~10~
Harvey
Je me demande sérieusement où je serais en ce moment même si je n'avais pas accepté de passer dans la partie pauvre de la ville avec Zéphyr ou encore si je n'étais pas entré dans la librairie de Joe. Je serais sûrement chez moi dans ma chambre en train de lire une romance quelconque entre deux mecs à la plastique parfaite et sûrement pas avec Joe dans sa voiture vers Fortilus. Ce scénario semblait tellement improbable il y a une semaine. Je ne m'attendais pas à ce que Joe prenne ma demande d'invitation au sérieux.
Lorsque je lui en ai parlée, il a plaisanté lui aussi puis il m'a demandé conseils, me parlant d'une bande de jeunes qui lui ont demandé de l'aide pour un livre et je lui ai dit d'accepter. Nous avons bavardé pendant dix minutes environ puis pendant un moment de silence entre nous il m'a demandé si je veux vraiment aller à la plage de Fortilus. Je lui ai donc répondu que je ne lui mens jamais si ce n'est par omission. Il m'a répondu qu'il m'y amènerait si mes parents le veulent. J'ai demandé à mon idiot de grand frère de l'aide et il a accepté de m'aider. Il a demandé la permission à mes parents et tous semblaient trop content que je "commence enfin à agir comme tout vrai jeune homme de mon âge ledevraient". J'aurais pu passer une demi-heure à leurs expliquer ce qu'on appelle le stéréotype du genre mais j'ai abandonné car ils avaient accepté et c'est plus important que tout. Quitte à laisser mes parents dans leur joie vaine de me voir commencer à créer une vie sociale trépidante.
J'ai annoncé la bonne nouvelle à Joe mercredi et il a convenu que nous y irions ce Lundi. J'ai fait ma valise et j'ai passé tout le week-end dans une excitation que je ne me connais pas. Je n'ai même pas lu. J'ai passé tout mon temps à faire des scénarios dans ma tête. Dans les pires, Joe et moi mourrons noyés, dans des accidents ou mangés par des requins. Dans les meilleurs, Joe et moi tombons amoureux et nous nous marions sur la plage. En vrai, je sais que ça va se passer différemment de tout ce que je peux espérer ou imaginer mais ça m'aidait à faire passer le temps. Et il faut dire que je n'avais plus de patience. Ce n'est pas tous les jours que je peux aller en vacances avec le portrait craché de José Martinez.
Je finis par sortir de mes pensées pour parler à Joe mais la première chose que je capte c'est la musique qui fuse dans toute la voiture. Rain on me de Lady Gaga et Ariana Grande ne tarde pas à me faire sourire. Je commence instinctivement à danser et chanter.
- Si je savais qu'il n'aurait fallut que cette musique pour t'enlever de ton silence radio, je l'aurais déjà passée, me dit le conducteur à côté de moi, en me regardant avec un sourire moqueur.
- C'est pas ça, elle me rappelle juste un livre que j'ai lu et le souvenir de ce livre m'a mis de bonne humeur, donc je danse, je lui explique, en continuant à danser au rythme de la musique très entraînante.
- Attends, ça veut dire que tu lis avec de la musique? Il me demande, en tournant sa tête pour me regarder, comme si j'étais un sorte d'extraterrestre à redouter.
- Bah ouais, c'est trop bien. A chaque fois que j'écoute la musique je pense au livre et à chaque fois que je pense au livre je chante la musique dans ma tête, je lui explique, continuant de danser devant mon conducteur sans aucune gêne.
- Moi, je n'y arrive vraiment, vraiment, vraiment, vraiment, vraiment pas. Je n'arrive pas à me concentrer sur la musique et encore moins sur le livre en même temps. C'est soit je fais l'un, soit je fais l'autre, il m'explique, d'un ton presque ferme, comme pour me montrer comment il défend sa position fermement.
Encore une fois, j'arrive trop à voir José Martinez agir ainsi.
- Tu n'es pas sensé te focaliser sur la musique, tu dois juste l'écouter naturellement et te concentrer sur le livre, je lui explique, sur le ton de l'évidence car c'est selon moi justement trop évident.
- Parce qu'il existe une façon artificielle d'écouter de la musique maintenant? Il me demande ironiquement et un brin moqueur.
Je lui donne un coup de coude, lui faisant lâcher un petit cri de douleur mais je m'en fiche. Il n'avait qu'à pas la faire avec moi, son ironie.
- Quand j'y pense bien, ça n'a pas de sens ce que tu dis là. Une fois, tu m'as dit que tu mets toujours tes écouteurs avec toutes leurs volumes lorsque tu lis, je lui dis, d'un ton presque mauvais, lui réclamant une explication logique à ces paroles qu'il a dites et qui se contredisent.
- J'aimerais bien connaître la personne qui t'a dit que l'on n'écoute que de la musique avec des écouteurs mais je mettrai ça sur le compte de ton jeune âge. Lorsque j'utilise mes écouteurs quand je lis, je n'écoute pas de la musique mais des bruits d'océans paisibles ou des bruits de nature paisible avec des doux bruits d'oiseaux, il me rélève doucement, en regardant la route sans se retourner.
Je ne peux m'empêcher de rire. Je sais qu'il n'y a rien de drôle là dedans mais la différence existante entre Joe et moi me fait tout de même rire. Lorsque j'ai envie de me séparer du reste du monde pour lire tranquillement je mets le volume de mes écouteurs à fond et choisi ma musique du moment pour me défoncer les tympans mais lui il passe des bruits d'océans calme et ça me fait rire. Ça me fait me demander ce que peut bien écouter José Martinez lorsqu'il lit et la réponse me vient comme une évidence après quelques secondes : la même chose que Joe. Il ne me faut que quelques secondes de plus pour arrêter de rire, l'effet drôle de la "blague" passer. Putain, qu'est-ce que je ne suis pas drôle.
- Bon, maintenant que tu as arrêté de te payer ma tête je peux savoir ton métier de rêve? Me demande Joe, en me regardant quelques secondes avant de porter son attention à nouveau sur la route.
Je suis surpris de sa question donc je le regarde avec les sourcils froncés pendant un petit moment. Je finis par me reprendre, me disant qu'il doit juste essayer de faire la conversation.
- Je sais pas vraiment mais je dirais acteur et tout ce qui à trait à la décoration, je lui réponds, en regardant le ciel quoique je sache que le regarder ne me fera pas trouver d'autre métier qui puisse faire battre mon cœur après ces deux là.
- Ah bon? Il y a des raisons particulières? Il m'interroge, avec un intérêt qui se fait entendre dans sa voix.
Un intérêts qui me rends si fier que j'en perds les mots.
- Pour celui d'acteur, si. Lorsque j'ai commencé à aimé la lecture, l'envie de faire voyager les gens moi aussi m'a tout de suite animé mais j'ai finis par abandonné mon envie car j'ai compris qu'être auteur n'est pas pour tout le monde et encore moins pour moi. J'ai essayé d'écrire un roman et j'ai foiré. Je n'avais pas d'idée originale, mon cerveau a juste recyclé tout les livres que j'ai lu, je perdais le cours de l'histoire en l'écrivant puis il y avait tellement de faux raccord entre les dates et tout. J'ai abandonné mon "livre" mais pas mon envie de faire voyager les gens dans d'autres mondes et vu que je suis bon menteur je pense pouvoir faire un bon acteur. Pour la déco, c'est simple. Depuis que je suis enfants, j'aime bien ça. Arranger tout de manière esthétique est clairement dans mes cordes, je lui explique, avec passion.
- Tu n'aurais peut être pas dû abandonner, beaucoup de grands auteurs ont commencé comme toi. J'ai lu quelque part qu'un grand écrivain est un amateur qui n'a pas abandonné ses rêves, il me répond, avec une douceur qui le caractérise si bien.
- Je ne pense pas que j'aurais pu faire mieux, c'est juste ainsi. Je n'ai tout simplement pas d'histoire à raconter, je lui explique, en haussant les épaules, espérant qu'il comprenne.
- Bon, je déduis que je ne peux pas te faire changer d'avis, j'ai compris que t'es du genre têtu toi. Tu as déjà privé la planète d'un auteur fantastique donc bats toi et ne nous prive pas d'un acteur merveilleux, il me répond, avec un petit sourire alors que je roule des yeux.
- Flatteur! Ce genre de disquette est juste dépassée, tu aurais facilement pu mieux trouvé, je le taquine, en faisant semblant d'être agacé.
- Je parie que tu les aimes bien quand elles viennent de gamins comme toi, ces disquettes, se moque-t-il de moi avec un sourire provoquant et rempli de sous-entendus.
- Arrête de parler comme si t'as trente ans, Joe, t'es presque aussi jeune que moi, le fossil, Je lui réponds, en roulant les yeux, faussement exaspéré que Joe se prenne pour un adulte de la génération de mes parents alors qu'il n'a que vingt-et-un ans. Sinon, toi, ton métier tu rêves de le faire depuis que t'es enfant?
- Pas vraiment. Je n'ai jamais vraiment eu de vocation ou d'amour inexplicable pour aucun métier. Jusqu'à mes dix-sept, je ne voyais pas ce que je voulais faire dans la vie. Tout ce que je savais c'est que je ne voulais pas travailler dans le genre de bouleau qui demande des efforts physiques spectaculaires. Je me voyais bien derrière un bureau mais ça n'allumait aucun feu dans mon estomac quand j'y pensais, il m'explique, me faisant me questionner sur comment c'est possible.
- Comment et pourquoi t'es devenu libraire, dans ce cas? Je m'empresse de lui demander, aimant qu'il se dévoile à moi.
- C'est un peu à cause ou peut être devrais-je dire grâce à Lory. Lorsque mes parents m'ont appelé pour me dire qu'ils prenaient leurs pensions et qu'ils vendraient la librairie si je ne le reprenait pas, elle a été énormément persistante pour me dire que je devrais tenter l'expérience. Au final, je l'ai écoutée et maintenant je ne le regrette absolument pas, j'adore ce métier, il m'avoue avec un sourire qui se dessine doucement sur ses lèvres, alors qu'il regarde la route.
Nous continuons à discuter de nos vies pendant un moment mais comme d'habitude après un moment nous finissons par parler de livre. Il m'explique pourquoi il n'aime pas le dernier triangle amoureux qu'il a lu et moi j'essaie de défendre le livre plus que tout. Il trouve que l'héroïne aurait dû finir seule mais moi je suis content de voir qu'elle se soit mise en couple avec Rya et non Johnson. Ce garçon pleure pour n'importe quoi et utilise l'excuse d'être un garçon gentil et sensible pour manipuler l'héroïne. Joe n'est pas du même avis et trouve que Rya est un personnage mal créé car elle n'a aucun défaut à part le fait de ne pas en avoir. Il a sûrement raison mais ma haine pour Johnson et mon amour pour Rya me feront rester derrière ma position.
Nous passons les quarantes prochaines minutes de notre trajet à débattre sur le livre jusqu'à ce que la vue de l'entrée de la plage de Fortilus se dresse devant nous, nous faisant fermer nos clapets. Nous descendons de la voiture devant le portail et allons à l'accueil, une petite cabine bleue dressée à côté du portail tout aussi bleue. A l'intérieur nous y voyons une jeune femme avec un regard de Billie Heillish et un visage qui semble aussi frustré que celui de Carlos dans Bob l'éponge. Elle nous demande de confirmer notre réservation. Joe lui montre donc son téléphone.
Elle le regarde d'un air détaché, fronce les sourcils, hausse les épaules puis nous souhaite de passer un bon séjour sans aucune conviction. Même une limace pourrait y mettre plus d'énergie qu'elle.
Nous sortons et reprenons la voiture de Joe. Le portail ne tarde pas à s'ouvrir de façon automatique, laissant place à un paysage magnifique. Encore plus beau que le cliché des plages antillaises qu'on nous montre à la télé. La vue d'un désert presque infini de sable blanc qui brille sous le soleil s'offre à moi, une mer qui est bizarrement bleue et complètement transparente à la fois l'orne avec sa paisibilité presque incroyable. Le ciel est d'un bleu authentique et les beaux nuages blancs semblent tout droit sortis de Peter Pan. Le silence de mon conducteur me prouve qu'il est tout autant ébloui que moi.
Joe arrête sa voiture et soudainement je suis pris d'une bouffée d'anxiété, sachant que ces cinq jours que nous allons passer ensemble vont changer beaucoup de choses entre nous. Si ça se trouve nous ne nous parlerons plus, nous deviendrons plus que des amis tout comme notre amitié peut s'arrêter. Le fait de ne pouvoir savoir tout ce qu'il va se passer que samedi prochain me bouffe. Le fait de n'être qu'un humain lambda sans aucun pouvoir n'arrêtera jamais de me gâcher la vie. Voir l'avenir et lire les pensées des gens m'auraient bien aidé dans ma vie.
Quelques secondes après notre sortie de la voiture, un grand homme barbu et souriant vient nous souhaiter la bienvenue avec un accueil digne de la somme incroyable que Joe a versé pour ses cinq jours. Il nous souhaite une bonne venue puis nous explique qu'ici c'est une sorte de camping avec très peu de personnes et que l'argent qu'ils obtiennent avec le tourisme aident à protéger l'écosystème de la plage. Tout ça est réalisé par une association dont il est le président avec l'aide de plusieurs bénévoles. Il nous dit de ne pas nous inquiéter car tous les bénévoles qui travaillent ici ne sont pas aussi sombre que Beverly. Joe et moi rions hypocritement à sa blague, bien que nous ne soyons absolument pas amusé.
Le grand barbu qui finit par nous dire au dernier moment qu'il s'appelle Claude finit par partir après nous avoir montré notre cabane qui sera notre maison pour les cinq prochain jours. Avant de partir il nous demande de ne pas plomber la bonne ambiance qui règne sur la plage car la mauvaise humeur de Beverly est déjà suffisante. Je ne comprends pas l'acharnement de Claude sur cette Beverly mais ça ne me regarde pas de toute façon.
Une fois débarrassés de l'homme bien bronzé et qui sens énormément bon, Joe et moi entrons timidement dans notre cabane avec nos sacs à dos bien chargés. La cabane est beaucoup plus grande que ce que je pensais. Elle est bien aérée et la décoration bien que faite que d'objet complètement naturel, tel que des coraux, des coquillages et des fleurs n'a rien à envier aux décorations qui coûte des centaines voir des milliers de dollars. Il y a deux lits, chacun à une extrémité de la pièce. Au centre la pièce, il y a une jolie table de bois accompagnée de chaises faites de la même matière. Dans le coin de gauche, trois rideaux cachent ce qui semble être la salle de bain. Pour résumer, le genre de cabane qui fait rêver certain et cauchemarder d'autres.
Je m'avance tout autant timide que tout à l'heure et dépose mon sac sur le lit de droite et Joe ne tarde pas à faire la même chose sur celui de gauche. Je jette un regard en sa direction et sa timidité le rends encore plus beau, encore plus José Martinez.
- Heu... Tu veux que... que je sorte pour te laisse te... changer? Finit-il par me demander, avec une hésitation complètement audible dans sa voix, alors que ses joues se teintent légèrement de roses.
Comment ne pas aimer ma peau noire avec ça? Être gêné et embarrassé sans avoir aucune crainte de rougir c'est bien.
- Pas besoin mec, ça me dérange pas le moins du monde que tu vois mon caleçon, je lui réponds avec mon plus gros sourire en stock.
C'est faux. Complètement faux. Ça me dérange qu'il voit mon corps. Ça me dérange que quiconque voit mon corps. Je n'ai jamais eu aucun gros complexe avec mon corps, bien que je n'aime pas certaines choses chez moi mais je ne me suis jamais senti à l'aise de laisser mon corps aux yeux des autres. Je ne sais pas si c'est par manque de confiance ou par peur d'être jugé mais je n'aime pas exposé mon corps. Officiellement, c'est juste de la pudeur car je ne pense pas que mes amis et ma famille ont besoin de savoir ça.
- Toi, ça te dérange que je vois ton... caleçon? Je demande à Joe en retour, voyant qu'il ne me répond rien.
- Heu... Non, pas du tout, il me répond, en tentant de cacher sa gêne qui se voit tout autant que la mienne comme le nez de Jules César au milieu de son visage.
Nous passons les prochaines secondes sans rien faire mais en bon jeune adulte Joe est le premier à commencer. Il commence tout juste à descendre son jean que je me tourne complètement, lui donnant mon dos. Je commence à faire la même chose et la simple idée qu'il puisse voir mes fesses me donne envie de prendre mes jambes à mon cou et de retourner à Smarb. J'enlève mon T-shirt et finit par me retrouver seulement en caleçon après avoir enlevé mes chaussures. Je ne sais pas quoi faire mais un instinct complètement stupide me pousse à regarder derrière pour vérifier que Joe n'est pas en train de me mater.
Avec le peu de chance que j'ai il a fallu que mes prunelles tombe dans celles noires de celui qui était encore mon conducteur il y a un quart d'heure. Ma première idée c'est de tourner ma tête mais il y a quelques choses de tellement intime dans le regard de Joe que je n'arrive pas à décoller le mien du sien. Contre toute attente, je me tourne complètement, lui exposant timidement mon corps presque dénudé.
Nos regards continuent à se sonder d'une manière que je suis sûr que nous deux ne comprenons. Comme si nous cherchions l'approbation de l'autre. Et cette approbation je finis par la trouver tout comme lui aussi. Je baisse me tête sur son corps et mon cœur rate presque un battement.
C'est un sentiment tellement fort qui me traverse. Le désir. Ce corps que j'ai tant de fois essayer de matérialiser dans ma tête est juste sous mes yeux et encore plus beau que tout ce que j'ai pu imaginé. Ce ventre si plat, ce ventre trop plat. Ce corps tellement fin, ce corps semblant si fragile mais qui selon les dire de Henry Speechy - Protagoniste de Marche avec moi - peut faire tant de merveille. Ce corps qui ne me laisse pas indifférent alors qu'il n'a rien de spécial bien que pour moi il soit si spécial.
- Tu es en bonne santé? Est la seule question que j'arrive à lui poser, visiblement trop obnubilé par le moment pour bien utiliser mes neurones.
- Heu... Oui? Tu trouves que je semble en mauvaise santé? Me demande-t-il en retour, sans expression précise sur son visage bien que je crois y déceler une pointe d'appréhension et de Curiosité.
- Pas vraiment c'est juste que t'es si mince, putain! Ne le prends pas mal surtout, je ne critique pas ton corps je suis juste ébahi. Ton ventre est aussi plat que la surface d'un miroir. Je me suis toujours considéré comme quelqu'un de mince mais en te voyant là je comprends que ce n'est clairement pas le cas, je lui dis, sans pouvoir m'empêcher de fixer le beau ventre imberbe qui se dresse devant moi.
Comme je m'y attendais, Joe semble particulièrement embarrassé par ce compliment que je lui fais. Il ne sait pas quoi dire mais semble décidé de me répondre.
- Et bah, t'as pas vu beaucoup de ventre pour trouver mon ventre si spectaculaire mais je ne chasse non plus ton compliment, ça fait du bien à l'égo. Sinon toi aussi t'as un veau ventre, ils sont parfaits tes petits poils, me dit-il, en désignant ma rangée de poils sortant de mon caleçon arrivant jusqu'à ma poitrine d'un geste de la tête.
Je lui sors un merci presque inaudible et ne sais pas où me mettre. A ce moment précis, je me sens particulièrement intrigué de savoir comment font la plupart des hétéros pour se foutre à poil ensemble et se complimenter sur leurs corps et leurs queues sans malaise. C'est sans doute parce que les mecs qui les complimente ne ressemblent pas comme deux gouttes d'eau au mec qu'ils ont toujours admiré et aimé dans un livre.
- Harvey? C'est moi où t'es mal à l'aise. Ne me dis pas que t'as des insécurités avec ton corps? Enfin, on en a tous donc ce que je veux te demander c'est si ça te dérange vraiment de parler de ton corps ou de le montrer? Me demande Joe, d'un ton bienveillant et doux, comme l'auteur de Marche Avec Moi a très souvent décrit celui de José Martinez.
- Je suis quelqu'un d'assez pudique, ouais, mais ça n'a rien à voir avec mes insécurités. J'aime juste pas l'idée de laisser voir mon corps à d'autres gens, je lui explique, lui mentant quelque peu par omission.
- Tu as peur d'être jugé? Il me demande, se montrant plus insistant que d'habitude.
- Je m'en fiche de l'avis des gens tout autant que je m'en fiche de la vie des gens. S'ils veulent dire des choses sur mon corps qu'ils le fassent, je resterai le même et le monde continuera de tourner. Je n'ai juste pas envie de dévoiler mon corps à personne, je lui explique, parlant beaucoup plus vite qu'à l'accoutumée.
- Je vais sûrement paraître lourd mais est-ce aussi le cas pour les gens avec qui tu partages des relations sexuelles? Il me demande, en gardant un visage sérieux qui me fait me demander pourquoi il prends ça aussi à cœur.
- Je n'ai jamais eu de relation sexuelle, je m'empresse de répondre, gêné comme jamais.
- Je pouvais pas savoir, désolé. Si tu couches avec un mec, tu penses que tu te sentiras à l'aise de lui montrer ton corps? Il m'interroge, gardant tout son sérieux, me prouvant que ses questions sont plus sérieuses que ce que je pense.
- Sûrement non. Je me sentirais vraiment mal à l'aise, surtout s'il me regarde, je lui avoue sans grandement penser, sûrement à cause du nombre de fois étonnant que j'ai imaginé mon premier ébats.
J'imagine que c'est la conséquence des nombreux lemons que j'ai lus additionner aux quelques vidéos que j'ai matés sur Tukif.
- Tu penses que tu aurais peur que ton corps ne l'attire pas? Me demande-t-il, en me regardant avec un regard perçant que je ne lui reconnaît pas.
Je doute fortement que José Martinez aurait agi comme ça et ça me frustre. Il agit tellement comme lui que dès fois je finis par les voir comme une seule personne.
- Je me sens vraiment gêné de parler de ça avec toi mais oui, c'est le cas. J'appréhende vraiment ma première fois par peur que mon corps n'arrive pas avoir assez d'effet sur celui de mon partenaire. Je sais qu'il n'est pas moche mais il n'a rien de spécial, rien qui pourrait faire désirer quelqu'un à moins qu'il soit grandement en manque, je lui avoue, sans pouvoir le regarder dans les yeux.
Je ne sais pas pourquoi mais le fait de lui avoir parlé de cette peur qui a toujours été omniprésente chez moi la rends plus présente. Quand on a une idée en tête, même pendant des années, ce n'est qu'une idée, quelque chose de peu concret et qui a l'air insignifiant mais dès qu'on la verbalise tout change, on a l'air qu'elle devient plus réel et qu'elle ne peut plus être effacée ou être mise en second plan. C'est ce qui m'est arrivé lorsque j'ai fait mon coming out à Srik et c'est ce qui vient de m'arriver en ce moment même avec Joe.
Penser à lui me fait jeter un coup d'œil dans sa direction et je ne tarde pas à voir qu'il s'habille. Je fais de même, en me mettant un short bleue et un maillot sans manche au grand cou bleue. Je me retourne et vois Joe habillé complètement en noir. Il s'approche de moi et s'asseoit sur mon lit avant de m'intimer de m'asseoir à ses côtés. Comme un bon petit toutou, j'obéis sans exiger d'explication.
- Je suis vraiment désolé si j'ai été trop intrusif tout à l'heure, il commence par s'excuser, en regardant le mur en face de lui, avec un regard songeur. C'est juste que ton cas m'a légèrement rappelé celui d'un ancien ami.
- Ah, bon? Comment ça? Je ne peux m'empêcher de lui demander, guidé par mon envie de savoir plus de lui.
- Lui aussi, il manquait quelque peu confiance en son corps. Il ne s'en fichait pas mais il n'était pas obsédé par ses insécurités non plus. Il s'appelait Terrence. Il était tellement beau mais il n'a trouvé aucune fille et aucun garçon pour le lui faire comprendre. Il n'est jamais sorti avec personne et tout le monde pensaient qu'il aimait son célibat mais ce n'était pas le cas. Du haut de ses seizes ans, il ressentait déjà le manque qu'il soit physique et émotionnel. Il avait besoin de quelqu'un pour lui rappeler avec amour que son nez n'était pas trop long, que ses pieds n'était pas trop fins et d'une main pour caressé son dos. Il avait besoin de quelqu'un pour lui rappeler que son corps était à la hauteur mais il ne l'a pas trouvé, me raconte-t-il, avant de prendre une pause, comme si la suite était très lourde.
- J'espère qu'il a finit par trouver quelqu'un pour lui faire arrêter de douter de son corps, je finis par dire pour combler le vide et lui rappeler gentillement que j'attends le reste de son histoire.
- Il l'a trouvé et il n'aurait peut être pas dû. Il a fini par trouver un homme de trente-six ans fiancé et avec deux enfants qui lui a fait des avances et il a malheureusement acceptés. Je crois qu'il ne l'a pas vraiment aimé mais Terrence voulait tellement que son corps soit aimé qu'il s'est jeté aveuglément dans les bras de ce vieux pédophile, partageant même des relations sexuelles avec lui. Je pense que tout ça a été merveilleux pour lui. Il a senti son corps aimé comme jamais mais malheureusement le mec a fini par le jeter quelques mois plus tard. Apparemment, son mariage approchait. C'est le jour de son mariage que mon ancien ami a décidé de s'enlever la vie. Il a écrit une lettre où il a dit qu'il ne pouvait plus vivre avec l'idée que la seule personne qui puisse l'aimer comme il est né veuille pas de lui, il m'explique, avec de la peine audible dans sa voix.
- Putain, le monde est trop injuste! Je ne peux m'empêcher de crier sans crier, en me sentant mal pour ce garçon que je n'ai jamais connu.
- Il est plus qu'injuste et ça ne date pas d'hier et il ne sera pas plus juste demain. A cause de manque de justice, le pédophile n'a pas encore eu son procès et est encore en liberté. Les gens lui jettent complètement la faute mais moi je dis que la société y est pour beaucoup aussi. S'il n'avait jamais été aussi exigeant avec nous sur la beauté. Si depuis gosse on insultait pas des gens sur leurs physiques devant nous, si on nous appelait pas lapin pour nous cajoler et nous insultait singe, peut-être n'aurions pas donné autant d'importance à la beauté et peut-être que Terrence n'aurais pas eu besoin ce besoin malsain de l'amour des autres pour son corps pour se sentir bien dans sa peau et beau, ajoute finalement Joe, en parlant avec un calme qui me rappelle son alterego.
Il prends cinq secondes puis pose ses yeux dans les miens avant de me sortir l'une des plus belles paroles que l'on m'ait jamais dites.
- Ce manque de confiance je ne sais pas si toi aussi tu l'as ou non mais je dois te dire quelque qui vient du fond de mon cœur. Ne doute jamais de ton corps car il est beau, énormément attirant même et pas parce qu'il est parfait mais parce que tout les corps sont beaux. Bien sûr, chacun à ses préférences mais il n'y a pas de corps meilleurs que d'autres. S'il n'y avait pas de body goal il n'y aurait pas non plus de body shame.
Je ne serais dire si c'est le réchauffement climatique ou si c'est le fait que Joe vient juste de qualifier mon corps d'attirant mais je ressens une chaleur se propager dans tout mon être. Une chaleur vraiment chaude. Pour en finir il me faut me baigner. Cette idée me suffit pour prendre la main de Joe et filer à toute vitesse vers la mer pour y sauter avec nos habits sur le corps. Quelle est ma surprise de voir que l'eau est complètement glacée. Quoiqu'il en soit, je suis plus surpris de voir que malgré cette eau éperdument glacé, la chaleur ne s'en va. Elle ne fait que se renforcer. Elle se fait sentir dans tout mon être et surtout dans mon bas ventre...
📖💌
Hello la compagnie! J'espère que vous vous portez bien. Qu'est-ce que j'adore ce chapitre. Joe et Harvey deviennent de plus en plus proche et j'imagine que vous commencez à les shipper, pas vrai? Moi, je les trouve trop mignon . Ce chapitre est vraiment l'un de mes préférés. J'ai adoré Joe.
Et vous qu'avez pensé de ce chapitre?
J'ai une petite question pour vous : vous arrivez à lire avec de la musique ou non? Moi je n'arrive presque plus à lire sans musique.
Et ce que Joe a dit à Harvey je vous le dit à vous tous. Vos corps sont beaux et ils sont à la hauteur. Ne laissez personne vous dissuader du contraire. Tous les corps sont beaux! 💚💚
Bref, merci de me lire. A mercredi ❤️🙌
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