18. octobre 2011
Cyril ne s'attendait pas à la tempête qui était sur le point de se déchaîner sur lui en arrivant au lycée. Pourtant, sitôt le pied posé dans la cour attenante à l'établissement, Dimitri fonça sur lui, telle une furie, ce qui le surprit.
« Alors, dis donc, tu nous caches des choses, coquin ! »
Lança-t-il avec son sourire narquois qui n'amusait pas du tout l'adolescent. Cyril – tout comme Quentin – fronça les sourcils en signe d'incompréhension et pour inviter leur ami à poursuivre.
« Non, mais Cyril le beau gosse du lycée enfin en couple !
— Pardon ?! s'exclama ce dernier.
— J'ai raté un épisode ? demanda Quentin en se retournant vers son meilleur ami.
— Je crois que c'est moi qui aie raté un épisode, grimaça le principal concerné. Qui t'a dit ça ? »
Le ton de Cyril se fit sévère face à Dimitri, qui n'en démordait pourtant pas, sûr de ce qu'il venait d'avancer.
« Tout le lycée en parle ! ajouta-t-il.
— Oui, d'accord, mais je suis censé sortir avec qui ? lâcha Cyril, qui s'impatientait.
— Leslie, avoua enfin Dimitri. »
Quentin se retourna vers son ami, pendant que ce dernier essayait de faire les connexions dans son esprit.
« C'est pas la fille que t'as sautée samedi soir ? demanda-t-il.
— Si » souffla Cyril, en serrant les dents et les poings, prêt à découdre.
La sonnerie indiquant le début des cours les interrompus et Dimitri, qui n'était pas dans la même classe, en profita pour mettre les voiles. L'adolescent soupira. Il aurait voulu régler cette affaire au plus vite, mais elle devrait attendre au moins la première pause de la journée.
Dans les couloirs, sur son passage, Cyril ne put pas ignorer les murmures et les discussions qu'il entraînait. Comme s'ils n'avaient rien de plus intéressant que de commenter sa vie sentimentale. Il croisa Salomé, dans les escaliers, qui le gratifia d'un petit sourire triste. Son cœur se serra à l'idée que ce quiproquo puisse causer d'autres torts.
Dans la salle de classe, le professeur de mathématiques eut du mal à faire venir le calme tant tout le monde semblait agité. Dans son coin, Cyril ne disait mot et regardait fixement le tableau en essayant de croire qu'il n'était pas le centre de ces brouhahas, mais il savait pertinemment que c'était faux. C'était affolant de voir à quel point les rumeurs pouvaient se propager vite et se retrouvaient au cœur de l'intérêt d'un groupe de lycéens. Cyril fut satisfait lorsque l'enseignant put enfin commencer son cours sans qu'il cherche à se renseigner sur ce qui passionnait tout le monde ce matin.
Cependant, l'attention de Cyril se déporta très rapidement des formules et autres équations que le professeur essayait de leur expliquer. Il ne pouvait s'empêcher de réfléchir à la situation : qu'est-ce qui avait pu se passer pour que cela dérive à ce point et que Leslie semble croire qu'ils sortaient ensemble ?
À la soirée du samedi, elle lui avait paru un peu niaise, mais il avait mis ça sur le compte de quelques verres d'alcool, il s'était tout de même bien assuré de son consentement avant de coucher ensemble chez Hamilton. Sa réputation, le précédent, avait souvent joué en sa faveur pour faire comprendre aux filles qu'il ne cherchait rien de sérieux, mais il estimait de son devoir de les en informer à chaque fois. Avait-il manqué quelque chose ? Complètement perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que le professeur l'interpellait pour répondre à une de ses questions.
« Monsieur Tellier, toujours dans la lune à ce que je vois ! Ce n'est pas comme ça que vous améliorerez vos résultats, jeune homme, tonna l'enseignant. »
Un fou rire empli dans la classe, et Cyril se sentit mal à l'aise jusqu'à ce qu'une petite voix se fit entendre.
« Il doit penser à Leslie, c'est pour ça ! »
L'hilarité redoubla dans la salle. Cyril se retourna vers la voix qui venait de lâcher cette phrase et s'énerva.
« Mais ferme ta gueule ! cria-t-il. »
Aussitôt les rires s'apaisèrent et un silence étonné remplaça le brouhaha. Jusqu'à ce que le professeur s'emporte à son tour.
« Monsieur Tellier ! Vous êtes bon pour deux heures de colle ! Et vous avez de la chance que je ne vous exclue pas directement de cours ! »
Cyril bouillonnait sur sa chaise, mais il se retint d'aggraver sa situation. Quentin lui adressa un sourire discret, mais compatissant. L'adolescent avait hâte de la récréation et des explications qu'il allait devoir avoir, quitte à sacrifier sa pause clope.
En raison des incidents s'étant déroulé durant la première heure, le professeur supprima les cinq minutes de liberté qu'il laissait aux élèves entre les deux heures de cours et ces derniers soupirèrent de mécontentement, Cyril le premier : il aurait bien eu besoin de se passer de l'eau sur le visage afin de retrouver son calme.
Enfin, la sonnerie retentit libérant les lycéens du joug de leur enseignant et Cyril ne perdit pas de temps pour chercher Leslie dans les couloirs. Quentin essaya de le suivre pour éviter qu'il ne réalise une bêtise. L'adolescent trouva la jeune fille dans la cour de l'établissement. À sa vue, elle eut un grand sourire et s'élança vers lui ce qui ne fit qu'accentuer sa colère. Elle ne semblait pas s'apercevoir de la rage qui l'animait.
« Mon amour, je t'ai cherché partout ce matin ! » minauda-t-elle de sa voix fluette, la bouche en cœur. Cyril avait un haut-le-cœur devant tant de niaiseries : ce n'était pas pour rien qu'il ne voulait pas d'histoires sérieuses, il avait en horreur toute cette guimauve.
« Arrête, lança-t-il. Arrête de dire à tout le monde qu'on est en couple, car ce n'est pas le cas.
— Pardon ? lui demanda-t-elle, interloquée, en se stoppant nette.
— C'est une méprise.
— Une méprise ? répéta-t-elle. »
Cyril leva les yeux au ciel, rien que sa voix l'insupportait et il devait se retenir pour ne pas crier et envenimer la situation.
« Oui, une méprise, reprit-il, d'un ton calme.
— Mais samedi soir ? »
Il leva à nouveau les yeux au ciel et regrettait désormais amèrement d'avoir profité d'un peu de bon temps avec elle. Il venait de remarquer qu'un attroupement commençait à se former autour d'eux et cela l'exaspérait : les adolescents avaient toujours le don pour être au meilleur endroit.
« Ça ne représentait rien, je couche avec beaucoup de filles. Et je croyais naïvement que tu l'avais compris. »
Le visage de Leslie se décomposa : de l'enthousiasme, elle passa à la colère. Son regard se fit assassin, sa respiration soufflait et avant qu'il n'ait pu le prévoir, elle lui sauta dessus en lui assénant un coup de poing bien senti à la mâchoire. Le choc de la surprise et de la douleur le fit vaciller et elle continua à le rouer de coups et gifles tout en persiflant des « connard » et « salaud ». Cyril pouvait à peine se défendre.
Soudain, la foule toujours plus nombreuse fut fendue par deux surveillants excédés qui séparèrent rapidement les deux adolescents.
« Vous deux, dans le bureau de la CPE immédiatement ! »
Cyril reprit son souffle, puis soupira, il n'avait guère le choix.
« Monsieur Tellier, vous allez encore à voir des problèmes. »
Le ton sans équivoque du plus âgé des surveillants qui l'avait pris en grippe dès le début de l'année précédente l'exaspéra, mais il se retint d'aggraver son cas en lui balançant ses quatre vérités. À côté du second assistant de vie scolaire, Leslie fulminait toujours. La sonnerie marquant la fin de la pause retentit soudain, mais les lycées restèrent amassés pour regarder la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Cyril les détestait.
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