Chapitre 17: Au coeur de Central Park
Adrien ne lui avait jamais parlé sur ce ton. Mais contre qui était dirigée cette colère? Peu importe la raison, elle ne pouvait pas s'attarder dans le coin. Il les avait trahi, il avait trahi leur secret sans même lui en parler d'abord et voilà que Nathalie, l'assistante de leur plus grand ennemi, savait qui se cachait sous les traits des superhéros. Mais à quoi avait-il pensé? Probablement à rien vu l'état où il se trouvait. Son partenaire avait toujours été plutôt impulsif, mais ajoutez la colère, c'était un mélange plutôt explosif. Elle devait s'éloigner et se cacher pour penser à tout cela. Elle devait mettre ses idées en place et dresser un plan B. Sa propre vie en dépendait peut-être.
Elle marchait au hasard dans les rues de New-York, empruntant des chemins qu'elle n'avait jamais pris. Légèrement paranoïaque, elle tentait de brouiller sa piste, même prendre un taxi la rebutait. Jamais auparavant, elle avait eu l'impression d'avoir perdu le contrôle à ce point. Ses pas l'amenèrent en plein cœur de Central Park. Machinalement, elle se dirigeât vers un bosquet d'herbes hautes, elle avait besoin de se ressourcer. Elle contourna les arbustes pour aller s'y réfugier. Assis sur le bord d'un lac, dissimulée par la végétation, elle prit une grande respiration et s'enfoui la tête dans les mains. Elle devait se calmer, paniquer n'avait jamais mené à grand-chose.
Tikki sortit de sa cachette et posa une main sur son genou.
« Ça va aller Marinette, tout va bien se passer. »
Elle leva, la tête, ses yeux étaient rougis et son regard indéfinissable.
« Tikki... il... il a tout dit... comme ça. Il a tout dit à Nathalie, sans même me demander d'abord. »
« Je sais Mari... je ne comprends pas non plus. »
« Et tu l'as pas vu Tikki, il était en colère... non pire qu'en colère, je ne l'ai jamais vu comme ça. Il n'avait plus le contrôle de lui-même. J'ai... j'ai eu peur de lui Tikki. »
« Tout le monde a son point de rupture Marinette. Il a vécu tellement mais tellement d'émotions ces derniers jours. Je ne suis pas certaine que de t'enfuir était la bonne solution. Tout comme le rejeter sans cesse ne doit pas adoucir son humeur. »
« Tu crois que c'est ma faute s'il agit ainsi? »
« Il passe à travers beaucoup plus grand que votre querelle Marinette, mais je crois que ta propre attitude jette de l'huile sur le feu. Ta tête de mule va finir par avoir raison de sa bonne nature. Il a besoin de toi Marinette... et toi tu viens de carrément t'enfuir dans le moment le plus critique. »
« J'avais peur pour ma vie! »
« Peur d'Adrien... tu es sérieuse! »
« Tu n'as pas vu son regard. »
« Est-ce que ce regard t'était destiné à toi? »
« ... »
« Écoute, je te propose qu'on reste ici un moment. Réfléchis à ce qui arrive à Adrien, mais fais-le avec sa perspective plutôt que la tienne. Comment tu réagirais à sa place? Et plus important que tout, est-ce que tu t'en prendrais à lui au moment où ta vie semble basculer... ou espérerais-tu simplement qu'il te prenne dans ses bras? »
Elle s'imagina un instant le réconfort que lui apporte les bras d'Adrien. Elle repensa à cette journée au café où il l'avait écouté et rassuré. Jamais personne ne l'avait fait sentir aussi bien que lui dans ses pires moments. Mais... La culpabilité s'empara d'elle soudainement.
« Mais j'ai Michel maintenant Tikki... je veux dire, c'est vers lui que je me tournerais maintenant. »
Tikki la regarda un instant et ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt. C'était peine perdu.
« Crois ce que tu veux Marinette. »
Elle retourna se blottir dans la bourse de sa protégée et la laissa à ses réflexions.
Même dans les moments où le Papillon les bombardait sans relâche d'akuma de toutes sortes, elle ne s'était déjà sentie aussi vulnérable. Elle revoyait encore l'expression de rage d'Adrien au moment où il avait compris que c'était son père au bout du fil, où il avait saisi ce qu'il demandait à Nathalie. Jusqu'à quel point la secrétaire était-elle fidèle à son patron? Elle ramena ses genoux, y croisa les bras et s'y enfouit le visage. Pendant un bon moment, elle réfléchit dans cette position.
Dans le petit café duquel Marinette venait de s'enfuir, Adrien fixait toujours la porte avec une expression indéchiffrable. Il n'aimait pas ce qu'il avait vu dans les yeux de sa partenaire. De la peur... c'était la première fois qu'il lisait une terreur aussi palpable dans son regard. Il faut dire que dans les dernières minutes, il avait totalement perdu le contrôle de lui-même. L'emprise que son père exerçait sur Nathalie le mettait hors de lui. Et lorsqu'il avait vu Marinette se lever de table avec une expression d'effroi, cela ne l'avait pas calmé. Il s'en était voulu encore plus, d'avoir perdu son sang-froid et le ton qu'il avait employé pour la retenir avait peut-être été un peu terrifiant... bon beaucoup. Cette pensée ne l'adoucit définitivement pas et il se retourna vivement vers la table en y affaissant son poing d'un geste rageur.
Levant les yeux, il aperçut les expressions désapprobatrices de ses meilleurs amis et une Nathalie toujours sur le choc des révélations qu'elle venait d'apprendre. Il soutint le regard des deux métis, bien déterminé à ne pas se laisser intimider, mais Alya n'embarquât pas dans son jeu.
« Si c'est comme ça que tu tentes de la reconquérir et bien bravo Don Juan. Non mais, t'es pas un peu cinglé? »
Il se renfrogna. « Quoi? »
« Tu viens de vendre ton identité...merde... son identité... tu... elle... merde Adrien »
Nino lui flattait le dos pour la calmer, elle était visiblement hors d'elle.
« Tu crois que c'est l'idée du siècle peut-être. Qui te dit qu'elle ne te vendra pas à ton père dès que tu as le dos tourné. » Elle pointait Nathalie qui semblait parfaitement absente. Elle lui jeta ensuite un coup d'œil et s'inquiéta aussitôt de son état.
« Nathalie? »
Elle se tourna lentement vers son interlocutrice.
« Ce n'est rien contre toi mais bon sang... »
La secrétaire hocha la tête pour signifier qu'elle avait compris mais son regard demeurait vide, son visage blême. Alya posa la main sur son bras pour la réconforter. « On te laissera pas tomber mais... mais tu dois comprendre. Adrien... il prend un foutu risque à te dévoiler tout cela. »
Le blond se défendit. « Hey, je te rappelle que nous possédons toujours les miraculous d'accord. C'est lui qui devrait se sentir menacé, il n'a plus rien, il est... »
« Il lui reste toujours le miraculous du Paon. »
Adrien se tourna très lentement vers Nathalie. Elle avait parlé d'une voix blanche, sans émotion, sans intonation et elle arborait à nouveau son expression déroutée, comme si son intervention n'avait jamais eu lieu. Il secoua ses mèches blondes, avait-il rêvé ce qu'elle venait de dire? Il vint pour consulter ses compagnons du regard mais il remarqua qu'ils fixaient tous deux la secrétaire avec la même expression d'incrédulité. C'est Alya qui ouvrit la bouche la première.
« Nath? T'es sérieuse. »
La femme tourna son regard vers le sien et pour la première fois depuis l'appel de son patron prit un air déterminé en fixant la journaliste dans les yeux.
« Oui. Je suis sérieuse. Il a un autre miraculous. »
Adrien pris une des mains de sa secrétaire. « Mais... pourquoi? »
« Quoi? Pourquoi? »
« Pourquoi tu nous dis ça maintenant? Comment l'a-t-il eu? Pourquoi est-ce qu'il ne s'en sert pas? Qu'est-ce... »
La rousse stoppa l'interrogatoire d'un geste de la main. « Nathalie, qu'est-ce que tu veux de nous? »
« Je... je veux... je sais pas, je veux que ça finisse. Je veux ma liberté et il n'y a que Chat Noir et Ladybug pour m'aider. »
Nino parla pour la première fois. « Tu as pas l'intention de les dénoncer? »
« Est-ce que tu dénoncerais ton seul espoir?» Des larmes coulèrent alors sur les joues de la secrétaire.
Personne n'osait dire un mot. Alya sortit son téléphone.
« Qu'est-ce que tu fais Babe? »
« Tu crois pas qu'il est temps qu'on ramène Mari? »
Son appel restât sans réponse. Elle lui envoya un message texte, toujours rien.
« Mais qu'est-ce qu'elle peut bien faire. »
Adrien se leva. « Restez avec Nathalie, je vais la chercher. »
« Tu crois sincèrement que tu es la bonne personne? Tu te souviens de la tête qu'elle avait quand elle est partie? »
« Et toi, tu crois la retrouver rapidement sans costume de superhéros? C'est grand New-York, tu sais? »
Alya le toisa un instant du regard. « Ok t'as gagné. Donne-nous des nouvelles tu veux? »
En sortant du café, son premier réflexe fut de trouver un endroit pour se transformer. Il dut parcourir plus de 500 mètres avant d'enfin localiser une ruelle où personne ne se trouvait. Lorsque Plagg sortit de sa cachette, il ne pût s'empêcher de sermonner son protégé.
« Tu veux bien m'expliquer ce qui t'est passé par la tête gamin? »
« Ça va Plagg, on m'a déjà fait la leçon. »
« J'aurais jamais cru qu'un jour un de mes Chats Noirs soient encore plus insouciants que moi. »
« Plagg... »
« Je ne sais pas si tu t'en rends compte mais le Papillon, avec ou sans Miraculous, c'est du sérieux, gamin. Ton père est loin d'être un tendre et... »
« Plagg, transforme-moi! »
Il n'avait pas envie d'en entendre plus mais il devait s'avouer que si son kwami réussissait à faire plus de deux phrases sans mentionner son camembert, il devait vraiment s'inquiéter. Pour l'instant, cependant, ce qui inquiétait Adrien c'était l'endroit où se trouvait Marinette. Nathalie avait beau sembler vouloir se ranger de leur côté, elle pouvait jouer la comédie et à partir de maintenant, elle pourrait à tout moment mettre son père sur leur piste. Il réalisait maintenant la portée de son geste : il avait toujours été impulsif, cette fois-ci était peut-être de trop. Marinette et lui n'étaient plus en sécurité et ils devaient désormais éviter d'être séparés.
Il sortit sauta sur le toit du building le plus près, les New-Yorkais commençaient déjà à le pointer du doigt. Il ne portait cependant pas attention à leurs signes et appels; il se concentrait sur son odorat. Le parfum de Marinette, il n'était pas près de l'oublier et il lui semblait qu'il flottait toujours dans les environs, il avait dû prendre la même direction qu'elle. Il n'était pas très familier avec la notion de flair et il était un chat, pas un chien. Il tenterait quand même cette solution. Il prit la direction de ce chemin faiblement parfumé en croisant les doigts pour que tout cela ne relève pas seulement de son imagination.
Mais plus il progressait, plus il était optimiste. L'odeur se faisait incontestablement plus forte au fur et à mesure qu'il approchait de Central Park. Mais Central Park était béant, remplit de parfums différents, sans immeuble pour rester hors de portée des curieux et obtenir une meilleure perspective. Et il y avait tellement, mais tellement de personnes, d'individus susceptibles de le freiner dans sa quête en l'abordant pour une photo ou une question. Ses oreilles se rabattirent de découragement. Puis, il se secoua; pas question d'abandonner maintenant, sa vie et surtout celle de sa Lady en dépendait.
Il opta pour commencer par un tour en périphérie du parc plutôt que de s'aventurer dans le centre. Marinette avait toujours aimé les lieux solitaires lorsqu'elle était contrariée. Il ne fût pas déçu de sa stratégie lorsqu'il l'aperçut. Enfin, il n'était pas totalement déçu car elle n'était pas seule.
Cela faisait près d'une heure que Marinette était dans cette position, assise sur une pierre, la tête dans les bras, immobile. Tikki sortait la tête à intervalles réguliers pour vérifier son état. Le téléphone de Marinette ne faisait que vibrer à ses côtés mais sa propriétaire semblait hors d'usage. La kwami quittât son refuge pour raisonner sa protégée.
« Marinette, tu devrais peut-être penser à bouger un peu. »
La jeune fille leva doucement la tête.
« Pourquoi? »
« Je ne veux pas être alarmiste mais on a aucune idée de ce qui se passe du côté d'Adrien et surtout de Nathalie. Je sais qu'Adrien te fait un peu peur mais c'est ton coéquipier depuis si longtemps et il t'aime profondément. Vu la tournure des évènements, je crois que de s'éloigner de lui n'est peut-être pas la meilleure idée. Vous devez vous protégez le plus possible. On ne sait pas ce qui se passe dans la tête de Nathalie. »
Marinette n'avait toujours pas bronché. Elle avait écouté Tikki le regard dans le vide. Elle savait que la Kwami avait raison, mais elle n'avait pas beaucoup dormi, la veille avait été bien arrosée en plus d'être riche en émotions et les dernières heures n'avaient pas été de tout repos non plus. Bref, son état mental était plus ou moins stable et le simple souvenir d'Adrien en colère la faisait frissonner.
« Je sais Tikki... je... »
« Madame Dupain-Cheng? Mais que faites-vous ici toute seule? »
La styliste se tourna très lentement avec une expression presque douloureuse sur le visage.
« Bonjour Cathy! »
La jeune réceptionniste avait un air ravi; rencontrer ainsi la styliste en chef seule dans Central Park constituait visiblement le clou de sa journée et elle allait sûrement faire durer le moment.
« Oh mais vous avez l'air toute abattue. Vous n'avez pas eu de querelle avec Michel j'espère. Venez, on va marcher et vous pourrez discuter, je suis une excellente confidente. »
« C'est vraiment gentil de ta part Cathy mais j'étais seulement venue chercher errr... un peu d'inspiration. Tout va bien, je t'assure. »
« Vous êtes certaine, vous ne semblez pas avoir la forme et...oh mon dieu... c'est ... mais c'est Chat Noir. »
Marinette se tourna d'un seul coup pour apercevoir son coéquipier qui leur faisait signe. Et merde!
« Venez Mme Dupain-Cheng, on va se faire un selfie. »
« Non... attends un peu... »
Il n'y avait rien à faire, Cathy l'entraînait maintenant vers le superhéros avec un tel enthousiasme qu'elle en était incontrôlable. Arrivée devant le félin, c'est avec son plus grand sourire qu'elle lui demanda de se prendre en photo et, n'ayant pas remarqué les grands signes que lui faisait sa coéquipière il agit comme le fanfaron qu'il était et saisit lui-même le téléphone pour les prendre tous ensemble, rapprochant bien Marinette de lui en la tenant fermement par l'épaule.
Alors que la réceptionniste admirait le cliché avec une expression extatique, Marinette en profita pour passer son message.
« Chaton, t'es pas un peu cinglé. »
« Quoi? »
« Avec tes brillantes révélations de ce matin à l'assistante de notre pire ennemi, tu crois que c'est le moment de s'afficher en public. »
« Arrête c'est juste une petite photo. »
« Voilà! » L'intonation de Cathy était beaucoup trop joyeuse pour ne pas alarmer la styliste.
« Voilà quoi? »
« Je l'ai mise sur le blogue de l'entreprise, regardez! »
Les yeux écarquillés d'horreur, Marinette contemplait le bref article composer par la réceptionniste sur le blogue d'Agreste America, l'entreprise de Gabriel Agreste, leur pire ennemi...
« Tu peux l'enlever. »
« Quoi l'enlever? J'ai déjà une dizaine de vues. Pourquoi je l'enlèverais? »
« Je... je n'aime pas trop apparaître sur des photos. »
« Mais vous avez donné une entrevue avec photos à ce magazine prestigieux il y a pas trois jours. »
« Oui oui, je sais mais là c'est pas un magazine prestigieux, c'est... »
« Le blogue de l'entreprise, oui. C'est pas la première fois qu'on y parle de vous. »
« Mais je suis avec un superhéros, rien à voir avec la mode. »
« Et alors? »
Elle se tournât pour demander l'aide d'Adrien mais se rappela à temps qui il était présentement. Il ne semblait pas plus à l'aise qu'elle fasse à la tournure des évènements mais il ne pouvait rien faire. Il fit signe à Marinette de consulter son téléphone et leur fit une révérence.
« Sur ce mes demoiselles, je dois retourner à mes tâches de superhéros. »
Marinette lui lança un dernier regard noir auquel il répondit par une mine désolée en s'élançant dans les cieux de New-York. Elle fouilla en quête de son portable dans son sac à main et alla consulter ses messages. Rien de la part d'Adrien. Elle vint pour le ranger quand il sonnât.
« Rejoins-moi au petit café. »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro