{Chapitre 26} Monstre...
PDV Lylas
J'étais perdue, complètement perdue.
Qu'est ce qui se passe ?
Edwin était pâle comme un linge et je ne comprenais pas non plus.
J'étais tellement absorbée dans mes pensées, que je n'ai même pas remarquer que l'on avait passé la frontière et d'un coup, on se retrouvait devant un palace blanc et rouge où les gens souriaient et s'amusaient.
C'est ici que je vais mourir ? ça a l'air plutôt joyeux...
Les deux Ombres qui nous gardaient remirent leurs capuches et placèrent un drap blanc sur nous.
- Ne dites rien ou sinon je m'arrangerais cette fois pour que vous ayez la mort la plus lente et douloureuse que l'on connaisse, menaça la cavalière.
On fit ce qu'elle avait dit, on se tut pendant que l'on traversait la cour et que les encapuchonnés disaient à tous ceux qui passaient que c'était une livraison spéciale pour le Pape, ce qui n'était pas totalement faux. Je mourrais d'envie de me relever en criant à l'aide mais je savais que ça ne m'apporterait que du mal. Et accessoirement que c'était sûrement une action incroyablement bête, étant donné que je n'avais pas toutes les cartes en main.
J'ai d'abord cru qu'on irait directement voir le Pape, pour qu'il annonce la sentence mais en fait non, sa Majesté était bien trop occupée...
- De toute façon, c'est pas comme si vous alliez vous enfuir en courant sans connaître le chemin dans un palais qui grouille d'assassins, avait ajouté la femme-serpent.
D'assassins ? ais-je pensé à tous les gens heureux que nous avions croisé. Elle nous a jetés dans une même cellule et a confié notre garde à Ari pour sa première mission officielle. Je comptais bien me servir de lui, même si ce n'était pas honnête. On pourrait l'emmener avec nous, lui connaissait sûrement le palais. Mais d'abord, il fallait que je parle d'urgence à Edwin, c'était maintenant vital pour la survie de notre groupe.
Je lui demandai :
- C'est quoi cette histoire ?
- Je sais tu dois te sentir perdue, compatissait-il, mais...
- MOI ? l'interrompis-je, perdue ? Noooonn ! Je ne sais même pas si ce que je vois n'est pas un rêve tellement c'est tiré par les cheveux.
- Ok, commençons par le commencement, commençais-t-il.
- Oui, ce serait par là qu'il faudrait commencer, ironisai-je.
- Ma famille et ta famille, on s'était rencontrés par hasard et on avait décidé de cheminer ensemble sur les routes.
- Attends, attends, l'interrompis-je encore une fois, QUOI ?
- Tu vas me laisser finir, oui ?! demanda-t-il, exaspéré, on incroyablement fort, très fort et on avait même plus besoin de se cacher : personne ne voulait se mettre en travers de notre chemin et ceux qui essayaient n'en revenaient pas ou ne s'en souvenait pas. On était trop puissants et insouciants, et idiots, notre propre mode de vie s'est retourné contre nous...
- Laisse-moi digérer ça déjà, suppliais-je.
- On n'a pas le temps, objecta Edwin, mon père, qui étais un humain a eu peur de nous. Nous sémions le sang sur notre passage, maintenant, je comprends bien pourquoi il a pactisé avec le Vieux ou le Pape, comme tu veux. Il nous a emmené dans une église pour nous « montrer une vieille amie » qui pourrait nous aider.
- Et c'était la Mort, disais-je d'un air sinistre avec un rire nerveux pour me calmer.
- C'était le cas.
- Pardon ?
- C'était un guet-apens, des centaines de soldats nous attendait et dès qu'on ferma la porte de l'église, il se jetèrent sur nous, continua-t-il sans prêter attention à ma remarque et en prenant un ton qui s'accélérait petit à petit. Ta famille : ton oncle, ta mère, ton frère et ton père furent tués après quelque minutes de combat.
- Qui ? l'interrogeais-je pris de court, qui les a tués ?
- Ton père et ta mère ont été tué par des soldats, par contre, ton frère et ton oncle sont mort empoisonnés par elle, la femme aux écailles ébènes.
Au fur et à mesure qu'il me parlait des images me revenaient en tête, je voyais mon frère et mon oncle à terre, mourants, une morsure de serpent au niveau du cou.
- A ce moment tu as hurlé et tout le monde s'est arrêté de combattre, tu les a regardé en disant : « Disparaissez ! » et la salle s'est remplie des roses rouges qui poussaient dans le jardin de l'église. Seuls moi, ma mère qui portait Artémis, ma petite sœur et la femme-serpent avons été épargnés par les épines. Puis les fleurs ont disparu, nous laissant devant une pile de cadavres, on a cherché ton corps mais tu avais disparu, emportée par les plantes.
- J'ai tué tous ses gens, dis-je en ne me rappelant plus que les cris que les soldats avaient pousser avant leur mort, ils ne faisaient que leur travail, suivre les ordres.
Je tombai des nues, me rappelant tout, dans les moindres détails. Impossible... Le visage pâle de mon frère, figé dans le temps et dans sa dernière expression de terreur, ses cheveux châtains bouclés flottaient autour de ses épaules. Son T-shirt émeraude se faisait transpercer par de longues épines, entourées de pétales rouges de sang.
Les épines empalèrent deux soldats qui se jetaient sur moi. Monstre... Tu t'es caché, et tu as lâchement oublié ta famille et tes crimes... Voilà ce qu'avait dû penser Edwin tout ce temps.
Pourquoi ne pas faire pareil avec eux ? Tu as failli l'avoir l'aut'serpent la dernière fois.
Me soufflait une voix dans ma tête. C'était vrai, j'étais déjà un monstre de toute façon, un monstre fait de racines, de fleurs, un monstre caché sous une enveloppe en coton. Une vie de plus ou de moins, cela ne changerait rien à la loi du Monde.
Depuis combien de temps je réfléchissais ? Cinq minutes ou cinq heures ?
NON ! me suis-je hurlé à moi-même sans savoir si je l'avais juste pensé ou bien dit à voix haute. Une vie en représentait bien plus, et j'étais bien placée pour le savoir. Si j'abandonnais, ça voulait dire que je ne me rachèterais jamais, et que je resterais une traîtresse envers mon peuple et une horreur aux yeux de mes amis et de toute créatures vivantes.
Si j'abandonnais, cela voudrait que le Pape aurait eu raison d'avoir peur de nous, de nous tuer, de nous enfermer et de nous exiler.
Un sourire se dessina sur mes lèvres. Il n'était ni sadique, ni forcé, c'était juste un sourire, je ne sortirais pas Edwin de cette situation en pleurnichant. Je pleurerais quand je serais libérée de mon pacte, sortir vivante de là, avec Edwin.
- Hmmm, dis Edwin en se raclant la gorge, c'est pas que je voudrais interrompre tes pensées mais tu fais flipper et je pense qu'on devrait partir, j'ai vu combien il y avait de détenus et ai récolter des infos sur eux.
- Oui, acquiesçais-je puis je me tournai vers le garçon aux cheveux bleus, Ari...
- Oui ? demanda Ari même s'il savait ce que j'allais lui demander.
- Tu peux encore te racheter, libère-nous, s'il te plait.
- Non.
- Tes parents seront fiers de toi, tentais-je.
- Ils sont morts. Par ma faute.
- Tu peux me raconter, dis-je devant le regard surpris d'Edwin, de toute façon, puisque tu ne nous feras pas sortir, je vais mourir. Je préférerais en apprendre un peu plus sur toi.
Il hésita, mais en y regardant de plus près, il avait dû voir en ma demande une séance chez un psychologue gratuite.
- Un jour, raconta le garçon aux cheveux bleus dans un soupir, on s'est fait prendre par l'armée. Je me suis défendu en utilisant mon Ombre, pourfendant plusieurs soldats mais quand mes parents sont morts, j'ai été paralysé et me suis fait emprisonner... ensuite, on m'a amené dans une pièce, je voyais un homme juste devant moi, enchaîné au sol qui appelais à l'aide. Rán, la femme-serpent, est arrivée dans la pièce et tous ses serpents se sont jetés sur l'homme, le dévorant peu à peu, à la fin, il ne restait plus que des os. J'ai eu peur et ai accepté la proposition du Pape.
- Alors, tu peux te racheter, même si tu meurs, lui répondis-je, tu rejoindras tes parents et ils seront fiers de toi.
- Oui, dis Ari d'un air rêveur, Maman et Papa, j'arrive.
Il se leva et ouvrit nos deux portes, comme dans une transe.
- Merci, le remerciais-je en sortant.
Soudain, Rán sortit de l'ombre.
- Traitre, cracha-t-elle avant de se jeter sur nous.
Le garçon aux cheveux bleus s'interposa entre elle et nous, l'étreignit et fit pousser ses ongles de manière à transpercer la femme-serpent et la retenir.
- Je vais la retenir, déclara-t-il, suivez les murs dotés d'une seule ligne rouge, c'est par là qu'est la sortie.
Pendant qu'il prononçait ces paroles, je voyais son corps se recouvrir de serpent qui le mordait.
- Ari ! criais-je pendant qu'Edwin m'emmenait vers la sortie.
- Adieu, fille des fleurs, et garçon des airs, nous dit-il pendant que des serpents s'engouffraient dans sa bouche, déchirant ses joues et gencives.
On ne voyait plus rien du garçon, seulement une masse de serpents et, derrière ça, une femme au visage écailleux qui hurlait de rage, transpercée par des ongles qui ne cessaient de pousser. C'étaient des larmes, qui atterrirent sur mon visage en éclaboussant mes joues... Edwin... il pleurait...
Mon ami, me tirait, me tournant le dos, pour partir en direction des murs dotés d'une ligne rouge. Une pensée surgit dans mon esprit :
Est-ce qu'Edwin est vraiment capable de pleurer ?
Je repassais vite sur ce que je venais de penser. Edwin n'était pas qu'une coquille vide d'émotions, il voulait juste en donner l'impression pour être moins influençable, mois s'attacher, et être moins trahit, mais après tout, il était humain. Je persistais bel et bien à le croire, même si je me faisais peut-être des illusions, et que notre continent tentait de faire comprendre le contraire...
Puis une autre pensée fit rapidement son chemin jusqu'à mon cerveau en pensant à la société :
Est-ce que le Pape est vraiment au courant de tout ça ?
_______________________________________
Salut les Ombres !
Aujourd'hui j'ai fait un chapitre très long, 1604 mots, encore merci à ma soeur pour avoir rajouter du drama (elle va me tuer quand elle va voir que j'ai écrit ça),
Et merci à vous pour votre lecture !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro