Chapitre 3: Nouvelles relations
Comme elle l'avait imaginé, ou peut-être parce qu'elle l'avait imaginé, la rencontre avec Vanessa ne changeât pas son opinion de la jeune fille. Elle était littéralement ravissante, encore plus en personne que sur les clichés et il y avait, pour ainsi dire, rien à lui reprocher; Marinette détestait cela.
Il semblait de plus que la relation entre elle et Adrien était plus étroite qu'elle n'aurait dû l'être entre un mannequin et le grand patron. Le garçon ne se gênait pas pour lui baiser la main et flirter avec elle sous les yeux de Marinette. À un moment, Vanessa avait pris à part le jeune homme pour avoir une discussion privée et les regards qu'elle lui lançait donnaient à la styliste en chef, l'impression qu'elle était le sujet de conversation. Les seuls mots qu'elle put en saisir venaient d'Adrien quand il mit fin à la conversation en riant et en lui lançant: "Désolé mais il n'y a aucune chance." Mais de quoi pouvaient-ils bien parler?
Cette seule conversation fût suffisante pour que la française prenne définitivement Vanessa en grippe. Elle la considérait maintenant comme une rivale sérieuse même si, lorsqu'elle tentait de se raisonner, elle n'y voyait aucune raison; la relation entre elle et Adrien était définitivement terminée et il pouvait bien sortir avec qui il voulait. Elle mit cette réaction sur le fait qu'elle trouvait irresponsable, de la part d'Adrien, d'entretenir une telle conduite avec un employé. Il était le directeur après tout, il ne pouvait se permettre un tel écart. Elle comprenait maintenant le commentaire de Gabriel Agreste lorsqu'il parlait des comportements peu orthodoxes de son fils. Adrien était un excellent directeur, les résultats d'Agreste America le prouvait, mais il avait des méthodes qui ne cadraient pas avec le mode de pensée de son père.
La styliste tentât du mieux qu'elle pût de ne pas se laisser miner par ce détail. Elle avait du travail, beaucoup de travail. Les dessins des stylistes étaient acceptables mais certaines choses clochaient selon elle et elle ne se gênât pas pour leur suggérer certaines corrections à apporter. Adrien lui avait conseillé d'agir ainsi, c'était le moyen le plus efficace de rapidement gagner leur confiance et leur respect. À la fin de la semaine, elle était littéralement épuisée. La plupart des dessins pour la collection d'automne étaient terminés et partis vers le département de la couture. Elle allait enfin pouvoir se lancer dans le concept de la collection d'hiver. Elle avait prévu tenir une réunion avec les stylistes dès le lundi matin pour récolter leurs idées et opinions, ainsi ils se sentiraient plus engagés dans le nouveau projet et cela leur donnerait envie de pousser leurs élans de création à leur paroxysme.
Mais pour l'instant, c'était vendredi soir, elle ne s'était pas encore remise du décalage horaire et elle avait l'intention de passer sa fin de semaine seule dans sa chambre d'hôtel à relaxer, dessiner et s'informer des tendances actuelles. Il était 8:00 pm et elle se dit qu'il était temps pour elle de quitter le bureau. En passant devant le bureau d'Adrien, elle fût surprise de constater qu'il était lui aussi, encore au travail. Elle lui fit un timide signe de la main et se dépêchât de sortir. Elle ne voulait pas se trouver seule avec lui, elle n'était pas encore prête.
En arrivant à son hôtel, elle fût interpellée par le gérant.
"Mademoiselle Dupain-Cheng, je voulais vérifier avec vous quelles sont vos disponibilités pour le planning de ce week-end."
"Je vous demande pardon."
"Le planning de ce week-end mademoiselle, je voulais savoir à quelle heure vous désiriez recevoir vos soins."
"Mes soins? Je suis désolée, je ne vois pas de quoi vous parlez."
"Je parle des soins qui ont été prévus pour vous ce week-end. Il y a un massage, un facial, une pédicure, une manucure et une exfoliation. Je voulais savoir à quel moment vous vouliez recevoir chacun de ces soins."
"Je n'ai rien demandé de tout cela."
"M. Agreste l'a demandé. Il dit qu'après un long voyage et une dure semaine de travail, vous auriez besoin de repos."
"M. Agreste? Lequel?"
"Je vous demande pardon mademoiselle, je ne saisis pas la question."
"Je veux dire le père ou le fils? Gabriel ou Adrien?"
"Oh! M. Adrien Agreste bien sûr."
"Je suis désolée, je... je ne peux pas accepter."
"Vous m'en voyez attristé mademoiselle car tous les soins ont déjà été payés et on m'a donné ordre d'insister. Il semble que le refus ne soit pas une option."
Marinette parût désemparée. C'était typique d'Adrien d'avoir ce genre de comportements; elle aurait dû s'en attendre. Elle ne savait pas pourquoi il tenait à ce point à l'impressionner, à se montrer romantique, à répondre aux moindres caprices qu'elle n'avait même pas exprimés, même pas simplement pensés. Pensait-il qu'avec son argent, il pouvait tout acheter, elle y compris? Ah! Et puis zut, s'il souhaitait à ce point dépenser son argent, elle serait folle de ne pas en profiter. Après tout, rien ne l'obligeait à répondre à ses avances et à se jeter dans ses bras pour autant. Elle jetât un coup d'œil au directeur qui semblait anxieux, comme si son emploi dépendait de sa réponse. Cette vision eût raison d'elle et influençât la décision finale.
"D'accord."
Le sourire de l'homme revint instantanément. "Suivez-moi, mademoiselle, nous allons planifier le tout."
La fin de semaine fût finalement plus agréable et reposante que ce qu'elle avait prévu. Les soins demandés par Adrien lui avaient fait un bien fou et le samedi soir, elle avait passé une partie de la soirée à rassembler des indices qui la mèneraient vers LE style de l'automne. Le dimanche, elle avait envoyé un message de remerciement très professionnel à Adrien, insistant sur le fait qu'elle appréciait que son patron se soucie de son bien-être et qu'elle tâcherait d'être en pleine forme pour attaquer la nouvelle semaine.
Évidemment, lorsqu'il reçut le courriel, Adrien poussa un soupir de découragement. Il savait depuis un moment qu'il serait difficile d'oublier Marinette, mais en l'apercevant à l'aéroport, il avait compris que ce serait carrément impossible. C'était la femme de sa vie, la future Mme Agreste, il en avait la certitude. Mais elle pouvait être tellement bornée. Ils avaient passés trois ans de pur bonheur, trois ans sans accroc, à vivre l'un pour l'autre.
Comment un malentendu aussi stupide pouvait-il continuer d'être une barrière entre eux deux? Il avait ses torts, il le savait, mais il avait voulu arranger les choses. Quand il avait appris qu'elle venait le rejoindre à New-York, il avait vu poindre une lueur d'espoir; avait-elle accepté le poste pour qu'enfin ils se retrouvent? Mais elle avait vite mis fin à ses rêves en le repoussant dès le premier regard. Où était la Marinette qui appréciait ses petites attentions, qui rougissait au moindre compliment? Il avait décoré son bureau, il avait planifié une fin de semaine de soin, il avait clairement signifié qu'il était prêt à reprendre là où ils avaient laissé? Pour lui, il avait clairement passé le message qu'il la voulait dans sa vie. Qu'était-il arrivé pour que la styliste lève le nez sur une relation qui avait déjà fait ses preuves?
Quand Marinette arriva le lundi matin, elle fût soulagée de voir qu'Adrien n'était pas encore arrivé. Aussitôt qu'il lui fût possible, elle convoqua les stylistes pour une réunion si créative qu'elle les gardât avec elle toute la journée. Ses employés étaient réellement doués, elle avait tout avantage à les laisser s'exprimer et prendre leurs idées en compte. Elle apprendrait plus tard, que c'était, en partie, parce qu'ils avaient négligés de donner du crédit à leurs subalternes que ses prédécesseurs avaient faillis.
Quand elle les libérât enfin, c'était au tour d'Adrien d'être pris dans une rencontre. Elle en profitât pour rapidement ramasser ses affaires et prendre le chemin de son hôtel. Elle devrait l'affronter de nouveau un jour ou l'autre, mais chaque répit était bienvenu. Au fond d'elle-même, bien qu'elle ne veuille pas se l'avouer, elle savait qu'elle ne pourrait pas résister longtemps aux avances d'Adrien et elle ne voulait surtout pas lui donner la satisfaction de retomber dans ses bras de Don juan.
Le lendemain, lorsqu'elle passât devant son bureau, elle le saluât rapidement, bénissant le ciel qu'il soit au téléphone. Mais au moment, où elle allait s'éloigner, un nom beaucoup trop familier l'incitât à succomber à la curiosité. Elle freinât brusquement pour demeurer dans cet angle où elle entendait tout sans être vue.
"Non Chloé, tu sais très bien que ce soir ce n'est pas possible. Encore une fois, ce n'est pas de tes oignons. Demain, ça va mais jeudi, c'est comme d'hab. Quoi? Tu peux pas te trouver un hôtel pour une fois? Non... non , rien à voir avec Marinette. Non et de toute façon qu'est-ce que ça change qu'on soit ou non revenus ensemble? Je n'embarquerai même pas là-dedans... tu veux ta soirée, tu vas l'avoir, pour le reste, c'est de mes affaires. C'est ça. À demain." Il raccrochât et Marinette se dépêchât à retrouver son bureau avant qu'il ne sorte du sien.
La conversation qu'elle avait entendu était intéressante, mais laissais plus de questions que de réponses. Qu'est-ce qu'il voulait dire par avoir sa soirée? Est-ce qu'ils... Non, elle ne devait pas commencer à se faire des idées, Adrien avait plus de jugement que ça. Mais pourquoi lui avait-il refusé la soirée de ce soir? Et que voulait-il dire par jeudi, c'est comme d'hab? Elle se hâtât de consulter le calendrier du jeune homme pour voir s'il avait des engagements professionnels ces soir-là. Rien, niet, nada. Elle s'attardât un peu à consulter les divers rendez-vous qu'il avait de planifier. Demain matin, il avait une séance photo avec Vanessa. La styliste fixait ce rendez-vous avec des couteaux dans les yeux, comme si le fait de le regarder avec une telle intensité allait pouvoir le faire disparaître.
"Tu as la photo de ton pire ennemi sur cet écran?"
Elle sursautât en refermant vivement le couvercle de son ordinateur.
"Adrien! Tu m'as fait peur."
"Je vois ça! Euh, tu as quelque chose ce midi, j'aimerais que tu me résumes un peu ta rencontre d'hier?"
Le cerveau de la demoiselle se mit à fonctionner à cent milles à l'heure, c'était le moment d'avoir des réponses.
"Bah, dès 11h, je vais faire le tour des appart avec Nathalie. Elle en a ciblé deux ou trois qui pourraient me plaire et je dois aller les visiter. Mais on pourrait remettre ça à ce soir, je pourrais par la même occasion, te parler de mon nouvel appart."
Il se grattât l'arrière du cou en signe de nervosité. "Bien, ce soir, ça va être difficile, j'ai déjà quelque chose de prévu et je peux pas vraiment annuler alors... mais on peut remettre cela à demain midi?"
"Bien sûr. Demain midi. Parfait."
"Je t'amène dans un resto vraiment sympa que tu vas adorer, d'accord?"
"Oui, euh... génial!" Elle se maudissait à l'intérieur; en ayant voulu se mettre le nez dans les affaires du garçon, elle avait oublié de se mettre sur ses gardes et voilà qu'elle avait accepté un déjeuner avec lui. Mais bon, ce ne serait qu'un déjeuner d'affaire, non?
Sentant qu'il n'y avait plus rien à dire, le modèle prit la direction de la sortie.
"Euh Adrien?"
Il se retournât avec espoir. "Oui?"
"Pas que ça m'importe vraiment, je veux dire, c'est ta vie et ça ne me concerne pas mais, je suis curieuse de savoir quels sont tes plans ce soir."
"Oh... euh... rien de bien intéressant. Je ne voudrais pas t'ennuyer avec ça. Alors, on se reparle plus tard."
"Oui, à plus!"
À midi pile, Nathalie était dans son bureau pour lui rappeler qu'il était temps de partir. Étant perdue dans la rédaction des grandes lignes définissant sa collection d'hiver, elle n'avait pas vu le temps filer et fût surprise de voir l'adjointe l'attendre ainsi.
"Je peux t'aider Nathalie."
"Il est midi mademoiselle, nous avons des appartements à visiter tous les deux."
"Oh! Euh... oui." Elle ferma abruptement son ordinateur et suivit docilement la femme. Derrière la voiture, le trajet se passait silencieusement. Marinette en était mal à l'aise, elle aurait voulu que la relation entre elle et Nathalie soit différente. Elle sentait qu'au fond d'elle-même, la secrétaire rêvait d'un peu plus de chaleur. Elle tentât un début de conversation.
"Nathalie."
"Oui mademoiselle."
"Tu sais ce qu'Adrien fait de ses mardis et jeudis soirs?"
"Non mademoiselle, je l'ignore et même si je le savais, il m'est impossible pour moi de dévoiler les détails de la vie personnelle de M. Agreste."
"Oh! Euh... bien sûr." Elle restât silencieuse encore un instant mais une autre question lui brûlait les lèvres et celle-ci ne concernait en rien le beau modèle. "Nathalie."
"Oui mademoiselle."
"Qu'est-ce que vous faites lorsque vous ne travaillez pas?"
"Je dois avouer que j'ai bien peu de temps libre mademoiselle. Je... enfin, je consacre mon temps perdu à lire ou écouter la télévision."
"Vous ne sortez jamais avec des amis? Vous n'avez pas d'amoureux?"
"Mon emploi du temps me laisse bien peu de temps pour créer des liens. Mais, je ne m'en plains pas, c'est mon choix."
"Mais c'est tout simplement invivable. Vous devriez pouvoir avoir des personnes sur qui compter quand vous vous sentez déprimé ou voulez vous amuser."
"Je... c'est compliqué, mademoiselle. Mon emploi m'a appris à rester impassible et ne pas démontrer mes sentiments. Je dois avouer que je ne sais plus trop bien comment interagir avec les gens qui ne sont pas des collègues de travail."
"Vous le faites présentement et vous vous en sortez très bien."
"Merci mademoiselle."
"Nathalie, y'a-t-il un lien hiérarchique entre nous deux?"
"Et bien, je suis censée vous guider et vous aider, répondre à vos demandes et assurer votre bien être du côté professionnel mais mon patron demeure M. Agreste, enfin le père et le vôtre est M. Agreste, le fils, donc non, techniquement, il n'y en a pas."
"Alors, rien ne vous empêche de commencer par moi."
"Je suis désolée mademoiselle, mais commencer quoi?"
"À avoir des amis."
Jusque-là, Nathalie avait parlé en regardant droit devant elle, comme à son habitude mais cette fois-ci, elle se tournât vers la styliste avec un regard étrange.
"Pourquoi faites-vous ça pour moi?"
Marinette éclatât de rire. "Je ne le fais pas pour vous, je le fais pour nous deux. Je sens que vous et moi, allons bien nous entendre."
L'adjointe regardât alors le plancher, le regard perdu. Elle semblait peser le pour ou le contre de cette association. Sa voisine semblât un peu étonné d'autant d'hésitations jusqu'à ce qu'elle prenne conscience de se qui pouvait troubler la femme.
"Évidemment, M. Agreste n'a pas besoin de savoir tout ce que nous faisons ensemble. Disons que, sans le lui cacher, nous pouvons garder cela pour nous. Il n'y a rien dans votre contrat qui vous interdit d'avoir des relations à l'extérieur du travail j'espère."
"Bien sûr que non. Ma vie personnelle ne regarde en rien Gabriel Agreste."
"Alors... il n'y a aucun problème."
Nathalie sourit pour la première fois à la connaissance de Marinette. Elle trouvât le contraste étonnant, elle était magnifique lorsqu'elle s'ouvrait ainsi.
"D'accord. Mais à une condition."
"Laquelle?"
"Il vous est interdit de me vouvoyer en dehors de mes fonctions."
Marinette lui tendit la main en guise de contrat. "Je n'en attends pas moins de vous."
Nathalie la lui prit avec bonne humeur. "Merci mademoiselle."
Elles firent rapidement le tour des appartements et eurent le coup de foudre pour le même. À la mention du prix, Marinette eut un petit serrement de cœur et Nathalie semblât s'en rendre compte.
"Il y a un problème mademoiselle?"
"Même avec le salaire de styliste en chef, il m'est impossible de m'offrir celui-ci."
"Avez-vous bien lu le contrat que vous avez signé avec M. Agreste?"
"Euh... oui."
"N'y avait-il pas mention du fait que l'entreprise Agreste America prenait en charge les questions du logement et des déplacements."
"Oui, bien sûr, mais je croyais que c'était simplement pour m'aider à m'établir."
"Et bien vous serez heureuse d'apprendre mademoiselle que cela inclut aussi le prix d'achat. Par contre, le logement en question sera la propriété des industries Agreste. Gabriel Agreste est peut-être un patron exigeant, mais il sait récompenser les employés clés de son industrie et agir de façon à les conserver au sein de la compagnie."
"Wow. Euh... d'accord. Alors, on le signe cet offre d'achat?"
Le soir, l'emploi du temps d'Adrien occupait encore ses pensées. Il y avait une dernière vérification qu'elle devait faire. « Tikki, transforme-moi. »
Aussitôt transformé, elle attrapât son yo-yo pour communiquer avec Chat Noir; il était tout simplement hors ligne. Ce n'était donc pas ça qu'il faisait de sa soirée; ses doutes se confirmèrent de plus en plus. La seule chose que pouvait vouloir cacher Adrien était évidente : une fille... ou même plusieurs.
Le lendemain, enthousiasmée par sa nouvelle amitié et l'achat de son appartement, Marinette arrivât tout sourire dans les locaux de l'entreprise. Même la vue de Vanessa en passant devant le bureau d'Adrien ne réussit pas à la contrarier. Elle leur dit un bonjour enjoué en passant et retrouvât avec bonheur le bureau qui lui ressemblait tant, merci monsieur le patron.
Vers 10h00, elle devait se rendre au studio où avait lieu la séance photo. C'était elle qui devait s'assurer que chacune des tenues étaient correctement portées, avec les bons accessoires et un maquillage bien agencé.
Les premières photos mettaient en vedette Adrien et Vanessa. Elle commença par jeter un coup d'œil à la demoiselle. Elle devait s'avouer qu'il y avait peu de choses à faire dans son cas, la mannequin semblait s'y connaître et en la regardant, la styliste en chef ne pût qu'hocher la tête pour signifier son approbation.
Du côté d'Adrien elle eût un peu plus de travail. Comment pouvait-il paraître autant à l'opposé de ce à quoi il devait ressembler? Évidemment, le beau modèle, avec les années, était parfaitement capable de s'arranger tout seul. Jamais un styliste en chef n'avait eu à effectuer de retouches à son apparence. Mais cette fois-ci, le garçon pensait qu'il avait tout avantage à se faire pomponner par la belle française. Il s'occupât donc du strict minimum et quand il la vit arriver avec un air découragé, il feignit son sourire le plus innocent.
"Est-ce que tu peux m'expliquer comment tu as fait pour avoir l'air de ça?"
"Quoi, j'ai les bons habits non?"
"Ton col de chemise est de travers, les bords du pantalon sont tous retournés et tu n'as aucun accessoire. Et tu n'es même pas supposé porter une cravate avec ce costume. Seigneur Adrien, on dirait que tu poses pour la première fois."
"Bah tu sais, le stylisme, c'est ton truc pas le mien. Et tu le fais très bien."
"Si tu crois m'avoir avec les compliments, tu te trompes. Va voir l'accessoiriste, il devrait avoir le collier et la montre qui vont avec et s'il te plaît, dépêche-toi, tu dois être sur le plateau dans moins de cinq minutes."
Elle se tournât pour affronter le prochain groupe de modèles. On devait faire la ligne pour homme avant le déjeuner et revenir dans l'après-midi pour les femmes. Elle alla à la rencontre du groupe de jeunes hommes d'un air assuré.
"Bon, bon les garçons, préparez-vous, c'est l'heure de l'inspection. "
Les quatre modèles se tournèrent pour affronter la demoiselle qui les interpellait. Leurs regards se radoucirent à la vision de la jeune fille ravissante qui devait s'occuper d'eux. Elle pointa le beau brun qui se tenait le plus près d'elle.
"Bon, on commence par toi. C'est quoi ton nom."
"Bryan."
"Ok Bryan, laisse-moi te regarder comme il faut." Elle fit le tour du jeune homme, défît un pli, retirât la chemise du pantalon et hochât la tête. Elle se tournât ensuite vers un jeune blond.
"Très bien comme ça. Toi maintenant. Comment tu t'appelles?"
"Zachary"
"Ok Zachary, je vais rouler tes manches comme ça. Parfait. Ensuite, laisse-moi voir... on peut lui apporter une des casquettes de la collection, s'il vous plaît. Ok et le pantalon... génial. Ne manque que la casquette et c'est parfait. À ton tour maintenant, qui es-tu?"
Le deuxième brun sursautât lorsqu'elle se tournât vivement vers lui. "Euh...Steve"
"Ok relaxe Steve, tout va bien aller. Le chandail... c'est parfait, les pantalons, génial. Tu devrais changer de soulier par contre. Amenez-lui les espadrilles bleus s'il vous plaît, oh et un de ses colliers pour homme aussi. Sinon, le reste c'est numéro un."
Elle se retournât vers le dernier, un beau grand jeune homme aux cheveux noirs et aux yeux bleus. "Toi maintenant. Tu es..."
"Michel... mais appelle-moi Mike. Les américains ont tendance à me sortir la chanson des Beatles alors..."
Elle éclatât de rire. "Pas très viril en effet. Tu as un accent Mike, tu viens de où."
"Montréal"
"Oh, un cousin québécois mais c'est génial. Ça fait du bien d'entendre parler un peu français ici tu sais. "
"Je suis d'accord."
"Bon, au boulot Mike. Laisse-moi replacer le col de ta veste." Elle fit l'erreur de lever les yeux vers lui et croisât son regard. Instantanément, elle rougit et redirigeât son attention vers les vêtements. Sans qu'elle ne sache pourquoi, il lui semblait plus difficile de procéder aux ajustements avec lui. "Laisse un peu ta chemise ouverte en dessous, et entre la dans les pantalons. Bien. Je crois que des bottes concorderaient plus avec tout ça. Qu'est-ce que tu en penses?"
Sa conscience se mit de la partie. Mais qu'est-ce tu dis, tu n'as pas à demander l'avis au modèle, c'est toi la styliste.
"Euh, bien sûr, si vous le dites."
"Inutile de me vouvoyer voyons." Non non non, Marinette, qu'est-ce que tu fais? Reste professionnelle.
"D'accord mademoiselle..."
"Marinette, je m'appelle Marinette." Le prénom maintenant, ressaisis-toi Marinette, c'est un employé. Oui mais pas le mien...
"Marinette, c'est un joli prénom."
"Merci." Bravo Marinette, voilà que tu te remets à rougir. Mais qu'est-ce que tu nous fais?
Le photographe qui en avait terminé avec Adrien et Vanessa appelât rapidement les quatre garçons.
"Bon et bien, on dirait que c'est à mon tour. Euh, Marinette, si tu es libre ce midi, on pourrait aller prendre une bouchée."
"Ce midi c'est impossible, je dois manger avec Ad... euh, M. Agreste, mais ce soir, si tu veux, ça me ferait plaisir."
"D'accord, je passe te chercher ici quand tu finis?"
"Oui... 5h."
"Ok je serai là."
"À plus tard alors."
"À plus tard Marinette."
Alors qu'elle regardait Michel s'en aller, elle ne remarquât pas la présence de son ancienne flamme derrière elle. Cela ne l'empêchât pas de frissonner lorsqu'il se penchât à son oreille pour murmurer.
"Un modèle... très original."
Elle tentât de réfréner le vol de papillons qu'il avait déclenché dans son estomac et se tournât pour l'affronter.
"Qu'est-ce que tu veux Adrien?"
"Cheveux noirs, yeux bleus... je suis curieux."
"Curieux?"
"Oui, je suis curieux de voir la tête qu'il fera lorsqu'il verra ses enfants avec des cheveux blonds et des yeux verts."
C'était ce genre de réplique qui lui rappelait qu'il était aussi Chat Noir et c'était ce genre de réplique qui lui rappelait à quel point ils avaient eu de bons moments ensemble. Mais ces moments, c'était du passé et elle devait se ressaisir.
"Tu as eu ta chance Agreste. "
Il lui prit la main et la portât à ses lèvres. "Je compte bien en avoir une autre."
Sur le plateau, Bryan intercepta Michel. "Hey, tu aimes jouer dangereusement toi."
"Mais de quoi tu parles?"
"Marinette Dupain-Cheng. La prochaine fois que tu te promènes sur internet, je te conseille de taper son nom dans Google. Les images que tu devrais voir risquent de ressembler pas mal à ça."
Michel se tournât en direction d'où pointait son collègue pour apercevoir Adrien qui baisait la main de la fille qu'il convoitait.
"Quoi, ils sont ensembles?"
"Ils étaient ensembles, mais avoue qu'une fille comme ça ne s'oublie pas aussi facilement. Je comprendrais le patron d'en pincer encore pour elle."
Il allât prendre place pour sa photo, laissant un Michel très déconcerté tente d'absorber la nouvelle.
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