~ Correspondance IV ~
Cher Eleyan...
Quelle joie ! Mon cher ami... je suis heureuse de te savoir parti, bien heureux et bien portant. Les souvenirs... sont parfois terribles ou parfois légers. Ils résonnent dans ma tête comme des amarres retenant la grande nef au port, l'empêchant pleinement de côtoyer la grandeur, que dis-je, la majesté des flots.
Tu ne trouveras aucune occurrence de mon village, car sa modestie l'éloigne même de la connaissance des seigneurs alentours. L'histoire de ce lieu a été oubliée ou omise par les historiographes d'après mon ancien... protecteur. Mais du reste, je ne peux qu'accueillir chaleureusement ton initiative : quelle terrible aventure que de parcourir les sillons terrestres sans carte ! Je me suis perdue plusieurs fois je crois, et j'aurais aimé partager le confort qui te sourit, mais il me sied davantage qu'il te profite à toi plutôt qu'à moi, tendre ami ! Car je suis bien aise, et en lisant tes mots, toutes mes mésaventures disparaissent ! J'envie ton courage et me trouve bien peu consistante à côté de toi. J'ai parcouru les forêts pour éviter les chemins. Il m'est avis que ces derniers ne sont nullement de bon augure, surtout si je suis recherchée de quelqu'un. Je vais tenter de me diriger vers toi, le seul obstacle dans ces bois qui me cachent heureusement, c'est que les cimes sont si hautes que les étoiles peinent à se montrer à moi. Quelle ironie, moi qui croyais pouvoir en faire grand usage... enfin... plutôt un repère – car nous ne maîtrisons ni les étoiles ni les choses naturelles du monde, n'est-ce pas ? – alors je crois que je vais devoir oser un village ou deux. Peut-être trouverais-je ma chance et un toit ?
Il fait froid, et je crois que le Sud m'inspire davantage que les autres horizons. La solitude me hante, et je suis seule, parfois effrayée, mais je tire de tes paroles une force dont je n'aurais jamais eu l'audace d'y pouvoir prétendre il y a quelques jours encore.
Enfin, je t'écris avec désorganisation, car le cœur parle avant la raison. Reçois mes excuses les plus sincères, quoique excessivement plates en l'état... J'écris pour me rassurer sans doute, parce que c'est avec toi les seuls éléments qui me rappellent que je ne suis pas dans un mauvais songe. Ton nom est gravé dans mes jours comme la lumière pour un papillon de nuit, cher ami, et il me tarde de te trouver et de converser à tes côtés – disserter nous fera le plus grand bien, j'en conviens ; il y a tant de choses à dire sur les choses du monde qu'il me semble n'en rien connaître.
Quant à ma situation... je voulais juste te dire que je n'ai pas retrouvé mon maître d'armes. Je comprends qu'il ait cherché à me fuir, j'ai peut-être attiré des problèmes à... oublions. J'ai une épée, elle est belle, mais comme dirait une âme qui a foulé ces terres longtemps avant moi, elle fait l'objet d'une malédiction : « Belle comme une fleur, terrible comme la mort ». Oui, dommage qu'elle soit faite pour occire. J'ai dû m'en servir... oui, sur un sanglier. Il était grand et a manqué de me renverser. Dans la panique, je lui ai écorché l'une des pattes, je crois. Il a renversé sur son passage un arbre mal enraciné, et malgré mon apprentissage, mon « talent de bretteuse » que m'avaient prêtés mon cher imprimeur et mon maître d'arme, un usage en temps réel est... déstabilisant. Je poursuis ma route, ami... avec l'espoir de pouvoir croiser ton chemin très bientôt !
Que les Grandes Quatre t'assurent un chemin prospère !
Amitiés,
Finna Nillyan
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