19-L'eau et le feu
Ellina referma la porte de l'armoire en souriant.
-Tout est rangé. annonça t'elle fièrement.
Linda leva la tête de sa valise presque vide. A elles deux, les filles avaient pris toute la place dans la seule armoire de la chambre. Il ne restait qu'une petite étagère au-dessus du bureau et une tablette au pied de chaque lit pour les garçons.
-Ils laisseront tout dans leur valise. avait décidé Linda, et cela l'arrangeait bien car c'était elle qui prenait le plus de place. En effet, ses affaires s'étalaient dans la moitié de l'armoire et Ellina lui avait gentiment laissé prendre une étagère dans l'autre moitié.
-Bon on fait quoi maintenant ? demanda la danoise alors que son amie s'étalait sur son lit.
-La sieste ? proposa Linda.
-T'es sérieuse là ? s'insurgea Ellina. Il fait beau ici, moi je vais dehors.
-On peut faire la sieste dehors si tu veux.
-Pourquoi tu veux dormir ? Il est même pas 16h.
-Le voyage ça m'a fatiguée. répondit Linda en bâillant. Mais on peut aller dehors, comme ça je bronzerais en même temps.
-Fais comme tu veux mais moi je vais profiter de la piscine. fit Ellina en saisissant son maillot de bain qu'elle venait juste de ranger. Elle alla s'enfermer dans la salle de bain tandis que Linda fourrait une serviette dans son sac de plage.
Il fallut moins de dix minutes aux filles pour se retrouver au bord de la piscine. Une foule d'agents profitaient du soleil. Linda réussit malgré tout à trouver un transat libre. En revanche, Ellina fut déçu. Elle avait prévu de faire quelques longueurs mais c'était impossible de nager à cause de la multitude d'agents qui occupaient le bassin. Quelque uns jouaient au ballon mais la plupart s'amusaient tout simplement à s'arroser. Ellina fut contrainte d'abandonner son programme de natation et fit quelques brasses pour rejoindre un groupe de filles qui pataugeaient au milieu du bassin. La jeune nageuse avait plusieurs cours en commun avec certaines filles et une dénommée Adèle avait fait partie de la même session d'entrainement qu'elle.
***
Max fit rugir une dernière fois son moteur et le quad s'engagea sur le chemin pour rentrer à la résidence d'été. Les garçons avaient passé plusieurs heures dans les dunes et ils comptaient bien y retourner encore de nombreuses fois pendant leurs vacances. Max et Hugo coupèrent le moteur en voyant la file de quads qui patientaient, en attente d'une vérification, sur la route devant le garage. Seulement six engins sur les quinze avaient été ramenés alors qu'il était plus de quinze heures. Les trois amis descendirent de leurs véhicules et retirèrent leurs casques. Ils commençaient à retirer leurs combinaisons quand un technicien s'approcha d'eux :
-Vous avez vu l'heure qu'il est ?
-On a pas de montre. mentit Max en laissant sa combinaison recouvrir son avant-bras gauche.
-Et vos portables alors ? reprit le technicien.
-On voulait pas les laisser tomber dans le sable... tenta Arthur.
-C'est ça, foutez-vous de moi. Vos noms, s'il vous plaît ?
-Hugo Barach, Arthur Jackson et Max Hunt. Quad huit et neuf. répondit Hugo, de peur que ses amis se mettent à mentir.
-Très bien. Vous serez systématiquement inscrit sur la liste d'attente si vous décidez de faire du quad, et ce jusqu'à la fin de la semaine.
-On est privé de quad quoi. traduisit Max en levant les yeux au ciel.
-Non, si les quinze quads ne sont pas pris ou si quelqu'un se désiste, vous pourrez faire du quad.
-Donc on est privé de quad. chuchota Max à l'oreille d'Arthur.
-Allez donnez moi vos équipements. ordonna le technicien.
Les garçons s'empressèrent de retirer leurs combinaisons en prenant bien soin de cacher leurs montres.
-Vous pouvez y aller mais rappelez vous que le self est fermé. les prévint l'homme tandis que les trois agents détalaient vers la résidence.
Max pilla devant le distributeur dans l'entrée. Il acheta une cannette de Coca et un paquet de chips puis sortit s'installer sur un muret dehors. Ses amis le rejoignirent et ils entamèrent un repas frugal à base de chips, de gâteaux secs et de barres chocolatées. Quand ils eurent fini, ils se ruèrent dans le couloir, en semant des miettes partout jusqu'à la chambre 56. Arthur appuya sur la poignée mais la porte resta fermée. Il réessaya puis se mit à secouer la porte sans plus de résultat.
-Elles sont trop bêtes, elles sont sorties en fermant à clé. s'énerva Arthur.
-En même temps j'ai pas très envie de retrouver du ketchup partout dans mes affaires. raisonna Hugo.
-Elles pouvaient nous attendre. répondit son ami.
-Elles ont le droit de s'amuser aussi. défendit Hugo.
-A cette heure là, elles ne peuvent être qu'à la piscine. intervint Max.
Hugo hocha la tête et les trois garçons ressortirent de la résidence pour se rendre à la piscine. Ils retirèrent leurs chaussures pour pénétrer dans l'enceinte du bassin mais ignorèrent délibérément les panneaux qui obligeaient les utilisateurs à se dévêtir et à prendre une douche.
Arthur inspecta le bassin du regard tandis que Max bousculait plusieurs bronzeurs pour se frayer un chemin parmi les transats. Il ne tarda pas à repérer Linda endormie en maillot de bain, à l'écart de la foule. Le garçon ne put résister à lui faire une blague et refit le chemin inverse jusqu'au bassin. Max négocia habilement avec un tee-shirt rouge pour obtenir son seau, qu'il remplit d'eau. Puis, il dérangea encore quelques personnes pour retourner à la hauteur de Linda, sur laquelle il renversa son seau. La jeune fille se réveilla en hurlant, attirant les regards et bientôt les rires des agents rassemblés autour du bassin. Linda se releva et attrapa les poignets de Max. Celui-ci riait toujours et il n'eut pas le temps de réagir qu'il se retrouva avec les bras tordus dans le dos. Linda le mit à genou et le força à s'excuser.
-C'est bon, c'était une blague. se défendit le garçon.
Linda fit signe à Hugo qui la rejoint et l'aida à déplacer Max jusqu'au rebord de la piscine. Les agents s'écartèrent, curieux de voir le spectacle qui ne manquerait pas de se dérouler. Hugo et Linda tentèrent de jeter leur ami dans la piscine mais celui-ci se débattit et manqua de s'échapper. Un agent au tee-shirt bleu marine le rattrapa in extremis et Max fut balancé tout habillé dans la piscine. Linda souriait de fierté mais avant de basculer complètement, Max attrapa son poignet et l'entraina avec lui dans la piscine. Les agents les plus jeunes se mirent à rire aux éclats tandis que les plus vieux souriaient, habitués à ce genre de spectacle.
Linda sortit de l'eau en pestant contre Max qui l'arrosait. Soudain, Meryl Spencer fit irruption dans la piscine. Les agents se concentrèrent sur une activité innocente tandis que Max se cachait sous l'eau. Arthur et Hugo se précipitèrent derrière des plantes.
-Votre attention s'il vous plaît. demanda Meryl. Nous avons décidé d'organiser un match de water-polo à 17h. Si vous voulez vous inscrire, j'ai mis une liste dans la pièce où on range le matériel.
Max sortit la tête de l'eau et inspira une grande quantité d'air avant de replonger en apnée.
-Je ne peux pas dire que je vous fais confiance pour laisser la liste en bon état et ne pas faire le bordel autour de la piscine mais j'espère qu'il n'y aura pas trop de problèmes. reprit Meryl sans trop y croire. Au moindre souci, venez nous chercher en salle de réunion 2. Quelqu'un viendra vous surveiller dans moins d'une demi-heure. D'ici là contrôlez vous.
Puis l'athlète repartit après avoir rapidement inspecté les activités des agents.
Max sortit de la piscine en toussant.
-J'ai jamais fait une aussi bonne apnée de toute ma vie. confia t'il à Ellina.
-C'est l'instinct de survie. répondit son amie en riant.
Les trois garçons s'empressèrent de quitter la piscine et les filles ramassèrent leurs affaires avant de les suivre.
-Mais pourquoi vous êtes venus vous faire remarquer ? s'insurgea Linda alors qu'ils suivaient le chemin qui menait à l'entrée principale de la résidence.
-On voulait juste vous demander les clés de base. répondit Hugo.
-Et vous vous êtes dit que c'était une bonne idée de m'arroser, finalement.
-Ah non, ça c'est Max. dénonça Arthur avec un sourire qui montrait qu'il ne désapprouvait pas l'idée.
Linda les fusilla du regard.
-Bon, on pourrait avoir les clés maintenant ? demanda Max, froidement. Si vous vouliez pas qu'on vienne à la piscine vous foutre la honte, il aurait fallut nous attendre avant de partir.
Ellina lui tendit une clé accrochée au numéro 56 :
-On a le droit de faire ce qu'on veut non ? Il sert à quoi votre portable ?
Max lui arracha la clé sans un regard et détala vers la résidence.
-Tu vas où ? cria Hugo.
-Me changer. répondit son ami.
-Fais attention à pas te faire prendre ! prévint Arthur.
Max ralentit l'allure devant la porte d'entrée. Il jeta un coup d'œil par la vitre avant de se faufiler à l'intérieur. Puis il se dirigea vers le couloir. Il marcha à pas rapides pour ne pas se faire remarquer et parvint à se glisser dans sa chambre sans être intercepté.
Ses amis entrèrent dans la chambre au moment où Max finissait de se changer. Sa valise était grande ouverte sur le sol et laissait apercevoir ses vêtements mal rangés.
-Vous avez déjà rangé vos affaires ? demanda Hugo aux filles.
-Oui, et comme on était là avant, on a pris l'armoire. répondit Linda.
Hugo jeta un regard circulaire à la chambre.
-Et on va ranger nos affaires où, nous ?
-Vous pouvez les laisser dans vos valises. proposa Ellina.
-Te plains pas si c'est le bordel après. menaça Arthur.
-Il reste une étagère. fit Linda en haussant les épaules.
Les garçons haussèrent les sourcils en apercevant la minuscule planche en bois suspendue au-dessus du bureau.
-Sinon vous pouvez prendre le lit qu'est pas utilisé. reprit Linda.
Max approuva cette idée et les affaires des trois amis se retrouvèrent étalés sur le matelas disponible, au-dessus du lit du garçon.
-Pourquoi t'as emporté autant de gâteaux ? s'étonna Ellina en inspectant les affaires de Max. T'avais peur de mourir de faim ?
-C'était pour le voyage. répondit son ami en jetant cinq paquets vides.
-T'es vraiment un goinfre. soupira Ellina.
-Et toi, pourquoi t'as pris autant de brosses à cheveux ? répliqua Max en considérant les deux brosses et les trois peignes étalés sur le lit de la jeune fille.
-Bah, ça dépend de ma coiffure. expliqua la jeune fille. Mais, ça va j'en ai pas pris beaucoup, il m'en reste plein au campus.
Linda sourit en pensant à l'énorme collection de brosses à cheveux de son amie. Max, lui secouait la tête, désespéré par "les filles".
Linda fouilla dans sa table de chevet et en sortit une petite bougie rose.
-J'ai pris trois bougies qui sentent bon pour enlever l'odeur des garçons. annonça t'elle, en glissant un clin d'œil vers Ellina.
Mais la jeune fille s'était raidie. Arthur, occupé à glisser sa valise sous un lit, se releva précipitamment.
-Ca va pas la tête ?! Tu vas pas allumer une bougie dans la chambre, quand même ?!
-Bah si, elle sent bon quand elle brûle. fit Linda, perdue.
-C'est une mauvaise idée. soutint Ellina d'une voix faible. La jeune fille s'était mise à respirer précipitamment à l'évocation du mot "brûle".
Arthur serra les poings.
-Mais qu'est-ce que vous avez tous les deux ? s'étonna Linda, interdite.
-Arthur déteste les bougies. expliqua Hugo, les yeux fixés sur son meilleur ami.
-Qu'est-ce qu'elles t'ont fait ? railla Linda.
Trois paires d'yeux réprobateurs se posèrent sur elle et Linda comprit trop tard. Arthur frissonna mais ne se laissa pas démonter.
-C'est pourri, c'est tout. marmonna t'il. C'est moche, c'est inutile et c'est dangereux.
-Je suis désolé Arthur. s'excusa Linda. Toi aussi Ellina ?
La jeune fille répondit par un léger hochement de tête au regard de son amie.
-Je m'en suis remise. Tant que tu l'allumes pas ça va.
-Non, range là carrément. gronda Arthur.
Linda fit disparaître la bougie dans son sac et un silence gêné s'installa entre les agents. Les garçons reprirent leur rangement tandis que Linda se rapprocha d'Ellina pour s'excuser une nouvelle fois.
-Ca va Arthur ? demanda Hugo à voix basse en se rapprochant de son ami.
-Je peux pas supporter la vue des bougies. grogna Arthur.
-Je sais, mais sinon, ça va ? insista Hugo.
-Oui, oui, t'inquiètes pas, y a pas de problème. répondit son ami en se radoucissant. Il jeta un coup d'œil à Linda, à l'autre bout de la pièce, qui parlait, gênée, avec Ellina.
-Je suis désolé de t'avoir crié dessus Linda. commença le garçon. Si j'aime pas les bougies, c'est que mes parents sont morts dans un incendie alors je peux pas supporter les inconscients qui allument des feux. C'est pas contre toi.
Son amie lui sourit mais s'abstint de condoléances. Arthur n'avait pas besoin de sa pitié, en tant qu'orpheline, elle le savait très bien.
***
Hey ! Je suis désolé j'ai une semaine de retard, j'ai oublié de poster samedi dernier. J'espère que ça vous a plu ! J'ai eu du mal à trouver le titre.
Bref, votez, commentez, et à bientôt !
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