L'horizon cosmique
L'horizon cosmique
C'est la limite de ce que l'on peut voir dans l'univers. Au-delà, c'est l'obscurité totale, l'inconnu absolu. L'horizon cosmique, c'est la limite de ce que l'on connaît, la limite de notre univers. Au-delà, il n'y à rien. C'est le néant, les limbes dans lesquelles sont versées les âmes des damnés. Le diable lui-même n'ose pas s'y aventurer. Nous vivons sur Terre, au centre de l'univers. Du seul et unique univers. Nous voulions coloniser d'autres mondes, d'autres planètes que nous pourrions transformer à l'image de notre planète mère. Elle était surpeuplée et les ressources vitales commençaient à manquer. Il fallut faire un choix : rester et se battre pour les trésors qu'il restait ou alors sans cesser les querelles enfantines pour sauver notre peuple, quitter notre bonne vieille Terre.
Certains ont demandé « mais qui va partir ? » La technologie, nous l'avions, ce n'était pas un problème. Nous faisions depuis des générations des voyages habités dans tout notre système solaire. De Mercure à Neptune, nous avons visité tous les astres, nous savons tout ce qu'ils peuvent nous apporter et nous aurions bien ramené sur notre terre les richesses trouvées là-bas, mais cela aurait était ridicule. Pourquoi faire venir des matériaux pour qu'ils repartent ? Nous avons donc appris à transformer les matériaux dans l'espace pour en faire ce dont nous avions besoin.
Mais nous nous sommes trompés. Nous n'avons pas cherché les bonnes ressources. Nous avons travaillé sur nos progrès technologiques et nous avons négligé notre survie. Et lorsque nous avons réalisé, il était presque trop tard. Et malgré tous nos efforts, des centaines, des milliers d'espèces animales avaient disparu, à jamais. Alors il a fallu réagir, nous, pauvres inconscients qui n'avions pas écouté les cris d'alarmes de ces combattants de la nature. Mais nous étions tellement préoccupés par notre propre expansion que nous n'avons pas vu ce qui se passait, là sous nos yeux. Alors nous avons vu les choses sous un autre angle. Il nous fallait trouver un autre endroit où nous établir.
Nous avons donc quitté notre système solaire afin de trouver une autre planète ou une lune qui pourrait abriter notre peuple. Mais l'identique n'existe pas. L'univers semble s'être amusé à ne faire que des astres différents. Il faut dire qu'il avait tant de possibilités qu'il semble s'en être donné à cœur joie. Mais notre perspicacité a payé et aujourd'hui, nous savons où aller. Oh bien sûr, l'environnement de ces astres n'est pas absolument identique au notre mais il faudra faire avec.
Mais très bientôt s'est posé la question de savoir qui partirait en premier, alors que les vaisseaux spatiaux se construisaient en orbite de notre planète. Il fallait faire un choix, un tri devait être fait. Les discussions sont allées bons train, les disputes aussi. Quelle folie ! Notre monde fut au bord de l'implosion. Nous étions à deux doigts d'exterminer notre espèce ! Après avoir exterminer toutes les autres, cela n'aurait-il pas été que justice ? Mais un choix fut fait et le Grand Tri commença.
Les prisonniers de longues dates, les grands criminels et autres malfaiteurs furent exclus, les futures colonies n'en avaient pas besoin.
Ils furent éliminés pour éviter une éventuelle rébellion.
Les malades ensuite, ceux dont l'état ne laissait aucun espoir.
Ils furent éliminés.
Mais là situation ne changea guère. Il y avait toujours trop de monde. Alors il fut décidé que tous ceux qui seraient une charge lors du voyage ne viendrait pas. Ainsi les handicapés et les personnes âgées, non en âge de procréer, furent éliminés. Et les enfants aussi, nous pourrions toujours en faire d'autres.
Mais alors des voix se sont élevée contre ce tri !
Alors cela ne partiraient pas.
Mais ils ne furent pas éliminer, ils resteraient sur Terre avec les enfants. Parce que c'était décidé, ceux-là ne viendraient pas.
Et à force de tri, il y eut enfin suffisamment de place dans les différents vaisseaux pour ceux qui partaient. Le contrôle automatique fut enclenché alors que les corps étaient plongés dans un sommeil sans rêve. Et le voyage vers d'autres planètes habitables a commencé. Nul ne sait ce qui s'est produit et le pilote automatique de notre vaisseau a dû se dérégler en passant trop près d'une nébuleuse dont les astrophysiciens avaient visiblement mal définie l'influence électromagnétique. Toujours est-il que maintenant notre vaisseau se dirige tout droit vers l'horizon cosmique.
Et après...
C'est l'inconnu.
Nous ne savons rien au-delà de cette limite. Comment je le sais ? Parce que c'est moi que la machine a réveillé. Une erreur là-aussi, parce que je n'y connais absolument rien en matière de vaisseau spatial. Je ne sais même pas conduire une voiture ! Alors un vaisseau spatial ! Mais je ne suis pas idiot, les imbéciles ont été éliminés eux-aussi, ils étaient considérés comme inutiles. Seulement, pour l'instant, c'est moi qui suis inutile, assis dans l'un des fauteuils de pilotage, à regarder un écran presque dénudé de petits points blancs.
Autour de moi, je vois les étoiles mais le radar du vaisseau, lui, il voit au-delà. Et au-delà devant lui, il n'y a rien. Il n'a aucune donnée. Et c'est ce qui perturbe le vaisseau. Cela peut peut-être sembler étrange mais le vaisseau a peur de l'inconnu tout autant que moi. Et à mesure qu'approche la limite invisible de notre univers connu, l'horizon cosmique comme il est indiqué sur le radar, j'envie ceux qui ont décidé de rester sur notre planète. Même si je sais qu'ils sont morts depuis des millions d'années, je les envie.
Je regarde droit devant moi, par les vitres du vaisseau, toutes ces étoiles que l'ordinateur de bord ne connait pas. Sans doute devrais-je être surexcité. Le premier humain à voir toutes ces étoiles inconnues, ce n'est pas donné à tout le monde !
Mais c'est plutôt l'angoisse qui m'étreint le cœur. Que se passera-t-il lorsque le vaisseau aura passé l'horizon cosmique ?
Mon regard se pose sur le radar, la limite est toute proche. Je ne me rends pas compte à quel point ce vaisseau va vite. J'ai plutôt l'impression que l'on fait du sur place. Rien ne bouge à l'extérieur. Pourtant, le radar indique bien notre progression.
Et d'un seul coup... c'est fait. L'horizon cosmique est passée.
Pourtant, au-dehors du vaisseaux, il y a toujours des étoiles, pleins d'étoiles. Autant d'étoiles qu'avant de passer cette limite de la connaissance cosmique.
Mais sur l'écran, rien. Pas un seul point lumineux, comme s'il s'était tout simplement éteint.
Là, j'ai paniqué. J'ai appuyé sur plusieurs boutons. Il fallait que ça fonctionne ! Je ne voulais pas mourir, pas comme ça ! Je maudissais cet instinct de survie qui m'avais poussé à fuir notre environnement devenu de plus en plus hostile. Je ne voulais pas mourir, pas tout seul au milieu de corps endormis. Eux ont la chance de ne se rendre compte de rien !
Et puis, d'un seul coup, j'ai cessé d'appuyer sur tous les boutons. Est-ce que j'y étais pour quelque chose ? J'en doutais. Mais l'écran devant mes yeux indiquait « initialisation en cour ». C'était bon signe. Enfin je crois.
Quelques minutes, quelques éternités, se sont écoulées avant que l'écran ne fasse défiler toute une série de chiffres et de symboles étranges. Enfin l'écran a de nouveau affiché les points blancs et la position du vaisseau, un petit triangle rouge au milieu l'écran circulaire et en dessus, la zone de l'horizon cosmique. Mon cœur bondissait dans ma poitrine alors que le vaisseau semblait avancer de nouveau. Il avait dû calculer la position de ces étoiles inconnues par rapport à celles de notre univers connu. Mais plus je regardais l'écran et pus j'avais l'impression de connaître la disposition de ces étoiles. J'étais certain de les avoir déjà vues avant de passer l'horizon cosmique. Aurait-on fait demi-tour sans que je m'en aperçoive. Ça n'aurait pas été étonnant vu que je ne voie rien. Après tout, en regardant là l'extérieur, on ne voyait rien bouger. Mais je doutais que l'ordinateur éteint ait pris une telle décision, tout seul...
Bizarrement, j'avais de plus en plus l'impression que, au-delà de l'horizon cosmique, il n'y avait rien d'autre que notre propre univers. J'ai craint pendant longtemps ce qui allait de passer. Qu'allait-on devenir, si le pilote automatique ne s'était pas réinitialisé correctement ? Nous errerions à jamais jusqu'à ce que le moteur à distorsions tombe en panne. Les autres passagers avaient vraiment de la chance : ils ne savaient absolument rien de ce qui se passait. Alors je me suis réinstallé dans ma couchette d'hibernation en espérant pouvoir me rendormir dans ce sommeil sans rêve que j'aurai voulu ne jamais quitter.
Mais par chance, le moteur n'est pas tombé en panne et le vaisseau est bien arrivé à destination. Je m'étais bien rendormi et de nouveau, l'ordinateur de bord m'a réveillé. Combien de temps après ? Aucune idée. Pourquoi encore moi ? Aucune idée. Toujours était-il que je pouvais voir la planète à travers la vitre. Cette planète où bientôt nous pourrions vivre en paix.
Comme ma planète d'origine, elle étais la troisième depuis son étoile. Elle était belle avec tout ce bleu et ces continents posés comme des îles immenses sur les océans. La lumière de l'étoile donnait à sa planète une douce clarté. Elle sentait bon la douceur de vivre, cette planète. Rester à espérer que les scientifique ne s'étaient pas trompés et que cette planète pouvait effectivement nous accueillir.
Je ne parvenais pas à détacher mon regard de ce spectacle fabuleux. Doucement, le vaisseau amorçait sa descente tout en faisant des analyses. La composition atmosphérique était sensiblement différente, quasiment la même, la pollution en moins, ce qui donnait au ciel une belle couleur bleue claire et tellement lumineuse. Il y avait une lune. Certes, elle semblait plus proche mais nous ne pouvions pas nous permettre de faire les difficiles.
Le vaisseau se posa tout en douceur à la surface de ce grand océan. Des formes de vie évoluées avaient été détectées. Peut-être faudrait-il les éliminer ou les soumettre, même si ce n'était pas juste pour eux. C'était eux ou nous. Et après tous les sacrifices que nous, humains, avions fait... Et puis, leur niveau technologique était si dérisoire, si rudimentaire que s'en était risible.
Le vaisseau posé sur l'eau formait une île immense. Nous resterons sans doute habiter sur ce « nouveau continent » que nous pourrions peut-être appeler comme le nom de ce voyageur céleste qui nous a transportés : l'Atlantide.
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