PDV Rín :

On était tous pétrifiés, sauf Zayla, apparemment.

Soudain, ses muscles se tendirent et elle fit un triple saut périlleux pour passer au-dessus de nos têtes avant d'atterrir devant Nora et de la gifler.

La coiffeuse semblait s'y attendre et ne broncha pas quand Z la bombarda de questions :

- Pourquoi n'es-tu pas revenue ? Pourquoi ne pas m'avoir dit une tu étais ici ? Pourquoi tu t'appelles Nora ? et puis, c'est quoi cette superbe coiffure ? Pourquoi t'as les cheveux bleus ? tu n'étais pas brune, avant ? Pourquoi tu as dit : « Oh pitié, cachez-moi » ? je suis si mal coiffée que ça ?

Zayla semblait sur le point d'exploser. Malgré la tension qui s'installait progressivement dans l'atmosphère, Noémie souffla :

- Oui...

- Comment ça ?

- Tu es VRAIMENT MAL COIFFÉE !

Tout le monde rit, ce qui rendit la colère de Zayla un peu moins palpable, mais Edwin semblait pétrifier, sans que je sache trop pourquoi. Sans attendre que la blonde riposte, Noémie se posta derrière elle et la poussa à l'intérieur de la boutique en disant :

- Hé oui, moi aussi je suis contente de te revoir ! en ce qui concerne tout ce que je n'ai pas fait, je peux tout expliquer ! enfin, la plupart des choses... je vais t'expliquer mais on va d'abord s'occuper de vos cheveux, on dirait qu'un oiseau a fait son nid dedans !

- C'est exactement ce que j'ai dit ! s'exclama Firín.

Noémie resta silencieuse pendant quelques secondes avant de déclarer avec un air dégouté :

- Mon dieu ! Je t'avais pas vu... comment je vais faire pour dompter le fumier qui te sert de cheveux, la carotte ?

- Le fumier... pouffais-je en même temps que Lyre.

- La carotte... pleurnicha le roux.

- T'as pas changée !

Je me retournai pour constater que Zayla avait déjà pris le premier siège pour se faire coiffer. Elle attendait ce moment depuis près de 5 ans, c'était compréhensible. Z avait beau paraître assez fâchée contre son amie, je savais qu'elle était plus heureuse que jamais.

Pendant que Nora/Noémie lavait les cheveux de son amie, elle nous expliquait ce qui s'était passé la dernière fois qu'elle s'était vue :

- Comme tu le sais déjà, une Ombre nous poursuivait et par miracle, on a réussi à lui échappée plusieurs fois, tu pensais que c'était une Ombre engagée par la famille d'une de tes victimes mais ce n'était pas ça...

- C'était Maman ! hurla Arthy en faisant sursauter tout le monde.

Ce gosse sait se faire tout petit et réapparaître aux moments cruciaux... il faut que je lui demande de m'apprendre cette technique ancestrale !

- Effectivement, repris-t-elle, c'était Rán et, bien sûr, elle a fini par me rattraper et me faire son sketch de super-méchante. J'étais terrifiée mais quand elle m'a demandé s'il y avait quelqu'un avec moi, j'ai dit non. Je savais très bien que j'allais mourir et mon Ombre ne m'étais d'aucune utilité, si je disais quelque chose, tu allais mourir aussi. J'avoue que j'ai fait devenir ses cheveux roses fluo pendant un moment mais...

- Rán ? l'interrompis-je en riant, avec des cheveux roses ?! Bwuahaha !

- Mais quand elle m'a tout expliquer, je les ai recolorés en noir. Je n'ai toujours rien dit sur toi, bien entendu, tu ne te laisserais pas faire et j'avais plus peur pour Rán que pour toi : tu peux être une vraie furie. J'ai commencé à réfléchir pour savoir comment te contacter mais plus le temps passait, moins je trouvais de solution et au fil des années, je me suis sentie honteuse et j'ai eu peur. J'ai arrêté d'essayer de t'envoyer un message et me suis plongée dans une folie obsessionnelle des cheveux.

Je me disais que mélanger toutes les couleurs des cheveux donneraient une couleur unique et chère à mon cœur.

Je voulais celle-là...

En disant cela, elle avait pointé les cheveux de Zayla dans le bac d'eau.

Les relations sont bizarres, ici...

Elle démêla ses cheveux, et les laissa séchés, pendant que Zayla lui racontait sa vie d'avant, son métier puis tout ce qui c'était passé après leur séparation. Puis la professionnelle demanda à Lylas de s'asseoir à un autre siège, elle renouvela l'opération et je me rendis compte qu'elle faisait passer les gens en fonction de la longueur de leurs cheveux : les plus longs séchaient moins vite que les courts.

Lyre fut la dernière à passer, quand elle eut fini d'enlever les nœuds qui s'étaient accumulés dans ses quatre centimètres de cheveux, la faisaient ressembler à un mouton, et s'occupa de coiffer les cheveux de Zayla.

En deux ou trois mouvements, lui fit un beau chignon avec deux piques à cheveux. Ensuite, ce fut au tour de Lylas, et ses cheveux redevinrent (« enfin ! ») châtains. Elle eut droit à une queue de cheval haute. Par contre, cette coiffure lui rappela sa vie au château, ça la rendit un peu triste au début, mais le sourire lui revint rapidement. Parce que, dès qu'elle courrait, ses cheveux balançaient dans un sens, puis dans l'autre, et elle était morte de rire.

Après ce numéro très intéressant, ce fut à mon tour. Noémie prit les cheveux devant ma figure et mes oreilles et les attacha derrière ma tête grâce à une pince, me donnant un air strict et me faisant ressembler à une VERITABLE adulte (ce que je n'admets toujours pas !). Edwin, quant à lui, se retrouva avec des cheveux hérissés en piques verticales (Dieu sait comment elle a réussi à les faire tenir comme ça).

Et Firín... ne se fit pas coiffés du tout : la coiffeuse semblait avoir une dent contre lui et il fut obligés de se battre avec un peigne et une barrette pour avoir une apparence a peu près présentable. Obi, dont les cheveux avaient poussé eut droit à une petite couette. Lyre regagna sa coiffure habituelle : cheveux peignés sur le côté droit, mais avec quelques jolies modifications, qui furent pourtant chères payées. Juste le fait que, pour réaliser ses (superbes) modifications, Noémie avait dû l'attaché avec de la (super) corde à son siège, pendant que Lyre, bâillonnée, hurlait :

- MPEUH... ARGH... Je ne t'ais jamais autorisée à faire ça ! JUSTE... PROPRES !

- Je fais ce que je veux avec ces magnifiques cheveux, répondait Noémie.

Je trouvais pourtant que ses cheveux court verts aux racines foncées donnaient un look génial sur la guerrière sans-Ombre. Elle semblait même penser la même chose. En fait, elle restait silencieuse, j'étais sûre qu'elle aimait cette nouvelle coiffure, mais n'était pas habituée à devoir remercier les gens.

Les réactions finales furent assez différentes : Zayla pleura pendant de longues minutes, Lylas se regarda dans le miroir comme si c'était une autre personne qu'elle voyait et en murmurant :

- Ari... Est vraiment mort alors ?

Edwin se regardait lui aussi dans le miroir dans une sorte de transe traduite par un : « qu'est-ce que cette folle a fait à mes cheveux ?! » pendant que j'étais morte de rire en le regardant avec Obi qui lui semblait très content de son sort.

On eut aussi droit à un relooking général, étant donné qu'on n'avait pas changé de vêtement depuis près de 3 mois, je sais, c'est horrible et dégoûtant. Surtout, j'avais toujours la même robe bleu foncé de théâtre qui était maintenant en haillons après ce que je lui avais fait subir.

On prit tous des vêtements de couleurs vives et chatoyantes allant avec nos nouvelles coiffures. Mais Edwin avait choisi un pantalon noir, des chaussures grises à lacets noires et un T-shirt noir qui avait des motifs de chaînes à fins maillons grises. Pour rigoler, je lui avais demandé :

- C'est l'enterrement de qui aujourd'hui ?

Il avait regardé tout le monde pendant plusieurs secondes avant de lâcher d'un air sinistre :

- Je n'ai pas encore décider.

Oopsy...

- Il t'a vraiment coupé le sifflet ! réagit une voix de mon cerveau, je donnerai tout pour voir ma tête !

- Arrête de rire de ta propre situation !

- Mon Dieu, je graverai sa dans ma mémoire comme le plus gros clash de ma vie !

Je bouillais de colère contre moi-même et criait :

- Tais-toi !

- Rín... ? demanda Obi en me regardant comme si j'étais un extraterrestre, ça va ?

- Bien sûr que ça va ! m'exclamais-je honteuse d'avoir montré ma folie en public, c'est le plus beau jour de ma vie !

- OK...

- Ce n'est pas comment ça que je pensais que tu réagirais à l'annonce d'un enterrement... dit Edwin avec un sourire sadique, Le plus beau jour de ta vie ? Je peux arranger ça si tu veux...

- Non, ça ira... merci...

Quand Lyre eut enfin choisi lequel des deux pantalons kaki qu'elle avait trouvé allait-elle prendre (et je persiste à dire qu'ils étaient identiques), Noémie revint vers nous en tendant la main :

- C'est pas gratuit !

- Tu veux combien ? demanda Zayla.

- Le démêlage, la coiffure et la tenue... réfléchit-elle, allez, je vous fais ça à un prix d'ami : 35 Saï !

- Merci, Nora/Noémie ! m'exclamais-je en la serrant dans mes bras.

- ... Par personne, continua la coiffeuse.

- C'était trop beau !

- Négociez le prix pendant que je vais voir avec Arthy si quelqu'un sait quand Rán va revenir, décida Edwin, il faudrait quand même qu'on sache combien de temps on va attendre.

Et sans attendre notre réponse, il sortit de la boutique avec le petit, accompagné du son cristallin des carillons.

- 20 Saï ? proposa Zayla.

- 34.

- 25 ?

- 3O, à la limite.

- 27 ?

- 29, c'est mon dernier mot.

- Vendu, grogna la blonde en fouillant dans les sacs, tu es toujours aussi dure en affaires.

- Il y a des choses qui ne changent pas, toi non plus d'ailleurs. Je dois noter ça ! Aujourd'hui 27 juillet, Zayla à réussi à faire baisser mon prix d'ami de 6 Saï !

Je tiltai à l'annonce de la date.

27 juillet...

Je souris, c'était la date où nous étions censés nous retrouvés après être aller au Désert des Roches, mais tout c'était passé si vite ; Rán, les O.P., Zayla,... Cela me rappela beaucoup de bons souvenirs. Mais vu ce qu'avait vécu Lylas et Edwin, ça ne devait être la même chose. Attendez ! Edwin...

Et M***** !

- Tu sais que tu n'es pas obligé de faire des étoiles dans ta propre tête ? me dit Petite Voix.

- C'est pas le moment, t'en as déjà fait assez pour aujourd'hui.

Pendant que j'avais une discussion mentale, Obi paniquait :

- C'est son anniversaire et on n'a même pas de cadeau !

- L'anniversaire de qui ? demandèrent Firín et Lyre en même temps.

- Edwin !

- ARGH ! m'écriais-je, comment on va faire ?!

- Tout le monde se calme ! réclama Noémie, enfin surtout Rín... on a tout le matériel ici pour un cadeau.

Effectivement, la boutique regorgeait de vêtement et on avait une coiffeuse à disposition pour réarranger sa coiffure qui n'avait pas l'air de trop lui plaire.

- Je propose de lui prendre un vêtement comme un bonnet ou un bracelet, proposais-je.

- Pourquoi ne pas tout simplement lui refaire une autre coiffure ? demanda Firín, il n'avait pas l'air d'aimer la sienne.

- Je sais, avouais-je, mais il est tellement drôle avec sa tête de hérisson blasé de la vie !

- Pas faux, rigola la coiffeuse, en plus, le produit avec lequel j'ai fait tenir les cheveux ne fait effet que trois semaines grand max et part à l'eau.

- Parfait ! m'exclamais-je, Prêts pour la course ? on prend quelque chose pour lui et on se réunit pour voter pour le meilleur cadeau. Prêt ? Feu... Partez !

Les bons joueurs s'élancèrent à pleine vitesse dans la boutique et les autres (dont je ne citerais pas les noms (N'est-ce pas, Lyre ?)) s'assirent en comptant sur notre choix parce qu'ils n'avaient pas envie de courir partout.

On opta finalement tous pour une veste en laine et nous cachâmes en attendant Edwin.

Quand il arriva, je me jetai sur lui en hurlant :

- Joyeux anniversaire !

Avant de lui couvrir les yeux avec les mains. Il se laissa faire avec un petit sourire, comme s'il savait qu'on allait faire quelque chose de débile. Je lui mis la veste entre les bras et dit :

- Devine ce que c'est ! mais sans ton Ombre sinon c'est pas du jeu.

- Hum... dit-il en tâtant le cadeau, une veste ?

- Nooon ! mentis-je avec un rire nerveux avant de me retourner vers Firín et d'articuler silencieusement, Trouve autre chose.

- Je sais pas quoi prendre ! répondit-il en bougeant les lèvres silencieusement.

- La première chose qui passe !

Il me lança quelque chose et je l'échangeai discrètement mais je crois quand même qu'Edwin l'a su. Dès que mes yeux se posèrent sur ce que je lui avais mis dans les mains, je dus réprimer un fou rire : il allait être surpris.

- Je sais pas, dit-il après avoir retourné le cadeau dans tous les sens.

- 1... 2... 3 ! m'exclamais-je en ôtant mes mains de ses yeux, Joyeux anniversaire !

Et on éclata tous de rire, incapables de nous retenir plus longtemps : entre les mains d'Edwin se tenait une longue écharpe arc-en-ciel, belle et soyeuse.

- Obligation de la porter ! intervint Lylas, rouge d'avoir ri.

- QUOI ? s'indigna l'adolescent, VOUS N'ETES PAS SERIEUX ? ON EST EN JUILLET ET CETTE CHOSE EST HORRIBLE !

- On l'a choisie exprès pour toi ! protestais-je ironiquement entre deux fou rire

- Rán reviendra demain pour organiser la construction, on lui a envoyé un serpent, soupira-t-il en mettant l'écharpe à contre cœur avant de sortir en murmurant quelque chose presque inaudible à cause du son des carillons, Merci.

Je m'arrêtai de rire instantanément.

Est-ce qu'Edwin vient réellement de nous remercier ? Pour une écharpe arc-en-ciel ?

Personne d'autre ne semblait l'avoir remarqué.

Je fis comme si de rien était, me baladais avec mes amis dans la ville avec Arthy sur les épaules d'Edwin qui semblait ne plus vouloir redescendre.

Le soir, on dormit encore dans la maison de Rán en créant encore une fois un nid avec toute les couvertures, oreillers et draps qu'on avait trouvés. On était serrés, des baffes partait sans préméditation quand on dormait mais c'était chaleureux et personne n'a fini étrangler quand Firín a mit un coup de pied à Lyre.

Le lendemain, ce fut Rán qui nous réveilla en rigolant devant un spectacle hilarant : Lyre et Zayla dormaient en formant un + parfait, Obi avait le bras sur la tête de Lylas qui me mettait ses cheveux dans les yeux, moi je faisais l'étoile et Arthy, accroché à Edwin comme un koala, essayait d'emmêler le plus possible (en faisant SEMBLANT de dormir) les cheveux du pauvre adolescent, qui n'avait rien demander.

En me réveillant, j'éternuais dans les cheveux de Lylas qui s'écria de façon théâtrale :

- Beurk ! Mmes beaux cheveux châtains ! pas de tomates pour toi !

- NON ! TOUT MAIS PAS CA !

- De toute façon, si tu continue à en manger aussi souvent tu vas avoir une intoxication alimentaire !

- Occupez-vous du plus important, protesta Lyre, je ne sens plus mes pieds !

- C'est les miens que tu tords dans tous les sens, idiote ! dit Zayla.

- Ah...

On se leva et prit notre petit déjeuner après lequel Rán se leva soudainement en hurlant et en levant un cookie vers les Cieux (Personne n'a jamais su d'où elle l'avait sorti, alors n'essayer pas de deviner, elle a 200 serpents à son service au cas où vous trouvez la bonne réponse) :

- La mission « Sauvez-les-Ombres-en-créant-des-chauves-souris-pour-humains-et-obtenir-la-recette-secrète-de-cookies-de-Héclaïr » commence !