15. Emy et la mélancolie d'une nuit
Je serre ma peluche d'enfance contre moi en reniflant l'odeur réconfortante de la lessive de maman. La maison me manque, je me sens prisonnière entre ces murs et je n'ai pas le moindre ami avec qui discuter. Personne n'est vraiment heureux, c'est logique dans la mesure où nous nous trouvons dans un hôpital. La plupart des personnes que je croise sont gravement malade tout comme moi. J'ai passé ces derniers jours à angoisser pour un grand nombre de choses : la maladie, l'hospitalisation forcée de Sam, la détresse psychologique de Max. Je n'ai pas encore évoqué le sujet avec mon meilleur ami, mais je compte tout lui dire demain.
C'est sûrement la raison qui m'empêche de trouver le sommeil, d'ailleurs. Dans la vie, c'est toujours facile de mentir, mais la vérité est parfois douloureuse. On ne plaisante pas avec les problèmes de santé. Je soupire puis prend mon portable dans la main en fronçant les sourcils. Un message d'un numéro inconnu. Est-ce que le psychopathe qui m'envoie des mots a décidé de passer à la vitesse supérieure ?
De Inconnu
05 Mai - 03h04
Bon rétablissement, Emy.
Cette personne est au courant de mon hospitalisation, mais elle ne fait certainement pas partie de mon entourage. On ne peut pas vraiment dire que je suis entourée d'un grand nombre d'amis. Il va falloir mener l'enquête pour découvrir la raison de ces messages et son identité. Coincée entre les quatre murs de ma chambre d'hôpital, je ne peux rien faire alors j'espère que mes amis m'aideront à élucider ce mystère.
De Emy
05 Mai - 03h10
Je ne sais pas ce que tu me veux, mais je n'ai pas peur de toi.
De Inconnu
05 Mai - 03h11
Contrairement à ce que tu penses, je ne suis pas une menace. Essaie de dormir un peu, il est tard pour veiller. Bonne nuit.
Je soupire puis repousse la couette afin de me mettre debout. Le lit n'est pas très confortable, j'aimerais tant retrouver ma chambre avec ses milles coussins et la cuisine de maman. On prend conscience de la valeur des choses lorsque celle-ci nous échappe. J'ouvre légèrement le rideau donnant une vue sur le parking puis m'installe près de celle-ci. Je contemple les étoiles en imaginant ma meilleure amie à mes côtés. Les soirs d'été, nous nous allongeons dans l'herbe afin de regarder les étoiles en imaginant de folles histoires. La plus créative remporte une glace de son choix. Presque instinctivement, je m'allonge sur le sol en fredonnant les paroles de la berceuse que chantait mon père lorsque je pleurais pour me calmer.
Dans les montagnes envolées
Se trouve une princesse perchée
Attendant une fée
Pour exaucer son souhait
Je ne me souviens malheureusement pas de la suite, mais ces quatre phrases s'échappent en boucle de ma bouche. Ai-je droit au bonheur ? Ai-je droit d'espérer une vie meilleure ? Je tends la main vers le plafond en imaginant les étoiles à la place. Papa répétait toujours que derrière le malheur arrive le bonheur. Il ne faut jamais cesser de combattre. La vie est parsemée d'épreuves qu'il faut affronter et ne jamais abandonner.
― Qu'attends-tu petite fée pour venir réaliser mon souhait ? chuchoté-je.
04.10.2023
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