Chapitre 11: Vanessa?
Avant de retourner à son bureau, Marinette croisa la réceptionniste dans le couloir. Elle était accompagnée d'un individu inconnu de la styliste. Cathy afficha brièvement un air coupable en l'apercevant.
« Oh! Bonjour Mlle Dupain-Cheng. Vous rentrez tôt aujourd'hui. Les vacances se sont bien déroulées? »
« Oui merci Cathy, ça été très reposant. »
« J'en connais un qui sera soulagé de vous revoir ici? »
« Ah oui! »
L'homme les interrompit un instant.
« Si ça ne vous dérange pas mademoiselle, j'ai d'autres livraisons à effectuer. »
« Bien sûr, monsieur, allez-y. Passez une belle journée! »
L'homme les quitta et Marinette revint au sujet de conversation initiale. « Tu disais? »
Cathy fut, un moment, prise de court. « Euh... »
« Quelqu'un ici serait soulagé de me revoir. »
« Oh oui! Monsieur Agreste bien sûr. Il n'était plus l'ombre de lui-même ces derniers jours. »
« De ce que j'en ai compris, il n'a pas l'air à s'être beaucoup ennuyé. »
« Détrompez-vous mademoiselle, je ne l'ai jamais vu aussi irritable. » La réceptionniste ne tenait plus en place. C'était ce genre de personne qui s'intéressait un peu trop aux histoires croustillantes qui entouraient le petit monde d'Agreste America. S'il fallait être tout à fait honnête, il était juste d'avouer que pour une réceptionniste, la discrétion était loin d'être son point fort. « Je comprends que Monsieur Michel soit un homme séduisant mais si vous voulez mon avis, Monsieur Agreste le surpasse de beaucoup... »
Marinette pinça les lèvres devant l'audace de Cathy. Cette dernière s'empressa tout de même d'ajouter. « Et il est si gentil et attentionné, je n'ai jamais compris pourquoi vous n'étiez plus ensemble. »
C'en était trop pour la styliste. « Désolé d'être aussi directe Cathy, mais il ne vous appartient justement pas de comprendre ma situation amoureuse. Je vous remercie de vous soucier de mon bien-être mais je préférerais ne pas voir ma vie sentimentale ainsi étalée dans les couloirs de l'entreprise. »
Sur ce, elle quitta d'un pas décidé vers son bureau. La vue d'Adrien et Vanessa l'avait mis hors d'elle, les propos de Cathy ne l'avait certes pas radoucie et elle n'était définitivement pas au bout de ses surprises. Elle entra dans son bureau pour le retrouver décoré entièrement de marguerites, sa fleur préférée. Elle resta figée dans le cadre de la porte à admirer le résultat qui était à couper le souffle. Elle ne se souvenait pas en avoir fait mention à Michel, il n'y avait qu'une seule personne pour se permettre ce genre de frasque. Et cette personne se tenait à l'instant même, derrière elle, anxieuse de voir le visage de Marinette, attendant le verdict : allait-elle apprécier ou encore une fois, lui reprocher le geste?
Elle marcha jusqu'au centre de son bureau, tourna sur elle-même pour admirer l'œuvre dans sa totalité et elle le vit. À quelques pas de la porte, Adrien Agreste la regardait avec l'air d'un petit garçon qui s'était fait prendre la main dans le sac et il en était totalement adorable. Elle ne savait plus si elle voulait rire ou pleurer, être heureuse ou énervée. La semaine avec Michel, les rêves, les propos de Cathy, la vision de son ex-amant dans les bras de Vanessa, tout cela tourbillonnait dans sa tête en une tempête d'émotion vertigineuse. Elle ne savait plus quoi dire, plus quoi faire... elle recula de quelques pas en quête de sa chaise et s'y assit un peu sonnée.
Alarmé, Adrien alla rapidement la rejoindre. Il s'agenouilla devant elle et sortit de derrière son dos, une dernière marguerite, une marguerite rose.
« Tu m'as terriblement manqué ma Lady »
Elle le regardait sans le voir, une lueur de panique dans les yeux. Elle ne réussissait pas à mettre de l'ordre dans ses pensées. La journée avait à peine commencé et elle était vidée tellement les émotions la submergeaient. Devant le désarroi de sa collègue Adrien, ne voyait qu'une seule chose à faire. Il se releva et lui pris la main pour qu'elle fasse de même. Et là, il la serra dans ses bras. Elle se laissa aller dans l'étreinte, se laissa le droit de bénéficier de la sécurité que signifiait ce refuge. C'était Adrien après tout, ils avaient passés au travers mille et un obstacles ensemble. Elle savait que présentement, rien ne pourrait l'atteindre. Des larmes coulèrent doucement sur ses joues. Sa tête lui disait qu'elle ne devait pas être là, mais son cœur lui dictait le contraire.
Adrien lui embrassa le sommet de la tête, passa doucement les mains dans son dos en signe de réconfort.
« Ne me quitte plus jamais, reste avec moi. »
« Adrien... » Son ton en était un de supplication. Il devait comprendre qu'elle ne pouvait tenir cette promesse. Elle avait fait son choix.
« Marinette, Ma Lady, on est fait l'un pour l'autre »
« Adrien s'il te plaît. »
La situation était pratiquement douloureuse. Elle savait qu'elle devait le rejeter mais elle savait aussi que le réconfort dont elle avait besoin suite à cet acte se trouvait exactement là où elle était. Pourquoi rendait-il les choses si compliquées? Elle s'enfouit le nez dans le creux de son épaule et c'est là que la situation prit un tout autre tournant.
Marinette était habituée à l'odeur d'Adrien, elle la connaissait par cœur. C'était comme une drogue pour elle, ça lui calmait généralement les nerfs et lui procurait une sensation de bien-être indescriptible. C'est d'ailleurs pour cette raison, entre autres, qu'elle devait garder ses distances avec lui et éviter les contacts physiques comme celui-ci. Pourtant, cette fois-ci, ce n'était pas l'odeur agréable et réconfortante, c'était tout autre chose, c'était sauvage et féminin... et Marinette savait très bien d'où ça venait. Vanessa... l'image d'elle et Adrien lui revint comme un flash. Elle se décolla subitement, comme si on l'avait pincé.
Le jeune directeur la regarda, totalement désarçonné.
"Mari?"
"Sors, s'il te plait."
"Mais..."
"Adrien!" Elle avait cette fois adopté son ton autoritaire.
Adrien laissa tomber la marguerite au sol et lui tourna le dos. Avant de quitter le bureau, il se tourna une dernière fois vers elle. "Je t'aime Marinette."
Aucune réaction... elle le regarda froidement alors qu'il se tourna de nouveau. Ce n'était que des paroles, elle ne devait pas se laisser avoir... pas cette fois.
Il retourna à son bureau d'un air morose. Il savait qu'il jouait avec le feu au moment de commander ces fleurs, mais il avait tout de même tenté le coup. Il croisa Cathy dans le corridor et lui fit signe qu'il ne voulait pas parler. Une fois dans son bureau, il referma la porte derrière lui et Plagg sorti de sa cachette.
"Je te l'avais dit."
"Tu sais qu'en général les gens déteste se faire dire ça?"
"Oui mais c'est vrai."
"Qu'est-ce qui s'est passé Plagg? Pendant un moment, j'ai senti que peut-être je pourrais la ravoir puis elle a totalement changé de comportement."
"Tu me demandes vraiment de comprendre les humains?"
Il lui fit un regard sévère; son Kwami ne serait définitivement pas d'une grande aide.
Mais qui pourrait l'aider? Qui était assez proche de Marinette pour lui faire entendre raison? Tikki avait déjà failli à la tâche et pourtant, elle était la plus proche confidente de la jeune fille, pratiquement sa conscience. La seule autre personne susceptible de l'aider était Alya... et elle était à l'autre bout du monde. Elle n'avait probablement pas les moyens de se taper un séjour à New-York. Mais lui avait les moyens... Quelle bonne idée!
Marinette tenta de recouvrer ses esprits, Nathalie devait se pointer d'un instant à l'autre pour leur rendez-vous. Mais il était pratiquement impossible pour elle de se calmer totalement. Les fleurs partout dans son bureau lui criaient le nom d'Adrien, lui rappelaient les beaux jours de leur relation. Pourquoi s'entêtait-il à agir ainsi alors que quelques minutes avant, il était dans les bras d'une autre femme?
Et parlant du loup, Vanessa se pointa à la porte de la styliste en jetant un regard aux marguerites.
« Bien dis donc, il y va pas de main morte le bel Adrien. »
Marinette ramassa la marguerite rose au sol et se dirigea d'un pas décidé vers le mannequin.
« Il a laissé ça pour toi. »
La jeune brune la regarda d'un air surpris. « Mais... »
« Si ça ne te dérange pas, j'ai une rencontre à préparer. »
Elle lui tourna le dos, alla s'asseoir à son bureau et s'intéressa beaucoup plus que nécessaire aux documents qui y étaient empilés. Déconcertée, Vanessa battit en retraite, la marguerite à la main, elle passa devant le bureau de son collègue dont la porte fermée, elle le savait très bien, voulait dire ne pas déranger. Lorsqu'elle croisa la réceptionniste, celle-ci reconnue immédiatement la fleur, c'était, après tout, elle qui l'avait réceptionnée pour le patron.
« Mme Vanessa, votre fleur, c'est... »
« Je sais Cathy. Bonne journée! »
Et elle quitta l'entreprise, laissant derrière elle une demoiselle surexcitée, impatiente de faire passer le mot que Mademoiselle Dupain-Cheng avait donné une fleur au mannequin.
Entre-temps, Nathalie était arrivée dans le bureau de Marinette et elle observait avec amusement le décor qui était loin d'être ordinaire. Croisant le regard de son amie, elle leva un sourcil.
« Adrien? »
La styliste soupira. « Qui d'autre? »
« Je trouve ça charmant. »
« Je trouve ça embarrassant. »
« Il a un grand cœur. »
« Un peu trop grand si tu veux mon avis. »
« Je ne serais pas prête à dire cela. »
À ce moment, Marinette remarqua que Nathalie n'était pas dans son état normal. Voir la secrétaire avec un sourire omniprésent aux lèvres, un air un peu dépassé, et une gestuelle plus passionnée était assez déstabilisant.
« Euh... Nathalie, ça va? »
« Très bien pourquoi? »
« Trop bien tu veux dire. Qu'est-ce qui a bien pu se passer entre hier soir et ce matin pour te mettre dans un état pareil. »
« Adrien »
« Quoi Adrien? » Elle ne comprenait définitivement pas.
« Hier soir, il... enfin, tu te rappelles le jeune homme que tu voulais que je contacte, bien je l'ai fait et on a eu quelques sorties. Il est totalement charmant et tellement romantique. Il a demandé à Adrien de lui donner accès à mon appartement et hier soir, il avait préparé un souper pour moi. »
« Wow... Nathalie, c'est vraiment... je sais pas quoi te dire. Tu as raison d'être sur ton nuage. Et puis? »
« Quoi, et puis? »
« Le reste de la soirée. »
Marinette n'aurait jamais pensé qu'un jour, elle verrait Nathalie rougir de la sorte.
« Euh... enfin... euh bien... »
« Je te taquine Nathalie, tu n'as pas à répondre. »
La secrétaire soupira de soulagement.
« De toute façon, vu l'air que tu fais, j'ai aucun doute sur ce qui s'est passé. »
La femme tenta de ne pas se laisser atteindre par les taquineries de sa copine et elle se redonna une contenance.
« Je crois, mademoiselle Dupain-Cheng, que nous avons des dossiers à réviser ensemble. »
Devant le professionnalisme presque maladif de sa secrétaire, Marinette ne put s'empêcher d'éclater de rire.
« Et c'est partie, dis-moi tout ce que j'ai manqué. »
La journée avait passé très très lentement du côté d'Adrien, lorsqu'il quitta son bureau, c'était avec une seule idée en tête : obtenir des explications de Marinette. Pourquoi l'avait-elle subitement repoussée? Pourquoi avait-il eu l'impression qu'en quelques secondes, elle avait recommencé à le détester? Et pourquoi avait-elle donné sa fleur à Vanessa? Il ne la comprenait plus et ça le troublait profondément.
Il ne s'était pas pointé très souvent à l'appartement de son ancienne copine. Il ne savait même pas si elle était seule. Mais cela n'avait pas d'importance, il avait besoin de réponses. Lorsqu'il cogna à la porte, elle ne mit pas beaucoup de temps à lui répondre. Dans l'embrasure de la porte, elle lui parut plus belle que jamais. Elle avait abandonné les vêtements formels qu'elle portait au boulot et n'était vêtu que d'un court short et une camisole à fine bretelle. Il en avait oublié pourquoi il était là.
Il souffla : « Mari! » Il ne lui laissa pas le temps de lui répondre. Il la fixait dans les yeux quand il commença à s'avancer vers elle. Sans détourner le regard, elle reculait devant sa progression. Elle était hypnotisée par son regard. Elle devrait parler, elle devrait lui dire de partir, de la laisser tranquille. Elle ne le faisait pas, elle n'en avait pas envie.
Les pas d'Adrien se firent plus rapide et il la rejoint rapidement, plaçant ses mains sur les hanches de la jeune fille pour la maintenir près de lui.
« Tu ne peux pas me faire ce genre de coup Mari. Me rejeter comme ça, sans raison, alors que tu n'en as clairement pas envie. »
Il avait approché son visage en parlant. Ils se fixaient toujours dans les yeux, leurs souffles s'emmêlant et s'accélérant en même temps que l'espace entre eux diminuait.
« Qu'est-ce qui t'as pris? »
« Je... »
« Tu n'as plus envie de moi Ma Lady? »
« Je sais plus... je... »
Ce regard qu'elle avait, ce regard passionné et envoûté à la fois qui précédait généralement des nuits mémorables, il n'allait sûrement pas laisser passer cette chance. Parce qu'il voulait être certain que le geste vienne d'elle, il lui souffla doucement, sensuellement. « Embrasse-moi! »
Il était comme l'hypnotiseur avec sa victime, elle ne pouvait tout simplement pas désobéir à ce qu'il commandait. Avidement, elle pressa ses lèvres sur les siennes pour l'embrasser longuement, langoureusement. Passant, comme des centaines de fois avant, les mains dans ses boucles blondes, pour en sentir la douceur.
Il passa les mains dans son dos pour la plaquer plus fermement contre lui. Il ne se lasserait jamais de ses lèvres, de ses courbes, de ses soupirs ensorcelants. Il alla lui caresser les fesses doucement, passant les doigts sous le bas de son short, pour lui chatouiller les cuisses.
Elle était dans son élément, coller contre Adrien, au chaud dans ses bras, ses lèvres s'harmonisant aux siennes. Plus rien d'autres ne cheminait vers son cerveau, plus rien d'autres qu'Adrien, ses baisers, ses caresses, sa voix suaves, être bien encore et encore. Elle abandonna la bouche de son amant pour aller déposer des baisers partout sur son visage, sur sa mâchoire, ses oreilles, son cou... et de là vint le flashback. Elle revivait la scène du matin même... la position, la confusion, l'odeur... « Vanessa! »
Elle se décolla et rencontra le regard surpris d'Adrien.
« Quoi? »
« Sors Adrien. » Elle le poussa vers la sortie sans ménagement et referma derrière lui et avec le claquement de la porte vint son réveil.
Elle s'assit dans son lit et croisa le regard inquiet de Tikki.
« Ça va Mari? »
« J'ai... j'ai réussi Tikki. »
« Réussi quoi? »
« Adrien est venu me rejoindre dans mon rêve et j'ai réussi à le repousser. »
« QUOI » Non seulement c'était du jamais vu pour la kwami, mais elle n'était pas certaine que c'était une bonne nouvelle. Un tel résultat ne pouvait que nourrir l'obstination de la jeune fille. C'était mauvais, très très mauvais.
Quelques immeubles plus loin, Adrien s'était aussi assis dans son lit. Se prenant la tête dans les mains, il verbalisa son incompréhension . « Vanessa? »
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