
À l'aurore
Dans l'obscurité de la nuit, les chats dorment et dorment et dorment.
Dans l'obscurité de la nuit, les souris dansent et dansent et dansent.
Moi aussi, j'ai été cette petite souris qui n'osait vivre que lorsque ces chats se reposaient et rangeaient leurs griffes.
Mais aujourd'hui, les masques tombent, douloureusement, difficilement, et à la lumière de tous.
Mais aujourd'hui, mon masque tombe...
∆
Le claquement de mes chaussures à talons résonne sur ce sol en bois. Ce sol que j'ai tant rêvé de fouler un jour. Je ne pensais pas un jour y arriver. Cela me semblait inimaginable mais m'y voilà, aujourd'hui, prête à prendre ma vie en main.
Je me positionne doucement et en silence face à cet amas de tissus rouge qui me bloque la vue du public. Tournant la tête vers les coulisses, j'aperçois mon reflet dans le miroir qui s'y trouve. Les mains tremblantes, je me recoiffe et remet correctement mon masque sur mon visage.
Je m'observe maintenant, mes mains cachées derrière mon dos, et en le voyant, un sourire triste que personne ne peut voir se peint sur mon visage, derrière mon masque. Encore un vieux réflexe, je ne peux m'empêcher de les cacher...
Des chuchotement m'interrompent et je suis obligée de me reconcentrer sur les directives du directeur artistique pour penser à autre chose et éviter la catastrophe. Le stress est bien capable de me paralyser et de me faire tout gâcher. Ce ne serait pas la première fois !
Les minutes passent, et me voilà confrontée à ma solitude sur scène. Personne n'est là pour m'accompagner, je suis seule, mais bientôt d'autres me rejoindront alors je dois me montrer forte pour ne pas tout rater. J'en suis capable, de faire face à ce public, sans que personne ne m'accompagne. J'en suis capable et il le faut, sans quoi jamais je n'avancerai.
Les dernières secondes défilent jusqu'à l'ouverture des rideaux. J'entends mon metteur en scène lancer le décompte, s'accompagnant du bruit des rideaux qui commencent à peine à s'ouvrir. Et moi, pendant que la lumière de la salle commence à m'aveugler, je remets mes mains, les vilaines, le long de mon corps, là où elles ne pourront se cacher...
3...2...1...
Que le spectacle commence !
Et que le crépuscule laisse sa place à l'aurore...
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