17. septembre 2010
En entrant chez lui, ce soir-là, Cyril sentit flotter dans l'air une odeur agréable, néanmoins inhabituelle. Dans le salon, il entendait son frère s'exciter sur sa manette et des sons de guerre revenir à ses oreilles. La porte du bureau de son père était entrouverte, signe qu'il s'y trouvait. Tout semblait parfaitement normal. Suivant le parfum, il se rendit dans la cuisine déserte pour y apercevoir un gâteau au chocolat sorti du four récemment. Un paquet de préparation à cake vide trônait sur le comptoir et Cyril ne put s'empêcher de le jeter dans la poubelle correspondante. Il était encore surpris lorsqu'il se rappela la date : c'était l'anniversaire d'Hugo. Et comme à son habitude, il n'avait pas de cadeau.
Il n'avait jamais été proche de son petit frère, il n'était donc pas coutumier de s'offrir quelque chose entre eux, mais Cyril regretta tout de même de n'avoir pas fait un effort pour se le rappeler. Il vérifia l'heure, mais il était trop tard pour aller acheter des bonbons à l'épicerie du centre-ville, et dans tous les cas, ce n'était pas forcément un présent acceptable. L'adolescent maugréa puis quitta la cuisine pour rejoindre la chambre. L'avantage d'une famille dysfonctionnelle comme la sienne était que même les réunions, type anniversaire, étaient vite expédiées. Et qu'on ne lui en voudrait pas de s'en remonter sitôt les bougies soufflées et la part de gâteau avalée.
Il n'y eut d'ailleurs pas de changement significatif lorsque son père l'appela pour le repas à dix-neuf heures précises. En croisant son frère, Cyril lui souhaita un « joyeux anniversaire » et le plus jeune sourit en remerciements. Ils s'assirent en silence, face à la traditionnelle assiette de pâtes à la sauce tomate et tous dégustèrent le met sans s'adresser la parole.
Enfin, lorsque le repas fut englouti et la table débarrassée, le père sortit le gâteau du four, y planta quelques bougies avant de les allumer avec un briquet. Il retourna dans son bureau chercher un petit paquet cadeau qu'il déposa devant son cadet. Personne ne s'amusa à éteindre la lumière et à entonner la traditionnelle chanson ridicule. Il n'y eut pas non plus de photos lorsque Hugo souffla ses bougies. Puis pendant que Cyril s'occupait de découper trois généreuses parts, son frère déchira avec enthousiasme l'emballage pour y découvrir un nouveau jeu vidéo. Celui qui revenait le plus souvent dans leurs rares discussions des derniers mois. L'adolescent n'était pas surpris du choix, mais il ne put s'empêcher de soupirer en voyant l'enthousiasme sincère de son frère qui ne cessait de répéter qu'il avait hâte de l'essayer. De son côté, leur père souriait. C'était peut-être une de ses seules manières de rendre un de ses enfants heureux.
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