Chapitre 3
3. Je n'aime pas les femmes bavardes
La berline avançait silencieusement à travers les rues sombres de la ville. Malgré la terreur qui l'étreignait, Sofia ressentait une urgence croissante de comprendre ce qui allait lui arriver.
- Où m'emmenez-vous ? demanda-t-elle, la voix tremblante mais résolue.
Alessandro, assis en face d'elle, la fixait avec une froide indifférence.
- Comme je l'ai déjà dit à mon chauffeur, au manoir.
- Ça, je l'avais compris, mais pourquoi ? répliqua Sofia, désespérée de tirer des informations de cet homme impassible.
Alessandro esquissa un sourire, mais son expression restait glaciale.
- Je vois que vous êtes une femme bavarde, dit-il d'un ton sec. Savez-vous que je déteste les femmes qui parlent trop ?
Sofia frissonna à ces mots. Elle comprenait qu'elle ne devait pas pousser sa chance, mais l'incertitude sur ce qui l'attendait la rongeait.
- Je... je veux juste savoir ce que vous comptez faire de moi, murmura-t-elle, essayant de maîtriser sa peur.
Alessandro la fixa intensément, son regard perçant la mettant mal à l'aise.
- Vous le saurez bien assez tôt, répondit-il simplement, sans lui accorder plus de détails.
La conversation s'éteignit là, laissant place à un silence lourd dans l'habitacle de la berline. Les lumières de la ville défilaient à travers les vitres teintées, et Sofia sentait le poids de l'inconnu peser de plus en plus sur elle à mesure qu'ils se rapprochaient du manoir.
Comment en une soirée sa vie avait-elle pu basculer à ce point ? Elle n'aurait jamais dû suivre son instinct et entrer dans cette ruelle. Si seulement elle avait continué son chemin, elle serait tranquillement chez elle en ce moment. Soudain, elle se rendit compte que son appareil photo avait dû tomber lorsqu'elle avait découvert la scène macabre. Cet appareil lui avait coûté quatre mois de salaire... Comment allait-elle faire ?
Finalement, la berline ralentit en approchant d'un grand portail en fer forgé. Celui-ci s'ouvrit en silence, révélant une longue allée bordée d'arbres qui menait à un imposant manoir. Sofia plissa les yeux, tentant de discerner les détails de l'édifice à travers l'obscurité, mais la nuit noire l'empêchait de voir clairement. Seules les silhouettes sombres des tours et des fenêtres se découpaient contre le ciel, renforçant l'aura mystérieuse et inquiétante du lieu.
Le véhicule s'arrêta enfin devant l'entrée principale. La portière de la berline s'ouvrit, et Alessandro en descendit avec une élégance froide.
- Descends, ordonna-t-il.
Sofia hésita, un frisson d'appréhension parcourant son échine, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix. Elle sortit lentement de la voiture, ses jambes tremblantes sous elle.
Un homme d'âge mûr s'approcha d'eux, son regard fixé sur Alessandro, attendant ses instructions. Alessandro se tourna vers Sofia, puis vers l'homme âgé.
- Conduis-la à l'intérieur, ordonna-t-il d'une voix calme mais tranchante.
L'homme saisit doucement le bras de Sofia, la guidant vers les imposantes portes du manoir. Elles s'ouvrirent devant eux, révélant un hall vaste et richement décoré, illuminé par des lustres en cristal qui projetaient une lumière dorée sur les murs ornés. Malgré la splendeur du lieu, une froideur émanait de l'ensemble, comme si aucune chaleur humaine n'avait jamais réellement pénétré ces murs.
Sofia regarda autour d'elle, essayant de capter des indices qui pourraient lui donner un semblant de contrôle sur la situation. Mais tout ici respirait l'autorité, la puissance, et une menace sous-jacente qu'elle ne pouvait ignorer.
L'homme la conduisit à travers le hall jusqu'à un escalier en marbre qui montait en colimaçon vers les étages supérieurs. Chaque pas résonnait sur le sol, amplifiant le sentiment d'isolement qui grandissait en elle. Finalement, ils s'arrêtèrent devant une porte en bois massif que l'homme ouvrit.
- Voici votre chambre, dit-il d'un ton neutre.
Sofia cligna des yeux, déconcertée.
- Ma chambre ?
Elle n'en revenait pas. Pourquoi un homme aussi puissant lui donnerait-il une chambre dans son propre manoir ? C'était absurde. Elle sentit l'inquiétude se transformer en confusion, son esprit cherchant désespérément une logique à tout cela.
L'homme ne répondit pas, se contentant de lui faire signe d'entrer. Sofia, toujours aussi méfiante, s'avança prudemment dans la pièce.
Lorsqu'elle entra dans la chambre, Sofia entendit l'homme d'âge mûr refermer la porte derrière elle, le bruit sec du verrou résonnant dans le silence, accentuant son sentiment d'enfermement.
La pièce était spacieuse, décorée avec une élégance sobre qui contrastait avec la situation oppressante. Les murs étaient recouverts d'un papier peint aux motifs délicats, et un grand lit à baldaquin, recouvert d'une épaisse couverture en velours pourpre, trônait en son centre. Les meubles, en bois massif, dégageaient une aura d'ancienneté et de noblesse, bien que leur entretien impeccable les rende intemporels. Un lourd rideau de velours occultait la fenêtre, empêchant Sofia de voir ce qui se trouvait à l'extérieur.
Avançant à pas lents, ses pieds s'enfonçant dans le tapis moelleux, Sofia se dirigea vers la fenêtre. Hésitante, elle tira le rideau de côté, révélant un jardin plongé dans l'obscurité, à peine éclairé par la pâle lumière de la lune. Aucune autre habitation n'était visible, aucun signe de vie, juste un vide oppressant et un silence angoissant.
Elle se tourna vers la porte, ses pensées tourbillonnant. Qui était cet homme ? Pourquoi l'avait-il amenée ici, dans cet endroit luxueux mais si isolé ? Et surtout, que comptait-il faire d'elle ?
Le silence dans la chambre était lourd, presque palpable, chaque détail de la pièce semblant accentuer son isolement. Sofia s'approcha du lit et s'assit sur le bord, ses mains tremblantes effleurant le couvre-lit en velours. La fatigue, la peur, et l'incertitude pesaient lourdement sur ses épaules.
Soudain, un léger grincement interrompit ses pensées. Elle se tourna vivement vers la porte, son cœur battant à tout rompre. Mais il n'y avait rien, juste ce silence pesant à nouveau.
Paniquée, Sofia se leva précipitamment et se précipita vers la porte, tirant désespérément sur la poignée. Comme elle s'en doutait, elle était solidement verrouillée. Un soupir d'impuissance lui échappa, alors qu'elle réalisait l'étendue de son impuissance face à la situation.
Revenant s'asseoir sur le lit, Sofia tenta de rassembler ses pensées, d'analyser chaque détail, chaque mot prononcé. Mais la fatigue, amplifiée par l'angoisse, l'envahit progressivement. Incapable de lutter, elle s'allongea sur le lit. Ses yeux se fermèrent malgré elle, et bientôt, elle sombra dans un sommeil agité, peuplé de cauchemars et de peurs informulées.
Sofia se réveilla le lendemain matin avec les paupières lourdes, encore engluée dans les brumes de son sommeil agité. Désorientée, elle cligna des yeux à plusieurs reprises, tentant de se rappeler où elle était et pourquoi elle se sentait si étrange. Puis, le souvenir de la veille lui revint brutalement, comme un coup de poing.
Elle était toujours dans cette chambre luxueuse, mais terriblement isolée. La réalité de sa situation s'abattit sur elle avec une force implacable. Sofia se redressa lentement dans le lit, ressentant une raideur douloureuse dans tout son corps, conséquence du stress et de la tension accumulés.
Son regard parcourut la pièce, cherchant désespérément un signe de changement, un indice sur ce qui allait se passer. Mais tout était identique à la veille : le papier peint délicat, les meubles en bois massif, le silence oppressant.
Elle se dirigea vers la fenêtre, espérant que la lumière du jour pourrait lui révéler quelque chose de nouveau. Mais en tirant le rideau, elle ne vit que le même jardin sombre, maintenant baigné d'une lumière terne et froide. Pas un bruit, pas un mouvement, comme si le monde extérieur l'avait complètement oubliée.
Soudain, un léger bruit de clé dans la serrure brisa le silence. Le cœur de Sofia s'accéléra, un mélange de peur et d'espoir la submergeant. La porte s'ouvrit doucement, révélant l'homme d'âge mûr qui l'avait enfermée la veille.
Il tenait un plateau avec un petit-déjeuner simple, qu'il déposa sur une table près du lit sans prononcer un mot.
— Vous devez manger, dit-il d'une voix neutre, presque mécanique. Le patron viendra vous voir bientôt.
Sofia le fixa, cherchant une trace de compassion ou d'indice dans son regard, mais son visage demeurait impassible. Elle comprit alors qu'il n'était probablement qu'un exécutant, un simple rouage dans la machine obscure qui la maintenait captive.
— Pourquoi suis-je ici ? demanda-t-elle, la voix faible et désespérée.
L'homme ne répondit pas immédiatement. Il la regarda un instant, puis, avec un soupir à peine perceptible, tourna les talons et quitta la chambre, refermant la porte derrière lui avec un clic sec.
Sofia se retrouva de nouveau seule, face à un plateau-repas qu'elle n'avait pas la force de toucher. Elle savait que le temps jouait contre elle, que chaque minute passée ici l'éloignait un peu plus de la liberté, mais elle ne savait ni quoi faire, ni par où commencer.
L'attente, l'incertitude, tout cela devenait insoutenable. Pourtant, pour l'instant, elle n'avait pas d'autre choix que de patienter et de préparer son esprit à ce qui allait venir.
Elle tourna le dos à la porte et au plateau repas, incapable de manger. La peur et l'angoisse lui nouaient l'estomac, et l'absence d'appétit était écrasante.
Revenant s'asseoir sur le lit, elle laissa ses pensées vagabonder, envahies par l'inquiétude. Le vieil homme avait mentionné que son patron viendrait bientôt. Sans autre choix, elle décida d'attendre, oscillant entre l'espoir de recevoir des réponses et la terreur de découvrir ce qu'il comptait faire d'elle.
Le temps semblait s'étirer interminablement, chaque minute se transformant en une éternité. Elle examina la chambre sous tous les angles, cherchant désespérément une échappatoire, mais la pièce restait impitoyablement inchangée, verrouillée comme son destin. Ses doigts nerveux jouaient avec les plis du couvre-lit, tentant de calmer son agitation intérieure.
Soudain, le bruit de pas lourds dans le couloir fit battre son cœur plus fort. Elle se redressa instinctivement, ses muscles tendus par la nervosité. La poignée tourna lentement, et la porte s'ouvrit, révélant Alessandro.
Il entra d'un pas assuré, refermant la porte derrière lui. Son regard perça Sofia avec une intensité presque palpable. Il s'approcha du lit, s'arrêtant à une distance calculée, comme s'il mesurait l'espace entre eux avec soin.
— Vous avez décidé de ne pas manger, je vois, dit-il en jetant un coup d'œil au plateau intact. Vous devriez pourtant. Vous aurez besoin de vos forces.
Sofia se contenta de le fixer, cherchant à déchiffrer son expression impassible. L'incertitude se lisait dans ses yeux, mais elle sentait que toute tentative de résistance serait vaine.
— Que voulez-vous de moi ? demanda-t-elle finalement, sa voix à peine plus qu'un murmure.
Alessandro resta silencieux un instant, comme s'il réfléchissait à la meilleure manière de formuler sa réponse. Puis, il se pencha légèrement en avant, ses yeux sombres captant toute l'attention de Sofia.
— Ce que je veux, c'est que vous compreniez la situation dans laquelle vous êtes. Vous avez vu quelque chose que vous n'auriez jamais dû voir. Cela vous place dans une position très délicate...
Il marqua une pause, laissant ses mots flotter dans l'air lourd de la chambre.
— Maintenant, tout dépend de ce que vous êtes prête à faire pour assurer votre survie, ajouta-t-il, son ton devenant plus tranchant.
Sofia sentit une sueur froide couler le long de sa colonne vertébrale. Elle savait que sa prochaine réponse pourrait bien déterminer son sort. Mais que pouvait-elle dire ou faire face à un homme aussi impitoyable ?
Elle prit une profonde inspiration, tentant de maintenir une apparence de calme.
— Je ferai tout ce que vous me demanderez... Je veux juste vivre, murmura-t-elle, sa voix brisée par l'émotion.
Alessandro la considéra un moment avant d'esquisser un sourire presque imperceptible.
— Bien. Nous allons voir si vous êtes aussi coopérative que vous le prétendez, dit-il en se redressant. Pour l'instant, reposez-vous. Nous discuterons de ce qui vous attend un peu plus tard.
Il tourna les talons et sortit de la pièce, laissant Sofia seule avec ses pensées tourmentées. La porte se referma une nouvelle fois, scellant son sort dans cette chambre qui, malgré son luxe apparent, n'était rien de plus qu'une prison dorée.
L'après-midi s'étira interminablement. Le temps semblait suspendu alors que Sofia restait immobile sur le lit, chaque minute s'étirant en une éternité. Quand le soir arriva enfin, elle entendit le cliquetis de la serrure et vit le vieil homme entrer dans la pièce.
— C'est l'heure du dîner, annonça-t-il d'une voix neutre.
— Je n'ai pas faim, répondit Sofia, sa voix marquée par l'épuisement.
— Monsieur m'a dit de vous amener en bas, répliqua le vieil homme, sans se laisser émouvoir par son refus.
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