11. mai 2011
Ce n'était pas dans les habitudes de Cyril de se lever aussi tôt, et encore moins un dimanche, où généralement il émergeait vers midi, le temps de faire redescendre son taux d'alcool dans le sang. Mais il avait profité d'un rare samedi calme – sans soirée – afin de pouvoir se réveiller avant le lever du soleil le lendemain. Comme tous les jours de la semaine, mais plus encore, son réveil lui fit l'effet d'une déflagration le tirant d'un mauvais sommeil. Il maugréa en l'éteignant, en espérant avoir été assez rapide pour ne réveiller personne. Son frère dormait dans la pièce voisine, qui avait été avant sa naissance, la moitié de sa chambre. Le mur, construit à la hâte pour partager l'endroit en deux était fin, mais Hugo semblait avoir le sommeil lourd. Il avait sans doute joué aux jeux vidéo jusque tard dans la nuit.
Cyril sauta dans son vieux jogging et mit un pull : il prendrait sa douche au retour, il n'avait pas de temps à perdre. Au rez-de-chaussée, il se fit couler un café en même temps qu'il vérifiait son matériel, puis il le but en enfilant ses baskets. Lorsqu'il sortit dans la rue, la brise fraîche du matin le saisit et s'engouffra sur sa nuque mal protégée, il frissonna. Il se réjouit d'avoir pensé à emporter ses gants. Surtout qu'elles étaient assez fines pour lui permettre de manipuler son appareil photo sans souffrir des basses températures.
Il ne perdit pas plus de temps à maudire le froid, et s'engagea sur le sentier qui le menait dans la forêt. À l'heure-là, les arbres formaient encore une épaisse couverture de noirceur, et Cyril alluma la lampe de poche qu'il avait empruntée dans la petite commode du hall d'entrée. Il ne voulait pas effrayer les animaux qu'il pouvait croiser, mais il n'avait pas envie de se prendre les pieds dans les racines qui jonchaient le chemin, même s'il connaissait la forêt par cœur, à force de venir régulièrement faire des photos. C'était l'endroit le plus sympa – et le plus à l'écart – qu'il avait trouvé pour s'entraîner.
Dans le jour qui se levait peu à peu, il surprit une biche et son petit en train de s'abreuver dans un mince filet d'eau courant dans une clairière. La lumière filtrant à travers la canopée baignait les deux cervidés. Cyril éteignit sa lampe torche et sortit rapidement – mais sans un bruit – son réflexe. Les paramètres étaient déjà réglés, et il n'eut qu'à appuyer sur le déclencheur pour les mitrailler. Lorsqu'enfin désaltérés, les deux animaux s'enfoncèrent tranquillement dans la forêt, Cyril se détendit et se releva. Il comptait atteindre une autre petite clairière, sur un point en hauteur afin d'avoir une vue dégagée sur le village pour le lever du soleil. Compte tenu des lueurs, il devait se dépêcher afin de ne pas s'être réveillé aussi tôt pour rien.
Après un petit quart d'heure de marche d'un pas sportif, il atteint enfin l'endroit désiré. Il y était allé de nombreuses fois avec sa mère durant son enfance, et il se rappelait qu'elle tentait de lui montrer quelle était leur maison. Il installa rapidement son petit trépied sur un des rochers et paramétra à nouveau l'appareil photo. Juste à temps, les jolis orangés coloraient la campagne et Mauriac en arrière-plan. Grâce au vent, il entendit sonner les sept coups de la cloche de l'église pendant qu'à ses pieds les premières fleurs du printemps se réveillaient.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro