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II. 2

Je ne veux pas m'enthousiasmer trop rapidement mais l'intérieur est absolument chaleureux.

Dès l'entrée, nous pénétrons dans une pièce vaste et lumineuse. A gauche, l'espace le plus dense de la pièce : le coin salon. Contre le mur, la télévision : un énorme cube gris poussiéreux plus large que le meuble de télévision sur lequel il est lourdement posé. Il fait face à un canapé qui sépare cet espace de la « salle à manger ». Au centre de cette configuration, un tapis à motifs géométriques et une table basse en bois : même si jaunis par les différentes couches de vernis, ils ajoutent une note de couleur chaude et bienveillante.

Non loin, contre un autre mur, une cheminée en pierre me fait halluciner d'agréables soirées d'hiver.

- Chérie, tu as fermé la voiture ? demande Achille à Suzanne depuis le perron.

- C'est toi qui as les clefs ! répond-elle depuis l'intérieur.

J'entends son mari fouiller dans ses poches puis retourner à la voiture de son pas claudiquant.

Derrière le canapé, un piano à queue blanc rayonne au centre de cet immense pièce. Je vois Soleïane ouvrir de grands yeux, ses doigts frétillants déjà de pouvoir danser sur un clavier aussi précieux. Elle file à sa rencontre.

Derrière l'instrument, une grande table. Elle est vieille comme j'ai pu en voir chez les grands-parents de mes amis, avec des planches travaillées par le temps qui échappent à leur planéité initiale. Pouvant accueillir trois personnes sur les longueurs, il me semble qu'elle dispose de rallonges pour moduler sa taille. Ses larges pieds la rendent très massive, ce qui contraste avec la cuisine en face.

La partie droite de la pièce est composée d'une cuisine ultra moderne, légère et tout en finesse qui se dessine gracieusement.

Sous le délicat morceau que nous joue Soleïane au piano, je détaille les placards contre les murs, le four encastré, les multiples plaques de cuissons électriques. Un long îlot de cuisine s'allonge entre la salle à manger et les placards ; en plan de travail vers l'intérieur, il sert également de bar de l'autre côté. Sur sa longueur, de hauts tabourets en bois l'agrémentent, incurvés par les nombreuses fesses charnues qui s'y sont posées à travers les âges.

Le frigo, relégué à l'extrémité de cet ensemble, avec son blanc cassé décoloré beige, tranche étrangement avec le high-tech stylisé du reste de la cuisine. Il fait un bruit de moteur à tondeuse.

Grâce à une grande baie-vitrée, qui couvre les deux tiers du mur du fond, nous pouvons même admirer le jardin qui se trouve de l'autre côté.

Etrangement, toute la pièce est un mélange hasardeux mais charmant de vieux, de très vieux et de neuf. Un peu comme Suzanne et Achille eux-mêmes : Suzanne a quelques cheveux gris et les traits déjà marqués par l'âge mais son sourire, ses yeux et son attitude témoignent d'une jeunesse inépuisée ; Achille ... Bon, lui, parait vieux dans son attitude et dans son allure, on dirait qu'il s'habille avec des habits d'il y a au moins cinquante ans et qu'il a été élevé par des parents d'une vieille famille conservatrice ultra sévère. Mais son expression bienveillante et curieuse montre un esprit encore vif et juvénile.

C'est cette ambivalence, chez eux comme dans leur maison, qui me rassure autant qu'elle me laisse une impression troublante : déstabilisée par des signaux contradictoires je ne suis pas très à l'aise et mon esprit me lance des signaux d'alertes. Pourtant, rien n'indique que je devrai me méfier d'eux. Du moins pas encore.

Lorsqu'Achille s'avance enfin dans la maison, de son pas ponctué du sévère et sec coup de canne, je ne peux m'empêcher de suivre du regard le dessin gravé sur le bois et son annulaire estropié. Quelle vie a-t-il eu ? Sans doute pas aussi fun que la mienne mais, pour sûr, beaucoup plus rebondissante. Je crois que ce couple me fascine et qu'il y a un paquet de choses qu'ils vont pouvoir m'apprendre.

Achille me dépasse.

- Tu as le droit d'entrer tu sais, Luna. Suzanne ? appelle-t-il tout en entrant dans une pièce à droite. On leur fait visiter ?

Achille ressort de la pièce sans sa veste ni son chapeau. La porte derrière lui s'ouvre sur une chambre à coucher.

Suzanne, quant à elle, pousse une porte sous l'escalier.

- Vas-y, lui dit-elle, j'ai quelques patients à rappeler. Mais je prépare les smoothies !

Puis elle disparait dans ce qui semble être un... bureau.

- Oh trop bien ! s'extasie Soleïane en me rejoignant sur le pas de la porte. J'adore les smoothies.

Malgré son handicap, elle a déjà fait l'aller-retour : porte d'entrée - piano, piano - porte d'entrée, alors que je n'ai même pas bougé d'un pouce. Je me dandine sur mes doigts de pieds nus.

Achille se tourne vers nous avec un sourire.

- Parfait. Allons-y, suivez le guide de la demeure ! nous convie-t-il.

Et nous le suivons. Notre nouveau tuteur passe devant et je laisse Sol s'élancer à sa suite, parce qu'avec leur vitesse à tous les deux, je préfère rester en arrière pour être certaine de ne pas les semer involontairement en route. Nous commençons par le bout du couloir qui longe l'escalier, au rez-de-chaussée.

- Ici, c'est la chambre de Suzanne et moi, nous indique-t-il en agrandissant l'entrebâillement de la porte. Avec une petite salle de bain privée.

Nous revenons ensuite sur nos pas et Achille nous présente la pièce qui naît sous l'escalier. Le fond est tapissé d'une petite bibliothèque et nous est présentée derrière un meuble de bureau où Suzanne est actuellement au téléphone, en train de tourner les pages de son agenda.

Ils ont réussi, par je ne sais quel miracle, à aménager qui prend naissance sous l'escalier. Elle ne dispose pas de fenêtre et contraste drastiquement avec la luminosité du reste du rez-de-chaussée. Je me dis qu'ils ne doivent donc pas y aller souvent. En tout cas, moi, je n'irai pas souvent.

En ressortant de la pièce, ma hanche heurte le coin d'une commode sur laquelle résident quelques photos et bibelots, dont un cadre avec un certificat jaunît par le temps désignant la « légalité » du ci-nommé « Refuge des deux astres ».

La construction de cette maison me paraît trop peu modeste et bien basse en altitude pour servir de refuge de montagne. Je lance un regard vers ma sœur afin de la consulter, mais elle est trop impliquée dans la visite guidée.

- Bon, ici c'est facile, reprend Achille en revenant à l'entrée. Là, c'est le coin salon. Ici, le coin salle à manger et là, la cuisine.

Il nous emmène ensuite dans l'escalier, vers le premier étage et, parce qu'Achille et Soleïane peinent à gravir les marches et donc parce qu'ils mettent du temps, le tuteur et la pupille discutent.

- Si j'ai bien entendu, tu sais jouer du piano ? Et pas trop mal en plus !

Soleïane rougit à n'en plus pouvoir, à la fois fière et gênée que son talent soit reconnu. Elle reste modestement silencieuse.

- N'hésite surtout pas à t'en servir, cela fait bien longtemps qu'il n'a pas résonné entre ces murs, précise-t-il avec un sourire mélancolique. Qui t'a appris ?

Soleïane commence donc à parler de notre vie antérieure avec d'autres familles d'accueil, dont une qui avait décidée de nous initier à la musique, vers nos dix ans. Nous avions pu continuer cela avec Thérèse, qui nous avait parfaitement encouragé à développer notre créativité.

Soleïane avait donc eu le droit à des leçons de piano dans une école de musique. Thérèse n'avait pas réellement les moyens d'offrir un vrai piano ni un « synthé » à ma sœur mais elle avait quand même pu lui négocier quelques heures par semaine chez des voisins pour qu'elle puisse s'entraîner.

- C'étaient toujours des pianos droits, explique Soleïane.

- C'était la première fois que tu jouais sur un piano à queue, alors ? l'interroge Achille avec un enthousiasme enfantin.

- Oui ! s'exclame-t-elle, euphorique. C'est génial. Et cette pièce donne un son génial !

Bref, c'est génial. Néanmoins, j'ai hâte de l'entendre jouer ses partitions préférées dessus.

- Et toi ? s'enquiert Achille à mon propos.

Eh bien... Comment lui dire ?

J'ai fait du solfège et je n'étais pas trop mauvaise. En revanche, j'ai essayé de jouer de la clarinette, que j'ai très, très vite abandonnée, parce que je n'ai pas assez de souffle. J'ai fait quelques leçons de percussions, sans plus : je préfère quand c'est un batteur expérimenté qui fait battre mon sang sur la musique.

Le violon, n'en parlons pas : j'ai failli me rendre sourde en posant l'arche sur les cordes. J'ai aussi essayé la guitare sèche, c'est peut-être l'instrument avec lequel j'ai le plus joué, car Georges en avait une.

Et le piano... je le laisse à ma sœur. C'est bien plus joli quand cela vient d'elle. J'aime aussi en jouer avec elle, lorsqu'elle m'apprend quelques jolies mélodies ou, surtout, des musiques de film.

Je débite mes échecs successifs d'une rapidité austère. Je suis certaine que ça ne doit pas tellement intéresser Achille, en comparaison de la passion de ma sœur et nous sommes enfin arrivés en haut de l'escalier.

Soleïane ne peut s'empêcher de préciser :

- Mais elle a fait plein de sport aussi ! Et elle est douée, dit-elle en me vendant à Achille comme pour essayer de rattraper ma vie foireuse.

Je ne crois pas pouvoir dire que je suis « douée » en sport. Surtout qu'en ce qui concerne les sports d'équipe, il m'arrive d'être aussi à l'aise qu'un pied de biche devant une écharde. Toutefois, il est vrai que j'en ai pratiqué un certain nombre. Achille m'interroge encore, visiblement intrigué.

- On a fait un peu de danse classique quand on était petites, développé-je. Mais je n'arrivais pas bien à me coordonner avec la musique et j'oubliais tout le temps la chorégraphie ! Je ne faisais que regarder les filles devant moi pour pouvoir les imiter.

Soleïane glousse à ce souvenir et ajoute : « Moi, c'était pareil ! »

- Après, on a essayé la natation, me souvins-je. Mais, personnellement, je suis nulle en apnée. En plus, le moniteur nous faisait descendre le long d'une perche pour qu'on plonge le plus profondément possible et, un jour, il nous a appuyé sur la tête pour nous « aider » à descendre au fond de l'eau. Après, on avait trop peur pour y retourner ; on a arrêté.

Sol acquiesce avec gravité. Achille hausse un sourcil. A présent, même si j'adore l'eau, nager, aller à la piscine ou plonger ma tête dans l'eau de la baignoire, pour sentir mes cheveux s'alléger comme un nuage flottant, j'ai un peu de mal à rester longtemps sous l'eau d'un grand bassin.

- Sinon, au collège, on a fait du foot ! Sol a arrêté, mais moi j'ai continué pendant les quatre années. J'ai aussi fait du cross, du handball et du basket mais bon, je n'aime pas trop. Pareil pour l'athlétisme, je trouve ça moins amusant.

Achille acquiesce vigoureusement à mon énumération, presque impressionné, même si je ne suis pas encore sûre de bien identifier ses expressions.

- Tu as déjà essayé l'équitation ?

Vu le prix des licences et du matériel, non, jamais. Mais lorsque je m'imagine galopant sur un bel étalon en tirant prodigieusement à l'arc comme une elfe des bois, je ne peux m'empêcher d'avoir des étoiles dans les yeux. Il le voit et sourit avec malice.

- Il faudra que je vous montre quelque chose, dehors. Mais d'abord, les chambres !

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