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II. 5 (a)

J'avais un peu d'anxiété par rapport à ce premier repas avec ces inconnus mais, en fait, ils sont vraiment... gentils ! Ils s'intéressent à tout, à nous. Ils nous parlent de leurs projets pour la maison, pour le jardin. Ils nous proposent des tas de visites intéressantes à faire dans le coin, même des balades que peut faire Soleïane.

Ils proposent aussi de nous emmener faire les boutiques. Parce que, soyons honnête, nous n'avons même pas de pyjama pour cette première nuit. Ils ajoutent avec engouement qu'ils nous donnent carte blanche, car c'était notre anniversaire il y a peu.

Je m'étonne de savoir qu'ils sont au courant, avant de me souvenir qu'ils étaient là à notre naissance et que ce jour traumatisant les a sans doute également marqués à vie. Ce point commun inattendu me fait prendre conscience d'un lien particulier entre eux et nous.

J'ai encore du mal à manger alors Suzanne me concocte une infusion à prendre trois fois par jour pour veiller au bon rétablissement de ma gorge. Curieuse, je la regarde préparer le mélange. Elle me sert de l'eau chaude sur une rondelle de citron, une pincée de cannelle, une autre de gingembre, un peu de verveine et du miel pour faire passer le tout.

A la première lampée, je fais la grimace.

- Ça pique !

- Ça veut dire que ça guérit ! rit Suzanne.

Chaque gorgée me brûle littéralement le gosier mais, étonnement, laisse sur son passage une douce chaleur purifiante.

- Alors, ça fait du bien ? me demande-t-elle.

J'acquiesce mais préfère ne pas parler, de peur de perdre la bouffée d'air chaud réparatrice.

Avec Soleïane, nous sommes emmitouflées dans des couvertures sur le canapé devant la télé, chacune une tasse fumante entre les mains. Soleïane a eu le droit à une infusion de lavande-verveine-camomille : pour digérer et bien dormir, apparemment.

Plus tard, je rejoins ma chambre après avoir quitté ma sœur sur une embrassade. Je peux enfin me rouler dans les couvertures et les draps propres qui sentent bon la lessive fraîche. Je n'ai pas le courage d'aller me laver. Je suis à bout de force.

Achille m'a prêté un de ses anciens survêtements comme bas de pyjama et j'ai emprunté un t-shirt à Suzanne. Je pourrais en mettre deux et demi comme moi dedans mais j'apprécie l'espace. Je suis bien contente d'ailleurs, d'avoir un pantalon de pyjama car il fait presque froid dans ces draps frais.

Des canicules, à cette altitude, ils ne doivent pas en rencontrer souvent. Je repense au beau temps de cette après-midi et à quel point c'était plaisant. Je me laisse alors absorber par cette pensée douce heureuse, me demandant quelles beautés nous offrira le paysage du lendemain.

* * *

Je cours dans les bois en apercevant le loup. Je le suis à la trace. Non. Je le fuis. Quelque chose derrière moi m'inquiète et me menace. Je pose mon regard sur la course du loup et je fais de grandes foulées pour ne pas le perdre d'une seconde.

Je cours à en perdre haleine, talonnée par la frayeur qui me sert le cœur. Il est derrière moi. Le loup me conduit et me poursuit.

L'air est frais et sec et reçoit mon souffle chaud, saccadé. Ravagée par la panique, je vois l'arrière-train du loup se soulever et ses jambes bondir sur l'étroit chemin de terre, longeant un fossé. Les arbres nous entourent et se suivent au fur et à mesure de ma course. Le chemin lui-même est dégagé et je vois de loin cette racine qui dépasse de terre. Mais c'est inévitable : l'élan, la crainte, la survie, mon pied se prend dedans. Je bascule vers le sol.

Mon corps sursaute dans les draps ; je me rendors dans l'instant.

* * *

Le lendemain matin, Soleïane arrive à la table du petit déjeuner avec les cheveux en bataille et les paupières encore lourdes. Elle se traîne jusqu'à une chaise, boitant comme un pirate, balançant son pied plâtré comme s'il s'agissait d'un boulet. Puis, elle s'affale sur le tabouret devant le meuble-bar de la cuisine. Prenant une autre cuillérée de céréales, je la regarde fixement. Ses yeux croisent les miens.

- J'ai fait un rêve mouvementé, se justifie-t-elle en se servant également un bol parmi ceux disposés sur la table.

Je hausse un sourcil. Elle, qui a toujours le sommeil profond et paisible, j'ai du mal à l'imaginer se retourner dans son lit.

Elle commence alors à faire ses explications, remplissant son bol de lait.

- J'étais au milieu d'une salle de classe un peu vieille, seule et j'écartais toutes les tables et les chaises contre les murs. Ensuite, une biche est entrée et... Attends, est-ce que les biches peuvent avoir des bois ?

- Non, seulement les cerfs, répond Achille depuis le canapé. Seules les femelles rennes ont des bois.

Je lance un œil au canapé sur lequel notre tuteur est assis. Achille s'est retourné pour suivre notre conversation. Croisant mon regard froidement surpris, il s'excuse d'un sourire et retourne à son émission.

- Bref, reprend Soleïane en agitant sa cuillère. Une musique disco s'est lancée et la renne s'est mise à danser au milieu de la salle de classe ! Elle se déhanchait et balançait ses jambes sur la musique : c'était complètement dingue ! Et j'applaudissais en plus ! Ensuite, elle a salué et elle est sortie. Je me suis réveillée en sachant qu'elle s'appelait Valentine.

J'explose de rire, imaginant la scène et me figure Soleïane dansant le disco à côté d'un cervidé. Honnêtement, je préfère encore mes rêves aux siens. Même chassée par un loup ou chassant l'animal, je m'en sortirais mieux que de devoir improviser une battle de dance.

Son rire accompagne le mien, elle est enfin réveillée.

Soudain, Achille émet un grondement mécontent, croisant les bras sur sa poitrine. Je me lève pour m'approcher de la télévision, mon bol entre les mains. Me devinant derrière lui, il m'apprend qu'un troupeau de chèvres a été attaqué pendant la nuit et que le berger a appelé Suzanne pour voir si elle pouvait en sauver quelques-unes.

- La police a également besoin de ses services pour expertiser le type de dégâts et identifier le prédateur, explique-t-il. Mais la chaîne locale répand déjà l'idée qu'il s'agit d'un loup, ajoute-t-il avec agacement. Ou pire, d'une meute de loup.

Sentant son désaccord, je demande pourquoi il pense que ce n'est pas le fait de loups.

- Parce que, commence-t-il en se tournant vers nous, les loups n'attaquent pas pour le plaisir. D'après ce que l'on sait, cinq chèvres ont été attaquées. Quatre sont mortes sur le coup et une cinquième est morte de ses blessures, plus tard. Aucune n'a été dévorée.

Voyant sans doute que je ne vois pas où il veut en venir, il poursuit son explication :

- La plupart des attaques sur des troupeaux sont, en réalité, dues à des attaques de meutes de chiens, entraînés les uns les autres dans le massacre par l'effet de meute. Les loups chassent en meute pour se nourrir. Ils ne laisseraient pas derrière eux quatre chèvres entières s'ils avaient assez faim pour en attaquer autant d'un coup.

Mon regard se plonge un instant dans le vide, perdu entre la télé et Achille qui cadrent mon champ de vision. J'acquiesce pour montrer que je comprends son argument ; lorsque les loups attaquent, ils ont un but : la survie. Ils ne mordent pas des cuisses de chèvre au hasard. Ça serait de la perte d'énergie inutile.

- À moins qu'on ne les en ait empêché, renchérit Sol.

Je me tourne vers elle, interloquée. Achille fronce les sourcils, cherchant dans les yeux de ma sœur le début de la phrase qu'elle avait formulée uniquement en pensée. Elle se reprend et précise.

- Si les loups ont laissé leurs proies, c'est peut-être que le berger est arrivé à temps pour les faire fuir ? demande-t-elle innocemment.

Achille semble hésiter : je saisis immédiatement qu'il ne pense pas au berger. Plongé dans un autre chemin de réflexion, son regard devient distant.

À ce moment-là, le téléphone fixe sonne sur la table et Achille l'empoigne aussitôt, laissant au silence la remarque de Soleïane. C'est Suzanne qui donne de ses nouvelles.

Je réfléchis au problème et la proposition de ma sœur me semble plausible. Toutefois, il faudrait un immense coup de chance pour que le berger soit près du troupeau à ce moment précis, s'il ne dormait pas et il aurait fallu quelque chose de conséquent pour effrayer à ce point les loups affamés, pour qu'ils préfèrent prendre la fuite dans l'instant.

Je me revois courir dans les bois. Une course poursuite ou une fuite ? Rien ne fait sens. Je balaye ce souvenir, buvant à même le bol la fin de mon lait.

* * *

Suzanne n'étant pas encore rentrée, nous devons repousser notre escapade shopping.

Je profite de la matinée pour me familiariser avec cet endroit, dans lequel on m'a imposé de vivre.

Après le petit-déjeuner, je me rends immédiatement dans la bibliothèque, la seule pièce qui me semble receler de multiples possibilités de divertissement. Une douce odeur de vieux papier m'attend sur les étagères. À ma grande déception, il y a peu de livres qui attirent mon attention.

Je fais rapidement le tour des rayonnages car ceux-ci se révèlent soigneusement classés : les planches inférieures sur lesquelles reposent les livres sont étiquetées, précisant un thème ou un auteur. Malheureusement, ce sont des auteurs que je ne connais pas. Quant aux thèmes, il s'agit de botanique pour la plupart mais aussi de chimie, de géographie, même de physique et de médecine. Il y a plus de livres de mathématiques que je n'ai pu en croiser dans ma vie, des livres de théâtres et quelques grands noms de la littérature française.

En survolant les tranches reliées, je vois une ribambelle de langues et d'alphabets étrangers s'y décliner.

Soudain, je les entends avant qu'elles ne pénètrent dans la pièce, les béquilles de Soleïane. Ma sœur descend par l'escalier à vis. Ses cheveux sont mouillés : ils dégagent de la fraicheur, contrastant avec l'air renfermé, la poussière et le vieux papier.

Elle s'assied maladroitement dans un fauteuil.

- C'est fou cet endroit ! lâche-t-elle en posant béquilles à terre.

Ses tiges de métal glissent de ses mains, fracassant le silence. Elle rouspète contre elle-même dans une grimace bougonne adorable. Je souris.

Je m'affale également sur les coussins, pour contempler tous ses arbres abattus pour la connaissance et/ou la distraction de l'Homme.

- T'as trouvé quelque chose d'intéressant ? me demande-t-elle alors.

Je hausse les épaules et me relève, parcourant pour elle les rayonnages de mes pas paresseux.

- Il n'y a pas de roman, que des études scientifiques, des trucs du genre, tu vois ?

- Ah bah génial... ! soupire-t-elle. En plus ils ont l'air tellement vieux...

Je tourne sur moi-même et remarque quelques tranches parmi les plus usées. Je m'arrête devant l'étage concernant l'« Histoire ». Il mélange les sujets, les périodes et les continents mais, en m'y penchant de plus près, je constate, à mon plus grand étonnement, que des livres regroupant les mythes et légendes de différentes cultures, ainsi que des contes et autres récits folkloriques y figurent également.

- Euh... laissé-je échapper.

Je n'ai pas le temps d'exprimer le fond de ma pensée que Soleïane sautille déjà à cloche-pied jusqu'à moi.

- Fais voir !

Se tenant à mes épaules, elle passe la tête par-dessus mon cou et lit avec moi les titres des différents ouvrages que je retire des rayons. Rapidement, elle se détache de moi pour parcourir le reste de la section. Je m'accroupie pour inspecter les étagères plus basses. Soudain, ma sœur empoigne un ouvrage au-dessus de ma tête.

- Eh mais celui-là c'est un roman ! De la pure fiction, affirme-t-elle en parcourant la quatrième de couverture qu'elle reconnait.

- Les mythes aussi sont de la fiction, dis-je en agitant devant ses yeux un exemplaire des Métamorphoses d'Ovide en version originale latine. Et pourtant... ils font partis de la section Histoire.

Je parcours le recueil que j'ai dans les mains par curiosité. Nous l'avions évoqué dans ma classe de latin et ça avait l'air plutôt marrant. Certains passages sont traduits, directement au crayon de papier dans les marges ou, parfois, un petit feuillet accompagne un chapitre. Je fais bien attention de ne pas les faire glisser de leur emplacement. Je le feuillette et reviens vers le début de l'ouvrage : un chapitre où les pages sont entièrement griffonnées, reprises, traduites, commentées de toutes parts avec une note qui ajoute encore d'autres remarques ; alors que le mythe ne doit faire que quelques pages.

L'effervescence autour de ce passage me surprend et quelque chose me glace le sang lorsque que je regarde le titre de ce mythe raconté par Ovide : « Lycaon ».

- Et regarde ! s'exclame Soleïane de l'autre côté de la pièce, brandissant un gros volume avec victoire. J'ai trouvé un autre roman !

Je repose mon ouvrage et m'approche de la section où elle se trouve. Lorsqu'elle me montre son trophée, je ne peux manquer de pouffer de rire.

- Bah alors, il n'est pas avec les livres d'histoire celui-là ?

- Les vampires, c'est un conte moderne, m'informe-t-elle en roulant les yeux vers le ciel comme si ça faisait sens.

Elle se dirige nonchalamment vers le fauteuil qu'elle s'est appropriée, le Dracula de Bram Stoker sous le bras. Quant à moi, je farfouille encore un peu dans les recoins de la bibliothèque qui passent sous ma main, avant de me lasser de la poussière.

J'ai tellement remué de livres, de pages et de tabourets pour grimper aux étagères que j'ai l'impression d'être recouverte d'une épaisse couche de crasse. Mes mains sont grises, poudrées de poussières noires et j'ai les poils des narines qui me chatouillent. Il est temps pour moi de faire un tour par la salle de bain de notre étage.

Pour cela, il faut emprunter l'escalier à vis de la bibliothèque. Cet escalier est mythique. Je gravis ses marches avec solennité. Son bois craque à mon passage comme les planches d'un vieux trois mâts de pirates.

En quittant la pièce, je laisse Sol derrière moi, au milieu des livres, ses yeux dévorant les pages du petit pavé.

Dans la salle de bain, une serviette humide repose sur un étendoir. Une autre, défraichie mais propre, m'attend, pliée sur le rebord de la baignoire.

J'ôte mon pyjama de fortune, mon attelle, mes bandages et mes pansements. Sentant la froideur du carrelage de la pièce se resserrer contre moi, j'avance un pied dans le bac de la douche avec hâte : cela ne me fera pas de mal de me laver après toutes ces péripéties. Cela ne me ferait pas de mal de ne plus sentir la mort : l'enterrement de Thérèse me colle encore à la peau.

Je prends quelques secondes pour comprendre le mécanisme de la douche. Je me gèle d'abord les doigts de pieds puis me brûle la paume de la main, avant de trouver le bon réglage. L'eau enfin tiède coule sur mes cheveux poisseux et échaude la peau neuve extrêmement sensible de ma brûlure à la jambe. Je m'enduits du premier savon venu et passe mes mains abimées sur ma peau rêche. Le gel douche met à vif ma chair entaillée. Je me dépêche de me rincer, jurant sous le supplice.

Mon corps débarrassé de la mousse abrasive, je peux me détendre sous l'eau chaleureuse qui réconforte tous mes muscles. Je laisse les traits d'eau me masser le haut du crâne et couler sur mon visage. Je ferme les yeux, immobile sous le jet de la douche, profitant de cet instant de délassement bien venu.

Là, dans l'obscurité rouge de mes paupières closes, je sais que, de l'autre côté de la paroi en verre transparente de la douche, deux grands yeux verts électriques m'observent fixement.

Je rouvre les yeux dans un sursaut de panique. Il n'y a personne. Mais les contours des deux grands yeux persistent quelques secondes sur mes rétines. D'effroi, je manque d'aspirer de l'eau par le nez, alors que j'essaie de retrouver mon souffle.

De la vapeur d'eau s'échappe de la douche en larges volutes. Pourtant, des frissons parcourent ma peau. Ces yeux étaient si terrifiants que j'en ai eu la chair de poule.

« À chaque fois que je ferme les yeux... ».


https://youtu.be/k8Y6ZTjmCXs

Quelle fin, non ?

Rubi.

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