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1.Déclin

La lueur du réverbère peinait à éclairer la rue. La tête renversée en arrière, Charles contemplait le lent ballet des flocons qui voletaient dans la lumière orangée du lampadaire qu'un falotier venait tout juste d'allumer.

Après une longue sonnerie stridente, les portes de l'usine s'ouvrirent, dévoilant une véritable marée humaine. Les yeux de l'ancien Mercenaire accrochèrent presque immédiatement ceux de Victoire. Il l'aurait reconnue entre mille. Ses doigts se crispèrent sur la présence familière des engrenages dans sa paume.

Il déposa un tendre baiser sur le front de la jeune femme tandis qu'elle arrivait à sa hauteur. Sa main pressa doucement la sienne.

Alors que Victoire avait naturellement repris son ancien travail à leur retour de Londres, il y a plus d'un an de cela, Charles avait longuement hésité. Il y avait ce serment, qu'il avait fait à lui-même, à Victoire, mais aussi à son ancienne guilde. Le mercenariat n'était plus envisageable à présent qu'il avait définitivement rompu avec son ordre.

C'est pour cette raison qu'il avait lui aussi pris le chemin de l'usine. Avec son éducation, il aurait aisément pu trouver un métier moins précaire. À la place de cela, il avait préféré une tâche répétitive, dans laquelle il noyait ses doutes, dans laquelle il avait tué ses désirs de gloire.

Jamais il n'aurait pensé que la chute aurait été si longue. Jamais il n'aurait pensé qu'il aurait accordé tant d'importance à la chevalière au chaton grenat qui reposait aux côtés des engrenages. La vérité, c'est qu'il se rattachait à cet anneau sigillaire, à cette réminiscence de richesse, comme pour contrer la misère dans laquelle il vivait désormais.

Victoire avait mis de longs mois avant d'avouer à son père la véritable identité de Charles, qui s'était jusque là réduite à sa plus simple expression : un jeune homme dont elle était éperdument amoureuse, et qui l'avait aidée à s'échapper des griffes de Dragan de Bérily. Les cauchemars qu'elle faisait toutes les nuits et le traumatisme évident qu'elle vivait avaient suffit à éluder les questions.

Mais tout en Charles clamait son appartenance à un milieu plus élevé. Et s'il essayait tant bien que mal de masquer ses origines, en s'appuyant sur ce qu'il avait vu et vécu durant sa formation de Mercenaire, il n'en restait pas moins le neveu de son oncle.

Victoire aurait aimé pouvoir tout effacer de sa mémoire, comme on avait jadis effacé les plans qui resurgissaient maintenant à volonté dans son esprit. La présence constante de Charles à ses côtés ne facilitait pas les choses : non seulement il lui rappelait constamment tout ce qu'il s'était passé un an et demi plus tôt, mais il avait aussi les yeux de son oncle, et allait parfois jusqu'à reproduire inconsciemment ses intonations. C'était sans doute cela qui avait finit par le trahir auprès du père de la jeune femme. Dragan de Bérily n'était guère un homme facile à oublier.

Ils arrivèrent dans le quartier où Victoire avait grandi. Un ensemble hétéroclite de cabanes branlantes et d'édifices de pierres, aux rues étroites et sordides à peine éclairées par quelques lampadaires solitaires.

Adélaïde, sa mère, était morte du choléra au printemps dernier. L'épidémie avait ravagé la ville, les laissant seuls avec le père de Victoire. Et si Charles avait tenté pendant un temps de percer le secret des fameux plans qui gisaient toujours dans l'esprit de la jeune fille, l'allumeur de réverbère, lui, n'avait rien divulgué.

Malgré tous les efforts de Victoire, l'ancien Mercenaire ne s'était jamais réellement senti à sa place. Outre le fait qu'ils vivaient dans une situation précaire qu'il n'avait jamais connu, même durant sa formation, il demeurait le neveu de Dragan de Bérily. Sa vieille chevalière le lui rappelait sans cesse.

Il exécrait cette unique pièce où ils vivaient. Il aurait tant aimé offrir davantage à Victoire. Mais il était tombé, si bas. Trop bas pour pouvoir, un jour, atteindre à nouveau les sommets de la société.

Et tandis qu'il se morfondait dans ses rêves de gloire brisés, les jours s'écoulaient, monotones, au lent rythme du fracas des machines.

Victoire était sa seule source de bonheur. Sa seule raison de vivre dans ce monde qui ne lui correspondait pas. Peu à peu, il se rendait compte à quel point il avait été façonné par la folie des grandeurs de son oncle. Ils étaient si semblables. Il apercevait bien le regard que Victoire posait sur lui, certaines nuits, lorsqu'elle était encore à moitié empêtrée dans le toile de ses cauchemars. Dans un état de semi-conscience, elle voyait son oncle. Quand elle croisait son regard, elle voyait les yeux glacés de Dragan de Bérily. Quand il lui parlait, elle entendait la voix de l'aristocrate. Quand il tentait de la prendre dans ses bras, elle se débattait en gémissant.

Les doigts de la jeune femme se crispèrent sur les siens, le tirant de ses pensées. Elle s'était arrêtée, une lueur d'angoisse pure brillant dans ses yeux écarquillés. Il suivit son regard.

La porte de la masure branlante était arrachée de ses gonds. Instinctivement, mu par des années d'entraînement, Charles chercha le poignard qui autrefois pendait à son côté. Sa main ne rencontra que le vide. Il avait abandonné ses armes au milieu de l'incendie qui avait ôté la vie à son oncle.

— Reste ici, lui intima-t-il.

Charles libéra doucement sa main de l'emprise de la jeune femme, et s'avança vers la maison.

Seule une lampe à huile presque entièrement consumée, posée en équilibre précaire sur le rebord de l'unique fenêtre, apportait un éclairage à la scène.

L'endroit était en chaos, comme arrangé en une mise en scène dramatique. Le peu de mobilier était renversé, les chaises éparpillées aux quatre coins de la pièce, la table, brisée. Les étagères et leurs contenus, renversés. Tandis que l'ancien Mercenaire faisait un pas de plus parmi les décombres, il avisa une large tâche pourpre sur le parquet. Il s'accroupit, effleurant le sol du bout des doigts. Du sang, encore frais, macula sa peau d'une traînée rougeâtre.

Faisant fi de l'ordre de Charles, Victoire entra à son tour. Elle se figea, portant la main à sa bouche pour étouffer un cri.

— Que... que s'est-il passé ?

Charles garda le silence. Qu'aurait-il pu lui dire ? Elle avait déjà compris.

— On a fait du mal à mon père...

Son ton évoquait aussi bien une affirmation qu'une interrogation. L'intonation d'un ultime espoir, qui se tarit lorsque Charles acquiesça. Les yeux de Victoire s'agrandirent.

— Qui ? Pourquoi ?

Il passa devant elle, scrutant le sol, sans lui offrir la moindre réponse. Il n'en avait pas à lui donner.

En plus des traces évidentes de lutte perceptibles, d'autres empreintes, s'ajoutant aux leurs, étaient visibles sur la fine couche de neige qui recouvrait le seuil.

— Tout ce que je peux te dire, c'est que ça s'est produit il y a très peu de temps.

— Charles... Charles il y a du sang sur le sol... gémit-elle.

— Je sais. Si c'est celui de ton père, il en a perdu beaucoup.

L'ancien Mercenaire avait parlé d'un ton détaché. Un simple constat, qui fit frémir Victoire.

— Tu... tu crois que...

— Je ne crois rien, Victoire. En revanche, je sais qu'il nous faut partir. Celui qui a fait cela pourrait revenir d'un instant à l'autre, nous ne pouvons rester là.

La jeune femme secoua la tête.

— Ce n'est... ce n'est peut-être pas mon père...

— Il a commencé à neiger il y a moins d'une heure, fit-il en indiquant les traces de pas. Et ton père avait certainement fini d'allumer les réverbères.

— Je ne veux pas m'enfuir. Pas encore.

Charles ne répondit pas à ses supplications. Il se contenta de franchir le seuil de la maison, regagnant la ruelle enneigée.

— Je veux retrouver mon père ! Charles ! Je t'en prie...

— Nous le retrouverons. Viens, maintenant.

Elle secoua la tête, reculant vers le fond de la pièce.

— Victoire, s'impatienta-t-il en avançant vers elle.

Au même instant, un coup de feu retentit. La balle s'écrasa dans la neige, à l'endroit même où Charles s'était tenu une seconde plus tôt.

Victoire hurla, tandis que l'ancien Mercenaire courait vers elle, ses formidables réflexes reprenant le dessus. Une deuxième détonation fendit l'air glacé, éclatant la fenêtre à côté d'eux à l'instant où il pressa la jeune femme contre son torse, faisant rempart de son corps. Extrêmement pâle, elle tremblait contre lui, ses yeux embués de larmes. Il la souleva de terre, la chargeant dans ses bras comme si elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume.

Alors qu'ils s'enfuyaient dans la venelle, une nouvelle déflagration siffla à leurs oreilles. Charles dérapa sur le sol recouvert de givre, se rétablissant de justesse. Le tireur, posté à une fenêtre d'un immeuble quelques mètres plus loin, manqua sa cible.

Les rues défilaient autour d'eux, sombres, sales, recouvertes d'une neige boueuse qui marquait chacun des pas de Charles. Victoire sanglotait dans ses bras, ballotée en tous sens. Plus rien n'avait de cohérence, les murs gris et humides filaient à toute allure autour d'elle, la buée blanchâtre qui s'échappait de la respiration saccadée de l'ancien Mercenaire, le sol grisâtre sous eux, son cœur qui battait si fort, et ces larmes qui inondaient ses joues. Tout s'était passé si vite.

Charles ne s'autorisa à la reposer au sol qu'une fois les ruelles faisant place à des avenues plus larges, aux passants hétéroclites. Une foule nocturne et dense dans laquelle ils se fondirent, où même le visage de Victoire ravagé par les larmes passait inaperçu.


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Premier chapitre d'Engrenages Fous !

Que dire, sinon que je suis ravie de vous retrouver par ici, et que j'espère que ce second tome vous plaira ! :-)

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