Chapitre 9: Montréal
C'est Nathalie qui alla les reconduire à l'aéroport. Michel avait assuré à Marinette que le trajet en voiture ne serait pas si long, à peine 8 heures, mais la jeune fille avait insisté pour payer les billets d'avion. Ils étaient maintenant en route dans la voiture de l'entreprise, Nathalie à leur côté afin qu'elle s'assure que leur départ se déroule sans anicroche.
Pour être totalement honnête, l'adjointe n'était pas totalement à l'aise avec ce voyage des deux amoureux. Gabriel Agreste était déjà totalement furieux qu'elle ait permis cette relation entre sa styliste en chef et un mannequin qui n'était pas son fils, s'il apprenait qu'il quittait pour une semaine au Canada, elle n'osait pas imaginer la colère de celui-ci. Bien qu'il soit de l'autre côté de l'Atlantique et qu'il ne soit plus en possession de son miraculous, Nathalie était encore totalement terrorisée par son patron. C'était un homme riche et puissant, avec un caractère exécrable et qui semblait être incapable de sentiment charitable depuis la disparition de sa femme. Qui sait de quoi il serait capable pour arriver à ses fins.
La plus belle chose qui était arrivée à la secrétaire depuis des années, était l'amitié de Marinette. Elle ne voulait pas faire une croix sur ce trésor et pour cela, elle prenait le risque de cacher l'ampleur de son idylle à son patron. La semaine qui s'en venait allait être plutôt solitaire sans la parisienne à ses côtés, mais elle tiendrait bon. Elle fut sortie de ses pensées par la demoiselle en question.
« Nath, je veux que tu me promettes une chose pendant mon absence. »
« Et quoi donc? »
« Appelle ce beau brun que l'on a rencontré la semaine dernière. Ça crevait les yeux qu'il était intéressé. Va au resto avec lui. »
« Mais Mr. Agreste va avoir besoin de moi en ton absence, je ne peux pas me permettre de... »
« Tut tut tut... Adrien va très bien se débrouiller sans toi. C'est un grand garçon et toi, tu dois penser à toi. »
Marinette lui fit son plus beau sourire, ce qui avait toujours pour effet de faire craquer Nathalie. Pas étonnant qu'Adrien soit fou amoureux d'elle, elle avait le don de rendre ceux qui l'entourait heureux d'un simple regard.
« D'accord et vous » Elle jeta un regard au couple « Amusez-vous et ne pensez surtout pas au boulot. Tout va bien aller. »
La voiture était rendue à destination. Nathalie descendit avec eux pour s'assurer que tous les papiers étaient en règle et qu'ils allaient rejoindre leur vol à temps. Sur le chemin du retour, elle soupira, elle n'était pas d'accord avec la relation de Marinette et Michel et ce, pour tout plein de petites raisons personnelles comme objectives. Il y avait bien sûr le fait que cela la mettait dans l'eau chaude face à son patron mais il y avait surtout parce qu'Adrien n'était plus l'ombre de lui-même depuis qu'ils étaient ensemble. Elle aimait Adrien presque comme son propre fils et elle ne l'avait jamais vu plus heureux que les jours où la franco-chinoise était tout à lui. Elle avait pensé que le retour de Marinette allait arranger les choses, mais non seulement cela l'avait-il rendu plus désespérément malheureux, mais de plus, il n'avait plus osé ramener une jeune fille dans son lit et le sevrage le rendait de plus en plus amer.
Finalement, elle savait qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Michel était gentil, doux, avenant et très attirant, mais justement, il était de ces personnes trop parfaite qui pouvait être ennuyeuse à la longue. Marinette était une demoiselle dynamique, enthousiaste qui aimait être mise au défi et se lancer tête première dans l'aventure. Nathalie voyait son copain comme un jeune homme qui cherchait la stabilité et la tranquillité. Impossible de vivre cela avec une personne maladroite et fonceuse comme Marinette. Elle finirait par de lasser se la gentillesse passive du garçon.
Inconscients de l'analyse dont ils étaient l'objet, les deux amoureux planaient maintenant au-dessus du Maine, direction Montréal où Michel leur avait planifié une semaine remplie d'activités. Durant cette courte heure de vol, Marinette n'avait cessé de se torturer l'esprit avec le fameux rêve qui l'avait réveillée le matin même. Elle s'en voulait de n'avoir aucun contrôle sur ce genre de rêve et elle s'en voulait de presque souhaiter que ce fût réel. Mais rapidement, l'avion atterrit à l'aéroport Pierre-Elliot Trudeau et s'envola toutes ses craintes alors que l'excitation d'enfin visiter le Québec la gagnait.
Après avoir vaincu les bouchons de circulation entre l'aéroport et leur hôtel, ils purent enfin poser leur valise dans leur chambre du 20e étage et Michel annonça joyeusement à la demoiselle leurs projets pour la journée.
« Je sais que tu dois t'ennuyer de Paris et son ambiance alors, si tu es d'accord, je t'amène souper dans le vieux Montréal, je crois que tu vas apprécier. »
« Euh, souper? »
« Bah, diner si tu préfères. Ici, on déjeune le matin, on dine le midi et on soupe le soir. »
« Oh... ok? Mais c'est loin d'être l'heure du diner. »
« Je sais, en attendant, je t'amène au vieux port, tu vas adorer. »
Marinette adora effectivement le vieux port de Montréal. Là-bas, l'architecture datait du 17e siècle et il y avait une tonne d'activités à faire. C'était plein de vieux hangar qui servaient anciennement à la réception des marchandises mais qui étaient maintenant rénovés en attraits touristiques.
Michel l'amena d'abord dans un bâtiment qui avait été aménagé en labyrinthe. Pendant une heure, ils arpentèrent des corridors de toiles jonchés d'obstacles. Il leur fallait récupérer les quatre écussons avant de ressortir alors que des pirates en roller armés de fusil à eau, faisaient tout en leur possible pour les écarter du bon chemin.
Après avoir surmonté l'obstacle, ils allèrent chercher une glace pour ensuite faire le tour des kiosques qui vendaient toutes sortes de babioles intéressantes, passant de reliques amérindiennes aux bijoux artisanaux. Ils allèrent ensuite faire un tour dans la grande roue et se firent dresser le portrait par un caricaturiste.
Le centre des sciences avait l'air amusant mais il faisait trop beau pour s'enfermer à l'intérieur. Détachant son regard du fleuve St-Laurent qui brillait sous le soleil radieux, les yeux de Marinette s'allumèrent devant le spectacle qui l'attendait. Devant elle, se dressait une architecture ressemblant à un navire pirate sur lequel petits et grands se promenaient en hauteur sur des cordes, des poutres, des rondins. À l'entrée de l'attraction, elle lut son nom. « De voile en voile. »
« Michel, on va faire ça! »
Le Québécois jeta un air méfiant à la structure.
« C'est que... je n'aime pas du tout les hauteurs. »
« Arrête, il n'y a pas de danger, ils sont tous attachés. Tu vois? »
« Je sais mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas supporter le vide sous mes pieds. »
Elle ne pouvait détacher son regard du navire. Si Adrien avait été avec elle, il était clair qu'il se serait lancé dans l'aventure. Elle l'entendait déjà lui dire, « pas besoin de harnais ma Lady, si on se transformait. » Mais Michel n'était pas Adrien et elle ne pouvait pas exiger de lui qu'il en ait les mêmes goûts. Le faire seule serait ennuyant, valait mieux faire une croix sur cette activité. Elle soupira puis tourna son regard un peu plus vers la droite au moment où elle y entendit un cri.
« Alors, moi je vais faire cela. »
Il tourna les yeux dans la même direction qu'elle. Un peu plus loin, se dressait une tyrolienne d'une centaine de mètre. À intervalle régulier, on voyait des individus s'y lancer à partir d'une tour haute d'environ 20 mètres. Il fit un sourire à sa copine.
« Je te l'offre. »
Du haut de la tour, Marinette observa le vieux port, ses hangars, les vieux navires qui y étaient accostés pour le plaisir des touristes. Loin du stress du travail et du monde de la mode, c'est son instinct de superhéroïne qui prit le dessus, elle se rendit compte que cela lui manquait réellement de se transformer en Ladybug. Avec une excitation palpable, elle s'élança dans le vide, passa au-dessus de l'eau et arriva beaucoup trop rapidement à son goût de l'autre côté. Michel vint la rejoindre.
« C'était bien? »
« C'était génial. »
L'heure du repas était venue et le garçon l'amena manger sur la terrasse d'un sympathique bistro. Leur table se trouvait juste à côté de la barrière adjacente à la rue piétonnière où défilaient les passants, s'exposaient les artisans et performaient les artistes de rues. La jeune fille passa des moments merveilleux alors qu'ils terminaient leur soirée devant la scène qui avait été dressée pour fêter je ne sais quel évènement; il y avait toujours quelque chose à fêter l'été à Montréal. Enfin, sur les coups de dix heures, le ciel s'illumina de feux d'artifices. Elle apprit plus tard que tous les étés, se tenait une compétition internationale d'art pyrotechnique. Elle avait rarement assisté à quelque chose d'aussi merveilleux alors que les pétards se dédoublaient en se reflétant dans l'eau miroitante du fleuve.
Lorsqu'ils allèrent se coucher ce soir-là, malgré la merveilleuse journée qu'elle avait passée, Marinette ne put tout de même répondre aux avances de son copain; le rêve de la matinée était encore trop frais à sa mémoire. Avant de s'endormir, pour tuer le malaise, elle s'enquérit des projets de son compagnon.
« Qu'est-ce que tu as prévu pour demain? »
« Si ça ne te dérange pas, j'aimerais t'amener voir ma famille à Berthier. C'est à 45 minutes d'ici. »
« Oh! Euh, d'accord. » Il y avait déjà plus de deux mois qu'ils étaient ensemble, pourquoi trouvait-elle que c'était d'un coup trop soudain?
Elle embarqua tout de même avec le sourire à l'arrière de la voiture d'un de ses copains qui était venu les chercher. Le garçon en question était très sympathique, mais elle devait avouer qu'elle avait de la difficulté à comprendre tout ce qu'il racontait. C'était charmant mais elle n'y était pas habituée. Michel faisait toujours attention à utiliser un français correct avec elle et à Montréal, en général, le parler des gens avait été tout à fait compréhensible. Par contre, ce nouveau venu avait un fort accent et elle se demanda s'il était un cas particulier ou si l'ensemble de l'entourage de son copain parlait de la même façon.
Elle eut rapidement sa réponse lorsqu'elle fut présentée à son père.
"Ah bin torrieu Michel, c'est toute un brin d'fille que tu nous ramènes là."
"Enchantée monsieur."
"Une Française en plus. Je pensais qu'elle était américaine ta nouvelle blonde."
"Non, elle travaille avec moi à New-York mais elle vient de France, comme mon patron."
"Bah tu vas surement être moins dépaysée icitte. Au moins, on parle Français. Va la montrer à ta mère. Est dans cave, a part une brassée."
Marinette avait beaucoup de misère à retenir son fou rire. Le père de Michel était vraiment sympathique mais elle ne savait pas comment elle pourrait tenir une conversation cohérente avec lui lors du diner qui aurait lieu le soir même. Elle ne put s'empêcher de penser à Adrien : elle savait qu'il serait à la fois intéressé et amusé par le français qui était parlé ici. Ils auraient beaucoup de plaisir à se moquer gentiment de leur dialecte. Mais pourquoi diable pensait-elle à Adrien à ce moment précis?
La mère de Michel était toute aussi sympathique et beaucoup plus claire aussi.
"Oh ma chère, je suis tellement contente de te rencontrer. Laisse-moi finir de partir mon lavage et je vous rejoins tout de suite dans cour. On va prendre un p'tit verre sur le bord de la piscine. J'espère que tu as amené ton costume de bain."
"Oui madame, Michel m'a aidé à faire ma valise."
"Parfait. T'es chanceuse, les voisins sont pas là. Le bonhomme est tellement senteux, avec la shape que t'as, je suis certaine que le vieux cochon serait dans fenêtre toute la journée."
Michel lui fit un sourire gêné devant le parler un peu cru de sa mère, mais Marinette, pour sa part éclata de rire. Elle s'attira ainsi un l'approbation de sa belle-mère qui se dit que la jeune fille était vraiment une bonne petite.
La journée chez les parents de son copain fut très amicale et réjouissante. C'était de bons vivants qui aimaient la fête et avaient tout plein d'anecdotes à raconter. Quelques amis de Michel étaient venus les rejoindre pour la soirée et ils s'étaient fait un feu dans la cour. Jusqu'aux petites heures du matin, ils avaient bu de la bière autour du feu de camp alors qu'un des garçons présents jouait de la guitare et que les autres chantaient de vieux classiques Québécois. Il lui fit même l'honneur de jouer une chanson de Joe Dassin afin qu'elle puisse joindre sa voix aux autres.
Quand elle alla se coucher, elle ne se sentait pas très brillante. Les bières faisaient leur effet et le lit dans l'ancienne chambre de Michel l'appelait. Heureusement, le garçon lui avait assuré qu'il pourrait dormir très tard le lendemain et la maitresse de maison leur réservait le meilleur remède à tout lendemain de veille québécois : "Deux œufs bacons, rien de mieux pour la gueule de bois ma chère."
Ils quittèrent dans l'après-midi pour retourner à Montréal où ils ne firent plus rien de la journée. Marinette s'étendit au bord de la piscine de l'hôtel avec son téléphone et paressa jusqu'au soir où ils firent venir un souper à la chambre. Malgré qu'elle se sente plus ou moins prête, elle ne voulait pas faire attendre Michel plus longtemps. Il l'avait amené faire ce voyage magnifique et il prenait merveilleusement soin d'elle. Il était tellement mignon, comment pouvait-elle ne pas avoir envie de lui.
Après s'être redonné courage avec une ou deux coupes de vin, elle alla enfiler quelque chose d'un peu plus léger. Michel la regarda avec une envie manifeste lorsqu'elle sorti de la salle de bain. Mais la soirée ne fut pas mémorable, pas pour Marinette. Elle fit de son mieux pour paraître totalement satisfaite mais les caresses d'Adrien, aussi irréelles qu'elles furent, étaient encore trop vives à son esprit. Cela passerait, n'est-ce pas? C'était qu'une question de temps; après tout, elle était réellement bien avec Michel.
Elle s'endormit avec cette certitude, mais son âme ne le voyait pas d'un même œil. Lorsqu'elle se réveilla en sueur, l'entre-jambe toujours brûlant de l'orgasme qu'elle venait de connaître, elle jeta un œil inquiet à Michel à ses côtés et fût rassurée de voir qu'il dormait paisiblement.
Elle reposa sa tête sur l'oreiller et tenta de se calmer. Tranquillement, elle retomba dans le sommeil. À côté d'elle, son copain se torturait l'esprit. Il avait fait comme si de rien était, mais il n'avait pu ignorer les cris que sa douce avait poussés dans son sommeil. La nature de son rêve ne faisait aucun doute et ce n'était pas son nom à lui qu'elle avait crié. Il ne pouvait pas lui reprocher un rêve, personne ne contrôlait ses rêves. Il se réservait tout de même le droit d'être blessé. Mais il ne lui en parlerait pas, elle était avec lui présentement et tout le monde avait droit à son jardin secret.
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