Chapitre 8 : Partie 1 : Tourmentes
2 Avril 2020, 12h
Le temps ralentissait chaque millième de portion d'existence, il effaçait tout, plongeait tout dans le silence. Et la voile douce de la nuit se déposait sur son corps, et ses étoiles valsaient autour d'elle comme un essaim de papillons de cristal aux larmes de sang.
Jusqu'à ce que le temps tourne à nouveau, et qu'un feu d'artifice constitué d'éclats de verres n'éclate.
Subitement, les papillons de cristal flamboyèrent, et la réalité sortit de sa torpeur.
***
Lily frappait.
Sans y penser. Sans y réfléchir.
À toute vitesse. À toute heure. Et sans jamais s'arrêter.
Elle ne cessait de frapper. Encore et encore, par automatisme.
Lily ne lui laissait aucun répit. Même pas une seconde de calme. Elle le martelait. Encore et encore.
Par peur. Par rage. Par frustration. Par désespoir.
Une touche. Deux touches. Trois touches.
Elle vrillait. Elle vrillait complètement.
Et son clavier d'ordinateur avec, son défouloir, son exutoire, qui n'était plus que l'ombre de lui-même.
L'écran affichait des mots, des phrases, des paragraphes, des lignes et des lignes de lettres entremêlées pour former des scènes fictives.
Et elle s'y perdait. Elle s'y perdait complètement.
Parce que ça lui permettait d'oublier.
Sa porte s'ouvrit à la volée.
Lily fit un bond. Elle tourna ensuite ses yeux affolés vers le fruit de son sursaut.
Aselum se trouvait sur le seuil de sa chambre, un sourire jovial sur les lèvres. Et il s'approcha de la jeune femme, à grandes enjambées, avant de poser une enveloppe sur son bureau.
— J'ai demandé à ta mère si je pouvais passer te prendre, elle m'a donné son autorisation. Si tu veux savoir où, la réponse est dans l'enveloppe.
Lily ouvrit la bouche, mais avant même qu'elle n'ait le temps de dire quoique ce soit, le jeune homme la prit de court.
— Et aucune négociation n'est possible. Je me fous de si tu veux ou non ouvrir l'enveloppe, c'est ton problème, mais tu vas en tous cas mettre tes chaussures, ta veste, et bref, te préparer pour sortir ! Allez, et que ça saute !
Deux semaines que Lily ne sortait plus de chez elle. Qu'elle restait cloîtrée, de peur de croiser la route de l'un de ses assaillants. Mais un beau jour, Aselum avait sonné à la porte, prétextant qu'il devait lui passer ses notes ainsi que ses devoirs.
Et en la voyant avachie sur le lit, sans même oser lui porter un seul coup d'œil, le jeune homme n'avait pas hésité longtemps avant de décider d'user de la manière forte. Il l'avait tiré de son lit et amené dehors.
Aselum avait dû se montrer présent à chaque pas. Lui serrer la main pour lui prouver sa présence. Lui parler pour qu'elle puisse se concentrer sur sa voix, et être rassurée.
Non. Personne n'allait débouler sur leur chemin. Personne n'allait essayer de les dépouiller, ou pis, de les tuer. Et rien ni personne ne pourrait l'atteindre car il était là.
Quoique soit les peurs de Lily, Aselum restait auprès d'elle.
Et une sorte de routine s'était peu à peu installée.
Tous les matins, avant d'aller en cours, le jeune homme passait d'abord chez son amie afin de la sortir de son lit, faire le tour du quartier avant de la ramener chez elle. Et seulement après ça, il se dirigeait vers les bancs de l'école.
Les jours étaient passés et Lily s'était sentie de plus en plus à l'aise. Et son regard, avant effrayé et rivé sur le sol, s'était peu à peu levé. Et elle avait commencé à répondre à Aselum, d'abord par des oui ou des non, puis par des onomatopées.
Mais cela ne faisait que deux semaines et le lourd passif de la jeune femme l'enchainait toujours.
Elle faisait certes de plus en plus confiance en Aselum, mais ses pensées noires n'arrêtaient pas de tourner en boucle dans sa tête, lui rendant le levé plus compliqué encore. Et le monde extérieur, ainsi que l'inconnu, lui apparaissaient toujours de manière aussi hostile.
Lily n'avait pas été plus loin que quelques patées de maisons depuis deux semaines. Et ce jour-là, elle vit clairement dans les yeux d'Aselum qu'il voulait aller... Plus loin.
L'adolescente essaya d'esquiver ce qu'elle voyait d'avance comme une corvée en plongeant sous ses couettes. Et en même pas deux secondes, son ami avait ôté ses draps et dardait sur elle un regard qui voulait juste dire qu'elle n'avait pas intérêt à essayer encore une futile tentative de fuite.
— On va y aller, point. Je vais descendre te préparer ton petit déjeuner, tu as intérêt à être là dans cinq minutes où je viens te chercher par la peau du cou, que tu sois en pyjama ou pas ! Essayes plus tes tentatives de loutres, c'est ma technique de toutes manières !
Et Aselum fit volte-face, fermant la porte derrière lui.
Lily regarda le plafond.
Le plafond regarda Lily.
Enfin, selon Lily.
La jeune femme soupira avant de se mettre en boule et de grommeler.
— J'irais pas dans un train si c'est ça qu'il veut.
Quelques secondes plus tard à surnommer Aselum de noms d'oiseaux tous plus originaux les uns que les autres, l'adolescente se leva, s'empara de l'enveloppe et l'ouvrit.
Deux billets de cinéma tombèrent sur le clavier de son ordinateur, auquel il manquait quelques touches.
Lily s'empara de l'un de ses billets, et écarquilla les yeux.
C'était pour voir la quinzième saison de Doctor Who, en marathon.
Une toute nouvelle saison.
La jeune femme se leva et jeta un coup d'œil dehors.
Une boule se forma dans son ventre.
Dehors...
Des flashs s'imposa à elle.
Des braises sur les rails. Du sang qui gicle. Des pleurs. Des cris. Des bouts de verres comme un feu d'artifice.
Lily secoua sa tête.
Aselum l'attendait. Elle ne devait pas le faire attendre. Elle ne pouvait pas, pas avec ce qu'il comptait lui faire voir au cinéma !
La jeune femme ouvrit son armoire en grand et jeta un rapide coup d'œil.
Deux minutes après, elle descendait, habillée d'une robe écarlate aux arabesques d'or — entièrement inspirée des tuniques des Seigneurs du Temps dans Doctor Who — et d'une cape noire avec deux broches représentant un croissant de lune, qui assemblés fermaient le tout.
Lily vit alors la table, déjà mise. Et à sa place était disposés un bol de porridge ainsi qu'une tasse de cacao, avec marshmallow et crème-fraîche.
Aselum était assit à côté, en train de chipoter à son téléphone, jusqu'à ce qu'une enveloppe se pose dessus. Et il croisa alors le regard rempli d'étoiles de son amie.
— J'ai vu ce qu'il y avait dedans... Merci ! s'exclama la jeune Aphos en offrant un sourire timide au jeune homme avant de s'attabler.
Aselum étira ses lèvres en un sourire amusé, avant de replonger dans son téléphone, en attendant que son amie termine son petit déjeuner.
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