6. janvier 2011
Le froid de l'hiver mordait sa peau nue, mais Cyril appréciait l'ambiance du petit matin. Tous les samedis, ainsi que durant les vacances scolaires – sauf celles de Noël –, l'adolescent se rendait au travail qu'il avait trouvé au lendemain de ses seize ans. D'abord utilisé pour s'offrir un nouvel appareil photo, celui récupéré de sa mère commençait à devenir vieux et fragile, il avait décidé de continuer son contrat afin de se constituer de petites économies. Le salaire n'était, certes, pas mirobolant, mais lui permettait de gagner petit à petit en indépendance.
Le travail en lui-même n'était pas des plus intéressant : il se contentait souvent d'empiler des cartons, d'appuyer sur quelques boutons de machines comme il l'avait appris, ou de partager café et cigarette avec ses quelques collègues. Ils avaient presque tous le double de son âge et l'avaient pris sous leurs ailes.
La neige n'était pas encore arrivée cette année sur Mauriac, mais au vu des températures qui s'étaient installées dernièrement, elle n'allait pas tarder. Tous les jardins étaient blanchis par le givre. Dès qu'il se trouvait face à un joli paysage, l'esprit du jeune homme ne pouvait s'empêcher de vagabonder et de se demander par quels réglages il paramétrait son appareil photo afin d'obtenir le reflet le plus fidèle de la réalité. C'était un exercice intéressant qui lui permettait de ne pas oublier sa passion, même quand il n'avait pas le loisir de la pratiquer.
Il arriva au travail quelques minutes plus tard, où il fut accueilli par une rude tape dans le dos de la part de son supérieur direct. Raymond avait largement passé l'âge d'être son père, engagé dans toutes les luttes sociales existant, il était aussi le plus ancien ouvrier de l'usine.
« Y'a du café dans la réserve, s'tu veux. Hélène est déjà là. »
Hélène était, à la fois, secrétaire et gestionnaire, femme du patron ainsi que maman poule de tous les employés. Elle jouait à la mère de substitution, car elle n'avait jamais pu le devenir réellement et Cyril l'appréciait particulièrement. Avant de se mettre à la tâche, il passa la saluer et se verser une tasse de café.
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