XIX - 10 mars 2012, 14h21.

Cela faisait un peu plus de quatre mois que Sath était partie lorsque j'aidais mon père à ranger le grenier. Mon père voulait vendre ce qui ne nous servait pas, afin de -peut-être- nous payer un voyage pour les prochaines vacances d'été. J'étais également motivé par cette idée, car en y réfléchissant, cela faisait quelques années que je n'avais pas dépaysé.

Ils m'arrivaient de penser à ce qu'aurait été notre vie avec Sath si elle était restée et si toute cette histoire n'avait pas existé. J'avais imaginé des délires, des rires, des pleurs aussi, des petites manies qu'elle avait, des choses qui paraissaient insignifiantes avant mais qui l'étaient désormais. J'avais imaginé toute sorte de choses. Que faire désormais ? Je n'espérais même plus. Je pensais que c'était une question de deux, trois semaines, mais je craignais qu'elle ne revînt plus jamais. Peut-être m'avait-elle oublié ? Je n'en avais aucune idée et je préférais, en vérité, ne pas le savoir.

On m'avait dragué à plusieurs reprises, d'ailleurs, mais je les avais toutes gentiment repoussées, prétextant que je n'étais pas célibataire, ce qui n'était pas tout à fait faux, mais pas vrai non plus. Il m'était arrivé d'imaginer qu'il lui était arrivé quelque chose, mais quoi ? J'étais certain que si elle avait eu des problèmes, un de ses compagnons, Travor ou Gabin, m'aurait averti de quelque chose. Ils ne pouvaient pas me laisser sans nouvelles. Que se passait-il ?

« Nathan, concentre-toi ! Nous n'avons pas toute la journée ! »

"Moi si' pensai-je. Mes journées sans Sath étaient devenues longues, je devais l'avouer, mais je devais m'y résoudre. Allais-je tourner la page ? Devais-je passer à autre chose ou continuer d'attendre son retour ? J'avais tant de questions sans réponses, tant de choses à lui dire, mais elle n'étais pas là pour les écouter.

Je portais un à un les cartons que je fouillais puis les posai dans le tas "à vendre". Mon père voulait évidemment garder les affaires de ma mère, ce qui était normal, mais voulait se débarrasser de plein de choses futiles, tels mes jouets pour enfant, ou bien les meubles qui ne nous servaient plus. Si ma mère avait été toujours là, elle aurait refusé de vendre mes jouets d'enfance, elle aurait voulu les garder en souvenir. C'était ce que faisait toute mère adorant ses enfants.

J'étais seul intérieurement. Seul.

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Quelques semaines plus tard, alors que je regardais la télévision, je vis une émission qui parlait d'un couple qui s'était séparé à cause du travail. Ils ne se voyaient qu'une fois tous les trois mois. La chance. Qu'est-ce que je n'aurais pas donné pour te voir une fois tous les trois mois.

Cinq mois.

C'est long cinq mois. Je pensais que j'allais avoir moins de mal à vivre sans toi, mais il fallait assumer l'évidence : tu étais une partie de moi qui s'était envolée quelque part, autre part en tout cas. Loin.

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Ce jour là, en ce mois de mai, je passai devant un tatoueur. Tout de suite, j'avais pensé à toi et à Travor. Vous aviez tous les deux des tatouages : ça vous rendait plus fort, plus imposant, plus terrifiant. Alors que je ne comptais pas du tout entrer, je fus surpris de moi : je m'intéressais subitement aux photos de tatouages scotchées à l'intérieur de la vitrine. Je pouvais voir des dragons, des fleurs, des tatouages de visage, des inscriptions françaises, anglaises, japonaises. Il y avait différentes choses que nous pouvions avoir sur le corps.

Soudain, sans réfléchir, je décidais d'entrer. La porte franchie, une sonnette tinta à mes oreilles, annonçant au tatoueur l'entrée d'un nouveau client. Celui-ci sortit de la pièce voisine et me salua.

« Je peux vous aider ?

- Euh... Je ne sais pas trop... »

Je devais paraître complètement stupide. Je n'avais rien d'une personne qui était ici pour se faire tatouer. Je me sentais comme un poisson dans l'huile (oui, et alors ?). L'homme me fit un sourire compatissant et me tendit un magazine où était imprimé des centaines de tatouages différents ainsi que leur prix. Ce n'était pas si cher que ça, moi qui pensais que ça faisait bien plus. Je me rappelai soudain que j'avais de l'argent sur moi, assez pour me faire un petit tatouage.

Un petit, ça n'engageait à rien ?

Quelques mois auparavant, je ne me serais même pas imaginé chez un tatoueur, et désormais, j'étais là à demander à ce dernier de me dessiner une plume, oui, une plume. Il n'y avait rien de bien symbolique à ça. Il n'y avait pas d'histoire derrière cette plume. Je la trouvais simplement jolie. Je me disais qu'elle irait bien sur mon bras.

L'homme remarqua mon stress et me demanda « C'est votre première fois ? ». J'acquiesçai d'un mouvement de tête puis il rit avant de me rassurer. Il me fit installer à l'arrière de la boutique, il n'avait aucun rendez-vous et pouvait se permettre de me tatouer durant quelques minutes.

Trente minutes plus tard, la plume était faite. J'avais un peu rougi -due à la fragilité de ma peau- mais ça allait. Rapidement, je me levai et me positionnai face au miroir pour mieux voir la plume. Elle était identique au magazine et j'étais fier d'avoir franchi ce pas, bien que ça n'allait certainement pas plaire à mon père, mais bon !

« Vous aimez ?

- C'est parfait ! Vous avez fait du bon boulot, lui souris-je. »

C'est comme ça que j'avais rencontré Kévin, le tatoueur. Car oui, je ne l'avais pas vu qu'une seule fois. A peine deux semaines plus tard, j'étais allé de nouveau chez lui et j'avais demandé une continuité de cette plume. Cette plume s'était métamorphosée en aigle qui parcourait tout mon bras. Nous ne voyions quasiment plus aucune parcelle de peau de mon bras droit, à part celle de mon poignet et ma main.

Comme je l'avais imaginé, mon père avait mal réagi. Finalement, il avait avoué que c'était beau et que ce n'était pas une si grosse bêtise que ça. Mon père était génial, heureusement qu'il était là.

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Voici le chapitre 19 ! x) Bref, désolé des différentes ellipses. J'essaie de réduire un peu la vie "solitaire" de Nathan car elle n'est pas si intéressante que ça, mais la suite promet d'être intéressante ! J'espère que vous appréciez toujours le personnage de Nathan, et que malgré ce changement qui s'effectue, il sera votre chouchou ! :') Merci en tout cas de me lire ! :) Bonne lecture pour la suite qui arrivera... certainement aujourd'hui ! Good day.