Chapitre 42
Clementine s'arrêta net, essoufflée. Quand elle avait vu la lame de Rosalind se planter dans le corps d'Amelia, le choc et le chagrin l'avaient empêchée de bouger mais la peur avait rapidement pris le dessus. Elle s'était enfuie. Elle était sortie par le passage secret qui était resté ouvert et avait fui dans les catacombes. Ce n'est qu'à présent qu'elle se rendait compte qu'elle ne pouvait pas avoir pris de pire décision.
— Tout doux, tout doux...
Elle recula petit à petit en voyant les chimères avancer vers elles, se tordant et glissant sur les murs. Un frisson parcourut son dos quand elle entendit les griffes des créatures crisser sur la pierre irrégulière.
— Tout doux... Je ne vous veux aucun mal...
Elle recula encore et encore, jusqu'à ce que son dos bute sur quelque chose de tendre. Clementine hurla et s'écarta mais reconnut Juliet qui la fixait avec inquiétude.
— Hazard, tu vas bien ?
— Oui, oui... Vous m'avez juste surprise...
Juliet soupira et posa son regard par-dessus l'épaule de la mécanicienne pour fixer les chimères qui se mouvaient dans l'obscurité.
— Quel accueil chaleureux...
Elle contourna Clementine pour leur faire face. Ses mains tremblaient mais elle tenait fermement son fusil. La mécanicienne s'approcha de la colonel et se cacha derrière son épaule.
— Où est donc votre maître ?
La voix forte de la colonel résonna dans l'étroit conduit. Seul l'écho lui répondit. Quand elle s'approcha, elle remarqua que la lueur rouge qu'elle avait d'abord pris pour un œil était en réalité une petite pierre rouge.
— La pierre philosophale... C'est impossible !
Clementine ouvrit des yeux étonnés.
— La pierre philosophale ? Le trésor, le but ultime de tout alchimiste ?
— Tous ceux que nous avons traqués cherchaient notamment à se la procurer. Ils ont donc réussi le Grand Œuvre... murmura Juliet d'un air grave.
Fabriquer la pierre philosophale était pourtant considéré comme impossible. Cependant, les alchimistes avaient réussi la prouesse de créer des homoncules. Qu'ils soient aussi parvenus à se procurer la pierre philosophale ne serait donc pas qu'une chimère. La recette était ténébreuse, entre ingrédients rares et mystérieux, techniques ancestrales presque oubliées et processus à respecter. La plupart des pierres n'étaient que contrefaçons.
— On dit que la pierre permet de guérir tous les mots et d'octroyer l'immortalité... Je n'ose pas imaginer ce qu'ils ont fait à ces chimères.
— En effet, Hazard, mieux vaut ne pas y penser.
Les mains de Juliet se crispèrent sur son fusil. Elle n'avait même pas imaginé une seule seconde qu'ils pouvaient être en possession de la pierre philosophale. Néanmoins, ce n'était pas cet imprévu qui allait la stopper.
— J'espère que tu es prête, Hazard, parce que ça va être compliqué.
— Toujours prête...
Un sourire apparut sur les lèvres de Juliet qui se tourna de nouveau vers les chimères qui ne les avaient pas quittées du regard.
⁂
Eleanor et Madeline couraient à l'aveugle dans les couloirs sombres. La caporale jeta un coup d'œil à la Chasseuse.
— Tu tiens le coup ?
— Oui, oui...
Madeline eut un sec hochement de la tête et accéléra la cadence. Ses cheveux, qui s'étaient détachés à cause de la vitesse, flottaient dans son sillage. Un sentiment d'urgence s'était emparé d'elle, comme si le danger était de nouveau imminent. Elle se stoppa net en voyant un éclair rouge non loin d'elle. Eleanor s'écrasa contre son dos et tomba au sol.
— Non mais, vous pouvez prévenir aussi, là !
Mais Madeline ne l'écoutait déjà plus. Tétanisée, elle observait la scène qui se jouait devant ses yeux.
— C'est impossible... c'est impossible...
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