— Des gardes, murmura Scarlett en voyant arriver des terroristes au détour d'un couloir.

Theodor suivit son regard et frémit. Ce n'était pas n'importe quels gardes. À en croire leur uniforme noir comme la nuit, ces derniers faisaient partie de la garde d'élite.

— Que font-ils ici ?

— Je l'ignore, répondit Scarlett, le visage grave. Nous ferions mieux de les éliminer avant qu'ils ne nous voient.

— Je m'en occupe. Toi, tu ferais mieux de continuer à chercher nos hommes. Je crains le pire.

La générale se mordit nerveusement la joue. Elle avait beau avoir confiance en Theodor, elle ne pouvait résolument pas le laisser ainsi, seul. Néanmoins, elle n'avait pas le choix. Le temps tournait, et bientôt, ils en auraient plus assez à disposition. C'était la meilleure solution.

— Je suis d'accord.

— Ne t'en fais pas Scarlett, murmura Theodor avant de partir. Je te retrouverai. Je te retrouverai toujours.

Un sourire naquit sur les lèvres de Scarlett en se souvenant de l'ancienne promesse. Elle adressa un dernier signe de tête à son second et partit dans la direction opposée avant de le regretter. C'est la meilleure solution

Ce n'est qu'au détour d'un virage qu'elle l'entendit.

— Générale !

— Que se passe-t-il, soldat ?

— Dieu soit loué, je vous trouve enfin !

Scarlett plissa les yeux en voyant celui qui venait d'arriver, tremblant et taché de sang. Ses yeux et son visage étaient rassurés, mais ils cachaient une terreur sans nom.

— Notre unité... elle... a été décimée... notre chef... il...

Il n'eut pas besoin de continuer. Elle avait compris.

— Je suis désolée, murmura-t-elle. Son courage et son altruisme ne seront pas vains. Puisse son âme reposer en paix.

L'air chagriné de son subordonné lui serra le cœur, mais ce n'était pas le moment de pleurer. Pas maintenant.

— Nous devons aller chercher les autre unités. Vous venez, soldat ?

— Bien sûr.

Scarlett eut un sec mouvement de la tête.

— Qu'allons-nous faire ensuite ?

— Partir là où nos ennemis veulent qu'on soit. Cependant, cela n'a pas d'importance. Ce qui importe maintenant, c'est de retrouver nos troupes. Aller attaquer le QG ennemi sans elles serait du suicide. D'autant plus qu'il...

— Qu'il... ?

Elle ne dit rien, une pensée venant de s'imposer à elle. Et si le soldat juste à côté d'elle était un homoncule ? Un espion ennemi ? Elle grimaça. À part lui tirer dessus, elle n'avait aucune manière de le savoir. Soit elle le forçait à parler, soit elle le gardait avec elle tout le long pour l'empêcher de communiquer. Elle décida que la meilleure solution était de ne rien laisser transparaître. S'il était réellement un homoncule, s'il commençait à se douter qu'elle savait, tout ne servirait à rien. Autant ne pas éveiller ses soupçons.

— Non rien. Ne vous inquiétez pas. Tout va bien.

Il plissa les yeux mais ne dit rien. Scarlett lui jeta un coup d'œil, avant de soupirer.

— Oserez-vous douter de moi ?

— Non, non ! Jamais ! s'écria le soldat, d'un ton presque en colère. Je crois en vous.

Il semblait complètement paniqué, comme si la question était un piège. Scarlett eut un léger sourire. Peut-être qu'elle s'était trompée. Peut-être que celui en face d'elle était bel et bien un de ses hommes. Cependant, mieux valait rester prudente. Elle ne baissait jamais sa garde quand elle n'était pas en entière confiance. Et c'était le cas ici. Il était hors de question qu'elle fasse rater la mission une deuxième fois à cause d'une inattention. Elle ne le supporterait pas. Cette fois-ci, l'échec était inenvisageable.

— Générale Ambrose ! résonna une voix forte.

Une soldate arriva en courant, son corps couvert de sang. Scarlett frémit. À en croire la manière dont elle se déplaçait, ce n'était pas le sien. Elle n'aimait pas ça. Ses hommes arrivaient au compte-gouttes. Et si une nouvelle catastrophe s'était produite ?

— Que se passe-t-il ?

— Dieu soit loué, je vous trouve enfin ! Je... on a été attaqués et... une partie d'entre nous a réussi à s'enfuir. Nous nous sommes éparpillés dans la base et...

— Qui ? Qui vous a attaqués ?

— Les terroristes. Ils étaient peu, mais maîtrisaient l'alchimie, dont celle élémentaire.

— Comment avez-vous fui ?

Elle baissa les yeux, une douleur perçant son visage.

— Notre chef d'escouade... il... est resté. Il nous a dit de fuir... qu'il les retiendrait... mais je l'ai vu... il... j'ai...

Scarlett ferma les yeux.

— Qu'il repose en paix. Son courage et son altruisme ne sera ni oublié, ni vain.

La soldate hocha la tête, en proie au chagrin. La générale posa ses mains sur les épaules de ses deux subordonnés. Elle sentait la peur qui émanait d'eux.

— Venez. Nous devons nous rassembler. Ça va aller. Je vous le promets. Nous allons nous en sortir.

Quand elle les regarda de plus près, la seule chose qu'elle vit fut deux enfants. Deux enfants paniqués.

— Stephen Larkin. Penelope Stonefield.

Ils levèrent la tête à l'entente de leur nom.

— Ça va aller. Ne restons cependant pas ici. Ne vous en faites pas. Je vous protégerai. Vous êtes mes hommes, mes soldats, mes précieux alliés. Votre vie m'est importante.

Les deux soldats ne dirent rien, mais leur visage se détendit légèrement. La peur dans leur regard s'amenuisa.

— Bien. Allons-y. Allons prendre la victoire. Nous vaincrons. Unis nous gagnons, seuls nous chutons.

Le slogan fut repris avec force par Stephen et Penelope. Oui, la victoire sera la leur.