Chapitre 16: Au réveil
Marinette était bien... très bien... trop bien. Le lit était confortable, température parfaite, couvertures... parfaites. Odeur... divine. Elle n'avait pas envie d'ouvrir les yeux, pas envie de se réveiller totalement. Quel jour était-ce? Ah oui... samedi. Pas d'obligation le samedi. Que dormir, rêver, relaxer... De toute façon, tout avait été réglé la veille en ce qui concerne le défilé de Los Angeles. Même Nathalie était d'accord.
NATHALIE!
LE PAPILLON!
GABRIEL AGRESTE!
LE PÈRE D'ADRIEN!
ADRIEN!
Elle se réveilla totalement, s'asseyant dans le lit d'un mouvement brusque. Elle jeta un coup d'œil à ses côtés pour confirmer ses soupçons... Effectivement, Adrien était bien là, à ses côtés... et il était réveillé. Le regard absent, perturbé, il fixait le plafond en quête de réponses, en quête de réconfort. Sa vie avait basculé la veille et tout ce qu'à quoi Marinette était capable de penser c'était sa trahison envers Michel.
Elle avait embrassé Adrien, elle l'avait apprécié... plus qu'apprécié.
Pire... elle voulait recommencer... là, maintenant. Il avait l'air si désespéré, perdu, en proie à un trouble qu'elle pouvait tellement, mais tellement comprendre. Mais Michel... Elle regardait le bout de ses orteils, prise dans son débat intérieur, tiraillée entre sa tête et son cœur. Et le cœur... oh le cœur, il voulait aller se blottir contre le blond à ses côtés, lui murmurer des paroles de réconfort, lui faire comprendre qu'elle était là pour lui. Mais c'était dû aux circonstances... seulement aux circonstances. Parce qu'elle aimait Michel... il était parfait, gentil, beau, attentionné, il avait tout pour lui... c'est ce que sa tête lui disait.
Adrien se tourna vers elle avec un air implorant. Il avait les yeux rougis et enflés, avait-il seulement dormi? Le cœur de la styliste lui faisait mal de le voir autant souffrir.
« Viens là! »
Il posa la tête sur ses genoux et elle lui joua dans les cheveux doucement. Elle ne savait pas quoi lui dire, en même temps, tout avait été dit la veille. Ils avaient d'ores et déjà commencé à élaborer un plan. Ils étaient allés aussi loin que possible à eux deux. Ils devaient maintenant consulter Alya et Nino et trouver un moyen prudent de s'allier Nathalie.
Marinette réfléchissait aux divers plans qu'ils avaient dressés ensemble durant la nuit en continuant machinalement les caresses dans la tête de son ami. Elle sentit tout à coup quelques choses de chaud et d'agréable sur sa cuisse. Adrien avait commencé à l'embrasser tendrement, langoureusement, léchant agréablement la peau laiteuse menant vers son entre-jambe. La styliste émit un gémissement de plaisir bien malgré elle avant d'interposer sa main entre la bouche du jeune blond et sa cuisse. L'homme ne se laissa pas pour autant déstabiliser alors qu'il poursuivit son manège en lui embrassant la main, remontant doucement sur son avant-bras.
« A... Adrien...non... »
À contre-cœur, elle retira sa main.
« Je... je peux pas. Je suis désolée. »
Il se releva à sa hauteur pour la regarder dans les yeux. Doucement il approcha son visage du sien, la déstabilisant par le vert trop brillant de ses iris. À la dernière seconde, elle posa doucement les doigts sur ses lèvres pour l'arrêter.
« Adrien. »
Il recula sans perdre le contact visuel.
« Mari, je t'aime. »
« C'est pas possible Adrien. »
« À cause de Michel. »
Elle baissa le regard, incapable de soutenir son regard plus longtemps avant de souffler. « Oui. »
« Non. »
Le ton catégorique du jeune homme la fit se redresser la tête.
« Quoi non? »
« Dis-le moi en me regardant dans les yeux. »
« ... »
« Dis-moi que tu l'aimes plus que moi, que tu le vois dans ta vie pour toujours. »
Elle plongea ses yeux dans le sien, mais son expression était tendue, incertaine.
« Je..., je... »
« Dis-moi que c'est avec lui que tu veux fonder une famille, que c'est lui qui hante tes rêves, te fait rire, te fait sentir vivante...dis le moi Marinette et je vais essayer de t'oublier. »
« Adrien... c'est... je... ah. Pourquoi tu rends les choses si compliquées? »
Elle se leva brusquement et se dirigea vers la porte. Avant qu'elle ne la referme, elle entendit Adrien lui répondre.
« Je te retourne la question. »
Elle claqua la porte derrière elle et se retrouva devant Alya et Nino, assis à la table qui la regardaient un avec un point d'interrogation dans les yeux. L'expression de la rousse changea bientôt en un sourire narquois.
« Querelle d'amoureux? »
« Alya, s'il te plaît, commence pas. »
« Hey, arrête-moi si je me trompe mais tu viens de passer la nuit dans son lit alors, difficile de ne pas sauter aux conclusions. »
« Il s'est rien passé, d'accord. On a juste discuté. Je sais pas si tu saisis ce qui se passe mais il se trouve que Gabriel Agreste est le papillon et que c'est aussi le père d'Adrien qui est Chat Noir et Chat Noir est mon partenaire... alors on avait d'autres priorités. »
Alya se leva et vint poser la main sur l'épaule de sa meilleure amie.
« Hey, je sais, je comprends. Je... je voulais juste, tu vois alléger un peu la situation. Comment il va Adrien?»
« Il a connu des jours meilleurs. »
« Et il en connaîtrait de bien meilleur si sa Lady ne faisait pas que le repousser. »
Marinette roula les yeux en entendant la voix de son partenaire. Elle se défit d'Alya et quitta pour la chambre de bain.
La journaliste fit un sourire rassurant au directeur.
« Hey beau blond, elle aussi doit faire son cheminement. Tu es sur la bonne voie, crois-moi. »
« Ouais, c'est ça. » Il alla s'asseoir sans conviction sur une des chaises. « Comment allait Nathalie quand elle est partie? »
« Elle était plutôt sonnée. David prend bien soin d'elle mais je crois qu'elle est carrément terrorisée. »
Adrien fit une grimace.
« Je suis désolée Adrien. Je sais que c'est ton père mais il a fait un sacré ravage dans la tête de Nathalie. »
« Malheureusement, je suis vraiment pas surpris. Tu crois que ça va mieux dans la mienne? »
Nino mis une main sur le bras de son meilleur pote.
« Hey Mec, on est avec toi. Je sais que ton paternel peut être flippant mais mec, tu es Chat Noir bon sang. »
« Je suis peut-être un superhéros, rien m'a préparé à la possibilité que mon père soit mon pire ennemi. »
« Sérieusement? »
Adrien fit un regard noir à son ami.
« Hey mec, sans vouloir t'offenser il a toujours été un peu biz ton père et pas très sympa non plus. »
« C'est quand même mon père. »
« Je sais mec, je sais. Mais la bonne nouvelle c'est qu'il a pu son truc... son miraculous. »
« Tu penses que ça fait de lui un homme moins dangereux. Mon père est riche, il a de l'influence. Merde Nino, tu as vu ce qu'il a fait de Nathalie, tu trouves ça inoffensif peut-être. Et c'est mon père mec, mon père. Qui me dit que je finirai pas comme lui. »
« Hey mec, tu délires. Tu es loin d'être comme ton paternel. Tu as vu comme tout le monde t'apprécie. Tes employés mec, ils ont pas peur de toi, ils te respectent. Ils te respectent parce que tu le fais aussi. Je te connais mon pote, tu ferais pas de mal à une mouche. La preuve, tu pourrais détruire le monde avec la bague que t'as au doigt et je t'ai jamais vu l'utiliser pour autre chose qu'aider Ladybug. Mon vieux, va pas croire que ça va changer du jour au lendemain, tu es un type bien. »
« Jusqu'à ce qu'une fille me pousse à bout... » Il regarda vers la salle de bain.
« Ouais pas cool mec, je sais. Mais donne du temps à Mari tu veux. Elle a eu mal... vraiment mal quand tu es parti. Alya était vraiment inquiète pour elle et déjà là, même si vous n'êtes pas ensemble, elle a l'air cent fois mieux qu'elle était à Paris. »
« Je l'aime de tout mon cœur Nino. »
« Je sais... »
Alya intervint.
« C'est pareil pour elle beau blond, mais tu sais comment elle est bornée... »
Il hocha la tête en baissant le regard. Les yeux lui brûlaient. Il n'avait pratiquement pas dormi. Son père était son pire ennemi et l'amour de sa vie venait de le repousser pour une enième fois. Il ne voulait pas pleurer devant son meilleur ami. Il se leva.
« Je vais aller me changer. On pourrait aller déjeuner ailleurs si vous voulez. On va amener Nathalie. »
« D'accord mec. C'est comme tu veux. »
Aussitôt dans sa chambre, il s'effondra sur son lit. La dernière année avait été plus qu'éprouvante, les derniers 12 heures, carrément insupportable. Si, au moins, sa Lady pouvait enfin se décider à lui faire de nouveau confiance. Il ne lui restait qu'elle pour s'accrocher à la vie. Sans Marinette... il aimait mieux ne pas y penser.... Personne dans l'autre pièce ne se doutait des états d'âme d'Adrien. L'aurait-il soupçonner le moindrement d'entretenir des pensées aussi sombres, ils n'auraient pas oser le laisser seul ne serait-ce qu'une minute.
Il ne fût pas facile de sortir Nathalie de chez elle. Cerné et blême, David avait participé à la convaincre mais avait décidé de ne pas suivre. La vérité était qu'il avait été tellement inquiet à la pensée que Nathalie puisse faire quoi que ce soit d'insensé cette nuit-là qu'il n'avait pas dormi une minute. Avant de les laisser quitter, il avait pris Marinette à part pour lui demander de ne pas la quitter d'une semelle. Elle l'avait rassuré, lui avait dit qu'elle ne faillirait pas à la tâche et vivait maintenant un mauvais quart d'heure alors que la secrétaire semblait revenue à l'état sauvage. Tout le beau travail qui avait été fait pour bâtir une amitié avec Nathalie semblait n'avoir rien donné. La femme demeurait froide et professionnelle avec elle et Adrien et cela, malgré le fait qu'ils étaient dans une situation de vie personnelle.
À un moment donné, le téléphone de Nathalie sonna, jetant un œil à son écran, elle perdit toute couleur. Le visage d'Adrien se fit soudainement très dur et froid.
« Mon père. »
Nathalie hocha la tête sans quitter des yeux son appareil.
« Réponds, comme si de rien n'était. »
« Mais... »
Marinette avait mis une main rassurante sur son bras.
« Ici il ne peut rien contre toi. »
La femme décrocha.
« Oui monsieur Agreste. » Les épaules de Nathalie se relâchèrent d'un coup. Les quatre amis comprirent alors que le sujet abordé en était un dans lequel elle était confortable.
« Oui Monsieur Agreste, la musique et les modèles sont choisis. Oui... bien sûr qu'ils seront convoqués dès lundi. D'accord monsieur Agreste. Non les accessoires sont prévus pour lundi matin. Oh. Oui bien sûr, j'en ferai part à Mlle Dupain-Cheng. Pardon. » Elle lança un regard affolé à Marinette et Adrien, sa main se resserrait sur son téléphone.
« Non monsieur, rien de nouveau à ce sujet. Je sais monsieur, je cherche toujours. Oui monsieur, promis. Je... Non... bien sûr que non, je n'ai pas oublié. Je sais monsieur. Je comprends monsieur... D'accord. Au revoir monsieur. »
Elle raccrocha avec un regard absent. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, c'était comme si quelqu'un d'autre s'exprimait à sa place. « Il les cherche encore. Il n'arrêtera pas de les chercher. Il sait qu'ils sont ici. »
Agissant d'instinct, Adrien posa sa main sous le regard de la secrétaire, sa bague au centre de son champs de vision. « C'est ça qu'il cherche Nathalie, je le sais. Ça et ce ça aussi. » Elle leva la tête pour le voir pointer les boucles d'oreille de Marinette. Elle écarquillât les yeux. Ladybug et Chat Noir. Comment cela avait-il pu leur échapper à elle et à son patron? Tout ce temps, ils étaient sous leur toit; tout ce temps, ils étaient si proches d'eux. Ils avaient été si aveugles... et maintenant...
« Je sais ce qu'il veut Nathalie, mais ma mère ne reviendra pas. » Le regard d'Adrien était froid, plein de haine. Il avait compris... il avait compris ce qui avait fait fuir sa mère. « Mon père ne pourra pas de nouveau la contrôler. Elle est libre tu comprends? Et toi aussi tu le seras bientôt. Nous avons le pouvoir Nathalie.» Ces dernières paroles réveillèrent une lueur sauvage dans les yeux du jeune directeur.
Marinette promenait son regard entre Adrien et Nathalie. Elle ne comprenait pas pourquoi il les avait dénoncés si rapidement. Elle avait peur. Pour la première fois de sa vie, elle avait peur d'Adrien. Était-il aussi inoffensif qu'il lui avait toujours semblé? Ou la génétique avait-elle eu raison de lui et fait de l'homme de sa vie, un monstre comme son père? Elle jeta un œil vers Alya et Nino qui était hypnotisés par les paroles d'Adrien. La situation tournait au cauchemar et elle ne savait plus quoi penser.
Les pensées se bousculèrent dans la tête de la superhéroïne. Maintenant que le rideau était tombé, qui était dans le camp de qui? Pouvait-elle encore compté sur son chaton? Nathalie était-elle complice ou victime du Papillon? Où se situaient Alya et Nino dans tout cela? Qui étaient les bons? Qui étaient les méchants? Elle ne savait plus où se trouvait la vérité présentement. Elle était terrorisée, elle était impuissante, elle était dans un pays étranger, entourée d'individus qui connaissaient son secret et devenaient, par le fait même, des menaces éventuelles. Elle voulait crier, elle voulait se réveiller de ce mauvais rêve. Elle se leva de table et quitta en courant.
« MARINETTE ! » fût tout ce qu'elle entendit. Mais elle ne se retourna pas... la voix à elle seule, lui donnait des frissons.
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