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II.12a 🚲

Je me lève au petit matin avec les oiseaux. Je me redresse dans mon lit, un œil sur le réveil et la main à la joue. Sous mes doigts ma peau a pris le pli des draps. J'ai bien dormi. Pas de sursaut à cause d'une chute dans la forêt, ni de rêve de canidé. Mais où est passé le loup ?

Les yeux de Chris me reviennent en mémoire. Il est temps d'aller déjeuner.

Ce matin, le jus d'orange me fait horreur. Je fouille les placards à la recherche d'une alternative.

— Qu'est-ce que tu cherches ?

Suzanne sirote son café, les deux mains autour de sa tasse décorées de cigognes. L'odeur qui en émane ne me convient pas non plus. Je soupire.

— Vous avez du sirop ?

— Non mais dis-nous ce que tu veux, on ira en courses, propose Achille.

Je hausse les épaules.

— De la menthe ?

— Et une tisane, ça t'intéresserait ? Une boisson chaude pour te réveiller.

Suzanne ponctue son offre de son sourire bienveillant. J'opine.

Heureuse, elle me rejoint près des placards. Sur le bar, elle aligne les boîtes, me présentant les plantes une à une, leur goût et leurs propriétés.

Je m'installe à leur table les yeux rivés sur mon mug, à la limite de l'embarras. Chez Thérèse, je faisais toujours en sorte de déjeuner seule, dès le réveil, avant que Jérémy ait fini de s'habiller et ne descende manger ses tartines avec de la musique forte. Soleïane ne déjeune presque jamais et je ne la croisais que dans la salle de bain pour me laver les dents, à deux minutes de courir jusqu'à l'arrêt de bus. En général, Georges était parti pour le travail avant que je ne descende et Thérèse partait juste avant nous. C'était la routine.

Ici, je ne savais pas comment me comporter, comment ne pas entraver les habitudes de chacun. J'aurais voulu disparaître au fond de ma tisane.

— Alors, quoi de prévu aujourd'hui, me demande Achille.

Je hausse les épaules. Faut pas me demander de prendre des décisions au réveil. Je baille.

— Il fait beau aujourd'hui, poursuit-il.

J'aimerai bien me promener autour du chalet, mais je ne veux pas me laisser ma sœur, coincée comme elle est avec son plâtre.

Suzanne acquiesce en direction de son mari.

— On peut peut-être préparer la piscine ?

Mon cœur fait un bon de joie, avant de se faire rapidement étouffer par l'idée de me mettre en maillot de bain. Mais c'est déjà décidé dans la tête de nos tuteurs. Alors qu'ils établissent une liste de choses à faire, je me fais attraper par une bulle de silence.

Je me souviens de l'impression que j'avais, à l'hôpital, de vivre pleinement chaque seconde de ma vie, lorsque je luttais pour comprendre ces nouveaux sentiments, ma nouvelle situation et que j'avais pour objectif de trouver le chemin de toutes les réponses à ces nouvelles questions qui naissaient en moi. Alors que là, je flotte. Enfin, je me laisse porter et ce n'est pas forcément désagréable. Mais d'un autre côté, la vie s'écoule sans que je parvienne à m'engager dans chacun de mes mouvements. Tout est statique, sans ondulation, sans évènement perturbateur ou presque. Je préfère le mouvement. J'ai besoin de mouvement.

Suzanne part travailler, elle doit s'occuper de quelques patients. Achille prévoit de s'occuper de Ningor, comme tous les jours : c'est sa routine à lui, ses obligations. Moi je n'ai pas d'obligations. J'erre dans cette maison parce qu'on m'a dit d'y rester. Je n'ai pas de devoirs scolaires, pas de travail, je peine à me plonger dans mes loisirs ; je n'en ai plus. Alors je m'en cherche.

J'aide Achille à vider le lave-vaisselle après mon petit-déjeuner. C'est ce moment que choisissent les garçons pour émerger.

À la mine blasée et fatiguée de David, je présume qu'il a été tiré de force de son sommeil par Chris, qui paraît si énergique que prêt à éclater et qui s'enfile des céréales à la pelle. En fait, on dirait que pour le sortir de son lit, Chris a fait exploser un pétard dans la chevelure de son frangin.

— Tu sais, David, il ne faut pas se coucher si tard, dit Achille en empilant les casseroles.

Tu vas être déréglé, après.

— On a encore plus d'un mois et demi de vacances, je pense que j'aurai le temps de m'en remettre, assure-t-il calmement en massant l'épis sur son crâne.

J'imagine que ça l'énerve, le fait que les adultes lui fassent des réflexions sur ses nuits blanches passées à jouer sur l'ordinateur. C'est le seul truc qu'il semble aimer faire. Ça et élaborer des stratégies aux jeux de société. David est revêtu de son habituel pantalon noir et d'un t-shirt vert sombre floqué de différents héros d'arcades des années 80. Chris, lui, porte un pantacourt clair qui recouvre ses jambes jusqu'aux genoux et d'un simple t-shirt blanc. Ils sont déjà habillés.

— Vous allez faire du vélo ? demandai-je avec une pointe de curiosité pour ce qui semble être de l'action se profilant à l'horizon.

L'ardeur de Chris à engloutir son petit-déjeuner ne semble qu'augmenter.

— Ouais, confirme-t-il la bouche pleine.

— Où allez-vous ? s'enquiert Achille.

— Faire un tour, répond le plus âgé des garçons.

— Faites attention, répond simplement l'oncle. Vous allez vous balader tous les trois ?

Je m'arrête en plein mouvement, la main suspendue sous l'arrière de mon haut de pyjama, alors que je me grattais discrètement le dos entre deux remplissages de placard. Je fixe le visage de Chris. Je n'ose plus bouger. Chris relève la tête de son bol de céréales, le cou tendu de surprise. Il me regarde brièvement, sans doute pour voir ma réaction, attendant un refus naturel de ma part. Mon rejet de la proposition qui n'en est pas une ne se présentant pas, il tourne son regard sur Achille, qui n'a pas l'air de voir la gêne qu'il vient de créer. Je ne sais pas pourquoi ça nous dérange, mais c'est comme ça. Je ne les connais pas, on n'est pas amis, pourquoi j'irai vagabonder avec eux ?

— Mais, euh... Il n'y a que deux vélos de toute façon, s'aventure Chris, cherchant le meilleur moyen de me faire comprendre qu'il ne veut pas que je les accompagne.

En plus, si Chris projette de « faire un tour » dans leur maison, comme j'ai cru le comprendre hier autour du Monopoly, mais qu'il préfère ne pas en aviser son oncle, je préfère ne pas m'en mêler.

— Il y en avait deux à réparer oui, mais je dois en avoir un troisième quelque part qui traine... Et qui fonctionne !

Achille se tourne vers moi. Sa bienveillance dégouline sur moi alors qu'il essaie de trouver un moyen de rapprocher ses neveux avec l'un des nouveaux membres de sa maison. Je ne parviens plus à trouver des raisons valables de refuser.

— Euh... réussis-je à articuler pour toute réponse.

La gêne m'attrape à la gorge comme un animal sauvage et aspire, avant même qu'elles ne naissent, les décisions qui tentent d'émerger de mon esprit. Je jette un œil à Chris, qui a détourné le regard. David hausse les épaules sans aucune expression sur le visage. Achille rit alors.

— Allez, va t'habiller, je te montre, décide-t-il à ma place.

Chris réagit comme si son oncle venait de me promettre son bol de céréale :

— Si dans cinq minutes tu n'es pas là, on part sans toi, lance-t-il avec un semblant de sourire espiègle sur ses lèvres crispées.

Je ne sais pourquoi je fonce vers l'escalier en direction de ma chambre. Non pas quatre marches par quatre, parce que j'ai les jambes trop courtes pour réaliser un tel exploit, mais assez vite tout de même. Je referme d'un geste du bras la porte derrière moi. En un clin d'œil, je retire mon pyjama tout en sautillant vers mon bureau. Je me jette sur la pile de linge de la veille. Le plus long, c'est toujours d'agrafer ce satané soutien-gorge : les attaches ripent sur le tissu sans s'accrocher, je me trompe de ligne, les détache, recommence. Ça serait bien plus simple d'avoir des yeux dans le dos. Ou plutôt d'avoir des fermetures devant les yeux ! Ma tête passe le col de mon débardeur sans effort et mes bras émergent des bretelles pour immédiatement se saisir de mon short en jeans. Je ferme la braguette sur mon ventre en provoquant quelques plis sur la peau de mon ventre et fourre le bas de mon débardeur dans le short pour le coincer dedans. Ainsi, le souffle de la vitesse n'aura pas accès à mes côtes sur le vélo.

Il ne reste que mes chaussettes qui ont se sont faufilées parmi les draps. Avant de plonger hors de ma chambre, j'attrape au vol mon gilet rouge, car il y a toujours une petite brise qui souffle dans le massif des Vosges. Je l'enfile dans l'élan qui me pousse à dévaler les escaliers et je sens le tissu battre mes côtes. Je saute la dernière marche, fais un crochet par la table basse du salon, sur laquelle j'avais laissé la casquette noire qu'Achille m'avait prêté et file vers la sortie pour rejoindre le pseudo garage-remise. Les pieds sur les graviers, je sens leurs petites pointes appuyer contre ma chair. Dans la précipitation, je suis sortie pieds-nus.

Je m'immobilise, le cœur battant. Chris est là, vérifiant la pression des pneus. David est adossé contre la façade en bois gris de la remise, l'air rêveur ou simplement déconnecté. Son sac à dos noir repose contre sa jambe. Ils ne sont pas encore partis.

— Luna ? m'appelle Achille en sortant de la vieille bâtisse. Tiens, j'ai de bonnes chaussures pour toi. Il ne faudrait pas salir les nouvelles.

Il s'approche de moi avec une paire de chaussures de marche dans une main, sa canne dans l'autre.

— Tu fais du combien ?

— Trente-huit, lui dis-je.

— Parfait. C'est une ancienne paire de Suzanne, mais elles sont encore en très bon état.

— C'est bon, on va juste faire un tour, pas une rando, maugrée Chris en boulonnant le gonfleur à pied au pneu du vélo suivant.

Je prends volontiers les chaussures des mains d'Achille et remarque, en les enfilant, à quel point je n'ai pas à le regretter. Elles sont si confortables que j'ai l'impression de marcher sur un nuage lorsque j'emboîte le pas d'Achille, qui s'engouffre à nouveau dans la remise. Je ne ressens aucun choc de mes pieds percutant le sol et elles sont si légères que c'est vraiment un bonheur de marcher avec. En fait, elles sont si agréables que je pourrais marcher toute une journée, rien que pour avoir le plaisir de bien me sentir en les ayant aux pieds. Certes, je flotte un peu dedans car je ne porte que de fines chaussettes d'été, mais j'ai noué les lacets jusqu'en haut, au niveau de mes chevilles, si bien qu'elles me tiennent parfaitement aux pieds. Du pur jus de confort. Tout a été pensé pour que ces chaussures de marches soient agréables, efficaces, adaptables. Pourquoi toutes les chaussures ne peuvent-elles être conçues de la même façon ?

Achille me perd dans les méandres des étagères. Il y a tellement de choses accumulées sur les rayons, d'outils accrochés aux murs, d'objets entassés dans des boîtes à chaussures que mon cerveau est assailli d'un trop plein d'informations. Le bâtiment, adjacent à la maison, dispose même d'une petite mezzanine, où encore plus de choses sont entreposées. Un escalier raide comme la montée d'un grand huit permet d'y accéder.

Achille m'emmène dans un coin de la pièce où des cagettes en bois rongé sont amassées, contre un pan de mur recouvert de poussières. Il pose sa canne contre l'établi et je remarque que ce n'est pas la même que celle qui l'accompagnait lorsque nous l'avons rencontré. L'autre était sombre avec le dessin du luminaire gravé sur la chair claire du bois ; celle-ci est d'une teinte plus claire, ornée d'une tête de loup sculptée à même le pommeau. Il se penche et commence à déplacer la pile de cagettes. Je l'imite après l'avoir vu bouger la première et en quelques secondes nous avons fait émerger un V.T.T. de garçon, ceux avec la fameuse barre horizontale, dont on ne sait pas trop bien pourquoi elle indique un vélo conçut pour la masculinité. Je suis impressionnée par les importantes suspensions visibles entre les roues et le corps du vélo. Lorsque je l'empoigne par le guidon et par la barre latérale pour le sortir de la grange, je le sens léger comme peu de vélos bon marché le sont. Neuf, malgré la fine couche de poussière brune et le caoutchouc des poignées, altéré par le temps, fond un peu sous mes mains moites de la chaleur d'été.

Lorsque j'essaie de me retourner et de débloquer le vélo d'entre les étagères, je le cogne un peu partout dans mon sillage, si bien que je fais tomber une boîte de vis et de boulons, miraculeusement fermée, qu'Achille redresse après mon passage. Me heurtant encore à quelques meubles, je parviens tout de même jusqu'au parvis de la maison, où Chris finit de gonfler le dernier pneu. Je pose mon vélo à côté des deux autres. Mes mains sont noires de crasses. Naturellement, je les essuis contre mon short pour enlever cette désagréable sensation de « seconde peau » collante. Chris se relève en retenant un commentaire sur mon super V.T.T. tellement cool. Je le vois à sa manière de jauger le vélo, de passer son regard vert sombre sur moi et de dévisager Achille, tout en paraissant silencieusement contrarié. Oui, j'ai un meilleur vélo que lui, il ne va pas pouvoir me semer facilement sur les routes de campagnes.

David, s'approche, daignant se détacher, d'un coup d'épaule, du mur de la maison qui servait de maintien à sa colonne vertébrale ramollie par l'adolescence.

— On échange ? me demande-t-il sans y croire lui-même.

— Même pas en rêve, prévins-je avec un sourire qu'il me rend.

— Vérifie la pression des pneus, me conseille Achille en arrivant à ma suite.

Sans un mot, Chris me passe la pompe à pied dont il a terminé de se servir et disparaît dans la maison. Achille en profite pour me montrer calmement comment fonctionne le gonfleur, car je n'en ai jamais utilisé, pas même des pompes à vélo manuelles. Je m'attache d'abord les cheveux en une queue de cheval sommaire, basse, pour qu'elle puisse rentrer dans le passant de la casquette.

Lorsque que je fixe l'embout du cordon sur celui de la chambre à air du pneu avant, qui laisse échapper un petit « pschitt », Achille m'indique jusqu'où l'aiguille rouge dans le cadran de la pompe doit monter, pour donner suffisamment de pression. J'appuis sur la pédale du gonfleur tout en entendant l'air s'insuffler dans le pneu et plus je pompe, plus la pédale résiste à ma force.

— Trois bars, m'apprends Achille. Avec ça, tu vas voler.

Je m'empresse de détacher l'embout du cordon par un coup sec, afin d'éviter que trop d'air ne s'en échappe et je réitère la même opération pour la roue arrière. Ensuite, je règle la selle à ma hauteur et Achille m'aide par un coup brusque final de la main pour la redresser parfaitement et qu'elle soit bien dans l'axe du cadre du vélo. Il assiste David de la même façon, qui n'arrive pas à maintenir sa selle droite en même temps que de serrer le fermoir autour du tube de métal.

Chris revient avec un sac à la main dans lequel il glisse une bouteille d'eau d'un litre et demi. La porte de l'entrée de la maison claque dans son dos tandis qu'il descend rapidement les marche du perron. Il atterrit sur les graviers dans un léger nuage de poussière sèche, qui s'insinue dans ma gorge, en nous demandant si nous sommes prêts à partir. En trois tours de mains, il règle sa propre selle, sort de sa poche arrière une clé plate sortit de nulle part et parvient à augmenter la hauteur de son guidon, en desserrant un boulon. Il la confie ensuite à Achille, qui avait déjà ramassé la pompe à pied et qui assure qu'il va tout ranger lui-même dans la remise. Il nous laisse donc partir, sous les auspices de son regard bienveillant. Nous nous élançons sur l'allée de graviers, les garçons avec des sacs sur les dos pour faire je ne sais quoi et moi à leur suite, avec ma casquette sur la tête pour seul accessoire.

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