Cléo était enfin de retour au zoo, cet endroit familier et réconfortant qui, depuis l'incident tragique, semblait avoir perdu de sa magie. La nuit était tombée, drapant le zoo d'un manteau d'obscurité, tandis qu'elle s'engageait dans ses responsabilités nocturnes, une appréhension sourde l'envahissant. Les souvenirs de la menace qu'elle avait affrontée résonnaient encore dans son esprit, ajoutant une tension palpable à son travail habituel.

Chaque pas dans les allées du zoo était empreint d'une vigilance accrue. Cléo se concentrait sur ses tâches, nettoyant et préparant les enclos, mais l'angoisse persistait, telle une ombre qui la suivait, chuchotant des rappels du danger passé. Ses pensées vagabondaient parfois vers la louve noire, cette créature mystérieuse qui lui avait sauvé la vie. Elle se demandait comment l'animal allait, s'il ressentait aussi les échos de cet événement traumatisant.

Après avoir terminé l'enclos des hyènes, Cléo se dirigea enfin vers le grand enclos de la louve noire, cet animal qui l'avait tant fascinée depuis leur première rencontre. À mesure qu'elle s'approchait, son cœur battait un peu plus vite, battant à tout rompre comme un tambour annonçant une grande révélation. Elle hésita un instant, ses mains tremblant légèrement alors qu'elle serrait la nourriture contre elle. La porte de l'enclos semblait presque démesurée, comme si elle marquait une frontière entre deux mondes.

Rassemblant tout son courage, elle entra. L'air était frais, imprégné des senteurs de terre et de végétation, mais aussi de la présence palpable de l'animal. À peine avait-elle franchi le seuil que la louve, d'une démarche élégante, émergea des ombres, ses yeux d'un bleu glacial brillant dans l'obscurité. Cléo pouvait sentir le regard de la louve sur elle, une attention intense qui l'électrisait et la mettait mal à l'aise à la fois.

« Tu es magnifique, » murmura Cléo, admirant la grâce et la puissance de l'animal. « Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'il y a quelque chose d'extraordinaire en toi. » La louve, en réponse, émit un léger grognement, une vibration qui fit frémir l'air. C'était comme si elle reconnaissait la présence de la jeune femme, un lien silencieux se tissant entre elles, un pacte tacite au-delà des mots.

Cléo termina de préparer l'enclos, dispersant la nourriture dans des coins stratégiques. Alors qu'elle s'efforçait de rester concentrée, chaque fois qu'elle levait les yeux, la louve était là, tournant lentement autour d'elle, presque curieuse, comme si elle jouait à un jeu d'anticipation. Leurs regards se croisaient, créant une tension palpable, une connexion unique qui semblait défier le temps et l'espace.

Lorsque Cléo chercha à revoir la louve, elle ne la trouva pas. Une ombre se forma au-dessus d'elle, et en se retournant lentement, elle découvrit la louve perchée sur un rocher, l'observant avec une intensité presque hypnotique. Les yeux de l'animal brillaient comme des étoiles dans la nuit, et pendant un instant, le monde autour d'elles sembla s'évanouir, laissant place à une bulle de sérénité où seules elles deux existaient.

Dans ce duel de regards, Cléo se sentit engloutie par une vague d'émotions. La louve était plus qu'un simple animal ; elle était une force de la nature, un symbole de puissance et de mystère. Cléo, pétrifiée, se trouva plongée dans un silence presque religieux, son souffle se mêlant à celui de la louve.

Puis, brisant ce moment de tension, la louve se redressa et émit un cri perçant, digne de son espèce. Le son résonna à travers le zoo, et Cléo observa, émerveillée, alors que tous les animaux répondaient à l'appel de la louve. C'était comme une symphonie sauvage, un écho de la nature enveloppant l'ensemble du zoo d'une magie primitive.

Les cris et les hurlements des autres animaux formaient une cacophonie qui semblait se mêler aux battements de son cœur. Cléo, fascinée, ne pouvait détacher son regard de la scène qui se déroulait devant elle, la majesté de la louve dominant le chaos environnant. Elle se sentit transportée, comme si elle faisait partie d'un spectacle plus grand qu'elle.

Finalement, la louve aboya trois fois, d'une manière rythmique et puissante, et, comme par magie, le tumulte s'éteignit. Le zoo retomba dans un silence presque absolu. Cléo, bouche bée, comprit que cette créature possédait une autorité incroyable au sein de la hiérarchie animale. Elle pouvait faire taire tous les autres animaux d'un simple ordre, ce qui témoignait de la puissance qui l'habitait, d'un instinct ancestral qui dépassait l'entendement.

Soudain, la réalité lui revint, et Cléo réalisa qu'elle devait terminer son travail de nuit. D'un dernier regard admiratif à la louve, elle se détourna et reprit son chemin, le cœur encore palpitant d'excitation et d'émerveillement. Alors qu'elle s'éloignait, une pensée traversa son esprit : cette louve était bien plus qu'un simple animal, elle était un gardien, une entité mystérieuse au sein de ce zoo qui recelait bien des secrets. Cléo savait qu'elle ne pouvait pas ignorer cet appel de l'inconnu, et elle se promit de revenir, d'apprendre, de découvrir ce que cette louve avait à lui révéler.