Stéphane

Tous les jours, nous grandissons. Tant que la faucheuse ne nous chope pas ou que notre cerveau ne devient pas disfonctionnel, nous évoluons. Dès fois, nous faisons des pas de tortues et d'autres fois nous sommes obligés d'aller au rythme de Flash. Je crois bien que c'est qui m'arrive en ce moment.

Le compte Instagram queer que je gère avec mon petit ami fait parfois des interviews. Une fois nous avons parlé à un homme atteint d'une maladie incurable rare. Il nous a dit qu'il se sentait beaucoup plus en paix depuis qu'il connait contre quoi il se bats et comment ça lui est arrivé. Je n'arrivais pas à le comprendre. Enfin, comment peut-on se sentir calme lorsqu'on découvre l'immensité de la peine qui s'abat sur nous? C'est ce que je pensais.

Maintenant, je le comprends. Pas parce que j'ai trouvé un bon site où l'on explique ce sentiment mais parce que c'est ce qu'il m'arrive. Depuis que Harvey m'a expliqué l'abracadabrante histoire de comment nous sommes tombés ici, je me sens un peu plus calme. Le champ infini de possibilité qui se dressait dans ma tête se ferme pour laisser place à une seule éventualité. Celle que je suis simplement fou perdure mais je n'ai pas envie de l'écouter. Je préfère encore croire au paranormal qu'envisager le fait que je puisse être fou. Après tout, quel fou sait qu'il est fou?

C'est avec cette pensée que je termine de me préparer pour la Journée. Je vérifie une dernière fois que tout va bien dans le miroir et je constate que oui tout va bien. Même ce visage qui n'est pas complètement le mien ne me dérange plus. Tout est parfait.

Je laisse donc la chambre de Gary et sort dans le couloir. Je vois un petit groupe des psychopathes parler entre eux donc je les rejoins pour cinq minutes. Pas que je sois spécialement intéressé par leur commérages mais c'était dans les habitudes de celui dont j'occupe le corps. Une fois que je le peux, je laisse le petit attroupement qui comme à leurs habitudes parlait des injustices dans le monde.

Je marche avec mon visage fermé en direction du bureau de celui qui s'appelle Rolland. Je ne me perds pas car je connais absolument toutes les personnes qui vivent ici. Ma deuxième nuit ici, j'ai utilisé la tablette de Gary pour étudier les dossiers de tous les membres de la justice présent ici pour ne pas commettre d'erreur. Penser à comment je pleurais accroupi sur ce lit me donne une grosse boule dans la gorge. Il y a des douleurs qui nous font mal simplement en pensant à quel point elles étaient douloureuses. Celle là en fait définitivement partie.

J'arrive rapidement devant le bureau de Rolland et Leïla. Hier lorsque Harvey m'a parlé de comment elle s'est ôtée la vie, j'ai ressenti un drôle de frisson. Cette secte a vraiment un grand pouvoir sur ses membres. Amanda Polar peut être fière de ce qu'elle a accomplie. Elle ne pouvait pas rêver mieux.

Une fois la porte ouverte, je vois Rolland et Harvey - dont son nouveau physique me laisse toujours confus - assis dos contre dos. Rolland parle avec un gros sourire et Harvey lui semble juste fatigué. Ses yeux sont rouges comme pas possible. J'aimerais dire que je m'en fiche de lui mais je ressens une petite vague d'inquiétude envahir mon cœur.

- Oh, Gary! Qu'est-ce que tu viens faire par ici? Ça fait un moment que je ne t'ai pas vu, me salut Rolland avec son grand sourire habituel.

- J'ai besoin de parler à Har- Henry au sujet de quelque chose d'important, je lui réponds sans prendre la peine de montrer de l'enthousiasme. Tu viens, Henry.

Il me répond d'un geste positif de la tête puis il dit à son compagne qu'il revient bientôt. Sans plus attendre, il sort de la pièce avec moi. Il me salut doucement puis nous nous dirigeons vers mon bureau. La forme labyrinthique de cet endroit fait complètement de métal nous fait perdre pas mal de temps. Amanda Polar m'a une fois dit que l'architecte de cet endroit n'a pas été choisi au hasard. Elle est sensée représenté la justice ; pour la trouver il faut faire beaucoup de sacrifice et le chemin est souvent long et labyrinthique. 

Arrivée à mon bureau que je ferme avec mon mots de passe, je me laisse tomber contre ma chaise. Harvey lui s'asseoit en face de moi sur la table où trois ordinateurs me font face. Je ne tarde pas à lancer la conversation.

- Alors, t'as pensé à une solution possible ?

- Je n'ai pas pu réfléchir de la nuit, il me répond simplement avec un soupire découragé.

- T'as pas dormi non plus à ce que je vois.

- Tu penses que je pourrais trouver le sommeil avec tout ce qu'il m'arrive. Je suis un bon acteur mais pas au point de dormir pour pouvoir entrer dans la peau de mon personnage.

- On pourrait bien se passer de tout ça, je t'ai posé une simple question.

- Tout comme on pourrait se passer de ta remarque inutile.

- Entre elle et celle-ci qui est plus inutile selon toi?

Lorsque ces mots quitte ma bouche avec tout le venin qu'il emporte, je me demande comment Harvey et moi avons fini par devenir ainsi. A une époque nous étions vraiment très proche. Maintenant nous ne pouvons pas nous blairer.

- Bref, passons. Moi j'ai pensé à quelque chose mais c'est vraiment extrême, je renchérit rapidement pour calmer la tempête.

- Ah ouais? Et c'est quoi?

- Tu m'as bien dit que tes ami sont condamnés à être brûlé vifs, non?

- C'est ce qu'à demander Armando.

- Voilà comment ça va se dérouler. Il y a une très grosse pièce au milieu de cet immeuble où il y a des gradins qui peuvent accueillir 250 personnes. Tes amis seront au milieu de cette pièce après demain et on les brûlera. Pour cela on utilisera une poudre qui s'enflamme. C'est comme du carburant mais en poudre. Amanda Polar fera un gros discours puis on mettra le feu sur tes amis. On les regardera brûler puis toute la secte quittera cette ville progressivement en deux mois.

- Tout ça c'est vraiment intéressant mais à quoi est-ce que tu as pensé?

- Ne me coupe plus, Harvey! C'est moi qui parle, je choisi ce que j'ai envie de dire.

Ma réponse l'énerve, je le vois. Sa mâchoire qui se serre me le prouve amplement mais il ne dit rien. Alors je continue à lui raconter ce que j'ai pensé.

- J'ai pensé à toutes les possibilités que l'on a mais toutes semble mal finir. La première c'est que l'on pourrait aller sauver tes amis. Ce serait vraiment facile vu que tous les membres de la secte seront rassemblés avant qu'il soit là. Il nous suffirait d'assommer les gens qui le mèneront à la salle où seront les autres et de nous enfuir. Mais ce serait trop risqué. On pourrait facilement nous rattraper, en plus ce serait très difficile de nous en sortir dehors. On pourrait aussi nous enfuir avec eux pendant la soirée de la veille du jour J mais cela se résumerait au même. Je pourrais ne pas commander la poudre qui prend feu mais cela ne nous donnerait qu'un ou deux jours. Je n'ai trouvé qu'un seule bonne solution.

- Et c'est laquelle?

- Tout explosé.

- Comment ça.

- Tu sais que c'est Gary par conséquent moi même qui moi même qui m'occupe de faire les commandes de ce dont a besoin la secte? Que ce soit pour leur magouille ou encore ce dont ils ont besoin pour vivre. C'est Gary qui a commandé le liquide qui a endormi cet Edusky Martinez. Moi, depuis que je suis là, je sabote un peu la secte à ma manière. Je commande toujours le triple de ce dont ils ont besoin pour gaspiller l'argent d'Amanda. C'est un peu ma façon de me venger.

- Et?

- J'ai donc commandé beaucoup plus de cette poudre. On pourrait utiliser tout ce qu'il restera pour mettre le feu à cet endroit. Il suffirait que l'on se lève la nuit pour en semer partout. Il suffira que l'on mette le feu pendant qu'Amanda fait son discours.

- Mais c'est trop risqué. Notre feu ne risque pas de se propager et de brûler Joe et les jumeaux.

- Je peux donner de la poudre pour bébé à Amanda. Comme ça, tes amis ne risque rien.

- Ça n'empêche pas ton  plan de rester merdique. Les gens remarqueront facilement la poudre lorsqu'ils se réveilleront. Et y a pas de caméra de surveillance ici.

- Non, il n'y a pas de caméra. Enfin, il y en a mais elles ne sont pas visionnés. La première règle de la justice après le fait d'être toujours juste c'est la confiance. Pour Amanda nous sommes une famille et elle a pas besoin de caméra avec sa famille. Si nous passons bien la poudre elle pourra passer inaperçue.

- Et lorsque le feu prendra, que ferons nous? Joe sera ligoté pas vrai?

- Tout le monde cherchera à fuir lorsqu'il verront le feu. Nous ferons en sorte de leur barrer la passage avec la feu. Si nous mettons de la poudre en forme de cercle dans une partie du gradin ce sera suffisant. Nous nous filerons vers tes amis et nous libérerons. Nous fuirons par une porte qui donne sur une sortie de cet endroit. Ce sera assez facile.

- Ça n'a pas du tout l'air facile.

- Pourtant on a pas le choix.  Nous devons communiquer un message à ton petit ami pour lui dire de se reposer, ce sera la partie la plus difficile du plan.

- Je pense pouvoir le faire. Aide moi simplement à trouver un moyen de m'approcher de lui.

- Je vais voir ce que je peux faire. Maintenant, tu devrais t'en aller.

- A plus.

- A plus.

Je le regarde s'en aller les yeux rempli d'espoir. J'aimerais en avoir autant que lui mais je n'ai pas du tout confiance en mon plan. Mais bon, tout est possible dans ce monde. En plus, mourir c'est mieux que de vivre en entendant le monde t'appeler par un nom qui n'est pas le tien.

💔🥀

Voilà donc le troisième chapitre que je poste aujourd'hui. Il est super court et vous l'avez compris transitoire. C'est le calme au milieu de la tempête, ne vous en faites. J'ai quelques rebondissements dans mon sac donc prenez ce chapitre comme le dernier où votre cœur ne va pas s'arrêter.

Sinon vous le sentez comment ce plan d'évasion? C'est pas la grande classe mais ça aurait pu être pire en vrai. Surtout que Stéphane et Harvey sont juste deux gosses de dix-sept ans. Restez accroché pour la suite.

A samedi ou à demain en fait. Si je n'ai pas cours je vous sortirai trois autres chapitres 😎

Love y'all❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️