Chapitre 8
La silhouette avançait rapidement entre les bâtiments, prenant garde à ne pas se faire remarquer. Une longue cape recouvrait son corps et elle avait rabattu une capuche sur sa tête. Elle arriva devant son objectif ; la cathédrale de la ville. Elle leva la tête vers les hauteurs de l'édifice délabré. Il n'avait pas été rénové depuis bien des années. C'était pourtant le lieu que ses ennemis avaient choisi pour se cacher. Un lieu de pouvoir, où les énergies étaient puissantes, rien de mieux pour pratiquer l'alchimie à grande échelle.
Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Personne. Elle poussa la lourde porte sculptée en bois et se faufila à travers la fine ouverture. La porte se referma derrière dans un bruit sourd, résonnant dans la grande nef. La poussière recouvrait d'une épaisse couche tout l'intérieur, mais son regard fut attiré par les traces de pas encore visibles sur le sol. Elle sourit. Elle était bel et bien au bon endroit. Elle approcha prudemment de l'autel, faisant attention à marcher dans les empreintes. La grande pièce en marbre était gravée de ce symbole qu'elle connaissait bien. Celui du groupe des alchimistes qu'elle chassait. Elle caressa du bout des doigts les délicates arabesques de la gravure, pensive. Elle revint rapidement à ses esprits quand elle entendit des bruits provenant de sous l'autel. Elle frémit. Ils étaient là. Elle se leva dans un léger bruissement et parcourut le chemin en sens inverse. Elle n'était pas prête à les affronter.
Elle se faufila à l'extérieur et sauta de nouveau sur les toits des bâtiments. La ville était étonnamment calme pour l'heure, mais les habitants ne tarderaient pas à sortir de leur sommeil. Elle devait se dépêcher. Elle se laissa glisser le long d'un mur et atterrit dans une sombre ruelle. Elle se défit de sa cape, laissant apparaître des courts cheveux blonds et un visage fin. Quand elle secoua la tête pour mettre de l'ordre dans ses mèches, ses boucles d'oreille cuivrées tintèrent doucement. Juliet Hammer sortit de la ruelle en époussetant ses vêtements, tandis que son regard entraîné surveillait les alentours. Elle ne pouvait prendre le risque de se faire démasquer, bien que son visage ne fût pas connu par ses ennemis, du moins elle le croyait.
Elle rejoignit rapidement son zeppelin. Elle traversa quelques rues vides, qui commençaient petit à petit à retrouver des couleurs après une nuit de sommeil. Elle devait faire vite, et partir aussi discrètement qu'elle était arrivée.
Lorsqu'elle arriva enfin devant son dirigeable, elle adressa un léger sourire au soldat en poste devant le zeppelin.
— Colonel Hammer, la salua le garde. Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?
— Rentrons au QG, murmura Juliet. La générale Ambrose nous attend.
Le soldat hocha la tête, et les deux entrèrent dans le dirigeable. Juliet lança un dernier regard par-dessus son épaule, pour s'assurer que personne ne l'avait suivie. Les rues étaient désertes, mais des lumières commençaient à s'allumer dans les différents immeubles.
⁂
Juliet ne s'autorisa à se détendre complètement que lorsque le zeppelin se posa enfin sur la piste d'atterrissage du quartier général. Scarlett était déjà là, en pleine discussion avec Theodor. La colonel sortit du dirigeable et s'approcha de ses supérieurs.
— Je suis ravie de vous revoir, colonel Hammer. Avez-vous ce dont nous avons besoin ?
Juliet hocha la tête et tapota son sac qu'elle portait en bandoulière.
— Tout est ici.
— Parfait. Allons dans mon bureau.
Scarlett prit la tête du groupe et le mena dans les couloirs de la base jusqu'à ses quartiers. Elle s'assit derrière sa table, tandis que Juliet et Theodor prenaient place sur les canapés posés devant le bureau. La colonel étala le contenu de son sac sur la table.
— Nos hypothèses étaient justes. Le groupe est bel et bien présent à Rainford. J'ai mené d'autres recherches, qui m'ont appris qu'ils étaient environ quatre douzaines en poste.
— C'est assez peu.
— En effet. Je doute que Rainford soit un important passage stratégique. Je suppose qu'il s'agit plus...
— ... d'un abri, termina Theodor. Ce n'est pas étonnant. La contrée de Ford n'est pas particulièrement puissante, du moins pas le secteur de Rainford, c'est certain.
Scarlett acquiesça en silence.
— Avez-vous autre chose à nous dire, colonel Hammer ?
Le regard de Juliet s'assombrit légèrement, mais quoi qu'elle pensait, elle ne le dit pas.
— Colonel ?
— Si mes informations sont vérifiées... Il y a des chimères à Rainford. Et pas qu'un peu.
Scarlett soupira. Elle n'avait pas besoin de ce genre de problèmes maintenant. Gérer de concert les terroristes et les alchimistes était déjà complexe. Trop complexe pour une seule escouade.
— Nous ne pouvons en parler à aucune autre escouade. Nous devons nous débrouiller seuls.
— Mais nous avons un allié dans le gouvernement. Nous pouvons peut-être lui demander de l'aide ?
Scarlett secoua négativement la tête.
— Impossible. C'est trop dangereux, pour lui, comme pour nous. C'est déjà une grande preuve de courage de sa part de nous offrir son soutien. Nous ne pouvons lui demander plus.
— Comment allons-nous faire, alors ?
— Je l'ignore, murmura Scarlett, un éclair de souffrance dans ses yeux.
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