PDV Rín

- Je ne comprends pas, le cheval avait bien dit : « aller dedans, vous verrez, c'est très bien indiqué », répétais-je en marchant.

- Ben, fallait y aller avec une bougie !

- Vous n'aviez qu'à me le dire, bougonnais-je.

- Comment on pouvait savoir ! En arrivant devant, tu nous a juste dit : « Entrez » et vu que tu avais l'air confiante, on t'a suivie !

- C'est pas le moment de se disputer, il faut trouver comme sortir de ce trou à rats !

Pardon, vous ne devez pas savoir ce qui se passe, pour bien comprendre, nous allons retourner quelques heures en arrière.

ZZWWWWIIIIIP *bruit du retour dans le passé*

On marchait vers la capitale de Moïra, je m'étais transformée en cheval pour porter Lylas qui n'avait pas l'habitudes des grandes marches, quand on a rencontré un paysan conduisant une charrette pleine de foin sur notre route :

- Oh, monsieur, où est-ce que vous allez comme ça ? demanda Obi un peu ennuyé du silence que nous offrait les longues heures de marche.

- Je vais à Rayn ! dit le paysan en arrêtant sa charrette.

- Nous aussi ! m'exclamais-je, mais nous n'allons pourtant pas dans la même direction.

- Par quel chemin allez-vous ? s'informa l'homme.

- Les montagnes, répondit Lylas.

- Malheur ! s'écria le paysan, faisait sursauter tout le monde, ce chemin est plein de gouffres sans fond et de falaises abruptes ! Le chemin du Diable !

Dans les cris de l'homme j'entendis le petit rire du cheval :

- Quelle jérémiade ! il joue bien la comédie le vieux Joe.

- Il joue la comédie ? lui demandais-je dans un hennissement.

- C'est vrai ce qu'il dit mais il y va souvent, et il n'a pas peur du chemin.

- Il arrive à aller à Rayn sur ce chemin ?

- Non ! mais il connait un raccourci, tourner à droite, à gauche et encore à gauche aux croisements prochains, c'est un petit chemin et puisque personne n'y va, le vieux Joe a mis des panneaux, il perd un peu la mémoire. Maintenant, il n'y va pas parce que le chemin est trop petit pour une charrette mais allez-y, c'est très bien indiqué. Vous verrez au début c'est très étroit mais après ça devient assez large, même si c'est à flanc de falaises.

- Merci !

- De rien, je suis honoré d'avoir aidé une métamorphe, puis en voyant mon air étonné, il continua, on ne croise pas une jument avec une pierre bleue enfoncée dans le front tous les jours.

Pendant notre conversation, mes compagnons avaient réussi à calmer Joe qui était reparti en nous conseillant de changer chemin. J'attendais qu'ils ne puissent plus nous voir avant de me retransformer (en laissant Lylas tomber par terre) et de leur raconter tout ce que j'avais entendu.

On fit comme le cheval nous avait dit et nous sommes arrivés devant l'entrée d'une grotte, j'ai dit :

- Entrez.

La grotte était sombre et après le premier tournant on était perdu et on arrivait même plus à retrouver l'entrée. C'est à se moment là que la conversation à commencer.

- Tu pourrais utiliser ton Ombre, Obi, suggéra Edwin.

- Pour faire quoi ? effacer la mémoire de cette grotte ? demanda Obi, très énervé.

- Non, mais tes yeux brillent quand tu l'utilise...

- Je crois que c'est le pire plan que j'ai jamais entendu de ma vie, avouais-je.

- Tu pourrais te transformer en luciole, Rín, proposa Lylas.

- Je n'ai jamais vu de lucioles, désolé, je ne peux pas copier leur forme, m'excusais-je, mais toi, tu ne pourrais te faire guider par les plantes ?

- Quelles plantes ? il n'y a rien qui pousse ici.

- Ça m'énerve ! cria Obi, laissant l'écho se répercuter dans la grotte, j'ai des yeux de chats et je ne vois même pas dans le noir !

Une ampoule sembla s'allumer au-dessus de ma tête et des deux adolescents à mes côtés.

- OBI, TU ES UN GENIE !!! ais-je crié en même temps que Lylas et Edwin.

- Euh... merci ? dis Obi, pris de court.

Sur ces mots, je transformais mes yeux pour qu'ils prennent la faculté des chats : voir dans le noir. J'ouvrais les yeux et fus assez surprise : je m'attendais à voir comme en plein jour. Au lieu de ça, je ne distinguais seulement les contours des galeries, même un chat n'avait pas assez de lumière pour bien y voir dans ce lieu sinistre.

Je vis ce qui ressemblait à un panneau grossièrement taillé dans la roche. Heureusement qu'il était taillé, sinon, je n'aurais pas pu voir que s'en étais un et Lylas n'aurait pas pus le lire simplement en passant la main dessus.

- « Tourne à gauche dans 50 mètres, Joe, il n'y a pas quelqu'un qui te suis c'est juste le pas du cheval » lu Lylas à haute voix, On dirait que ce Joe était assez stressé dans le noir.

Chaque panneau portait toujours une indication de la sorte et une petite phrase rassurante. J'avais presque pitié du Vieux Joe. Comme le cheval me l'avait indiqué, on sortait de la grotte sur un chemin assez large mais quand il disait á flanc de falaise, je ne m'imaginait pas que si on tombait du chemin, on atterrirait 2000 mètres plus bas, se fracassant le crâne (et le reste du corps d'ailleurs).

La suite du voyage se poursuivie sans le silence, chacun essayait d'évaluer ses capacités et de surmonter ses doutes. Le plus dur était pour Lylas, n'ayant jamais vu la Mort ou été prise dans un combat.

- Y a une chose qui me tracasse... commença Obi.

Tout le monde (sauf Obi) sursauta et je lui cria :

- Tu nous as fait peur ! tu ne peux pas prévenir avant de parler ?!

- Euh...

- Tu sais quoi ? Ne répond rien, j'ai dit quelque chose de stupide.

- Pour le coup, on est tous les deux d'accord.

- En fait, tu voulais dire quoi ?

- Je disais : il y a quelque chose qui le tracasse : comment ça se fait qu'on n'a pas un physique normal ?

On le regardait tous en attendant qu'il développe et voyant tous les regards braqués sur lui, il a dit :

- Je veux dire : est-ce que vous avez croiser une albinos avant Rín ? ou un gars aux yeux de chats avant moi ?

- C'est vrai, tu as une explication, Edwin ? demandais à celui que je surnommais dans ma tête : le Gardien des Ombres.

- En fait... comment expliquer ça simplement ? réfléchit Le Gardien des Ombres à haute voix, disons que les Ombres sont séparées en différentes familles, qu'on appelle des clans. Pour distinguer ses clans, on regarde justement les physiques particuliers. Par exemple, toi, Obi, tu as des yeux à pupilles fendues comme les chats, ça veut dire que quelqu'un de ta famille avait la même particularité. Ça peut aller d'avoir un troisième œil à avoir juste une tache de naissance à la forme bizarre. Par contre, je ne vois pas ce qui peut révéler ton ascendance avec un certain clan, Lylas.

Pour toute réponse, Lylas s'arrêta de marcher, s'assit sur un rocher et enleva sa chaussure. Elle remonta son pantalon de camouflage à ses genoux, nous montrant une marque noire sur sa jambe droite. Cette marque s'enroulait autour de sa jambe en spirale, en partant de sa cheville et en finissant derrière son genou.

- J'ai toujours pensé que ça avait un rapport avec mon Ombre... dit Lylas toute gênée devant les trois paires d'yeux virés sur elle.

- Une particularité discrète, mais tellement classe... pensais-je à voix haute avec une touche de jalousie.

- La chance... soupira Obi.

- Et toi, Edwin, c'est quoi ta particularité ? demanda Lylas, tu as l'air de quelqu'un de tout à fait normal.

Edwin pris un air hésitant et repris finalement sa marche sans un mot, laissant tout le monde en plan.

Qu'est-ce qu'il a ?