~26~
Joe
Je lève aussi ma tête donc mon regard arrive à percevoir une femme debout derrière la vitre de la voiture. Elle est du côté de l'inspecteur Peterson. Ses traits faciaux n'arrivent pas à se dévoiler à moi nettement mais j'arrive tout de même à les voir un peu.
L'inspecteur essuie ses yeux avec ses doigts puis il ouvre la fenêtre à un rythme lent. Il semble d'un coup moins offensif et beaucoup plus fragile. Je peine à croire qu'il soit l'homme qui me met tant de pression psychologique pour que j'avoue avoir tué Lana Spoke depuis le début.
- Bonsoir, jeunes gens. Puis-je vous aider? Nous demande la dame, alors qu'elle me regarde avec les sourcils froncés.
- Oui, peut être. Nous voulons aller à une ferme pas très loin, lui réponds l'inspecteur, ne laissant plus aucune trace de sa peine de tout à l'heure paraître dans sa voix.
- Je crois que vous y êtes déjà allé vu comment mes bébés entourent votre voiture, lui répond la dame, ricanant doucement au passage.
- Ces coqs sont vos bébés?
- Oui.
- Ils sont sacrément agressif, ils nous ont poursuivis moi et mon... ami.
La dame me lance un regard à cet mention puis elle se mets à rire de bon cœur.
- Ils n'ont pas voulu vous agresser, ils vous ont juste suivis car ils croyaient que vous les apportiez à manger. Je suis désolée qu'ils vous aient accommodés.
- Ce n'est rien, nous n'avons pas vraiment eu peur.
- Vous être restés dans cette voiture depuis des heures selon ce que m'a raconté quelqu'un qui vous a vu donc je ne partage pas le même avis.
L'inspecteur rougit et baisse les yeux. La dame rit puis s'excuse. Elle chasse les coqs de quelques gestes grandioses avec ses bras puis nous annonce que nous pouvons sortir. Nous lui remercions puis nous sortons ensemble.
Lorsque j'arrive complètement à terre, je passe mes mains dans mes cheveux. Je dirige à présent mes yeux vers la dame et l'inspecteur et c'est là que je remarque que cette dernière est pétrifiée. Elle me regarde comme on regarderait un fantôme.
- Edusky, c'est toi!? Edusky, tu es revenu!? Elle me demande d'un coup alors que des larmes commencent à remplir ses yeux.
Surpris de voir que l'inspecteur ne mentait pas, je reste la bouche grande ouverte. Je regarde la femme sous mes yeux et cherche à voir si elle pourrait être la mère de José Martinez. Avec sa peau blanche et ses cheveux noors bouclés, il se pourrait bien que ça soit elle.
- Edusky, réponds moi. Est-ce que c'est toi?
Je sens son regard et celui de l'inspecteur peser sur moi. Ils attendent une réponse de ma part et je ne sais pas quoi dire. J'ai encore peur que tout ça soit juste un piège. Pourtant, je prends tout de même le risque d'entrer dans le moule que l'on me propose.
- Oui, c'est moi. J'ai voulu revenir à mes sources, je réponds à celle qui semble être une quinquagénaire.
Un doux sourire prend possession de ses lèvres puis elle vient me prendre dans ses bras. Elle se met à pleurer avec plus d'abondance puis se jette sur moi. Elle me serre tellement fort que je pourrais étouffer. Le soulagement que j'entends dans ses sanglots ne manque pas de me faire culpabiliser. Je suis en train d'abuser de ses sentiments.. Ou peut-être que c'est elle qui me mène en bateau et que je tombe dans un piège.
Je chasse ses pensées et la serre fortement dans mes bras. Cela me fait vraiment mal mais je suis près à le supporter. C'est fou comment l'instinct de survie peut nous pousser à faire des choses que l'on pensait impossible. Il nous enlève nos valeurs et nous fait voir que simplement bien s'en sortir compte.
Elle finit par s'enlever de moi puis par me dire à quel point je l'ai manqué, en passant ses mains sur mon visage. Je lui réponds que moi aussi et l'envie de vomir me prends. La comédie n'est clairement pas mon truc. Porter un masque n'est pas vraiment difficile quand on a de la liberté mais quand c'est ce masque qui nous dicte comment agir c'est une tout autre histoire.
- Bien vu que Edusky ne compte pas me présenter, je crois être celui qui doit le faire. Moi, je suis Peterson, un ami à lui, finit par dire l'inspecteur en s'approchant de nous.
- Moi c'est Gloria. Je suis enchantée de vous rencontrer.
- Moi aussi. Je suppose que vous devez être sa mère?
- Mais non, je suis juste sa tante, la femme de son oncle Romario.
- Il est où mon oncle?
- Il est... Mort.
En disant cela de la tristesse s'empare de ses traits enfantins mais elle les chassent en quelques secondes. Elle nous sourit et nous invite à la suivre. Nous lui obéissons et la suivons.
Je jette discrètement un regard mauvais à l'inspecteur. Iris n'avait pas tort. Il est vraiment près à tout pour pouvoir terminer cette enquête rapidement. Sa malice me choque énormément. Je m'attendais à tout de sa part mais définitivement pas qu'il se mette à agir comme mon ami.
Je me retrouve donc en quelques sortes emprisonner par lui. La situation peut changer rapidement s'il le désire. Ceci m'effraie pour être honnête.
Comme toujours lorsqu'il est temps de me concentrer, j'efface ses pensées. Je les mets de côtés pour y penser lors de mes insomnies. Je me concentre plutôt sur ce qui m'entoure.
La ferme est assez jolie de l'extérieur. Je la vois mieux car la tante de José Martinez passe par une route loin des coqs sauvages mais le paysage est presque similaire. Il n'y a que de l'herbe verte à l'infini mais les reflets orangés des rayons du soleil qui se couche rend le paysage encore plus beau que tout à l'heure.
Elle finit par entrer avec nous à l'intérieur puis nous laisse assis sur une table en bois avant de nous demander de l'attendre. Seul avec l'inspecteur, je me sens maintenant très gêné alors je regarde toute la pièce dans le seul but d'éviter son regard.
Cela me fait remarquer que les murs sont tous en bois d'un vert assez pâle. L'odeur de campagne est omniprésente dans la grande pièce qui est décorée comme une maison de campagne avec des meubles en bois qui semblent assez vieux.
La dame finit par revenir avec deux assiettes fumantes. Elle nous sert à l'inspecteur et à moi puis va nous chercher des fourchettes. Nous lui remercions gentillement puis elle s'asseoit avec nous. Je n'ai pas du tout l'envie de goûter à son plat bien qu'il sente très bon mais j'y suis obligé. Elle ne me lâche pas du regard une seule seconde.
- Edusky, où étais-tu passé? Nous t'avons chercher les huit dernières années mais tu étais quasiment introuvable. J'ai pensé que tu étais mort, elle finit par me dire avec de la peine dans sa voix.
- Je suis vraiment désolé de vous avoir tous mis dans un tel état mais je sentais le besoin de rester loin d'ici pendant un bon moment, je lui réponds dans l but de ne pas trop en dire sans pour autant ne rien lui dire.
- Ne t'en fais pas, ce qu'il t'est arrivé est vraiment quelque chose de traumatisant. Tu es très courageux de revenir ici, beaucoup de personnes n'auraient pas pu affronter leur passé.
- C'est que j'ai grandi, j'ai compris que je ne peux pas avancer sans embrasser mon passé.
Je vois de l'admiration s'installer dans le regard de la dame et ceci me fait un peu rire intérieurement. Si seulement elle savait que je viens tout simplement de sortir une réplique que j'ai lu dans un livre.
- Mais pourquoi ne m'as-tu jamais parler de ce passé? Intervient l'inspecteur sur une voix jovial comme si lui et moi étions vraiment amis.
- Je... Je... Parce que...
- J'ignore votre relation à vous deux mais ce serait vraiment plus sage de votre part de laisser du temps à mon petit Edusky. Cette histoire l'a vraiment marquée donc soit patient avec lui pour qu'il te la raconte.
- Ne vous en faites pas madame, je ne faisais que blaguer.
- Tant mieux. Alors, Edusky, dans quoi travailles-tu maintenant. Tu as ouvert ta boîte de nuit comme tu le voulais lorsque tu étais enfant?
- Non, je ne l'ai pas ouverte. Il faut dire que j'ai beau changé depuis. J'ai ouvert une petite maison d'édition.
- Ah oui? Comment s'appelle-t-elle?
- Je... Je ne m'en rappelle pas.
- Comment tu prix oublier une telle chose? Intervient l'inspecteur, en me regardant avec ses sourcils froncés.
- Tu sais bien que certaines personnes me mettent beaucoup la pression ces derniers temps.
- Ah bon? Pourquoi?
- Pour rien, juste pour des enfantillages. Sinon, tu peux me raconter beaucoup plus de détails sur la mort de mon oncle?
A cette mention, je vois à nouveau de la peine sur son visage mais elle fait vite de le cacher pour afficher un sourire. Ceci me fait culpabiliser quelques secondes de jouer avec elle.
- C'était il y a deux ans. Depuis que toi et que tes parents sont partis c'est très difficile. Après ton scandale avec ce... garçon, nos interactions avec les autres fermes du coin étaient vraiment devenu compliquée. Personne ne voulait être mêlée à nous. L'affaire familiale était presque tombé en faillite donc depuis ton oncle travaillait comme un bœuf. Ces heures de travail et ces efforts trop pour son âge ont fini par le tuer. A ce moment, j'avais quarante trois ans et j'étais enceinte, j'ai perdu mon bébé. C'était le premier que j'avais réussi à garder pour plus de cinq mois et je l'ai perdu. Depuis je suis la seule qui m'occupe de tout ça avec l'aide d'une cousine à moi. Elle est actuellement absente, tu pourras la voir si tu restes trois jours, elle finit par me répondre, en tentant encore de cacher sa peine.
Je n'arrive pas à trouver quoi lui dire. L'inspecteur semble tout aussi touché que moi par cette histoire. J'arrive à voir de la peine dans ses yeux.
Moi, l'envie de rester avec cette femme pour trois jours me prends subitement mais je l'abandonne rapidement. Je dois tout d'abord penser à ma survie et éviter la prison. Cela fait sûrement de moi un égoïste mais je suis près à porter ce fardeau pour me libérer.
- Je ne pense pas que ce sera possible, mon ami et moi, on repart demain. Nous sommes là pour la nuit.
- Tu reviendras me voir l'un de ses jours?
- Oui, je reviendrai.
- Madame, pensez-vous que les gens d'ici se rappellent de Edusky? Intervient une nouvelle l'inspecteur qui mène doucement son enquête.
- Il se pourraient que oui. Il a complètement changé de coupe de cheveux mais son visage n'a pas vraiment changé. Vu qu'il a fait la une des journaux pendant un bon moment, je pense qu'ils se rappelleront de lui.
- Ah bon? Mais pourquoi ne m'a jamais tu dit que t'étais une star ici?
- Je ne suis pas une star ici.
- Il faut tout de même avouer que tu n'es pas moins connu qu'une. Avec tout ce qui se disaient sur toi, t'étais vraiment populaire partout dans la ville.
L'inspecteur laisse son regard victorieux croiser le mien. L'envie de courir me prend, j'ai l'impression de sentir un piège se fermer sur moi. Je vois cette femme creuser ma tombe en faisant comprendre qu'effectivement José Martinez a fait quelque chose de mal par la passé et je ne peux rien faire pour l'en empêcher. Ceci me donne l'impression d'avoir les deux mains et les deux pieds ligotés.
Je ne peux cacher que d'un côté apprendre des nouvelles informations sur José Martinez me fait du bien pour pouvoir mener l'enquête avec Iris. Je dirais même que c'est une bonne nouvelle pour comprendre qui aurait bien pu essayer de le faire passer pour coupable de l'assassinat de cette femme. Le problème c'est le fait que Peterson lui aussi dispose de ces informations et qu'elles me discréditent encore plus à ces yeux. Il n'a sûrement pas besoin de plus pour m'envoyer en prison, connaissant le système judiciaire merdique de ce monde.
Je fais donc de mon mieux pour empêcher la conversation d'aller sur ce fameux drame en rapport avec José Martinez. Ça marche. L'épouse de l'oncle de José Martinez se met à parler de ses plus beaux souvenirs avec son mari et son neveu. Sur le moment je ne peux m'empêcher de me trouver chanceux puis la vérité me frappe en plein visage ; si j'étais chanceux je ne serais pas là. Je serais sûrement à Smarb avec Harvey en train de vivre notre plus belle vie.
Au lieu de ça, je passe des heures à entendre une inconnue me raconter des histoires merveilleuses qui ne me font ni chaud ni froid. Bien qu'au début sa nostalgie et sa peine me touchait, à force de l'entendre parler elle m'a fatigué. Mes peines sont déjà trop pour venir y ajouter celle des autres.
C'est lorsqu'il fait complètement nuit, aux alentours de vingt-deux heures, qu'elle me dit que je peux aller dormir dans mon ancienne chambre. Je lui mens et lui dit que je ne me rappelle plus où se trouve mon ancienne chambre. Elle m'y conduit moi et l'inspecteur. Ce dernier lui demande de l'aider à aller chercher quelque chose dans sa voiture.
Je finis donc par rentrer dans l'ancienne chambre de José Martinez seul. Elle est complètement vide à l'exception d'un lit fait et d'un petit buffet de deux tiroirs qui y sont installés. Ce dernier a un cadre de photo dessus. Je m'avance pour le regarder. J'y vois dessus deux adolescents que je reconnais tout de suite. L'un est mon portrait craché lorsque j'étais plus jeune et l'autre à la peau noire et aux cheveux coupés court est le meilleur ami de José Martinez.
Il sait donc toute la vérité? Il sait que son meilleur ami s'appelle en vrai Edusky et connait le drame à propos de lui mais il est toujours avec lui. Harvey a raison, il est vraiment un très bon ami s'il semble avoir suivi son ami même dans ce qui semble être quelque chose de grave. Peut être que je devrais essayer de m'approcher plus de lui.
Je dépose le cadre après plusieurs minutes puis j'ouvre les tiroirs du buffet. Le premier possède juste un cahier. Je l'ouvre et le parcours en une ou deux minutes. Chaque page contient une citation sur la motivation. Le contenu du second lui est beaucoup plus intéressant.
Il contient la photographie d'une fille qui sourit. Elle a des traits enfantins, des yeux verts et une peau très bronzée. Elle est jolie et porte une chemise d'homme. Elle sourit, regarde l'objectif qu'elle tient elle même et garde son pouce en l'air. Le fond est assez énigmatique. C'est juste un mur marron qui ne laisse pas deviner où elle est.
Je tourne la photo et elle me dévoile un message. Elle est écrite avec une encre noire d'une écriture assez soignée. Bizarrement, elle ressemble à la mienne. Ceci me fait carrément flipper. D'autant plus que je ne comprends rien au message.
C'est donc ça l'amour? Ne plus se reconnaître pour quelqu'un que l'on ne reconnais plus? Voir son monde et son identité bouleversé pour pouvoir les fusionner avec ceux d'une autre personne. Ça semble si beau mais tout ça est si effrayant en même temps...
José Martinez était donc amoureux de cette fille? Comment elle pouvait bien lui faire douter de son identité? Il était gay depuis l'enfance et tomber amoureux d'une fille le bouleversait?
Je coupe court à mes réflexions lorsque j'entends la porte s'ouvrir. Je plie la photo et la met dans ma poche avec le téléphone de José Martinez. Harvey m'a sûrement appelé plus d'une fois aujourd'hui. Si ça se trouve, il est grave inquiet.
- Pourquoi tu restes planté là?
A l'entente de la voix du frère d'Iris, je me tourne vers lui et le regarde droit dans les yeux. J'ai l'impression qu'il va y avoir une grande conversation entre nous. Je lui réponds, en utilisant mon ton le plus calme possible.
- Je regardais ma chambre.
- Arrêtes de vouloir me berner. Je ne suis pas un idiot.
- De quoi parlez vous? Vous n'allez tout de même pas recommencer avec vos agressions?
- Arrêtes de me vouvoyer, putain! Il est plus que temps que j'arrive à comprendre ce qui ne va pas avec toi.
- Peut-être que tu devrais commencer par chercher à l'intérieur de toi d'abord. Le problème pourrait être en toi.
- Ne me cherche pas.
- Je ne te cherche pas.
- Depuis le début tu me cherches. Tu ne fais que mentir, mentir, mentir et mentir. Tu essayes de prétendre de ne pas te rappeller de ta vie et nous savons tous les deux que c'est faux. En t'amenant ici, j'étais sûr de pouvoir te piéger et de te faire avouer la vérité mais tu continues de jouer à la comédie. Tu continues à faire semblant de ne pas connaître qui tu es, à agir comme si tu étais un étranger à ta vie. Il est plus que temps que tu me dises vraiment qui tu es et que tu m'expliques cette histoire de Joseph Martin que tu as sorti au début.
Je ne trouve rien à lui répondre. Il a toutes les raisons de ne pas me croire et de ne pas me faire confiance. Je baisse juste ma tête et regarde mes chaussures. Enfin ceux de José Martinez mais je m'habitue à tout ce qui lui appartient de plus en plus.
J'entends l'inspecteur soupirer. Sa main droite vient se loger sous mon menton. Il lève ma tête et se charge d'ancrer son regard dans le mien. Il semble fatigué, enragé et exaspéré. Pourtant lorsqu'il me parle, je n'entends que de la résignation dans sa voix.
- Arrêtes de compliquer les choses pour nous deux, Martinez. Toi comme moi voyons que tes agissements et tes confessions ne tiennent pas la route donc arrête de mentir. Avoues avoir tué cette femme puis donne moi les raisons. Je ne devrais pas arriver à de telles extrémités mais je te promets que je ferais tout pour que tu ais la plus légère sentence.
- La dernière fois tu m'as dit que tu pouvais déjà m'envoyer en prison, non? Pourquoi ne le fais tu simplement pas?
- Ne comprends donc tu pas que je veux bien boucler cette enquête? Je n'ai pas envie de faire de la merde, j'ai envie de tout expliquer comme le ferait mon père!
En disant cela, son ton monte de plusieurs décibels et il se tourne sur lui même. Sûrement une action effectuée pour faire passer sa rage et ne pas finir avec son poing sur chaque parcelle de mon corps comme la dernière fois.
Après, il se rapproche de moi. Comme à son habitude, il approche son visage trop près du mien pour me parler. Je me sens vraiment mal à l'aise.
- Lorsque je prouverai complètement que tu n'es qu'un sale criminel, tu vas me le payer cher Martinez. Tu vas agoniser et je prendrai bien soin d'en profiter, il continue, en laissant sa rage de tout à l'heure sortir.
Il dépose son ordinateur qu'il est allé chercher à la voiture puis se dirige vers une petite porte qui je le devine cache une salle de bain. En voyant celui qui m'a tant fait souffrir en si peu de temps y entrer, je sens une rage inexplicable me traverser le corps. Comme la dernière fois, le fait de voir quelqu'un me piétiner allume un feu révolté en moi.
Peut être est-ce juste une montée d'adrénaline ou mes testostérones qui se manifestent mais je n'ai pas envie de le regarder faire. Je le suis rapidement et l'empêche de fermer la porte. Il se tourne et me fait part de son regard remplir de colère.
Mon cœur bats à cent l'heure et une petite crainte vient s'imposer dans mon esprit mais je la chasse. La première chose qu'être bi m'a enseigné c'est de ne laisser personne me rabaisser et me trainer dans la boue. Alors je puise en moi toute la force qu'il me faut pour affronter ce policier qui n'est que rage et colère.
- Je... je t'interdis de me traiter comme ça une prochaine fois. Je ne suis pas un sale criminel alors ne m'appelle plus comme ça. Contente toi de faire ton travail, je lui réponds, en essayant de cacher le fait que je suis nerveux.
- Sinon, que comptes tu faire? Me tuer comme Lana Spoke?
- Je t'interdis de me traiter comme ça, je te le redis.
- Je suis un enquêteur, un détective et un inspecteur, je peux te traiter comme je veux tant que tu es un suspect potentiel.
- C'est vraiment marrant comment tu te caches derrière tes titres non mérités pour masquer ton manque de professionnalisme, ta frustration et ton incompétence.
- Ne me traites plus d'incompétents.
Comme à chaque fois où les choses ne vont pas dans son sens, il ne manque pas de faire court à la violence. Il me pousse fortement et me fait reculer de quelques pas. L'envie de moi aussi le frapper me prends mais je sais que ce sera une perte de temps.
- En te regardant bien, tu fais juste pitié. Même si j'essaye de te détester, je n'y arriverai pas, t'es juste un gars paumé. J'ai bien compris ton problème dans la voiture. Apparemment, tu n'arrives pas à plaire à ton père et maintenant tu essayes de faire souffrir le monde entier. Tu as marre de ta vie et tu ne vis qu'avec de l'amertume dans ton cœur donc tu ne peux éprouver que de la rage et de la haine, je lui réponds, en m'attendant à ce qu'il vienne se déchaîner sur moi.
Pourtant, ce n'est pas ce qu'il se passe. Son regard se perd juste dans le vide. Il reste debout et regarde le mur en face de lui comme s'il s'y tenait un trésor. A la seule différence que son regard ne présente aucun signe d'avidité et qu'il est juste vide.
Puis j'entends un énorme sanglot brute. Il est tout de suite suivi d'un autre et d'une dizaine d'autres. Leur propriétaire ne tarde pas à se laisser tomber au sol pour pleurer de toutes ses forces.
En voyant sa touffe de cheveux rouges par terre, deux parties de moi se mettent à se battre. Il y a celle qui est satisfaite de moi pour avoir remis ce gars à sa place puis il y a ma conscience. Elle elle me rappelle que cet homme est lui aussi un être humain et que malgré ses actions envers moi j'aurais du être moins dur avec lui.
Aucune d'elles n'a tort pour être honnête. J'ai été trop dur avec lui mais il mériterait aussi que je le remette à sa place. Ceci ne m'empêche pas de m'approcher de lui et de m'asseoir à ses côtés. Peut être se sentira-t-il moins seul? Je ne peux pas faire plus pour lui.
Comme la dernière fois, il finit par arrêter ses pleures et nous finissons par nous trouver dans un silence de cimetière pour ne pas mentir assez gênant.
- Tout ce que je fais ne me plaît pas, tu sais? Il finit par briser le silence entre nous, sans pour autant lever son visage.
Je ne sais pas quoi lui répondre donc je reste en silence. D'autre part, je suis sûr qu'il n'a pas vraiment besoin de quelqu'un pour l'écouter et non quelqu'un avec qui parler.
- Dès fois, je regrette amèrement. Comme la fois où je t'ai frappé, ceci m'a fait culpabiliser. Mais je ne peux laisser la culpabilité m'arrêter. Je dois résoudre cette enquête pour prouver à mon père qu'il se trompe depuis l'enfance, que je ne suis pas le mauvais rejeton.
L'entendre dire ça me fait me questionner. Iris avait pourtant assuré que son père lui donnait des traitements de faveurs parce qu'il est un homme. Serait-ce donc comme ça qu'il le vit lui?
- Depuis toujours il ne cesse de me rappeler à quel point je suis sa honte. Celle qui le rendait fier à l'école, c'était ma sœur. Celle qui avait hérité de son intelligence, c'est elle. Celle qui a été lauréate, c'est elle. Moi, j'ai toujours été le fils qu'il demandait de faire des efforts. Je n'arrivais jamais à toucher le talon des exploits de ma sœur. Même lorsque je passais des nuits blanches à travailler et étudier, elle restait naturellement plus intelligente et avait toujours rendu mon père plus fier que moi. Pourtant il m'a donné une chance de le rendre fier, je dois tout faire pour y arriver quitte à perdre tout mon sens de morale.
Lorsqu'il se tait, le silence plane à nouveau. Je n'arrive pas à trouver quoi lui dire. Il finit donc par recommencer à déballer ce qu'il ressent.
- Les gens me verront toujours comme le policier froid et méchant ou encore le mauvais frère mais moi je m'en fiche, je ne veux que voir mon père me regarder avec fierté.
Ces derniers mots me touchent d'une certaine manière que je ne comprends pas. Maintenant que je connais un peu plus sa vie, il ne ressemble plus à l'homme méchant et sans cœur que je voyais en lui. La façon dont il m'a traité ne reste pas moins inadmissible mais je le comprends maintenant. Il veut juste avoir l'affection de son père qu'il n'a jamais eu gratuitement.
Lorsque je repense à comment il a été près à marcher vers sa phobie et que je connais à présent ses aspirations en quelques sortes maintenant, je me sens encore plus touché. Je laisse alors trois petits mots échapper à mes lèvres.
- Je te comprends.
Il me regarde avec ses yeux rouges et se remets à pleurer de plus belle. Je reste assis à côté de lui pendant une dizaine de minutes. Lorsqu'il termine, il part prendre une douche puis je fait de même.
Lorsque je sors de la douche je m'attends à le voir coucher sur le lit deux places mais ce n'est pas le cas. Il est assis par terre et fait des recherches sur son ordinateur. Je ne lui dis rien et pars me coucher dans le lit où José Martinez a passer son adolescence.
Je vérifie le téléphone de de dernier et découvre que j'ai Cent soixante trois messages non lus. Sept viennent de Iris et les autres de Harvey. Je les réponds rapidement que je vais bien puis je ferme le téléphone et laisse Morphée m'attraper. Il tarde à me trouver vu que mes pensées prennent un vilain plaisir à se diriger vers Lory et mes parents. Au final, il finit par me prendre et me faire passer la barrière.
Je me lève assez tôt et la première que je remarque c'est que Peterson est encore sur son ordinateur. Je me demande s'il a même dormi. Vu comment résoudre cette enquête semble être une priorité pour lui, je doute qu'il y ait pensé. Il l'a sûrement fait deux ou trois heures.
Je le salut timidement puis je sors de la chambre. Il me suit donc nous allons prendre notre petit déjeuner en compagnie de la tante de José Martinez. Nous prenons à nouveaux un bain puis nous nous changeons. La tante de José Martinez nous a donné des anciens vêtements de son oncle. Je n'ai pas oublié de prendre la photo des habits que je portais.
Lorsque nous partons, je vois des larmes de nostalgie envahir ses yeux. Je lui fait un grand câlin puis je lui avoue que je compte bientôt repasser, tout en sachant que c'est faux. Je lui donne un faux numéro et lui dit que c'est celui de son neveu.
Puis Peterson et moi partons. Nous passons à nouveau la journée à rouler vers Kamara. Nous ne pipons mots durant tout le trajet. Je suppose que c'est parce que nous ne savons pas que dire et comment nous comporter maintenant.
Lorsque en fin d'après midi il me dépose chez José Martinez, je le remercie puis je rentre dans la maison. J'ouvre la porte et j'y vois Harvey et Iris m'y attendre avec de l'inquiétude plaqués sur leurs visages.
🧡🍁
Après la semaine la moins productive de ma vie, je vous propose ce petit chapitre. J'espère que vous l'avez apprécié. Je n'ai pas grand chose à dire donc je poste tout de suite pour ne pas être plus en retard.
A mercredi 🔥🤮
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