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Chapitre 5

Vêtu d'une simple chemise bleue et d'un jeans, je note que son style n'a pas du tout changé. Ses sourcils broussailleux gouvernent des yeux fatigués alors qu'une barbe naissante qui lui confère un air plus mature entoure ses grandes lèvres un peu noircies. Il fume beaucoup plus qu'avant, jugé-je.

Me voyant immobile, Jay me tend la main. Ce n'est pas la meilleure des façons d'accueillir son ami après tout ce temps d'absence, nos pères doivent sentir que quelque chose ne va pas. Sans plus réfléchir, je la lui serre en lui demandant comment il va.

- Bien, me répond-t-il, j'espère qu'il en est de même pour toi.

Je secoue la tête en guise de réponse. Raphaël nous fait signe de le suivre à l'intérieur, ce qui met fin à cette atmosphère si lourde. C'est un bâtiment à peine rénové, nous dit-il pour commencer. Il nous fait visiter le rez-de-chaussée qui comporte cinq salles assez grandes, chacune avec leur propre toilette. Nous passons à l'étage qui est de même dimension alors qu'il nous confie que ce bâtiment est le meilleur choix d'après ce qu'il sait de notre projet. J'approuve même quand je n'ai pas encore visité les autres.

- Je te fais confiance, Raphaël, dit mon père. Avec tout ce qu'on a à faire comme lancer des offres d'emploi aux psychologues, assistants et autre, je ne veux pas perdre de temps à visiter plusieurs bâtiments. De plus, les procédures légales...

- Je vais gérer, suggère-t-il. Je ne suis pas avocat pour rien.

Jay et moi ne font qu'assister, de loin, aux conversations. Je me demande s'il aurait aimé travailler avec nous. Au moment où j'allais lui poser la question, il me devance:

- Non.

- Non quoi? fais-je étonné.

- Je travaille déjà avec ta mère, chuchote-t-il.

J'ai un hoquet à l'instant. Nos pères disparaissent dans une autre salle, ce qui nous donne le temps de parler.

- Et je ne crois pas qu'elle aurait aimé que son deuxième fils la laisse pour cet homme qui l'a abandonnée, ajoute-t-il.

- Son deuxième fils?

- Moi, répond-t-il tout fier. Je voulais dire son seul fils.

Est-ce qu'il me provoque?

Je choisis de ne pas lui répondre pour ne pas qu'il m'énerve trop mais semble-t-il qu'il n'est pas d'accord avec l'idée.

- Tu ne veux pas en savoir plus?

- Comme quoi?

- Je ne sais pas. Avec tout ce temps passé à l'étranger, tu as manqué des choses comme le fait que ta mère est la cheffe du cabinet...

- Cheffe de cabinet? m'étonné-je, intrigué. Elle m'a dit hier qu'elle a reçu une promotion, je ne savais pas que c'était ça. Et qu'est-il arrivé à l'ancien...

- M.Carl? Disons qu'il est trop vieux pour ça et ta mère et lui ont conclu un bon deal.

Voyant comme je suis perdu, il décide de m'expliquer:

- Elle est propriétaire maintenant.

Okay, ça veut donc dire que ma mère a acheté le cabinet et n'a pas jugé bon de me mettre au courant?

J'essaie de dissimuler ma gêne à Jay alors que, mains dans les poches, nous marchons côte-à-côte.

- Est-ce qu'elle sait? demande-t-il.

- Quoi?

Son silence me laisse comprendre qu'il se réfère à mon père.

- Non et tu n'as pas intérêt à lui dire, menacé-je.

- Je ne suis pas une balance.

- Oh! Tu as changé depuis?

Je ne lui donne même pas le temps de répliquer. Je m'en vais plutôt rejoindre mon père et lui demander s'il a besoin de mon aide avec quelque chose. Je me devais de rappeler à Jay qu'il avait envoyé ma photo prise avec les prostituées à Emy. Depuis mon retour, tout le monde agit comme si je n'ai pas souffert autant qu'eux. Tout le monde oublie ce qu'ils m'ont fait de mal. Emy m'a pris pour responsable de l'handicap de sa mère, elle a refusé de voir que défendre ma mère était le plus important à l'instant. Ma mère, elle, me traite comme un étranger parce que... parce que je suis devenu aussi froid qu'elle? Les gens vont te pousser à bout et te faire croire que tu n'as pas le droit de réagir, c'est la chose la plus insensée de la vie.

Quelques heures plus tard,  Jay et son père prennent congé de nous après qu'on ait tout conclu. Mon père retourne à l'hôtel alors que moi je prends un taxi pour rentrer. En chemin, je ne peux m'empêcher de penser au fait que ma mère ait acheté le cabinet et ne m'a rien dit à propos de ça. Elle me reprochait hier concernant notre projet que j'ai saboté alors qu'elle a déjà tout fait toute seule.

Arrivé, je la salue vaguement avant de me rendre à la cuisine. Dieu que j'ai faim! J'opte pour des céréales, trop paresseux à me préparer quelque chose et trop fier pour demander à ma mère de le faire pour moi.

- Je me demandais...

Je tourne la tête en direction de ma mère, la tête appuyée contre l'encadrement de la porte et les bras croisés sur sa poitrine.

- Je me demandais, reprend-t-elle, si tu voudrais rejoindre le cabinet. Je veux dire au cas où tu ne comptes plus partir.

Je me lève de table pour déposer le bol dans l'évier et reviens vers elle.

- Non, refusé-je en passant la porte, j'ai de meilleurs plans.

Une réponse blessante que je n'ai pas pu éviter, c'est plus fort que moi. Elle ne répond pas, je m'en réjouis quand même puisque je n'ai pas envie de lui parler. Comme à chaque fois durant ces quatre dernières années, je me mets à m'apitoyer sur mon sort au point de me demander si j'ai bien fait de revenir. Je suis revenu pourquoi en fait? Ah!oui, pour fonder ma propre clinique. Mais ça j'aurais pu le faire aux États-Unis si j'avais accepté que mon père fasse ma demande de résidence permanente. Je reconnais que le manque d'Emy et de ma mère était pesant mais j'ai tenu quatre ans, j'aurais pu le faire pendant toute une éternité... du moins, j'aurais essayé parce que mon retour semble aggraver les choses. A cause de ça, Emy ne va plus revenir ici et j'ai l'impression d'avoir brisé cette amitié qu'elle et ma mère ont su créer après mon départ.

Prenant une douche rapide, je décide de quitter la maison. Trop de réflexions va finir par me rendre fou. Je pense aller m'acheter ma motocyclette tout en espérant  que, quand mon travail aura commencé, je pourrais m'acheter une voiture. Il me faut bien gérer mes économies en attendant pour ne pas avoir recours à "maman" ou "papa". Un taxi me dépose au magasin de moto où j'opte pour une Honda noire, pas récente mais abordable et c'est tout ce dont j'ai besoin pour l'instant. Une demi-heure après, je fais démarrer le moteur en réfléchissant au premier endroit où je devrais me rendre. Je devrais commencer par me chercher un nouvel endroit où vivre, pensé-je. Un seul endroit me vient à l'esprit: la maison d'hôte où Emy et moi avions l'habitude d'aller. Bien sûr, je prévois d'y rester jusqu'à ce que j'aie les moyens de me louer un petit appartement.Toutefois, j'espère qu'elle existe encore et que je saurais me souvenir de la route.

Comme je m'en doutais, je me suis perdu au moins deux fois en chemin mais en m'étant fait aider par des passants, je suis arrivé à destination. J'éteins le moteur pour aller demander des informations à la réception. Une femme qui semble arborer la quarantaine propose de me faire visiter les chambres disponibles, je me suis retenu de lui dire que je me rappelle de comment c'est vu que je savais passer du temps ici. Mais à ce qu'il parait, les choses ont changé: les chambres plus grandes, mieux aménagées, certaines avec un espace cuisine personnel. Je fais donc ma réservation dans deux semaines pour un mois. Je renouvellerai si c'est nécessaire.

Je reprends la route alors qu'un sentiment de bonheur mêlé à de la mélancolie m'envahit. Je suis heureux du fait que je vais vivre seul mais c'est comme si j'abandonnais ma mère encore. Ce n'était pas censé se passer comme ça vu comme on a toujours été deux contre la vie. Mais je sais que je devrais me retrouver avec moi-même pour laisser aller certaines choses, me réconcilier avec moi-même si possible. Après avoir voyagé, je n'ai pas eu le temps pour cela à cause de ma rencontre soudaine avec mon père.

Il ne faut pas boire en conduisant...ni réfléchir non plus: voilà la première chose à laquelle j'ai pensé quand j'ai dévié  les guidons de la moto pour ne pas me faire écraser par cette voiture qui venait juste en face de moi. Je relâche automatiquement l'accélérateur tout en appuyant sur le frein arrière alors que la voiture freine sur le coup. Heureusement qu'on était seuls sur la route à l'instant, j'imagine déjà la scène où tous se mettraient à gueuler. Le chauffeur descend de la voiture, sûrement pour m'injurier. C'est une femme.

Je m'en doutais que ça soit une femme au volant.

Elle commence par me reprocher à mesure qu'elle se rapproche de moi en disant que je semble n'avoir jamais été à une auto-école. Puis elle s'arrête, en plissant les yeux comme si elle voulait bien voir la personne en face d'elle.

- Anna! m'exclamé-je quand je la reconnais aussi.

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