que le fait que l'on ait tous les deux de très bons goûts y joue aussi pour quelque chose, je lui réponds, voulant le narguer quelque peu.
- Renard! Tu es mal barré cette fois, je suis pas un corbeau con, il plaisante, me faisant sourire comme un idiot.
Comme quoi j'avais oublié comment l'amitié en dehors de mon cercle d'amis peut être bien. Pas qu'ils ne sont pas géniaux, loin de là, c'est just pas le même type de chose que je vis avec eux. Eux ils sont comme des cousins très proches.
- Tu sais que je suis pas un renard qui aime les trucs faciles. Je suis un renard qui aime le danger, je plaisante en retour, alors que je m'appuie contre le mur du couloir.
- Si tu insinues que je suis facile, tu te trompes, je suis un loup, il répond, gardant le ton de la plaisanterie.
- Dans ce cas on a qu'à dire que je suis le renard qui dupe les loups, je le contre, gardant mon sourire d'idiot fièrement sur mes lèvres.
- C'est moi ou notre discussion est en train de partir en Role Play? On ferait mieux de trouver des sujets plus intéressant. Du genre ce que tu faisais quoi avant que je t'appelle, il déblate d'un coup, abandonnant notre "jeu" que j'aime bien.
- Heu... Je révisais avec des amis à moi, ceux dont je t'ai parlé. Pour être plus précis, Ella essaye de voir si elle peut faire quelque chose pour le cas désespéré que je suis, je plaisante bien que ce soit la vérité telle qu'elle est.
- Ah! Du coup, je dérange? Il me demande, avec une voix soucieuse.
- On faisait une p'tite pause donc pas vraiment, je lui réponds, n'ayant pas envie qu'il parte.
- Tant mieux, j'aurais pas aimé t'empêcher de bien comprendre ce que tu révises. Je vais partir pour te laisser retourner à tes moutons, il me répond avec son aisance propre à lui de parler.
- Tu peux rester, c'est pas grave. De toute façon, je suis un cas désespéré en physique et ça risque pas de changer en un après-midi, je lui avoue, en passant mes mains dans mes cheveux.
Je regrette mon geste la seconde qui suit lorsque mes doigts plongent sous mon gel qui a un peu coulé. C'est à la limite du dégoûtant.
- Hé, gamin! Penses pas que je suis un adulte irresponsable qui va te laisser faire ce que tu veux juste parce que je suis cool. Tu dois étudier, tu peux devenir président demain, me répond Joe, en essayant d'avoir une voix sévère.
Je roule des yeux, trouvant son discours juste trop basique mais je finis par éclater de rire. Le rôle d'adulte sévère ne lui va absolument pas. Déjà parce qu'il n'a que vingt-et-un ans et de deux parce que j'ai déjà vu le vrai lui et il est loin d'être ainsi.
J'arrête de rire et je laisse mon regard s'accrocher au sien derrière l'écran de mon téléphone. Il semble un peu fâché - normal, je viens de me moquer ouvertement de lui - et ses sourcils sont légèrement froncé. Il semble tellement différent de l'image que je me fais de lui ainsi ; il n'est plus la copie conforme de José Martinez, il semble plus profond et plus mystérieux. Heureusement, il enlève son masque, un sourire se glisse à nouveau sur ses lèvres. Il me montre son vrai visage, celui de José Martinez. je ris doucement et il finis par me rejoindre.
- Je dois vraiment m'endurcir, maintenant j'en ai la preuve. Même un gamin que j'ai rencontré il n'y a pas deux mois a déjà vu que je suis un bisounours inoffensif, il plaisante en souriant de toutes ses dents.
Je n'ai jamais eu aucune attirance particulière pour l'odontologie et les dents mais il vient de changer tout ça en ce moment même. Il vient d'attirer mon attention sur la dentition des gens. Comment un simple sourire peut rendre un mec aussi beau bien qu'il soit déjà très beau lorsqu'il ne sourit pas? C'est définitivement magique, il n'y a pas de doute. C'est l'effet José Martinez.
- Tu n'as pas à changer, Joe, tu es déjà parfait comme tu es, je lui réponds, en chuchotant, alors que nos regards se confondent une seconde qui semble durer une infinité d'éternité. Bye.
Je coupe l'appel et je ressens soudainement une hausse de température phénoménale. Notre amitié à moi et Joe est vraiment en train de devenir quelque chose de spéciale. Deux semaines où nous nous rapprochons et j'ai déjà l'impression qu'il a toujours été là. Comme si lui et moi sommes un match parfait. Comme si je suis Cendrillon et lui la pantoufle magique. Comme si ma place est avec lui. Je me sens si excité de voir où cette amitié va nous mener mais en même temps j'ai tellement peur. C'est la première fois que je vis quelque chose du genre et l'inconnu m'effraie tellement. Il y a tellement de chance pour que ça se passe bien tout comme il y a tellement de chance pour que ça se passe mal entre nous. Nous sommes ceux qui vont faire pencher la balance et ça me fait peur.
L'une des raisons pour lesquelles je préfère les livres aux humains c'est que j'ai peur de souffrir. Les relations humaines, surtout quand elles sont nouvelles, apportent souvent beaucoup d'émotions et des fois elles blessent profondément. C'est pour ça que je ne fais pas de nouveaux amis ; j'ai pas envie que ça se passe mal mais surtout les gens sont bien moins intéressants que les personnages de livres. Finalement, Joseph Martin a été l'exception à cette règle car maintenant nous sommes clairement ami. Du coup, j'ai trop peur qu'il puisse me blesser et que notre amitié se termine car ça me ferait souffrir. Le simple fait de penser que ça pourrait mal se passer entre nous me terrifie. J'ai envie de courir et de tout abandonner mais je suppose que depuis la fois où nous sommes allés à ce café c'est devenu impossible. En plus, une partie de moi ne pourrait jamais l'accepter. Joe est le copie conforme de José Martinez quand même. Et puis ça n'aurait aucun sens. C'est moi qui ai décidé de m'approcher de lui.
Je soupire, décidant d'arrêter de penser à des choses que je ne peux pas contrôler. Je mets mon téléphone dans ma poche et rentre dans la chambre de Ella. Que les gens m'appellent comme ils veulent mais j'ai essuyé le gel qui humidifie mes doigts sur le mur blanc du beau couloir de la maison de Ella. Arrivé à l'intérieur de la pièce, je sursaute lorsque je vois mes amis devant la porte avec des sourires coquins sur leurs lèvres.
- Vous faites quoi là? Je leur demande sur la défensive, trouvant mon intimité violé.
Ils n'ont aucunement le droit d'écouter mes appels. C'est une intrusion à ma vie privée. Dommage, entre nous c'est la jungle, nous ne sommes aucunement civilisé. Je me vengerai d'eux!
- C'est moi où notre renard qui dupe les loups semble contrarié? Me nargue Zéphyr, avec un sourire indécent, ne cachant aucunement ses pensées salaces.
- Ta gueule, je l'agresse, sans les regarder lorsque je passe à côté d'eux avant de me laisser tomber sur le lit de Ella.
- Fait pas ton intéressant, dis nous qui est ce mec et surtout ce qu'il se passe entre vous, m'agresse en retour Mirko, alors qu'ils m'entourent tous autour du lit.
- Sinon vous faites quoi? Je leur demande, sur un ton arrogant, ne trouvant rien de mieux pour me défendre.
- On t'étouffe avec l'un de mes oreillers puis on va pleurer toutes les larmes de nos corps à ton enterrement.
La façon dont Ella déballe ça sans broncher me fait froid dans le dos. Je sais pertinemment bien qu'elle rigole mais n'oublions pas qu'il y a toujours une petite - peut être très, très, très petite - part de vérité dans chaque blague. Je finis par soupirer et décide de satisfaire la curiosité de ses psychopathes qui me servent d'amis.
- C'est personne, c'est juste un libraire que j'ai récemment rencontré avec qui le courant passe bien, je leurs réponds, faisant semblant d'être exaspéré par leur attitude.
- Pour être tout à fait honnête, je pense que tu essayes de faire passer la situation pour moins que ce qu'elle est vraiment, me réponds doucement la voix de la raison de notre groupe, Ary.
- Pas du tout. Nous sommes juste deux mecs qui se sont rencontrés et qui aime bien discuter, ce n'est définitivement pas quelque chose qui mérite que l'on fasse tout un drame, je leurs réponds, en roulant mes yeux.
- Quand il s'agit de toi, ça mérite même une revue et la première page d'un journal, me réponds Ella à la seconde, faisant rire Srik au passage.
- Il ne faut pas que vous exagérez les choses non plus. Je ne suis pas un animal de la jungle qui ne sympathise avec personne non plus. Je sympathise avec plein de gens, vous ne le savez juste pas, je me défends, utilisant le mensonge comme bouclier.
Au final, même moi je ne sais pas de quoi est-ce que je me défends. Il n'y a aucune raison pour que je ne parle pas mes amis de ma relation avec Joe. Je mettrai mon comportement dramatique, stupide et puérile sur le compte de l'adolescence.
- N'essaye même pas d'essayer de nous faire croire que tu as une vie d'extravertie secrète, nous sommes assez intelligent et te connaissons trop bien pour y croire, se moque presque Srik de moi, en croisant ses bras sur son torse. Et si tu doutes du fait que nous te connaissons bien, sache que nous savons tous que la première où tu as vu du sperme dans ton caleçon en te levant, tu t'es mis un préservatif pour dormir le lendemain.
Notre futur humoriste ne manque pas de faire rire tout le monde et de me mettre dans l'embarras. Je lui donne un coup de pied et lui fais un magnifique doigt d'honneur.
- Laissez le gars tranquille, il a le droit de ne pas nous raconter ce qu'il y a entre lui et ce libraire. Moi, j'ai pris un bon moment avant de parler de Ella et Moi à mes amies, tranche Ary, faisant comme si ce n'est pas elle qui a tout commencer en disant que j'essaye de minimiser la situation.
- Ce ne sont pas tes amies, les amis ne rabaissent pas leurs amis, la coupe presque Ella, sur un ton remonté.
- T'en fais pas, Ary, je vais leur raconter bien qu'il n'y a rien d'intéressant à raconter, je finis par céder.
Sur ce, ils s'assoient tous sur le lit à mes côtés et je leurs raconte mon histoire avec Joe. Je n'oublie pas de changer et d'omettre quelques détails. Je ne les laisse pas savoir que je me suis rapproché de Joseph Martin parce que c'est le sosie de José Martinez. Je leurs dis qu'il s'appelle Joe et m'abstiens de dire qu'en vrai il se nomme Joseph Martin. Ary a bonne mémoire, elle ne manquerait pas de voir comment ce nom ressemble à celui de José Martinez. Le fait que mes amis puissent savoir que le libraire avec qui j'entretiens une relation si banale mais pourtant si belle possède presque le même nom et est le portrait craché du personnage dont je leurs ai trop souvent parlé me dérange. Lorsque je termine de leurs raconter mon histoire qui, je l'avoue, n'a rien de spécial, leurs curiosités semble enfin rassasié mais ça ne leurs empêche de me poser pleins de questions.
- Je veux pas paraître indiscret mais comment voudrais que votre amitié évolue? Me demande Mirko, en toute innocence.
- Je me rappelle qu'un jour tu m'as dit avoir une sorte de standard pour les mecs, il est comment par rapport à ce standard? Me demande Ary, me prouvant que sa mémoire est définitivement très bonne.
Après, je n'arrive pas à entendre le reste de leurs questions, qui se perdent dans un brouhaha incompréhensible. Je ne peux m'empêcher de crier et de leurs demander de se taire. Je ne suis pas une célébrité que l'on interview quand même. Je pourrais même finir par croire que je suis le personnage principal d'un film. Dommage, je n'ai rien d'une Mary-sue ou d'un Gary-tsu.
- Vas-y Harvey, dis moi si ce libraire c'est celui que nous avons rencontré qui était sous l'étagère? Me demande quand même Zéphyr, alors que tout le monde se tait.
- C'est lui, j'ai déjà dit que je l'ai rencontré un après-midi, je lui dis, un peu agacé par sa question.
Je n'ai jamais été un grand fan des questions dont les réponses semble trop évidentes. Je n'ai même pas besoin de parler des questions rhétorique.
- Donc, Zéphyr connais ton mec et nous non, me reproche Srik, sur le ton de la plaisanterie.
J'essaye de me défendre, en disant que Joe n'est pas mon mec mais ça laisse définitivement croire le contraire. Je passe presque toute la prochaine heure à essayer de les convaincre qu'il n'y a entre Joe et moi mais ça ne change rien. Ces gros idiots sont beaucoup trop bornés. Je décide en fin de compte de m'en aller et ils me souhaitent bonne nuit, en me rappelant que je dois leurs prévenir lorsque j'arrive chez moi. Srik en tant que bon clown de compagnie ajoute qu'ils me pardonneront si jamais j'oublie de le faire car maintenant j'ai un mec à qui parler.
Après lui avoir fait à nouveau un magnifique doigt d'honneur, je m'en vais. Je salut les parents de Ella en passant et puis pars marcher les mains dans les poches sur le trottoir. Le froid m'attaque rapidement, me faisant regretter de n'avoir pas mis quelque chose de plus chaud. Le pire, chez Ella c'est pas proche du tout de chez moi. J'aurais sûrement mieux fait d'y rester pour dormir car j'avais prévenu mes parents que je restait toute la nuit pour étudier mais j'ai pris une mauvaise décision sur le moment. Qu'est-ce que je suis con!
Je sors de mes pensées lorsque les phares d'une voiture m'aveuglent tout d'un coup. Encore une fois, mon esprit de grand lecteur me fout une trouille. Je m'imagine déjà la voiture s'avancer vers moi et voir un mafieux sortir pour me séquestrer. Ou pire un vampire qui veux faire de moi son époux pour l'éternité! J'ai des frissons rien qu'en y pensant.
Merde, elle s'avance vraiment vers moi! J'accélère le pas mais ça n'empêche pas la voiture de venir se stationner brutalement devant mes pieds. Le conducteur sort rapidement et je vois une touffe de cheveux verts et un visage qui me semble légèrement familier. Adam! Je ne pensais vraiment que nous pourrions nous rencontrer à nouveau. Il s'approche de moi et se tient debout devant moi, me barrant le chemin.
- Harvey, il me salut doucement, en mettant ses mains dans ses poches.
- Adam.
- Tu vas bien?
- Oui et toi?
- On peut dire que ça va. Je me débrouille. Tu fais quoi ici à une telle heure?
- Je rentre chez moi, je travaillais chez une amie.
- C'est pas un peu loin chez toi? Tu veux que je te dépose?
Je ne sais pas vraiment si c'est une bonne idée. La dernière fois ça s'est pas vraiment bien déroulé entre nous et j'ai pas envie d'avoir à revivre quelque chose de similaire. Je décide de décliner mais une brise extrêmement froide me fait changer d'avis à l'instant. Je lui dis que je viens avec lui, il me sourit et nous embarquons dans la voiture.
Je lui donne mon adresse et il commence à rouler. Un silence s'installe entre nous et l'envie de parler de la dernière fois me prends plein de fois. Au final, j'abandonne car j'ai toujours été du genre à faire l'autruche. Tant que je fais comme si de rien n'était, tout va bien.
- Harvey? M'interpelle doucement la voix hésitante de Adam.
- Ouais? Je lui réponds, alors que mes yeux scrutent son visage fixé sur la route.
- Je veux juste m'excuser pour ce qu'il s'est passé dans les toilettes la dernière fois. Je sais pas comment tu l'as vécu mais je suis parfaitement conscient que j'aurais pas du agir ainsi. J'aurais du te demander si c'était ce que tu voulais, je ne l'ai pas fait donc excuses moi, il me présente ses excuses, avec de la honte dans la voix et dans les yeux.
- T'en fais pas, ce n'est pas grave. Tu as juste mal compris mon comportement, tu t'es arrêté quand je te l'ai demandé donc ça va, je lui réponds, espérant faire descendre ses remords.
- Tout de même, c'était un manque d'éducation de ma part donc n'essaye pas de minimiser ça. Tant qu'on ne nous dit pas oui c'est non, il me contredit strictement, remontant dans l'estime que j'ai pour lui.
Je murmure un bref "tu as raison" et regarde à nouveau la route. Ça me fait du bien d'avoir résolut les choses avec Adam. Il faut dire que je l'aime bien ce gars même si on n'a parlé qu'une fois. Encore une fois, je pense à Harry et toutes ses leçons sur la vie sociale. Il n'a peut être pas tort. Se faire de nouveaux amis, c'est pas si mal. Mais bon, je ne vais pas changer ; je n'ai pas envie de lancer de nouvelles amitiés. J'ai trop de livres à lire pour ça.
- Maintenant qu'on a mis les choses au clair ça te dérange que l'on continue à se connaître? Me demande-t-il, alors que ma maison commence à se faire voir dans mon champ de vision.
- Pourquoi pas? Du moment que tu restes aussi cool c'est possible, je lui réponds, alors qu'il s'arrête.
- Bon, je crois que je vais devoir te dire au revoir, beau gosse, il me salut, avec un sourire en coin.
- Passe une bonne nuit, Adam, je lui dis, en sortant de la voiture.
Je rentre chez moi et trouve mes parents, bras dans les bras en train de regarder la télé. Sans grande surprise ils sont en train de lancer des insulte misogynes contre un personnage qui porte des tenues un peu trop provocateurs à leurs goûts. la routine quoi? Je passe une dizaine de minutes à leut mentir sur la raison pour laquelle je suis rentré. Je leurs dit que j'ai compris ce que je ne comprenais pas et que j'ai voulu rentrer chez moi. Mon père me fait savoir qu'il n'aime pas le fait que je rentre seul aussi tard et je lui promets que ça n'arrivera plus.
L'interrogation fini, je rentre dans ma chambre et prends une douche. Je prends le livre que je lis actuellement et je remarque que c'est la première fois que j'ai pris autant de temps pour lire un livre aussi court. La raison je la connais. Je le connais. C'est lui. C'est lui qui m'appelle une nouvelle fois. C'est lui qui me fait déposer le livre. C'est avec lui que je parle jusqu'à tomber dans les bras de Morphée. Peut être que c'est la fatigue mais je suis énormément surpris de voir que j'aurais préféré que ce soit lui Morphée.
💌📖
Excusez moi le retard, le réseau est vraiment merdique chez moi. Néanmoins, j'ai réussi à vous poster ce petit chapitre. Il ne se passe rien de trop sérieux mais il est agréable à lire.(en tout cas, je l'espère)
Vous aimez la façon dont la relation de Joe et Harvey évolue ?
Vous pensez quoi de Adam? Selon vous, il sera important au court l'histoire ?
En toute cas, j'ai hâte de vous poster le prochain chapitre. Vous allez en apprendre un peu plus sur Joe.
Merci de me lire. A plus😘🧁
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro