little city somewhere on earth
Il n’était pas plus tard que vingt-et-une heure mais la nuit couvrait déjà le ciel d’Aurora Bay, accompagnée par un vent d'automne. La brise se faufilait sur le sol et repoussait des feuilles mortes sur ses convers. Elles s’étaient abimées au fil du temps, sur le bout, mais puisqu’elles lui allaient encore, Wooyoung n’avait aucune raison de jouer au difficile.
Il errait sous les nuages au bord des rails. Comme il s’était un peu éloigné de la ville, il y avait beaucoup plus de nature ; des arbres immenses dont la cime frôlait les étoiles, des ronces qui lui écorchaient les chevilles et des animaux qui l'observaient. Leurs yeux brillaient dans le noir. L’étudiant remonta sa capuche sur sa tête puis enfourna ses mains dans ses poches. Ce n’était pas quelques hiboux qui allaient l’effrayer. Il commençait à être habitué à leurs regards méfiants à force de venir, même si la dernière fois qu’il s’était égaré sur les bords de la ville remontait à plus de trois semaines maintenant.
Mais cet endroit le laissait respirer, et dieu savait à quel point il en avait besoin ce soir. Du haut de ses dix-neuf ans, Wooyoung n’avait pas vécu grand chose, voir absolument rien. Il étudiait l’histoire et les croyances humaines dans la facultée de la ville où il était né, voyait et côtoyait les même personnes depuis toujours et l’unique fait qui pouvait le rendre un peu plus intéressant était l’absence de ses parents. Ils avaient préféré partir vivre au soleil pendant que leur fils dormait à l'internat. Enfin, Wooyoung était adulte, il avait choisi de rester sur la côte, sous les nuages gris de la baie, sans histoire. Alors finalement non, ce fait n'était pas si intéressant.
Le brun laissa un lourd soupir s’échapper de ses lèvres et s'arrêta. Il s’assit sur un rocher près du vide et observa la ville d’en haut. Le phare l’éclairait si fort ! À moins que ce soit la lune, ou peut-être la maison des Choi. Ce château. Wooyoung ne comprenait toujours pas ces élèves qui prenaient l’internat alors que leurs géniteurs habitaient la ville. C'était digne d'un caprice pour le brun. D'ailleurs, si le fils Choi ne l’avait pas fait, rien de ce qui s’était passé cet après-midi ne serait arrivé, et Wooyoung ne serait probablement pas assis, les genoux remontés contre son sweat à se torturer l’esprit. Il ferma les yeux un instant, juste le temps de revoir le sourire étrangement chaleureux sur le visage de San quand il lui avait arraché son téléphone des mains pour y inscrire son numéro.
Rectification : pour s’envoyer un message afin qu’il obtienne de lui-même le numéro du garçon toujours muet en face de lui.
S’il pouvait remonter dans le temps, Wooyoung aurait surement fait marche arrière et aurait empêché Changbin de hurler des insanités le concernant, lui et Choi San. Comme ça, rien dans sa vie n’aurait bougé, rien de toutes ces noyvelles angoisses ne seraient entrées dans sa poitrine pour lui bloquer la cage thoracique. Oui, voila, Wooyoung ouvrit les yeux, s'il avait empêché Changbin de se moquer de lui, il n’aurait pas eu de rencard avec le garçon qu’il aimait.
Sorti brusquement de ses pensée par une vibration sur sa cuisse, Wooyoung soupira à nouveau. Il sortit son portable et consulta ses messages. Évidemment ses voisins de palier se demandaient où il était encore fourré, même si Wooyoung se doutait que Changbin avait vendu la mèches et que ses amis attendaient avec impatience des explications.
Ses yeux brillants se posèrent sur la ville puis remontèrent vers la mer. Elle ne lui dégageait que de la mélancoli. Une fois, il y avait vu une baleine échouée. Puis un frisson le décida à se lever et à rentrer.
*
Wooyoung déglutit en regardant l'écran allumé de son téléphone. Une page de discussion très peu entamée était ouverte et il ne cessait de relire les quelques messages échangés en se rongeant les ongles. Non, Wooyoung ne stressait pas. Il paniquait.
"San :
Wooyoung ;)
04.16 pm.
San :
Pour répondre à ta question, oui ça me plairait beaucoup Wooyoung.
Ce vendredi ?
06.23 pm.
Wooyoung :
Oui !
Enfin je veux dire, je dois vérifier. Je suis peut-être pris. Attends.
06.27 pm.
San :
D'accord.
06.27 pm.
Wooyoung :
C'est bon !
06.27 pm.
San :
Super ! A vendredi alors.
06.28 pm. "
Peut-être auraient-ils dû parler plus longtemps sur cet appareil avant de fixer une date ? Le plus vieux en avait visiblement décidé autrement, et l’angoisse du jeune étudiant était à présent aussi forte que si on lui pressait la poitrine dans un mortier, comme si son coeur n'était qu'un citron. Si seulement San et lui avaient eu une relation moins soudaine ! Mais au lieu d'un adorable rapprochement entre deux amis, il avait fallu que le plus jeune crie sur son meilleur ami agaçant qu'il pourrait inviter son crush Choi San quand il le voulait ! Il n'avait qu'à demander et hop ! Changbin avait éclaté de rire en voyant son ami d’enfance rougir de colère en criant ces mots. Un rire gras et bruyant qui interpella tous les étudiants de la salle de détente, notamment un beau dernière année à la mèche colorée et au sourire mystérieux. Cette fois, Changbin en était tombé de sa chaise tellement son ventre lui faisait mal. En voyant le fameux San s’approcher d’un pas félin de sa pauvre victime et lui sussurer qu’il en serait ravi à l’oreille, il y avait de quoi rire ! Il n’essaya même pas d'ôter ses larmes en observant le visage décomposé de Wooyoung. Puis, sans attendre une quelconque réponse du brunet, San lui piqua son téléphone et s'envoya lui-même un message. Qui aurait cru que le ténébreux fils Choi donnerait de l’attention à ce garçon si banal, et qu’en prime il connaissait son prénom ?
- J’en suis bouche bée, s'étonnait encore Changbin une fois sorti de l'internat.
Wooyoung, encore dans ses pensées, mit quelques secondes à entendre son ami et baissa finalement les yeux vers lui. Il inspira lourdement avant de lâcher d’un ton désespérément pitoyable.
- Je vais jamais y arriver.
- Quoi ? Non, tu vas pas abandonner maintenant ! T’es à ça Woo ! S'exclama-t-il en lui montrant un infime espace entre son pouce et son index.
- Je pourrais jamais faire le premier pas ! Et imagine si on a rien à se dire. On va rester assis à se regarder dans le blanc des yeux, ça va être super gênant..
Wooyoung se lamentait. San était l’amour de sa vie, il en était persuadé. Aussi loin qu’il s’en souvienne, Wooyoung avait toujours été amoureux du garçon mais n’avait jamais tenté le moindre rapprochement. Le raisonnement était pourtant simple à comprendre: S’il ne tentait rien, il ne pouvait rien gâcher !
- D'abord, mais il me semble qu'il a déjà fait le premier pas, et on te demande pas non plus de te glisser sur sa queue, essaya de le rassurer Changbin avec un haussement frénétique de ses sourcils.
Évidemment ses paroles eurent l’effet inverse. Le visage du plus grand se mit à bouillir. Il cacha rapidement ses joues avec ses mains et accéléra le pas vers le sentier de la forêt pour fuir cet énergumène grossier qui lui servait de pote.
En plus cet idiot était à nouveau hilare.
- WOOOooo je rigole ! Fais pas la prude !
- Laisse moi tranquille !
- Très bien, renchérit Changbin faussement heurté, faudra pas venir pleurer si t’as pas de lubrifiant le moment venu !
- Tais toi !
Ce fut après cet échange embarrassant que le jeune homme s’isola dans les sentiers au large de la ville, afin de s’éloigner de ce débile et de pouvoir réfléchir en paix. Car si Changbin était un lourdeau de première, il n’avait pas tord sur un point : Wooyoung avait dix-neuf ans, San, vingt et si ce dernier acceptait de sortir avec lui, ce n’était surement pas pour se quitter avec une poignée de main. Problème: Wooyoung n’avait même jamais embrassé quiconque, mis à part Hongjoong une fois et encore, il préférait se sortir ce souvenir désagréable de la tête. Alors plus..?
L'envie de vomir lui chatouilla la gorge. L’idée d’être une simple conquête aux yeux de son grand amour lui retournait le coeur. Le citron se faisait encore une fois écrabouiller.
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