Le château était silencieux, la ville aussi, la lumière s'était tarie derrière les vastes montagne et l'équipe était dissimulée au complet dans l'écurie. Il allait être temps pour Thana d'aller prendre la vie du roi et remplir sa mission. Il y avait deux gardes devant la porte restée entrouverte, heureusement que celle-ci l'était car elle devait peser vraiment lourd vu qu'on disait dans les rues qu'elle nécessitait la force de cinq homme pour être ouverte. Symon et Aloïs s'en chargèrent donc, une élimination furtive par derrière, le métisse se chargea de celui de droite et son équipier de celui de gauche. La jeune femme admira d'ailleurs leur synchronisation sans faute, c'est à peine s'ils avaient besoin de se regarder pour se comprendre.

Une fois le chemin dégagé, elle n'eut plus qu'à s'avancer discrètement dans la grande salle. Devant le couloir il y avait un autre garde, celui-ci somnolait, elle prit un os qui traînait dans une assiette et le lança à l'autre bout de la salle en se cachant sous la table. Diversion efficace, alerté par le bruit il se déplaça, elle gardait malgré tout les yeux rivés sur la salle en avançant à reculons dans le corridor. Une main attrapa soudainement son bras.

- Alors, où vas tu ma grande ?

Ses yeux s'écarquillèrent, son corps se pétrifia de surprise et de terreur. La personne qui lui tenait le bras d'une poigne de fer, c'était le roi Alastark en personne. Il faisait facilement une tête et demi de plus qu'elle, certainement une quinzaine de kilos de plus aussi. Son regard froid et menaçant accompagné de son sourire malsain aurait de quoi faire trembler n'importe qui.

- Pas de réponse ? Eh bien ne serait-ce pas toi qui à tenté de me faire paralyser ? Ma pauvre, même si cela avait fonctionné il aurait fallu que j'ingère une dose létale minimum pour en ressentir les effets. Je crois que toi et tes amis vous me sous-estimez. Gardes !

Les hommes en armure répondirent à son appel, il fallu moins de vingt secondes pour qu'elle se retrouve encerclée, le roi la poussa alors au centre du cercle avec un rire malveillant. Puis il leur ordonna précisément de se débarrasser d'elle et des autres gêneurs. Certes ils l'avaient sous-estimé, mais lui aussi venait de faire une terrible erreur en sous-estimant une tueuse à gage.

- Mes plus sincères condoléances à ceux qui ont des familles et qui ne les reverront jamais. Murmura t'elle en dégainant une dague de sa ceinture.

Les hommes lui rirent au nez, après une rapide estimation cela faisait onze ennemis. De toute ses forces elle envoya un coup de pied dans le thorax de celui qui se trouvait à sa droite, le pauvre s'écrasa au sol dans le bruit de fracas de son armure. Les autres cessèrent de rire. Mais avant qu'ils aient le temps de réagir, elle recula d'un pas et écrasa violemment la gorge découverte du garde qui cracha une giclée de sang. Deux premiers  chargèrent avec leurs épées, suivit d'un troisième, l'esquive fut un peu ardue mais elle parvint à se baisser pour balayer les deux premiers qui tombèrent, le troisième se fit poignarder à l'abdomen, pile entre le plastron et les jambières. Pas le temps de respirer que deux autres s'approchent. Elle recula et un des gardes au sol saisit sa cheville, Thana tomba mais planta son arme dans sa main puis dans sa jugulaire, pareil pour l'autre, cela fait quatre en moins seulement elle était maintenant acculée contre le mur.

Pas le choix, il allait falloir utiliser sa capacité élémentaire. D'un geste de main, l'air de la salle se mit à tourner, emportant cinq gardiens sur son passage et avec une violence qui lui était rare, elle envoya la tornade contre le mur, un bruit métallique retenti, accompagné par le son d'os cassés. Il ne reste que deux personnes. Avant même d'avoir le temps de se tourner vers eux, une salve de feu frôla son bras. L'un d'eux serait élémentaire du feu ? Ce n'était pas prévu et cela complique les choses. L'adversaire envoya une flamme d'un geste de main et plus par accident qu'intentionnellement, elle en fit un aussi ce qui produisit un grand courant d'air qui se déplaça vers la gauche et dévia le feu sur son allié, il se mit à hurler, ses cris de douleur déchirant l'air. Affolé, l'élémentaire de feu n'eut pas le temps de voir venir son opposante qui lui asséna un coup de pied dans le dos pour le pousser, il prit feu lui aussi. La brune posa un genoux à terre pour reprendre son souffle mais quand elle releva la tête elle vit le roi fuir vers le donjon, sans doutes avait-il compris son erreur.

- Thana ! L'appela une voix familière.

Aloïs, Symon et Raven arrivèrent dans le couloir, elle avait mit trop de temps et le boucan les avait inquiétés. Ils furent légèrement choqués en débarquant sur le champs de bataille, mais elle était rassurée alors elle s'autorisa à lâcher un peu, s'asseyant au sol.

- Tu es blessée ? S'enquit Aloïs en venant la soutenir.

- Non ne t'en fais pas. Alastark a fuis dans les tours, il faut qu'on y aille.

- Tu en as fait assez, et tu n'es pas seule, alors pas de soucis, je vais aller finir le travail. Coupa Raven.

- Je viens avec toi. Ajouta Symon.

- Comme tu veux, mais soyez prudents... on ne sait pas de quoi il est capable.

Le vampire ne répondit rien et s'avança dans la tour du donjon aux escaliers étroits et dont la seule source de lumière sont les fines meurtrières. Au sommet de la tour, le ciel nocturne couvert laissait distinguer la silhouette du roi debout tout au bord d'un créneau. Il leva un bras et un éclair déchira le ciel, la pluie suivit brusquement.

- Je n'ai plus à me battre, je vous cède la place Raven. Mais avant cela... SOYEZ MAUDIT !

Il le regarda avec des yeux déchirés par la folies et cisaillés par des mèches de cheveux blancs portés par le vent. Puis l'homme glissa et se laissa tomber en arrière. Raven se rapprocha du bord et regarda en bas, suivi de Symon. Le souverain gisait sur le toit en dessous, comme une symbolique, il était empalé sur une croix de fer qui lui transperçait le ventre. La scène aurait écœuré n'importe qui d'autre.

- Vas-tu prêter attention à ses menaces ? Il était mage. Demanda le loup.

- Je ne prête attention à aucune menaces, je serais roi demain et bientôt nous domineront la plupart du territoire.

Il grogna frustré de n'avoir pu le tuer de ses mains et redescendit avec malgré tout le regard triomphant d'un homme qui a réussi. Mais jusqu'où réussirait-il ?