~24~
Harvey
Les larmes ne veulent pas fuir mes joues. C'est comme si elles veulent à tout prix les épouser. Ces dernières hurlent leurs absences de consentement mais ces diaboliques larmes continuent à les caresser contre leurs grés. Elles y laissent leurs empreintes salées qui marquent mes joues et qui trouent mon cœur. Pourtant, cette fois-ci elles n'arrivent plus à l'atteindre. Peut être que c'est parce qu'il a disparu, laissant un énorme vide dans ma poitrine. C'est ce qui arrive lorsqu'il n'en peut plus d'être brisé.
Mes pieds eux touchent l'herbe froide qui les pulvérise. Complètement nu et dans mon réel corps, je continue à avancer vers mon objectif. Ce dit objectif qui n'est autre que ce corps lui aussi nu qui pleure assis dans l'herbe froide.
C'est José Martinez.
Je sais qu'il a besoin de moi, pour calmer ses pleures. Alors je continue à marcher dans sa direction avec mes larmes qui continuent à abuser de mes joues. Lorsque j'arrive près lui, il se tourne vers moi. Je vois son visage triste et ceci presse mon cœur. Je ne veux pas qu'il soit triste. Donc, je deviens encore plus triste lorsqu'il prend la parole de sa voix cassée.
- Je sais que tu me connais, toi, Harvey. Tu sais bien que je n'aurais pu tuer personne, si?
En disant ça, il se met à pleurer. Je lui donne rapidement la main et l'aide à se relever. Je lui donne un câlin puis décolle mon corps nu du sien.
- Je te croirai toujours, José Martinez. Je sais qui tu es. Le monde aura beau essayer de me faire croire des choses sur toi, je sais que tu ne pourrais pas faire de mal à une mouche. Je te fais confiance, je lui dis, en lui souriant doucement alors que je commence à caresser sa joue gauche tout autant trempée que la mienne.
Nous restons ainsi pendant quelques minutes de silence. Je sens la colère monter en moi jusqu'à mes cheveux. Personne n'a le droit de faire autant de peine à José Martinez. Personne n'a le droit de dire autant de mal de lui. Je dois le protéger.
Lorsque je le vois commencer à sourire, cela me fait énormément de bien. Peut être est-il en train de se sentir mieux? Pourtant, on ne dirait pas. Son sourire devient de plus en plus grand jusqu'à laisser apparaître ses dents remplies de... sang?
Je fais un pas en arrière. Tout mon être est déboussolé, mon cerveau lui n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe. Ça n'a pas de sens. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi José Martinez rit comme un psychopathe.
Je comprends encore moins comment il fait pour prendre une hache par terre alors qu'elle était absente tout à l'heure. Peut que c'est moi qui ne l'ai pas vu. C'est sans importance au final.
Là maintenant ce qui importe c'est José Martinez en train de me regarder avec des yeux démoniaques et des dents remplies de sang. Il lève sa hache et la lance sur moi. Dans un réflexe idiot, je ferme mes yeux et essaye de me protéger en croisant mes mains devant mon visage.
J'ouvre rapidement les yeux lorsque je ne ressens pas l'arme de celui que j'aime tant s'abattre sur moi. La vision qui s'offre à moi me fait presque vomir. Je ressens la bile venir s'installer dans mon estomac mais ma gorge est trop serré pour qu'elle puisse s'en sortir.
C'est une horreur.
Tout ce qui m'entoure c'est du sang. L'herbe sous mes pieds nus est rouge sur des kilomètres à perte de vues, elle trempe dans le sang. Le ciel est complètement couvert de nuage rouge. Pourtant le plus effrayant se trouve exactement sous mes yeux.
José Martinez est debout, sa hache rempli de sang à la main. Il sourit de ses dents toutes rouges alors que ses yeux sont gris et dénués de vie. Il est toujours nu et complètement trempé de sang. A ses pieds siègent Joe, Iris et son frère sans vie. Leurs corps sont nus et torturés. On peut voir des traces de la hache de José Martinez sur eux.
Lorsque je lève à nouveau la tête pour croiser le regard de ce-dernier, je comprends qu'il ne s'agit pas de lui. Le frisson qui me traverse, la brise froide contre mon cou et cette envie de courir me font rapidement comprendre qu'il s'agit de cette entité que j'ai rencontré dans la grotte de Fortilus qui m'a envoyé ici dans ce livre.
Sans plus attendre, je me mets à courir. A chacun de mes pas mes pieds font voler un peu de sang des herbes sur mes jambes. Puis c'est sur mon visage que je sens le sang venir s'installer. Un regard vers le ciel me fait comprendre qu'il est en train de pleuvoir du sang.
Je suis donc obligé de courir sous une pluie de sang qui ruisselle sur tout mon corps. C'est dur mais j'y arrive. L'odeur est insupportable mais l'idée de me retrouver face à cette entité l'est encore plus.
Je finis par me stopper d'un coup lorsque j'entends une voix murmurer à mes oreilles.
- Ce n'est pas de moi que tu devrais avoir peur Harvey mais de toi.
Je me mets donc à tourner en rond avec l'espoir de voir quelqu'un mais il n'y a personne. Personne à part cette voix qui continue à murmurer dans mes oreilles.
- Celui qui conduira tes amis à leurs pertes, c'est toi, pas moi.
Effrayé par ses paroles, je me mets à nouveau à courir. Mes pieds se prennent entre eux et comme à mon habitude je tombe. Je roule vers une sorte de troue gigantesque où il n'y a pas d'herbe. Tout ce qu'il y a c'est une boue de sang.
J'essaye d'en sortir mais elle est glissante. C'est donc sans grande surprise que je finis par tomber une dizaine de fois. La boue elle commence à devenir de plus en plus haute. Elle m'arrive à la ceinture.
Elle monte à une vitesse folle. Je crie mais ça ne sert à rien. La pâteuse boue rouge à l'odeur de sang m'empêche de bouger efficacement. Elle est dégoûtante et me gratte la peau. Elle me couvre complètement. J'essaye d'y nager mais ça ne sert à rien. J'essaye d'y crier mais je ne fais qu'avaler da la boue ensanglantée. Au final, elle finit par m'engloutir complètement. Tout ce dont j'ai le temps de faire c'est d'entendre la voix me dire une dernière phrase.
- Réfléchis donc bien à chacun de tes choix car en plus de peser sur les autres, tes actions te conduiront à ta perte.
Alors que je me prépare à mourir sous cette boue qui me pénètre le nez, je sursaute fortement. Quelques coup d'œil à côté de moi me fait comprendre que je suis dans la chambre de Henry et dans son lit.
C'était donc un cauchemar?
Comprenant ceci, je soupire et m'asseois sur le lit. Mon souffle est court et ma peau est complètement trempée par la sueur. Mon pyjama blanc me colle à la peau.
Ceci me fait me demander si c'était juste un tour de mon imagination ou si cette entité a vraiment essayé de me parler. Si c'est le cas, il était donc en train d'essayer de me prévenir de quelque chose. Il parlait de mes actions. Est-ce que cela veut dire que je vais commettre de graves erreurs?
Mais bien sûr que non. Pourquoi j'y pense même? Cette entité n'a sûrement pas autant de puissance. Il m'a peut être espionné pendant un mois et envoyé dans un livre mais c'est impossible qu'il puisse pouvoir rentrer dans mon esprit et contrôler mes rêves.
Je coupe court à mes pensées à cause d'un liquide que je sens tomber sur ma poitrine à l'endroit où se situe mon cœur. Un coup d'œil me fait savoir qu'il s'agit de sang. Mon poul s'accélère d'un coup et tous mes sens s'affolent. Je commence à tâtonner mon corps dans des mouvements brusques.
Je reprends ma respiration normale lorsque ma main touche mon nez et que j'y sens du sang. Ce n'était que donc ça?
Je souris presque face à mon exagération mais mon sourire est de bien courte durée. J'ai beau essuyé mon nez, le sang continue à tomber sur mon pyjama. Il tombe à une vitesse surprenante.
A nouveau affolé, je regarde le plafond et c'est là que j'y vois du sang y sortir. Je me lève rapidement du lit de Henry et file dans sa salle de bain que je ferme à double tour. Je me change rapidement. J'enlève mon pyjama trempée par la sueur et le sang du puis me mets la première chose que je trouve.
Sans plus attendre, je sors de la maison de Henry en courant. Cette situation commence à devenir effrayante. Cette enquête sur José Martinez me mets déjà dans tous mes états donc voir que cette entité me suit de près m'effraie. Il m'a clairement nargué là.
J'ai pensé qu'il n'était pas assez puissant pour contrôler mes rêves et il m'a répondu. Il m'a montré sa puissance, en faisant tomber ce sang sur moi. Maintenant, je suis effrayé. J'ai peur pour ma vie.
C'est donc pour ça que je marche dans les rues de Kamara rapidement. Je me protège du froid avec mes mains mais ça ne m'empêche pas d'avoir peur. J'ai l'impression que cette entité est partout et qu'elle me traque.
Étant au beau milieu de la rue à quatre heures du matin, j'ai l'impression de le voir partout. A chaque endroit un peu trop noir, j'ai cette sensation qu'il va y sortir et plonger sur moi.
Donc lorsque je finis par arriver devant la maison de Tolsky, le meilleur de Henry, je souffle un grand coup. Je frappe à la porte de l'immense maison. Je sais que l'heure est inapproprié mais Henry avait une fois mentionné que son meilleur ami ne dormait presque jamais.
Il avait raison car quelques minutes plus tard le jeune asiatique à la chevelure noire coupé au carré vient m'ouvrir avec une poêle à la main.
Lorsqu'il remarque qu'il s'agit de son meilleur ami, il cache sa poêle derrière son dos et l'inquiétude prend possession de son visage.
- Henry, qu'est-ce que tu fais là? Il me demande, en m'invitant à entrer d'un signe de la main.
- J'avais envie de venir te voir, je lui réponds, sachant très bien qu'il est assez intelligent pour ne pas avaler mon excuse bidon.
- Au beau milieu de la nuit?
- Bah ouais, tu sais bien que je suis imprévisible.
- J'aurais pu te croire si seulement tu ne ressemblais à quelqu'un qui vient de voir un fantôme.
- Si seulement tu savais, je viens de voir une entité.
- C'est quoi la différence entre eux?
- Je sais pas, moi.
En temps normal, lorsque j'agissais comme Harvey je me serais senti un peu gêné mais j'agis juste comme Henry l'aurait fait cette fois. Je me mets à l'aise et monte les escaliers. J'ai cette folle impression que je m'habitue plus à son identité, plus je joue son rôle.
En seulement une semaine, parler à tout le monde de son université, me montrer toujours détaché et flirter avec tout ce qui a une queue et qui bouge me paraît de plus en plus facile. C'est comme si je commence à faire un seul avec le masque que je porte et c'est assez effrayant.
Tolsky et moi finissons par arriver à l'intérieur de sa chambre spacieuse. Des paquets de bonbons en tout genre ornent le sol et la télé est ouverte. L'écran projette un jeu vidéo mit sur pause.
Il s'assoit par terre en face de sa télévision écran plat, donc je fais de même. Un bruit métallique attire mon attention sur le sol. J'y jette un regard pour y voir le poêle du meilleur de Harvey.
- Sérieux mec? Tu t'es pris pour Raiponce ou quoi? Je me moque de lui avec un doux sourire.
- Quand tu restes seul la nuit chez toi, que tu ne dors que rarement et que tu regardes des films d'horreur, t'es bien obligé de faire des préventions, non?
- J'en sais rien moi, je dors comme un pou.
- Ces derniers temps tu emploies des expressions assez bizarre, tu sais.
- Tout comme toi tu n'arrêtes pas d'insinuer que j'ai changé â chacune de tes phrases.
- C'est faux, je ne fais pas une telle chose. Sinon, tu veux faire une partie avec moi?
- Ouais, pourquoi pas.
Je prends la manette qu'il me tend. Nous commençons quelques secondes plus tard à jouer à un jeu de voiture. Dans la vraie vie, j'aurais vomi si je touchais une manette.
Je déteste vraiment ce genre d'activité. Zéphyr et Mirko m'ont plusieurs fois proposés de jouer à des jeux avec eux mais je n'ai fait que refuser. Au bout d'un moment, ils ont fini par arrêter. Tout comme je ne le cache jamais lorsque je n'aime pas un livre, je les avais bien fait comprendre que je déteste cette activité.
Pour revenir au temps actuel, je suis en train de me faire défoncer par Tolsky qui rit comme un clown. Il est amusé de me voir perdre.
- On dirait que tu as perdu tes sept années d'expériences à jouer à ce jeu, Henry. T'es vraiment aussi nul qu'un débutant aujourd'hui alors que d'habitude tu me mets toujours K.O, il commente au bout d'un moment, alors que je perds une nouvelle partie.
- Juste un mauvaise journée.
- Il est cinq heures du matin, potos.
- Fais attention à toi! Ta voiture va s'écraser.
Il la laisse s'écraser et me laisse gagner la partie. Je me tourne vers lui pour lui demander pourquoi il a fait ça et c'est là que je vois que son visage a changé d'expression. Il n'est plus rieur mais juste énormément sérieux. Je n'arrive pas à m'empêcher de lui demander si ça va.
- De nous deux celui qui mérite le plus de répondre à cette question c'est toi, il me répond sans aucune trace d'animosité dans la voix.
- Je vais bien mon gars, tu n'as pas besoin de t'inquiéter autant pour moi.
- En tant que meilleur ami, je dois être honnête avec toi donc prépare toi à m'écouter, Henry.
- Heu... D'accord.
- Tu as beaucoup changé ces derniers temps. Tu as raison dessus, je le pense. Par contre, je ne crois pas que tout aille bien pour toi. Tu n'es plus toi même. Dans ma tête ça avait plus de sens mais je pense que tu vois ce que j'essaye de dire. C'est comme si tu avais... perdu l'essence de ta personne. C'est exactement ça. J'adore la personne que tu es en ce moment mais tu n'es plus du tout le gars que je connais. Henry Speechy c'est un gars qui monopolise la parole même dans les discussions de groupe, c'est un gars qui adore parler de sexe, c'est un gars aussi ouvert que le ciel. Tu n'as plus ainsi depuis le soir de ce fichu meurtre.
Je reste bouche bée, ne sachant pas quoi lui dire. Malgré mes talents d'acteur, il a su voir que quelque chose cloche et cela est perturbant. Voyant que je reste bouche bée, il commence un nouveau monologue.
- J'adore te voir me demander de te raconter des informations sur ce qu'il se passe dans ma vie, te voir parler moins mais ce n'est pas mon ami que je vois lorsque je te regarde. Alors, tu peux m'en parler s'il y a des choses qui ne roulent pas pour toi.
La sincérité et la gentillesse que je vois dans ses yeux ne manque pas à m'émouvoir. Ça se voit qu'il aime vraiment son meilleur ami. Ceci me donne donc l'envie de tout lui dire, de lui avouer que je ne suis pas Henry mais ma raison finit par avoir raison de moi. Que Tolsky soit un ange ou non, je dois continuer à jouer la comédie avec lui.
- Tu vois une ruche là où il n'y a qu'une abeille mon vieux, je lui réponds avec un faux sourire. J'ai juste compris que je ne suis pas le centre du monde. Pis, si ça te dérange je vais arrêter.
- Mais non, n'arrêtes pas. Enfin, si tu n'en ressens pas l'envie. Je m'inquiète juste pour toi.
- T'as pas besoin de t'inquiéter pour moi.
- T'es mon seul réel ami, Henry. Si je ne m'inquiète pas pour toi, pour qui le ferai-je?
Je le prends dans mes bras et lui donne une grosse étreinte. Il a juste dix-sept ans mais il est en quelques sortes affectivement dépendant de Henry. C'est triste que l'auteur l'ait juste utilisé comme le meilleur ami de Henry adopté par une milliardaire et ne lui ait pas donné plus de profondeur.
Il joue à quelques autres parties de jeux vidéo avec moi puis il finit par s'endormir lorsque le soleil commence à se lever. Amanda Polar n'est toujours pas rentrée donc je reste seul dans la maison. Je reste dans la chambre de Tolsky à écouter de la musique sur son téléphone. Il a laissé Henry influencer ses goûts donc il n'y a que du rock.
Je finis par partir vers les huit heures du matin. Je rentre chez Henry. Sa mère dénuée de visage me fait la morale pour avoir osé sortir la nuit sans lui en parler. Son cher mauvais père vient me sauver, en disant à sa mère que ce n'est rien.
A chaque fois que je lisais le livre, je le voyais comme un père cool mais maintenant que je vis avec lui je vois juste à quel point c'est un mauvais père. C'est à cause de lui en parti que Henry est devenu un gars qui sort toutes les nuits et qui baise tout ce qui bouge.
Cependant, il est une aubaine pour moi. Il me permets de pouvoir rejoindre la chambre de Henry. Il n'y a plus aucune trace de sang sur le lit. Je fais vite de prendre le téléphone de ce-dernier. J'ai un message. Il vient de Joe. Il me demande de venir le voir le plus tôt pour possible pour parler.
Mon cœur fait un gros bond dans ma poitrine. Je n'ai pas de doute sur le fait qu'il veut enfin que l'on se remette ensemble. Il m'a sûrement enfin pardonné.
Je sors donc encore plus rapidement que je suis entré. Je dévale rapidement les rues de Kamara le sourire aux lèvres jusqu'à arriver devant la maison de José Martinez. Je frappe à la porte puis quelques minutes plus tard l'homme que j'aime vient m'ouvrir la porte.
Il porte un pantalon noir et ne porte pas de haut. Il a de légères cernes sous ses yeux mais ça ne l'empêche pas d'être beau. Cette vision de lui qui me sourit doucement qu'il m'offre me rappelle à quel point j'ai beau goût en homme.
- Bonjour, il me salut doucement. Tu entres?
- Oui, merci.
Nous entrons dans la maison puis nous allons nous asseoir face à face sur les canapés du salon. Joe me demande si je souhaite boire quelque chose et je lui dit que non. En vrai, j'aimerais bien un verre d'eau mais je suis trop excité de savoir ce qu'il a à me dire pour perdre du temps.
- Dis Harvey, tu ne trouves pas que tu as été un peu trop brutal avec Iris, hier soir? Est la première chose qu'il me dit après quelques minutes de silence.
- J'avoue que je n'aurais pas dû me montrer aussi brutal mais il faut qu'elle arrête de dire du mal de José Martinez. Je le connais et je sais qu'il ne ferait jamais de mal à quiconque. Tu me crois toi, pas vrai? Je lui demande, en le regardant avec insistance.
Il tourne son regard et ne me répond rien. Ceci me fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur.
Lorsqu'il finit par parler, il ne répond pas à ma question.
- Tu pourrais me raconter l'histoire complète de José Martinez?
- Oui, si tu veux.
- Ceci me ferait énormément plaisir.
- Il n'est pas de Kamara. Il vient d'une autre ville toute proche appelé Avrol. C'est une assez petite ville. Il y a passé toute son enfance et son adolescence mais il l'a laissé avec son meilleur ami Armando lorsqu'ils avaient dix-huit ans. Il n'a jamais parlé de sa personnalité à l'époque mais j'imagine qu'il a la même personalité depuis toujours. Il pense toujours avant de parler, il est introverti et très gentil.
- Il n'a jamais parlé de sa famille à son petit ami?
- Pas vraiment, il n'est pas en très bon contact avec eux. Il ne lui a parler que de Romario Martinez, un oncle à lui.
- Pourquoi il n'est pas en très bon contact avec eux?
- Il n'en a jamais parlé mais j'imagine que sa famille devait être homophobe. Il n'y a pas d'autres raisons pourquoi ils n'aimeraient pas José Martinez.
- Je vois. Sinon, tu peux à nouveau me parler de quoi parle le roman au juste.
- C'est une romance entre Henry et José Martinez. Henry est un adolescent de dix-sept ans qui ne perds pas son temps, il fait tout ce qu'il veut et ne respecte aucune règle. José Martinez lui est un mec parfait de vingt-six qui aime suivre les règles. L'un est extraverti et l'autre intraverti. José Martinez n'a jamais eu de relation sexuelle de sa vie, ni d'ex alors que Henry lui les enchaîne. Il marche à des rythmes différents. Pourtant ils finissent par tomber amoureux. Leurs personnalités différentes empêchent leurs couples de bien marcher mais ils ont eu une fin heureuse. Au final, la leçon que l'auteur voulait faire passer c'est que dès fois on doit un peu se changer tous les deux pour faire fonctionner une relation. Puis que des fois il faut sortir de ses zones de confort et d'autres fois se poser des limites.
- Je suppose que c'est un bon roman.
- Ouais, c'en est un très bon.
Le silence prends possession de la pièce. Connaissant bien Joe, je vois qu'il a envie de me dire quelque chose mais qu'il se retient.
Nous restons donc dans un silence gênant. Ja balance mes pieds et lui regarde le plafond. Si l'on disait à quelqu'un que nous étions un couple fusionnel, il ne nous croirait pas. Nous ne ressemblons plus qu'à deux étrangers.
La voix de Joe m'empêche de penser plus à cette constatation déchirante.
- Tu peux me parler de ton enfance?
- De mon enfance? Mais pourquoi?
- Pour rien, j'ai juste envie d'en entendre parler.
- D'accord... C'est comme tu veux. Par contre, je n'ai pas grand chose à dire à propos de mon enfance. Elle a été parfaite et normale. Je n'avais pas beaucoup d'amis mais ça ne me dérangait pas depuis à l'époque. J'étais stupide. Je n'aimais pas manger. Qu'est-ce je peux bien encore te dire de moi quand j'étais gosse. Ah! Mes cheveux étaient toujours moche vu que je mes parents ne m'autorisait pas à passer de gel. J'étais donc obligé d'aller me raser les cheveux chaque trois semaines. Puis, j'adorais mes parents. Je les trouvais parfait.
- Pourquoi tu penses que le gel te rend plus beau? Tes cheveux crépus sont beaux au naturel, Harvey. Tu ne sais pas ce que je payerai pour pouvoir les revoir à nouveau.
- T'as raison mais les waves me vont mieux.
- Je suppose que je ne pourrai pas t'en dissuader. Tu es tellement têtu.
- Tu ne trouves aucun autre adjectif pour me décrire.
- Chaotique?
- C'est assez ironique venant du mec qui m'a invité à une grotte labyrinthique pour me déclarer sa flemme.
- Tu ne me laisseras donc jamais avec ça.
Un doux rire s'empare de nous deux et ceci allume un feu dans mon cœur. Voir que notre complicité n'est pas complètement anéantie me booste d'énergie. Ceci donne espoir.
- Bref, après ton enfance comment a été le début de ton adolescence?
- Hmmmm? Je crois que je n'arriverai pas à le décrire facilement. Il était assez bien mais certaines choses n'allait vraiment pas.
- Comme quoi?
- J'avais à peine découvert mon homosexualité puis je suis sorti avec Stéphane. C'était l'une des bonnes choses. Puis j'avais commencé à devenir proche de Ella. Ce qui n'allait pas c'était chez moi. Je commençais à voir mes parents moins bien que des héros. Petit à petit, j'ai compris qu'ils n'étaient pas vraiment que je peux aimer. Ils sont homophobes même s'ils essayent de tout faire pour m'accepter, ils sont misogynes et même un peu raciste. Ils n'arrêtaient pas de critiquer telle fille parce qu'elle portait tel vêtement "inappropriés", ils n'arrêtaient pas de me répêter de ne pas aimer les blancs car ils ne m'aiment pas puis ils critiquaient tous nos voisins. Je me sentais étouffé dans une telle maison. Je détestais mes parents en quelques sortes donc j'avais honte de ça. Je me trouvais ingrat de ne pas les aimer alors qu'il me donnait tout ce dont j'avais besoin. Je ne le disais donc à personne et ça m'a bouffé de l'intérieur.
- Donc, tu t'es réfugiés dans la lecture pour fuir ce monde.
- Ouais, en quelques sortes. Tu sais que depuis gamin je n'aime pas sortir. Je passais tout mon temps chez moi et c'était devenu un endroit hostile en quelques sortes. Mes parents étaient insupportables. Alors, je fuyais et lisais. C'était une bonne idée au final. En plus de trouver des moments pour m'évader, j'ai trouvé quelqu'un pour me faire savoir que je n'étais pas qu'un ingrat et qui a pensé mes plaies.
Joe ne me répond rien. Il me regarde juste avec des yeux légèrement embuées par des larmes. Il me regarde avec de la compassion dans son regard.
- Ça va? Je lui demande, commençant à m'inquiéter pour lui.
Il me répond rien. Il se lève juste et vient s'asseoir à côté de moi puis me prends fortement dans ses bras. Je fais de même. Il laisse ses larmes couler et me mouiller, moi je respire l'odeur de son torse nu.
Il décide de créer un contact entre nos lèvres. Timide, je laisse les miennes immobiles. Il m'embrasse quand même et même si je déteste cette activité je suis heureux de le faire. Ses lèvres avaient manqués aux miennes.
Il sépare nos lèvres puis vient déposer sa main gauche sur ma joue. Nos regards se croisent.
- Tu me pardonnes? Je lui demande dans un chuchotement intime.
- Je... Je... Je...
- Tu?
- Je ne me sens pas encore capable de ça, Harvey.
- Tu veux continuer à nous faire souffrir?
- Non mais j'ai peur.
- De quoi?
- De me voir brisé une nouvelle fois. Crois moi, si jamais ceci arrive, je ne pourrai plus jamais être réparé donc je préviens.
- Fais moi confiance, Joe, je ne te ferai pas de mal à nouveau.
- Si seulement c'était si facile, Harvey. Si seulement...
🧡🍁
Hello, hello! Je vous présente aujourd'hui mon 24ème chapitre. Vous en avez pensé quoi?
Vous avez pensé quoi du rêve de Harvey? De la deuxième apparition de Tolsky? De la discussion entre Joe et Harvey?
Comme toujours je vous remercie de me lire. <3
A Mercredi 🌈✨
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