2 - L'Étranger
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque l'Étranger se leva. Il détestait devoir se lever tôt, mais le faisait d'habitude car c'était une nécessité. Ce jour-là, il pouvait s'octroyer un petit repos supplémentaire car il avait dormi en sécurité.
L'Étranger mangea un peu, enfila sa veste, s'équipa de ses armes, puis récupéra son cheval aux écuries de la ville, pour la traverser et en sortir.
Le petit village de Stayar était désert. La guerre avait fait fuir tous les habitants, qui s'étaient réfugiés au nord ou à l'est. Les soldats d'Ibensu étaient arrivés peu après, et avaient pillé ce qui n'avait pas pu être transporté et qui avait un tant soit peu de valeur. Ils avaient ensuite établi leur campement à l'écart du village, et devaient reprendre la route deux jours plus tard.
Ils n'étaient jamais repartis : l'Étranger les avait tous éliminés.
De l'escouade de quarante hommes, ne restaient que des tas de cendres encore fumants, et quelques cadavres qu'il avait laissé pourrir, car il se fichait de leur vie autant que de leurs corps. Les soldats étaient impitoyables ; l'Étranger l'était tout autant.
On l'appelait "l'Étranger" car les gens qu'il rencontrait voyaient bien qu'il n'était pas de leur région : son accent curieux, son chapeau à larges bords, sa longue cape et ses manières rudes lui valaient d'être traité comme un étranger, et ce, où qu'il aille, c'est-à-dire partout.
Cependant, il n'avait aucune considération pour les hommes ; il prenait une vie, en épargnait une, et cela, indifféremment. Il n'avait donc cure de toutes les rumeurs qu'il laissait derrière lui... L'une d'elles disait que son objectif était de protéger le temple de Sogar des voyageurs. C'était idiot : pourquoi vagabonderait-il alors de par le monde ? Non, en réalité, il cherchait ce temple, afin de mettre fin à la guerre qui ravageait le monde.
Il y avait de cela huit années, une entité s'était auto-proclamée maître de tous les pays de la planète. Son nom était Ibensu, Le puissant en Calvir. Venant du désert de l'Infini, à l'ouest du Calvir, ses troupes, les sarkaz, avaient déferlé sur ce pays, le conquérant en seulement six mois.
Les sarkaz n'étaient pas humains. Ils en avaient la forme, mais étaient noirs, d'un noir plus sombre que la nuit elle-même ; doués d'un instinct animal hors du commun, ils étaient de vraies machines à tuer : et lorsqu'on leur mettait une arme entre leurs mains, leur adversaire n'avait plus qu'à prier pour rester en vie.
Ils étaient également supportés par des humains mercenaires, qui se battaient très bien du moment qu'on les payait, mais qui se défilaient à la première occasion lorsque l'or venait à manquer. C'était un contingent de ce genre que l'Étranger venait d'exterminer.
Leur chef et maître, Ibensu, n'était pas en reste en matière de dangerosité. On racontait qu'il mesurait plus de deux mètres, et que son armure rouge étincelante avait pris cette couleur à force d'être maculée du sang de ses ennemis. On disait également qu'une seule de ses paroles suffisait à détruire une ville entière, et qu'il n'avait qu'à tendre un doigt pour fendre une montagne.
L'Étranger riait sous cape lorsqu'il entendait ce genre de rumeurs. S'il était aussi puissant, pourquoi ne combattait-il pas lui-même au lieu d'envoyer ses sbires ? Il pensait qu'Ibensu n'était qu'un sarkaz quelconque qui était plus malin que les autres, voilà tout.
L'Étranger cherchait le temple de Sogar pour une raison bien précise : il savait qu'y étaient entreposées toutes les informations du monde, et parmi elles le moyen de vaincre Ibensu. Cela faisait déjà deux ans qu'il voyageait, et ses recherches n'avaient mené à rien.
Pourtant, il connaissait à peu près l'emplacement du temple : il était dans la forêt de Silnid, en Arvila, mais il ne savait rien quand à sa position exacte : cette forêt était immense, et couvrait des centaines de kilomètres carrés.
Une seule personne aurait pu le trouver, et elle était morte à présent : la prophétesse de Kaliu.
Lorsque l'Étranger avait appris qu'elle connaissait l'emplacement du temple, il s'était hâté de la rencontrer sur son île afin de le lui demander. Hélas, quand il était arrivé, il n'avait trouvé qu'une tombe à côté d'un village. Ses habitants lui apprirent qu'elle était morte quelques semaines avant sa venue, et elle n'avait transmis son savoir à aucun des villageois. Seul un homme était entré en contact avec elle un mois avant, et il était mort lui aussi dans une attaque des sarkaz, comme l'Étranger l'apprit par la suite. Il s'appelait Narsh Kantar, et était soldat dans l'armée impériale d'Arvila. L'Étranger se rappelait très bien de leur unique et dernière rencontre.
Un an plus tôt, ville de Taltelia
Le camp militaire de la troisième section de la sixième cohorte était dressé, et les soldats vaquaient à leurs occupations avant la tombée de la nuit imminente. Certains jouaient à des jeux de hasard, perdant et gagnant avec enthousiasme, d'autres bavardaient à l'extérieur de leurs tentes, d'autres enfin dormaient déjà, appréhendant leur journée du lendemain.
Le campement avait été dressé à l'écart de la ville, et certains soldats y étaient partis afin de trouver un moyen de dépenser leur paye. La plupart se trouvait, quoique difficilement, une prostituée et se faisait allègrement délester de sa monnaie pour quelques heures de plaisir, voire même minutes pour les plus démunis.
L'Étranger marchait dans la rue, indifférent aux regards en biais que lui jetaient les passants. Il cherchait une personne en particulier, et savait où il la trouverait. Il descendit la rue principale, déboucha à l'extérieur de la ville et se dirigea vers le camp.
Il arriva devant une sentinelle, qui lui demanda ce qu'il voulait.
-Je cherche le soldat Narsh Kantar, répondit-il. Je dois lui rendre son épée qu'il a perdue.
L'Étranger montra une épée qu'il avait trouvée sur un cadavre de soldat.
-Ah, le rêveur ? D'accord, je vais t'accompagner. Dreg, remplace-moi un instant tu veux ?
-Grmmouais, répondit l'intéressé, qui sortit de la tente des gardes, visiblement agacé.
La sentinelle conduisit l'Étranger dans le campement, saluant au passage quelques personnes. Il était visiblement populaire ici.
-C'est curieux que Narsh ait perdu son épée, dit-il. Il en prend soin d'habitude. M'enfin bon, on va pas se poser de questions, hein ?
L'Étranger grogna et allongea son pas.
-Pas bavard, hein ? Après tout, c'est ton choix. Bon, on est arrivés. Sa tente est ici.
Narsh Kantar n'était pas un homme très puissant, ni spécialement courageux. Cependant il possédait une intelligence légèrement supérieure à la normale et était très têtu, ce qui lui permettait de réussir là où les autres échouaient, faute de persévérance.
Fermier de profession, il s'était engagé dans l'armée à cause de la guerre naissante : il n'avait pas du tout envie que des sarkaz viennent détruire son exploitation si durement entretenue.
Il s'était présenté au bureau de recrutement il y avait trois ans, et avait été affecté à la sixième cohorte, celle des nouveaux soldats, qui était la plus sûre car souvent à l'arrière, pour des missions de protection et de garde de villes.
Puis, au bout de deux ans, il avait obtenu sa première permission. La guerre s'apaisant temporairement, on avait autorisé environ un dixième des soldats à l'arrière de retourner chez eux, ou bien faire ce que bon leur semblait pendant deux mois.
Narsh décida de rester dans le village où ils s'étaient implantés, à l'extrême est du monde connu, et sur une île de surcroît.
Un jour, alors qu'il marchait dans une rue, il aperçut une femme qui portait péniblement un énorme sac, tout en tenant par la bride un âne aussi très chargé.
Narsh réfléchit un instant, puis décida qu'il ne perdrait rien à gagner la gratitude d'un inconnu. Il se dirigea vers elle et lui proposa son aide. Aussitôt, il vit que tous les villageois avaient braqué leurs regards vers eux, d'un air désapprobateur.
-Qu'ont-ils donc tous ? Demanda-t-il.
-Ils me prennent pour une sorcière. Tu ne devrais pas t'approcher de moi, ou tu t'attireras leurs foudres. Ils ne sont vraiment pas ouverts, comme tous ceux de leur espèce. Mais je ne leur en veux pas : ils ont été élevés ainsi, dans la crainte de l'inconnu.
Narsh resta un instant déconcerté, puis éclata de rire.
-Et bien, sorcière. ! Je vais quand même t'aider à ramener ton lourd fardeau, et tu m'expliqueras ce que tu prêches là. De toute façon, je me fiche de l'opinion qu'ils peuvent avoir de moi. Maintenant, donne-moi ce sac.
-À tes aises. Tiens, prends celui-là et fais attention, il y a des objets fragiles dedans.
Narsh accompagna la femme dans les bois, suivant un sentier qu'il n'avait encore jamais emprunté. En chemin, il demanda le nom de sa compagne.
-Ici, on m'appelle la Sibylline. Mon véritable nom a été enterré au même moment où j'ai choisi cette vie.
-Tu es vraiment étrange, Sibylline. Puis-je te demander pourquoi tu vis ici, et pourquoi on te considère comme une sorcière ?
La femme sourit un instant, puis reprit son air grave.
-Ça, je ne suis pas sûre de devoir le dire à un étranger, et un soldat de surcroît ! S'exclama-t-elle en désignant son fourreau. Cependant, reprit-elle, tu ne m'as pas l'air d'un mauvais bougre. Je peux juste te dire que j'ai certains... disons pouvoirs, qui me valent d'être exclue partout où je vais. C'est la triste vérité, conclut-elle mélancoliquement.
Narsh, apercevant une cabane au bout du chemin, se hâta de déposer son sac au pied d'un arbre, et après s'être massé l'épaule, dit :
-Sibylline, tu m'as l'air d'être bien étrange. Cependant, tu piques ma curiosité, et j'aimerais en savoir plus sur ces fameux pouvoirs. Je reviendrai demain, je connais le chemin maintenant.
-Tu ne devrais pas, mais... Ta compagnie me plaît et j'avoue que j'ai besoin de quelqu'un à qui parler après toutes ces années.
Il retourna alors en ville, et fut pris à parti par un homme, qui lui parla à voix basse :
-Étranger, tu ne devrais pas approcher cette femme. Elle porte le Malin en elle, c'est une sorcière ! Si tu persistes, tu attireras le mauvais œil sur toi, et nous ensuite !
Narsh écarta ces paroles d'un revers de main et répliqua :
-Je n'ai que faire de tes soi-disant conseils, homme. Je continuerai à voir la Sibylline et ce n'est pas de sottes superstitions comme celles-ci qui m'en empêcheront !
-À ton aise, étranger, à ton aise...
Et il s'éloigna, remuant la tête en marmonnant quelque incantation protectrice.
Le lendemain, Narsh retourna à la cabane de la forêt et trouva la Sibylline à l'intérieur. Il frappa, puis entra. Elle lui dit :
-Ah, tu n'aurais pas dû, mais je savais que tu reviendrais. Au fait, tu ne m'as même pas dit ton nom.
-Tu n'as pas dit le tien non plus. Je suis Narsh Kantar, pour te servir.
La Sibylline le jaugea un moment, puis son visage prit une expression grave, et ils ne bougèrent plus pendant une minute. Narsh en profita pour l'étudier : il n'avait pas pu la veille, trop accaparé par sa tâche.
Elle n'était ni vieille ni jeune ; Narsh lui donna quarante ans. Ses longs cheveux blonds étaient retenus par une ficelle de grossière facture derrière sa tête ; son visage était plein et inspirait la confiance. Mais elle avait des yeux tristes, qui semblaient regarder au loin en permanence.
Soudain, elle braqua ces yeux sur les siens, inspira profondément, puis dit :
-Narsh, il se peut que tu sois celui que j'attends depuis toutes ces années. Si tu le souhaites, je peux demander aux dieux si tu es bien cet homme.
Narsh resta interdit pendant un instant, et demanda :
-Pardon ? Mais de qui parles-tu ? Tu me prends pour un élu, ou quelque chose de ce genre ?
Il ne connaissait même pas cette femme... Et puis l'avertissement de l'homme du village lui revint en tête. Cependant, il décida de faire confiance à la Sibylline, car il était curieux de nature ; et une force irrésistible le poussait à en savoir plus. Aussi, il hocha la tête, et demanda ce qu'il devait faire.
Sans un mor, la Sibylline prit alors son visage entre ses mains. Elle plongea son regard dans le sien en psalmodiant un mantra. Le monde s'obscurcit autour de Narsh, pour finir par disparaître complètement. Alors, une voix désincarnée, froide et métallique, se fit entendre :
-Narsh Kantar. Oui, tu es celui que nous attendons. Tu n'es pas parfait, bien sûr, mais tu possèdes des qualités bien supérieures à tes semblables. Nous allons également t'en donner des nouvelles.
Narsh, qui n'était pas vraiment enclin à se faire manipuler, s'écria :
-Qui êtes-vous ? Il est hors de question que l'on me modifie de la sorte ! Allez-vous en !
La voix rit, mais cela ressemblait plus au cri d'un animal blessé qu'à un rire.
-Quand ai-je dit que tu avais le choix, Narsh ? Tu es notre élu et tu le resteras !
Pendant qu'elle parlait, trois silhouettes apparurent dans le noir, trois halos bleutés portant chacun une lumière dans leurs mains.
La première apparition s'avança, et dit, de la même voix :
-Je te donne, par le pouvoir de Fryg, la force physique. Elle te permettra de te sortir de la plupart des situations où les mots ont échoué.
Elle approcha ses mains de la poitrine de Narsh, et il eut beau essayer de se dégager, il ne parvenait pas à bouger. La lumière entra dans son corps, et il sentit un gain d'énergie incroyable partir de son buste et se déplacer dans son corps, pour finir au bout de ses doigts et de ses pieds.
La seconde silhouette s'avança à son tour, leva les bras toujours joints en disant :
-Je te donne, par le pouvoir d'Aefar, la perception. Tu étais aveugle, et maintenant tu verras. Tu étais sourd, désormais tu entendras.
Elle fit pénétrer la lumière dans le crâne de Narsh. Il ne ressentit rien de particulier. Tout était exactement pareil, et il ne vit ou n'entendit aucune différence.
Enfin, la troisième silhouette approcha, écarta les bras, scindant la lumière, et dit :
-Je te donne, par le pouvoir de Soddar, le sens de la justice. Les faibles et les opprimés ont besoin de toi ; aide-les. Ce don peut parfois être perçu comme négatif, mais il est en réalité bien plus précieux.
Narsh trouva sa voix beaucoup plus humaine que les trois précédentes. Mais il n'eut pas le temps d'y réfléchir car elle l'entoura de ses bras, et la lumière entra par tous les orifices, tous les pores de son corps. La douleur fut alors insoutenable. Il eut l'impression d'être marqué au fer rouge de l'intérieur ; il hurla, et les trois silhouettes s'évaporèrent, le laissant seul dans sa souffrance.
Les ténèbres qui l'entouraient disparurent d'un coup ; et il s'effondra sur le sol, aux pieds de la Sibylline, éberluée. Le noir l'envahit de nouveau, mais c'était ici parce qu'il perdait connaissance.
Narsh se remémorait ces évènements lorsque l'Étranger entra dans sa tente. Ils se fixèrent, puis, voyant qu'il n'avait pas l'intention de commencer, ce dernier dit :
-Tu es bien Narsh Kantar ?
-Ça dépend. À qui ai-je l'honneur ?
-Tu peux m'appeler l'Étranger. J'ai cru comprendre que tu avais rencontré une certaine prophétesse, il y a quatre mois.
Narsh se mit immédiatement sur la défensive. Que voulait cet homme ? Et à quoi rimait ce surnom ? Il trouvait que les gens du pays prenaient beaucoup trop de noms d'emprunt.
-Peut-être bien. Pourquoi es-tu venu me rencontrer ?
-Il est possible que tu le saches déjà, mais la prophétesse est morte. Elle détenait un secret très important à mes yeux.
Narsh le savait : il l'avait enterrée lui-même. Quand à ce fameux secret, il avait également une idée sur sa nature.
-Tu veux parler de l'emplacement du temple de Sogar ? Dit-il abruptement. Il est à seize kilomètres au nord de Cyrmil, entre les deux plus grandes montagnes qui surplombent la vallée.
L'Étranger accusa le coup. Il ne s'était sûrement pas attendu à ce qu'il lui dise de cette façon.
-Tu te demandes sûrement pourquoi je te le dis, à toi un parfait inconnu. La Sibylline, que tu appelles la prophétesse, m'avait prévenu de l'arrivée d'un homme venu de loin qui me demanderait cette information. Au vu de tes vêtements, je peux en déduire que tu n'es pas d'ici. Et la façon dont tu as réagi quand j'ai mentionné le temple m'a montré que c'était bien ce que tu voulais.
L'Étranger grogna, et dit :
-Tu ne devrais pas dire des paroles de cette importance à la légère, soldat. Ce n'est pas prudent. Ceci dit, maintenant que tu m'as renseigné, je peux m'en aller. Et, à l'avenir, garde-toi de faire ainsi confiance à des inconnus.
Sur ce, il tourna les talons et repartit. L'entrevue avait duré à peine deux minutes.
L'Étranger se sentait, pour la première fois depuis des mois, le cœur léger. Sa tâche était enfin quasiment accomplie, il ne lui restait plus qu'une trentaine de kilomètres à parcourir.
Il déchanta rapidement.
Deux jours plus tard, à l'emplacement indiqué, il ne trouva rien. Narsh l'avait roulé ! À y réfléchir, l'Étranger se maudit d'avoir été aussi naïf. Comment avait-il pu croire un homme qu'il venait juste de rencontrer ? Sa promptitude à lui répondre aurait du lui mettre la puce à l'oreille, mais il était trop excité à l'idée de toucher au but. Il décida alors de retourner au camp, et prit la ferme résolution de faire parler ce type, coûte que coûte.
S'ensuivit alors un trajet de trois jours, en retournant sur ses pas. Il arriva de nouveau à Taltelia, se rendit au champ, pour découvrir une plaine déserte. Il questionna un habitant :
-L'armée qui était postée ici ? Elle est partie au sud, il paraît que l'ennemi est parvenu jusque là. On a eu vent de batailles en Selat.
L'Étranger commençait à perdre patience. Ses épuisantes pérégrinations lui tapaient sur les nerfs, et son ressentiment à l'égard de Narsh Kantar ne cessait d'augmenter.
Il partit donc pour la région de Selat, et y trouva un territoire infesté de sarkaz. Les forces d'Ibensu avaient ici triomphé, et l'armée d'Enalia avait été mise en déroute. L'Étranger pista celle-ci, et retrouva la troisième section de la sixième cohorte, à une quarantaine de kilomètres plus à l'est. Sur les cinquante hommes qu'elle comptait, il n'en restait que treize.
Et aucun n'était Narsh Kantar.
L'Étranger fulminait lorsqu'il quitta le camp. Un an et demi de sa vie gâché à poursuivre un homme qui maintenant ne pouvait livrer son secret qu'aux vers. Pendant une semaine, il s'attarda dans une gargote à ruminer ses pensées, puis il reprit sa route, cherchant un temple qu'il n'atteindrait peut-être jamais.
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