5. novembre 2010
Après une après-midi passée à s'affronter dans des jeux vidéo chez Hamilton, Cyril et ses amis se rendirent avec un peu de retard à la soirée qu'organisait Samantha, une fille de leur classe, pour son anniversaire. Cyril fut surpris d'y trouver autant de personnes, et encore plus d'apercevoir Salomé, toute seule à côté de la table des boissons. Depuis sa misérable tentative de lui parler quelques semaines après la rentrée, il n'avait pas réessayé. Voulant, se servir, il la rejoint assez vite.
« Salut. J'pensais pas que tu serais là. »
Ces derniers mois, il s'était rendu à plusieurs soirées, mais jamais encore il n'avait croisé la jeune fille à l'une d'elles. Elle lui semblait trop timide et sérieuse pour apprécier ce genre de divertissement.
« Bah, je connais Sam aussi. J'suis dans sa classe, et dans la tienne aussi, par ailleurs. »
Cyril fronça les sourcils, évidemment, il le savait très bien, ce n'était pas là, l'objet de sa question.
« Et t'es toute seule ? demanda-t-il, essayant de lancer une conversation.
— Ouais, souffla-t-il après quelques secondes d'hésitation. Mahaut... Mahaut m'a lâché. »
Mahaut. Mahaut. Cyril se souvenait désormais : une petite brune au visage pâle. Il la voyait souvent traînée avec Salomé, sans doute sa meilleure amie.
« Ah, commenta-t-il.
— Ouais. On devait venir ensemble, mais elle a été obligée d'annuler pour garder ses sœurs. Et j'étais déjà ici quand elle m'a prévenue. Mais bon... Je pense que je vais pas trop tarder à rentrer, ma mère doit me rechercher à minuit, mais j'pense que je vais l'appeler avant. »
D'un œil discret, il jeta un regard à sa montre : elle n'affichait pas encore vingt-deux heures.
« Bah, tu veux pas plutôt essayer d'en profiter ? »
Salomé le regarda, soupçonneuse. Elle avait du mal à comprendre pourquoi Cyril qui était devenu en quelques mois le mec le plus populaire du lycée – sans aucune raison particulière, de plus – venait lui parler, à elle. Avant qu'elle n'ait le temps de répliquer, Quentin s'approcha de son meilleur ami et lui demanda de se joindre à eux pour un jeu à boire. Cyril s'enthousiasma, et proposa à Salomé de l'accompagner.
« J'peux pas, j'suis au jus d'orange, lui répondit-elle en lui montrant son gobelet pour qu'il puisse vérifier de lui-même.
— Ah. Tant pis, alors, on se voit plus tard ! »
Elle lui sourit. En suivant Quentin, Cyril se sentit particulièrement idiot : depuis quand fallait-il boire pour s'amuser ? S'il n'avait pas forcément envie de renoncer à participer, il aurait pu au moins essayer de convaincre Salomé, mais au lieu de ça, il avait fait ce pour quoi il était le plus à l'aise : laisser tomber les autres. Sentant son cœur se serrer, il tenta d'oublier tout en prenant place dans le cercle que formaient les adolescents.
Une fois le jeu fini, Cyril se releva ses jambes endolories. Ses trop longs membres le souffraient de ne jamais trouver de position agréable, surtout assis par terre sur un carrelage glacé. Il regagna la pièce principale et la balaya des yeux, mais il n'y avait aucune trace de Salomé. L'adolescent se mit à pester intérieurement, elle n'avait plus vraiment de raison de rester et avait dû appeler sa mère. Il fit deux fois le tour du rez-de-chaussée tout de même en espérant la croiser parmi tous les groupes formés, mais elle n'était pas là. En désespoir de cause, il décida de sortir vérifier sur la terrasse si elle n'était pas avec les quelques fumeurs de la fête, mais là encore, il ne la retrouva pas. S'asseyant sur le banc, trempé de neige fondue, il s'insulta intérieurement. Ce soir était l'occasion rêvée pour enfin lui parler, et il avait une fois de plus laissé passer sa chance, comme à chaque fois.
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