Chapitre 51
Chapitre 51.
— Où tu as eu ça ? demanda Isaac, les yeux fixés sur la lettre de Brianna qui prenait en feu au fond de la petite poubelle.
Wayne haussa les épaules, s'amusant à jouer avec son briquet.
— Je t'ai dit que j'avais plus d'un tour dans mon sac. Un des gardiens fumait, alors... Tu vois ? Le gardien avec lequel je suis en contact a accepté de le lui prendre pour moi durant leur pause. Tu aurais dû accepter mon offre. Tu vas encore croupir ici, alors que je serai déjà loin. Ne t'inquiète pas : quand je me ferai dorloter au soleil, je t'enverrai des cartes postales.
Le Californien grimaça, puis s'efforça de sourire. Le soleil lui manquait terriblement depuis son arrivée à West Island... Bientôt, lui aussi, il sortirait d'ici. Ce n'était qu'une question de temps pour que Wilds termine son enquête et mette la main sur le coupable. Cependant, il ne pouvait pas en glisser un mot à Wayne.
— J'ai toujours aimé le feu, rajouta le biker en passant sa main au-dessus de la flamme du briquet, l'œil fasciné et le visage plongé dans une contemplation presque religieuse, pas toi ? Imaginer une si petite flammèche pouvoir faire autant de dégâts...
Isaac frissonna.
— Je ne m'en suis jamais servi autrement que pour faire des feux sur le bord de la plage, avoua-t-il avec un haussement d'épaules.
Il y eut un instant de silence. Dans la petite poubelle, les flammes avaient terminé de consumer le bout de papier.
— Et voilà ! s'exclama Wayne, triomphant. C'en est fini de ta lettre ! Tu vas finalement me dire de quoi il s'agissait ?
— C'était personnel.
Les mots de Brianna tournaient encore dans sa tête comme s'il les avait appris par cœur dans sa tête. Il n'avait pas voulu conserver sa lettre dans sa cellule. C'était trop d'implication, trop de pression sur ses frêles épaules. Elle aimait visiblement beaucoup son frère, mais il y avait toute une part de celui-ci qu'elle ne semblait pas connaître... En cherchant à détruire la missive de manière définitive (pressentant que cela pourrait également lui apporter des problèmes), il avait été chanceux de tomber sur Wayne et son briquet. Cet homme arrivait toujours au bon moment.
— Ça me rend curieux.
— Vraiment, ce n'était pas grand-chose. Rien d'illégal, si c'est ce qui attise ta curiosité. J'ai déjà fait franchi les limites de la loi une fois, pas deux.
— On est en prison : les gens s'attendent à ce que tu colles à cette image. J'ai quinze ans à tirer déjà et je compte me barrer bientôt, alors je me fiche bien des petits règlements de West Island. Ils peuvent se les mettre dans le cul, si tu veux mon avis !
Isaac ne partageait pas l'opinion de son interlocuteur. Il en avait pris pour huit ans et, s'il se comportait bien et aidait l'agent Wilds à bien mener son enquête, il pourrait sortir d'ici bientôt. Il n'avait pas envie d'être pincé en train de faire quelque chose d'illicite et de se voir rajouter du temps de taule.
— Je ne veux pas passer plus de temps ici que la peine à laquelle on m'a condamné.
— Tu aurais pu partir avec moi. Tout est planifié dans les moindres détails.
— Arrête d'insister avec ça, tu veux ? J'ai l'impression que tu n'acceptes pas mon refus. Je n'ai pas envie de m'évader avec toi et que ça foire ou, pire, que ça réussisse et que l'on se refasse prendre trois mois plus tard, puis condamner à perpétuité en cellule d'isolement, cette fois.
Le blond plissa les yeux.
— Ça n'arrivera pas. J'ai déjà mes billets pour un aller-simple là où on ne me retrouvera pas. J'en ai un pour toi si jamais tu te décidais à retrouver un cerveau et que tu changeais d'idée.
— J'ai dit non. Tu commences à m'énerver avec ça.
— Tant pis pour toi.
Il allait sortir de manière tout à fait légale à la fin de l'enquête de Wilds, alors il s'en fichait. Isaac afficha une expression désintéressée.
— Pourquoi tu es aussi empressé maintenant, n'empêche ? demanda le brun après un moment, tout de même un peu intrigué par ce plan qui lui semblait aussi désespéré que voué à l'échec.
Wayne fronça les sourcils.
— Je sais des choses... si je te les répétais, ça pourrait te mettre en danger, mais ça commence à être chaud pour moi aussi. Il est temps que je me barre. Et, toi, je t'en ai déjà trop dit... tu as intérêt à ne pas en piper mot à qui que ce soit parce que, même si tu es mon ami, je n'hésiterai pas à te le faire regretter.
La bouche d'Isaac s'assécha un peu, mais il ne se démonta pas. Depuis son arrivée à West Island, c'était loin d'être la première menace à peine voilée qu'il recevait. Chaz lui en avait déjà fait voir de toutes les couleurs.
— Tu pourrais demander un transfert dans un autre établissement, non ?
Son interlocuteur sourit de toutes ses dents.
— Je préfère de loin le sable chaud des tropiques.
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