Jason regarda le policier une dernière fois. Congédiant d'un geste une femme qui lui parlait, il s'empara de son talkie-walkie. Jason connaissait la chanson. Il allait noter leur numéro d'immatriculation, et ensuite Dieu seul s'agit quels ennuis en découleraient.

- Cette voiture est-elle à vous ? Demanda Jason à Joël en refermant la portière.

- Elle appartient officiellement à une société.

- A une vrai société ?

- Sur le papier seulement.

Rose ferma les paupières : comme c'est réconfortant !

Jason eut un demi sourire.
- Faites le tour du quartier, je verrai si notre gars n'est pas resté dans les parages.

- Vous ne sortez pas de cette voiture sans moi, le prévint-elle.

Jason tenta de se rappeler la dernière fois qu'une femme lui avait fais rater une chasse à l'homme.
Jamais.

Pendant ce temps, Ellis Martin caressa sa moustache. Il l'a portait depuis sa sortie de l'Université, c'est à dire une trentaine d'années. La triturer avait un pouvoir apaisant sur lui et, dans le cas présent, l'empêcher d'exploser de colère. Sa dernière recrue, un assistant soi-disant brillant issue entré à son service trois jours plutôt avait le don de l'exaspérer.

- Je perds patience.

- Je comprends, monsieur, mais...

- Arrêtez.

Andrew Hâte avait peut-être reçu une excellente éducation, au sein d'une famille fortunée puis dans les meilleures universités du pays, mais personne ne lui avait appris un principe de bas, indispensable dans tous les milieux professionnels : savoir de taire et écouter. Il avait pourtant intérêt à l'acquérir très rapidement s'il ne voulait pas pulvériser le record de la plus courte carrière au sein de la DIA, la Défense Intelligence Agency.

Le contre-espionnage exigeait une dure phase d'apprentissage. Sans doute Andrew était-il doué pour les études, mais était-il pour autant en mesure de réagir rapidement et d'effectuer des tâches complexes ? Jusqu'ici, il ne le montrait pas.

- Excusez-moi, monsieur ?
Et il s'excusait beaucoup trop souvent.

- Voilà plus d'une semaine que Grayhorse est en vadrouille dans qu'on ait pu le contacter. J'en ai assez. Débrouillez-void comme vous le voulez, mais ramenez le moi tout de suite. En Kit, s'il le faut.

- Nous avons un problème.

- Je refuse d'entendre ce genre d'excuse.

- Un de nos hommes s'est rendu sur place. La maison de Grayhorse est en feu.

- Quoi ?

- D'après des témoins, l'incendie a été précédé d'une énorme explosion. Les vitres ont volés en éclats et les flammes ont ravagé le bâtiment en entier en un temps record.

Andrew parlait si vite qu'il avalait la moitié de ses mots. Ellis promena les yeux autours de lui. Comme tous ceux de l'étage, son bureau n'avait pas de fenêtre. Personnes  ne devait pouvoir regarder de l'extérieur ce qui s'y passait et un nombre incalculable de procédures garantissait qu'aucun renseignements ne sortait de ces murs. En tout cas en théorie.

- Une fuite de gaz je présume ?

- Comment le savez-vous ? S'étonna Andrew. Une fois de plus, Ellis se demanda si recruter un bleu pour le former était une bonne idée. Désormais, il exigerait que ses assistants aient une expérience du terrain. Il croyait de moins en moins à l'efficacité des étudiants surdoués.

- Dans quelques jours, l'enquête confirmera que l'explosion a été provoquée par la rupture accidentelle d'une canalisation, je vous le garantis.

- Je vois.
Ellis en doutais.

- Où se trouve Grayhorse, actuellement ?

- Il a disparu.

En apprenant l'explosion, Ellis avait commencé à dresser la liste des options possibles. Mais, si le pire s'était produit, aucune n'était envisageable.

- A-t-il péri dans l'incendie ?

- Je ne ...
Ellis se leva.

- Soit vous me donner immédiatement les réponses à mes questions, soit je vous lire au fin fond de l'Alaska.

Andrew s'éclaircit la gorge. Quand il reprit la parole, il ne restait plus rien de l'assistant nerveux qui claquait des dents. Il s'exprima d'une voix claire et profonde, le dos droit.

- D'après notre homme, Grayhorse à quitté les lieux.

- Et comment ?

- En voiture. Il bénéficiait d'aide.

- L'aide de qui ?

- Pour le moment, je n'ai pas cette information, répondit-il en consultant ces notes. Apparemment, il s'agissait d'une voiture appartenant aux entreprises Foxtrot.
Ellis n'avais pas besoin de chercher de quoi il retournait. Grayhorse avait créé de toutes pièces cette société pour sa couverture. Les services secrets payaient la location du véhicule depuis des mois pour son compte.

- Une aide interne, donc.
Ellis se demanda s'il s'agissait d'une bonne chose ou d'une mauvaise chose. Seul Paul était d'une efficacité redoutable ; mais avec le soutien de ces hommes il devenait incontrôlable. Personne ne pouvait l'arrêter. Allait-il falloir une équipe de nettoyeur ? L'avenir lui dira...

- Apparement, monsieur.

- Gardez à l'esprit que, avec Grayhorse, rien n'est jamais comme il le paraît. Nous l'avons entraîné à ne jamais être où on l'attend, alors vérifiez tout en détail avant de prendre l'as apparences pour de l'argent comptant.

- Je verrai ce que je peux faire

- Vous avez une heure.