Harvey

Qu'est-ce que c'est bien d'avoir une insomnie. Je n'ai jamais cru que cela pourrait être si bien de jouer à des jeux de cuisine pendant une nuit entière. Les clients sont les gens plus grincheux et impatients que j'ai jamais croisés mais je m'amuse quand même.

Lorsque je parlais à Joe cet après-midi et qu'il m'a dit qu'il veut rester seul, j'ai pensé que j'allais penser la nuit à m'ennuyer mais ça ne s'est passé ainsi. Alors que Tolsky essaye de pirater les images des caméras de surveillance de chez José Martinez, moi j'ai utilisé son téléphone pour télécharger des jeux. Je suis tombé sur un jeu de cuisine et j'y ai joué toute la nuit pour accompagner mon pseudo meilleur ami dans son insomnie. Je gère vraiment bien ce jeu. Il est cinq heures du matin mais je suis déjà au niveau soixante-huit. Comme quoi j'ai toujours été un chef cuisinier sans même en être conscient.

- Merde, je vais perdre, je me plains alors que mes yeux sont lourds à cause de la fatigue.

- Tu dis ça à chaque fois, me répond Toksky alors que ses yeux reste braqués sur l'écran du PC qu'il utilise depuis des heures.

- Cette fois-ci c'est pour de vrai. Ce mec demande cinq burger, deux cafés et un saucisson en une minute. C'est quasi impossible vu comment qu'il y a déjà trois autres clients.

- Tu ne peux pas toujours gagner.

- Je sais mais ce mec est vraiment détestable.

- Une personne n'est pas forcé détestable parce que ce qui lui fait du bien te fait du mal. Il te demande peut être tout ça parce qu'il a passé trois jours sans manger.

- Pourquoi il le demande en une minute?

- Parce qu'il y a une voiture qui l'attend pour aller en réunion et il est presque en retard.

- Je m'en fiche. De toute façon c'est lui qui va finir par aller en réunion complètement affamé.

- Tu me rappelles Henry, lorsque tu parles ainsi.

- Vraiment?

- Oui, il aurait pu dire quelque chose du genre. Bref, les vidéos sont enfin prêtes.

- On peut dire que le "enfin" n'est pas de trop.

- J'ai du perdre pas mal de temps, je te l'accorde. Le problème c'est que les caméras de sécurités sont liées à une agence d'alarme qui conserve ses images datant de plus de trois jours très, très loin.

- L'important c'est que t'aies réussi.

Je verrouille l'écran de son téléphone puis je le glisse dans ma poche gauche. Je m'asseois à ses côtés sur son lit et regarde l'écran. La première image qui arrive à l'écran est le soir où Peterson a découvert notre secret. Je le fais passer. Maintenant, l'écran affiche Joe en train de se regarder tout nu devant le miroir. Je passe rapidement et lance un regarde mauvais à Toksky pour m'assurer qu'il n'a pas maté mon petit ami. Il pouffe de rire face à mon manège puis continue à faire paraître des images sur l'écran. Aucune d'elles ne sont vraiment intéressantes.

Je demande au meilleur ami d'Henry de s'arrêter lorsqu'il arrive sur une image qui attire mon attention. Peterson, Iris et Joe sont assis sur les canapés de José Martinez et discutent. La vidéo semble couper car elle ne commence pas par son commencement.

- Sinon, Joe, tu comptes raconter cette histoire comment et quand à Harvey? Demande Iris à mon petit ami au début de la vidéo.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas de quoi elle parle.

- Je ne pense pas que je vais la lui raconter, lui répond Joe.

- Comment? S'exclame Peterson, sa surprise semblant être à son paroxysme.

- Harvey n'arrivera pas à accepter que José Martinez n'est pas un Saint et ça va créer des disputes entre nous. A coup sûr, il lui fera confiance et trouvera que ce nous lui racontons c'est de la merde, lui réponds mon petit ami sur un ton confiant.

- T'as raison. Il fait vraiment une fixation sur l'innocence de ce José Martinez. J'ai l'impression qu'il l'accorde plus de confiance à lui qu'à toi, lui répond Iris avec de la compassion dans la voix. 

- Dès fois j'ai l'impression que celui qu'il aime c'est lui et non moi, avance mon petit ami avec une certaine peine dans la voix.

Entendre ces mots sortir des lèvres de Joe me fait l'effet d'une décharge électrique. J'ai décidé de me mettre José Martinez à dos spécialement pour lui mais lui il pense que celui que j'aime c'est lui.

- C'est normal, tout ne tourne pas trop rond dans sa tête. Il ne peut pas savoir ce qu'il ressent vraiment, commente Peterson, me blessant d'une certaine façon.

- Il me fait peur, pour être honnête avec vous. J'ai envie de rompre avec lui à cause de ses agissements mais j'ai peur de comment il pourrait réagir.

Mes sourcils se froncent naturellement alors que de la confusion se propage dans tout mon être. Je n'arrive pas à croire que Joe ait pu dire une telle chose. Ça ne peut pas être vrai.

- Ne dis pas ça. Il ne te ferait jamais du mal, me défend Iris, utilisant un ton rempli de pitié.

- En temps normal mais il devient fou avec son obsession à cause de son obsession pour José Martinez.

Cette fois-ci c'est trop pour moi. Je ne peux plus continuer à regarder cette vidéo. Je ferme l'écran de l'ordinateur de Tolsky d'un geste brutal. Je laisse son lit et me mets debout puis je reste debout au milieu de la pièce, les mains sur les hanches. Moi cœur bats à cent à l'heure et mes pensées fusent dans tous les sens.

- Joe ne dirait pas ça.

En disant cela à Toksky, ma voix est remplie d'un espoir bête. Comme si je m'attends à ce qu'il me dise qu'il s'agit d'une erreur et que mon petit n'a en effet pas dit ces choses atroces à propos de moi. Le regarde désolé qu'il me donne suffit pour me faire comprendre qu'il s'agit de la vérité et que la vidéo ne comporte aucune erreur.

- Pourquoi il a dit ça?

- Je sais pas.

- Pourquoi il a dit ça?

De la colère se mélange à la tristesse de ma voix. Tout commence à chauffer à l'intérieur de moi. Ce n'est plus de la déception ou de la confusion que je ressens ; la colère et la révolte s'empare de tout mon être. Je ne mérite pas qu'il m'a trahisse ainsi. Je ne mérite pas qu'il se moque de moi avec Iris et son frère.

Je dis alors un bref au revoir à Toksky puis me précipite rapidement hors de chez lui pour aller régler le compte de Joe. La colère qui gronde en moi est inédite. Jamais je ne me suis senti aussi près à mettre le feu au monde entier. C'est probablement parce je n'ai jamais été blessé ainsi

Qu'est-ce qui peut faire plus mal que de voir Joe dire que je suis fou, qu'il reste avec moi parce qu'il a peur et que celui que j'aime c'est José Martinez? Devoir l'accepter peut être. Bien sûr que c'est ça.

Accepter que lorsqu'il est avec moi ce qui anime son cœur à lui c'est la peur. Accepter qu'il fait plus confiance à Iris et à Peterson qu'à moi. Accepter que Joe pense que je ne l'aime pas.

Si ça se trouve, il a accepté de se remettre avec moi parce qu'il avait peur de comment j'allais réagir si je ne restais pas avec lui. Peut être qu'il n'a pas voulu coucher avec moi dans la forêt parce qu'il ne m'aime plus depuis que je lui ai parlé de José Martinez et de comment je porte ce dernier dans mon cœur. Ça doit être ça. C'est sûrement depuis ce moment qu'il pense que je suis fou.

Je sors de mes pensées lorsque je ressens une main se poser sur mon épaule. Un sursaut parcourt mon corps et je me retourne pour voir qu'il s'agit d'une femme habillée complètement en noir. Elle porte un costume noir, des talons noirs, une chemise ainsi qu'une paire de lunettes noires. Ses cheveux noirs attachés en une haute queue de cheval lui donne l'air de ses gardes du corps féminin que l'on voit dans les films.

- Bonjour monsieur. Monsieur Polar m'a demandé de vous conduire là où vous allez, elle me dit sur un ton robotique qui me donne froid dans le dos.

Je n'ai pas envie d'aller avec elle mais si Tolsky l'envoie m'accompagner c'est qu'elle est digne de confiance. Je lui dis donc qu'elle peut m'accompagner. Elle me demande de la suivre dans sa voiture noire qui nous attend à l'autre bout de la route. Je l'y suis et m'asseois sur l'un des sièges arrière. Je me perd à nouveau automatiquement dans mes pensées.

Vu que la conductrice roule à toute vitesse, nous arrivons rapidement devant chez José Martinez. Je fronce les sourcils, me demandant comment elle a bien pu connaître l'adresse mais la réponse me vient sans perdre de temps. José Martinez est assez populaire grâce à sa maison d'édition donc Toksky a du lui dire de m'amener chez lui.

Je descends la voiture et frappe sauvagement à la porte de mon petit ami. Il vient m'ouvrir la porte une ou deux minutes plus tard. J'assiste impuissant à notre dispute. Je lui parle méchamment sans pouvoir me contrôler et tout du long il semble choqué et surpris. J'imagine qu'il a peur de comment je vais réagir maintenant que j'ai découvert ce qu'il pense vraiment de moi. Il s'attend sûrement à ce que je le poignarde et que je le tué vu qu'à ses yeux je suis un fou.

Lorsque je n'arrive plus à le supporter, je pars en larme puis rentre dans la voiture noire de celle que Tolsky a envoyé pour m'accompagner. Depuis l'intérieur, je vois Joe courir et suivre la voiture de toute ces forces. Une voix au fond de mon cœur me dit de lui accorder le bénéfice du doute mais je ne le fais pas. Je ne vais pas me laisser me berner plus longtemps.

J'ai décidé de lui accorder le bénéfice du doute et j'ai été près à trahir José Martinez pour lui et voilà comment il me récompense. Il dit à qui veux l'entendre que je suis fou et qu'il reste avec moi parce qu'il a peur de comment je pourrais réagir s'il me quitte. Alors pourquoi a-t-il suivi la voiture jusqu'à ce que qu'il ne puisse plus courir? Pourquoi semblait-il si dépité?

Je ne sais pas et je n'ai pas envie de savoir. Je cache mon visage entre mes mains puis je commence à pleurer fortement. Lorsque la colère s'en va, elle laisse paraître la tristesse qu'elle cherchait à cacher.

Je passe donc tout le trajet à verser toutes les larmes de mon cœur. C'est la première fois que je vis une rupture amoureuse pour de vrai et ça fait mal. Avec Stéphane, je n'ai pas versé une seule larme mais Joe lui ne m'a pas manqué. Il m'a donné une blessure infâme qu'il est le seul à pouvoir soigner.

J'arrête de pleurer lorsque je ressens la voiture s'arrêter. Je regarde par la fenêtre que je suis dans un sorte de parc complètement désert. Il y a un petit lac et l'herbe semble fané, semblant avoir pris beaucoup trop de soleil.

- Que faisons nous là? Je demande à la conductrice de Tolsky sur un ton confus.

- Je t'amène à l'endroit où tu vas mourir.

La façon dont elle me répond me donne froid dans le mot et la réponse en soit fait rater un battement à mon cœur. On ne dirait pas qu'elle plaisante.

- Pardon? Je n'ai pas le temps pour jouer, madame. Dites moi où je suis!

- Je te l'ai déjà dit, nous sommes à l'endroit où tu vas mourir.

- Vous êtes taré ou quoi? Ce n'est pas Tolsky qui vous a envoyé?

- Exactement.

Mon cœur rate un battement et la gravité de la situation me fait paniqué. Serait-elle l'une de ses personnes qui essaye de faire du mal à José Martinez ou tout simplement une psychopathe lambda qui n'a rien à voir avec ça? Je ne lui pose pas la question et ouvre rapidement la porte de sa voiture puis en sort.

Arrivé dehors, je ne vois aucune route. Il y a simplement un gros immeuble rouge de plusieurs étages fait complètement de métal à une vingtaine de pas de nous. Je pousse un cri par appeler à l'aide. Je soupire de soulagement lorsque je vois une dizaine de personnes en sortir.

Je déchante rapidement lorsque l'une d'entre eux arrive à ma hauteur et qu'elle me saisi le poignet dangereusement. Me rappelant de mes cours de Karaté pris avec Stéphane, je lui donne un coup de poing sur sa paume d'Adam, la faisant pousser un cri affolé. Je retire mon poignet de sa main et commence à courir sans faire attention à où je vais. Une forêt borne l'étendue d'herbe donc je décide d'y aller. C'est mieux de m'y perdre que de laisser ces gens me capturer pour faire je ne sais quoi de moi.

Malchanceux, je n'arrive pas à atteindre mon objectif. Je sens les mains d'un homme agripper mes épaules. J'essaye de me débattre mais c'est déjà trop tard. Je sens quelque chose piquer mon cou. Une aiguille! Puis je... Je... Je... tombe.

💔🥀

Bonsoir! Me voici de retour aujourd'hui avec un chapitre très court pourtant énormément important. Il marque un nouveau changement d'ambiance dans l'histoire. Nous sommes partis de 📖💌 à 🧡🍁 et maintenant nous sommes à la dernière partie qui est 💔🥀. Que vous inspire cette troisième partie?

Et cette femme d'ailleurs? Ces gens qui ont attaqués Harvey?

Avez vous une idée de pourquoi la vidéo de surveillance de chez José Martinez a changé?

Tellement de mystère que vous comprendrez dans la dizaine de chapitre qu'il reste avant la fin.

A mercredi 😜🤭