8. Un masque de comédie
Mes mains tremblent d'elles-mêmes lorsque je vois les copies du contrôle de la semaine dernière. Je l'ai complètement foiré. Beaucoup de choses tourbillonnent dans mon esprit : le prochain rendez-vous chez le médecin, la séparation de maman et papa et les multiples papiers dans mon casier. Je suis fatiguée de toute cette situation. Mes médicaments n'aident pas, j'ai constamment envie de dormir.
— Je suis agréablement surpris par la qualité de vos copies. Dans la globalité, vous avez tous compris le sujet.
Monsieur Frishman rend les copies dans un certain ordre. Les meilleurs passent en premier tandis que les dernières copies sont généralement les pires. Alex appartient à la première catégorie, il a l'air d'un imbécile, mais je ne connais personne plus intelligent que lui. Je le vois bien intégrer une grande université et devenir professeur, médecin ou je ne sais quoi.
La dernière feuille en main, mon professeur la dépose sèchement sur la table. Il est furieux, je peux le voir dans son regard. Les regards sont tournés dans ma direction, mais seul celui de monsieur Frishman m'effraie.
— Venez me voir à la fin du cours.
C'est la pire note de ma vie, j'ai tellement honte de moi. Nous passons la moitié de l'heure à débuter un nouveau cours auquel j'accorde peu d'importance. Les mathématiques ont un goût de réconfort habituellement, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Maman voudrait évoquer mes problèmes de santé avec le personnel du lycée, mais c'est hors de question. Il suffit qu'une personne le répète pour que cela devienne une terrible rumeur. Je ne veux pas que les regards changent à mon égard, je mérite mieux.
Lorsque la sonnerie retentit, mes camarades prennent la direction du réfectoire. Mes deux meilleurs amis quittent la salle en me faisant signe qu'ils attendront la fin de mon entretien individuel avec notre professeur pour aller manger ensemble.
Je range mes affaires dans mon sac puis traîne les pieds jusqu'au bureau de monsieur Frishman. Celui-ci repousse ses lunettes en me regardant puis soupire.
— Il s'agit de votre troisième mauvaise note ce trimestre sur un contrôle hebdomadaire. Je comprends que cette dernière année soit compliquée, mais vous aviez tellement bien commencé !
Il soupire une nouvelle fois.
— Je suis malheureusement contraint de convoquer vos parents pour une conversation. Cette chute de notes est anormale et en tant que professeur principal il est de mon devoir de veiller sur mes élèves.
— C'est une mauvaise passe à cause de la fatigue !
— Nous en discuterons avec vos parents.
Je ne peux malheureusement rien ajouter car il me demande de rejoindre les autres. Mon moral ne cesse de dégringoler et je ne peux en parler à personne. Max est en mesure de comprendre ce que la trahison d'un parent provoque comme sentiment, mais je sais qu'elle souffre encore du départ de sa mère. Cela fait peu de temps et je ne veux pas la plonger dans une soudaine mélancolie.
Comme convenu, mes amis attendent devant le réfectoire en discutant. Le sourire de Max s'illumine en me voyant. Il ne faut pas que je laisse ma meilleure amie s'inquiéter pour moi. La comédie est la meilleure option. Cela ne me plaît pas de mentir, mais c'est mieux que l'inquiétude.
— Il te voulait quoi Frishman ? demande Alex.
— Rien de bien important ! Il voulait me féliciter pour ma bonne note, j'ai complètement foiré les contrôles surprises alors il a vu que j'avais travaillé dur cette fois !
Alex cale mon bras sous le sien.
— Ça c'est ma Emy !
— La seule et unique !
Nous entrons dans le réfectoire dans une bonne ambiance. Les tables étant presque toutes prises, nous sommes contraints de prendre place à côté d'un groupe auquel je ne parle jamais. C'est les problèmes du collège, on doit arriver en premier pour espérer une bonne place.
Je découpe un morceau de pomme de terre, mais la vue de la nourriture ne me donne pas envie. Max me lance un regard intrigué.
— Tu es encore malade ?
— Quoi ?
Elle désigne mon assiette encore pleine.
— Tu adores les pommes de terre sautées habituellement, cela me surprends que tu n'aies pas d'appétit.
— J'étais plongée dans mes pensées ! Je me laisse facilement distraire, tu me connais !
J'avale le bout de pomme de terre avec difficulté sous les regards de mes amis. Mon appétit n'est peut-être pas au maximum, mais il faut que je fasse attention. Le moindre écart de mon comportement habituel est en mesure d'inquiéter Alex et Max.
— N'oubliez pas, ce week-end je vous invite à la maison pour la meilleure soirée pyjama de l'année ! N'oubliez pas le chocolat, dit Max.
— Ça ne risque pas !
— J'ai hâte... murmuré-je.
10.09.2023
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