Chapitre 7
— Mademoiselle Harper ! Mademoiselle Harper !
— Oui madame !
Melody eut d'un coup l'impression de se réveiller. Si concentrée sur ses croquis, qu'elle crut se trouvait à mille lieues de l'atelier. La rouquine posa son crayon et déglutit, quand elle croisa le regard froid, limite glaciale de Stella. La blonde ne prononça pas la moindre parole, d'un signe sec du bras, elle lui désigna la personne juste derrière elle. Se levant d'un bond, Melody gratifia l'homme aux cheveux grisonnant d'un sourire jovial.
— Oh bonjour monsieur ! dit-elle enfin quand celui-ci lui tendit la main.
— Bonjour Melody. Oh ne vous dérangez pas pour moi, continuez !
— Oui, elle doit se remettre à l'ouvrage puisque pour l'instant elle n'a rien créé d'intéressant ! marmonna Stella entre ses dents.
— Vous disiez ? demanda James en se retournant vers Stella.
— Que son travail correspondait totalement aux attentes !
— Tant mieux ! dit-il avec un grand sourire. Vous voyez ma chère que vous êtes digne de ce poste.
Pendant que James échangea encore quelques convenances avec Melody, Stella souffla, rassurée qu'il n'ait rien entendu. Le sachant sourd et à moitié sénile, elle ne risquait rien. Mais une fausse manœuvre et tout ce qu'elle avait entrepris et ce qu'elle envisageait tomberaient à l'eau. Les secondes passèrent et Stella se dit que la complicité entre Melody et James durait depuis trop longtemps. Elle décida donc de couper court aux songes de la rousse.
— Bon monsieur, nous devrions peut-être monter dans le bureau de votre fils, il doit s'inquiéter.
— Oui, j'arrive ! Mais sinon où se trouvent les trois autres personnes que j'avais engagées avant mon départ ? demanda alors James en passant un regard furtif sur l'ensemble de l'atelier.
Une seconde, Melody espéra que l'ancienne mannequin ne puisse pas à répondre, prise de court. Malheureusement pour elle, Stella ne laissa rien transparaitre. Bien au contraire, un rictus de victoire apparut, comme si elle attendait cette question depuis le début.
— Nous avons été contraints de les remercier...
— Ah bon ?
— Mais ils avaient un vrai talent ! répliqua Melody spontanément.
Avant de partir, Stella ne cacha pas sa fureur. Sachant que la blonde allait sans doute lui faire regretter ses propos, Melody baissa les yeux et se remit au travail. Un rictus satisfait sur le visage, elle se rapprocha de James et le prit par le bras, pour le mener vers la sortie.
— Ne croyais pas les paroles de mademoiselle Harper ! Une fois que nous les avons vus à l'œuvre, c'était une véritable catastrophe.
— Vraiment ?
James ne cacha pas sa surprise. C'est vrai qu'il n'était plus au top de sa forme, pourtant il avait toujours eu un don pour dénicher les perles rares.
— Ce n'est pas votre faute monsieur ! Ces gens ne voulaient que la reconnaissance, donc quand on leur a demandé quelque chose de bien spécifique... Disons que des enfants de cinq ans auraient fait de plus beaux croquis, insista Stella.
— Si vous le dites...
James ne cacha pas sa déception, certain d'avoir trouvé les bonnes personnes qui pourraient apporter leur aide à son fils. D'un petit geste amical, Stella tenta de le réconforter.
Alors qu'ils attendaient l'ascenseur pour monter jusqu'au dernier étage, aucun des deux ne remarqua la présence de Melody, désormais devant la porte de l'atelier, entendant tout ce qu'ils se disaient. Chaque mot qui sortait de sa bouche la rendait malade. Les trois autres personnes qui étaient parties avaient travaillé encore plus dur pour fournir un résultat digne de la maison. Pourtant, on leur avait quand même demandé de s'en aller.
— Et sinon, madame, comment se porte-t-elle ?
— Très bien, je vous en remercie. Vous devriez passer prochainement, ça lui ferait plaisir.
— Oh, monsieur, ça serait un honneur !
Le changement de comportement, soudain de Stella, fit bouillir Melody de l'intérieur. Si elle ne risquait que sa place dans l'agence, elle serait intervenue. Elle n'entendit pas la suite de la conversation, car les portes de l'ascenseur se fermèrent. Melody en profita pour se calmer. Ne pouvant rien faire de plus, elle retourna sur sa planche à dessin, triste et en colère. Elle tenta alors d'oublier que c'était grâce à cette même influence, que Stella avait réussi à prendre un nouveau poste dans la maison.
***
— Bah alors, c'est quoi cette tête ? demanda Lily en se posant devant le plan de travail de son amie.
— Rien...répliqua-t-elle en faisant un signe de la main.
— Arrête, je te connais, qu'est-ce qui se passe ?
Lily attrapa une chaise, s'installa à côté de Melody et tenta de trouver ce qui avait pu la mettre dans cet état. Son amie ne prononça pas la moindre parole, se contentant de contempler son croquis. Lily savait très bien que dans ce genre de moment, la brusquer ne servirait à rien. Elle devait la laisser parler d'elle-même. Après quelques instants à regarder dans le vide, Melody osa enfin se tourner vers Lily.
— Monsieur Wheel vient de partir...
— Et alors ce n'est pas bien ? Comment ça se fait que j'ai raté ça !
L'enthousiasme et la frustration de Lily remontèrent tout de suite le moral de la jeune femme. Elle rigola un bon coup avant de reprendre son sérieux.
— Il passait voir son fils, mais il m'a saluée.
— Oh c'est gentil de sa part. Je l'ai toujours apprécié cet homme.
— Attends, tu ne sais pas tout ! Il a demandé où travaillaient les autres employés qu'il avait embauchés. Elle a tout simplement expliqué qu'ils avaient été remerciés parce qu'ils n'effectuaient pas le travail qu'on espérait d'eux...
— C'est une blague ! hurla alors Lily en se levant d'un bond, de sa chaise.
— Etelle a réussi à se faire inviter chez eux, juste parce qu'elle a pris des nouvelles de madame.
— Si je croise cette fausse blonde, je lui fais bouffer sa perruque ! répliqua-t-elle le regard noir.
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