II - 10 janvier 2011, 7h19
II - 10 janvier 2011, 7h19
Je sortis de chez moi, sac de cours à l'épaule droite et téléphone portable à la main gauche. Mon père me salua en criant à travers la maison. Vu comment il criait fort, il devait avoir alerté tout le quartier. Dehors, il faisait froid, mais pas trop. Le soleil n'avait pas encore fait son apparition et sachant que j'habitais à deux bons kilomètres du lycée, j'allais passer une bonne partie du chemin dans l'obscurité. Ma mère était inquiète à ce sujet : elle était très paranoïaque et envisageait toujours les situations les plus rocambolesques.
Durant tout le trajet, j'avais le nez dans mon téléphone; je jouais à un de ces jeux addictifs qui muscler bien trop le pouce. Au bout d'une bonne dizaine de minutes, j'entendis deux personnes discuter non-loin de moi. Curieux, je levai les yeux et aperçus une silhouette féminine en présence d'un homme. Ce dernier avait une capuche qui cachait les deux tiers de son visage, quant à la fille, elle me disait quelque chose. Il fallait dire que les lampadaires n'aidaient pas tant que ça à éblouir les rues. Habillé d'une chemise à carreaux boutonnée jusqu'au cou et d'un jean noir délavé, je faisais un peu tâche à côté des adolescents qui s'habillaient « à la mode », mais je m'en fichais. Comme le disait ma mère : je n'étais pas au lycée pour faire mon défilé de mode quotidien mais pour travailler. De toute façon, la popularité ne m'intéressait pas du tout.
Je continuais mon chemin, contournant les deux mystérieux personnages qui haussaient la voix de plus en plus fort. Je crus entendre à un mot le prénom de la fille de la bouche de l'homme, Sath. Drôle de prénom à vrai dire. Je pressai le pas et arrivai tant bien que mal au lycée.
Devant le bâtiment se trouvait, comme tous les matins, les multiples fumeurs regroupés en cercle, riant en choeur et dévisageant tout ceux qui osaient passer entre eux, raison pour laquelle je les contournais sans faire d'histoires. S'il y avait bien une chose que je détestais, c'était de me faire remarquer. Je faisais tout mon possible pour me faire oublier, pour n'avoir aucun contact avec mon entourage, à part Tom, mon meilleur ami. Hé oui, j'avais un meilleur ami malgré la réputation pas si jolie que ça que j'avais. Tom me connaissait depuis la primaire et c'était l'une des raisons pour laquelle il me comprenait parfaitement. Nous étions sur la même longueur d'onde, même s'il était beaucoup plus sociable que moi. Du côté de la gente féminine, il avait quelques « touches » comme il appelait ça. Il avait cette tête d'ange que convoitait les gentilles filles. Tant mieux pour lui, il méritait vraiment de trouver l'âme soeur.
J'entrai donc dans la cour de l'enceinte du lycée, faisant attention de ne pas me foncer sur quelqu'un. C'était comme un rituel quotidien : une bousculade, une chute, des rires, suivie d'une fuite. Je regardai à droite et à gauche, à la recherche d'une tête à cheveux bleus. Oui, Tom avait les cheveux bleus; il s'était teint les cheveux durant les vacances de Noël. Il n'avait prévenu personne, même pas ses parents. Nous avions tous été choqué de ce geste, mais personnellement, je m'y étais habitué et je devais avouer qu'avec le recul, cela lui allait bien.
Soudain, j'aperçus des cheveux bleus à côté d'une fille. Tom devait certainement être en train de draguer, ou alors se faire draguer, mais dans les deux cas il n'était pas seul. J'attendis alors qu'ils se séparassent pour rejoindre mon ami qui était désormais seul, un cahier de cours à la main.
« Salut mec ! me salua-t-il dès qu'il m'aperçut. Ça va ?
- Ça peut aller. Un peu crevé, comme d'hab', répondis-je. C'est à qui ce cahier ?
- A Béatriz ! Elle me l'a prêté car je ne suis pas allé au cours d'espagnol vendredi.
- Tu as encore séché ? le réprimandai-je. Tu sais que..
- Que dans deux ans on a le BAC, et patati, et patata, me coupa-t-il. Je te connais comme si je t'avait fait, c'est fou. Tu vas arrêter de prévoir les choses à l'avance et profiter du moment présent ? Tu ne t'es même pas demandé la raison pour laquelle je ne suis pas venu en cours.
- Une fille ?
- Oui.. bon, d'accord, c'était prévisible aussi.
- Un peu trop, oui. A quoi ça te sert de sortir avec des filles, hein ?
- Tu comprendras lorsque ça t'arrivera, finit-il. »
J'eus un rire nerveux. Même si la plupart des adolescents dont Tom avait déjà eu des relations amoureuses, la mienne était aussi vide qu'un désert. Je ne voyais aucune utilité à perdre mon temps à ces occupations là, contrairement à Tom qui me racontait toutes ces conquêtes avec une fierté déconcertante. Je lui répondais à chaque fois que ça ne servait à rien et qu'il fallait qu'il pensât plus à ses études. Il était vrai que ses résultats avaient baissé depuis qu'il se mettait en couple, et je le lui avais fait remarquer. C'était d'ailleurs pour ça qu'il m'avait fait la tête durant une bonne semaine durant laquelle je fus resté seul dans mon coin. Au final, j'avais mis ma fierté de côté pour aller m'excuser. Après, tout était redevenu normal.
La sonnerie retentit, nous coupant dans notre discussion puis nous nous séparâmes pour aller chacun dans notre classe respective. Oui, nous avions eu le malheur de découvrir en début d'année que nous étions séparés dans deux classes différentes après 6 ans de classe commune. La rentrée avait été pour moi très difficile et les moqueries avaient commencé quelques peu après. Dans la ville où j'étais, les « intellos » étaient mal vus. Ils étaient classés comme insociable ayant le nez fourré H24 dans les bouquins, ce qui était le cas pour moi.
J'arrivai rapidement dans le couloir et m'adossai au mur à côté de la porte. Mes camarades de classes me rejoignirent rapidement, ne m'adressant aucun regard ni aucun salut. Même si je n'étais pas détesté, je n'étais pas apprécié non plus. Personne ne perdait son temps à essayer de me connaître. Derrière mes lunettes, mes chemises à carreaux et mes cahiers de leçons, cela se voyait très bien que je n'étais pas une personne sociable et assoiffée de fille. Soudain, j'entendis quelqu'un m'interpeller :
« Nathan ? Tu as fait tes exercices de mathématiques ?
- Euh.. oui, pourquoi ? appréhendai-je déjà la réponse.
- Tu peux me les passer, je n'ai absolument rien compris ! »
Elle, c'était Patricia, une fille qui ne savait même pas ce qu'était un adverbe avec des dizaines de prétendants à ses pieds. Une fille populaire quoi. Elle savait très bien que j'étais une gentille personne et que je ne refusais jamais de passer mes devoirs aux gens. Je lui répondis donc affirmativement et lui tendis mon cahier qu'elle m'arracha des mains avant de me remercier et disparaître dans sa troupe d'amis. La connaissant, elle allait certainement recopier mes réponses durant le cours de français qu'on avait en première heure. Je roulai des yeux et aperçus Madame Bourbin, notre professeure de français, qui arriva jusqu'à nous. Elle nous dit « bonjour » puis ouvrit la porte à l'aide des clés qu'elle avait soigneusement rangé dans son sac à main orange. Elle nous demanda d'entrer, ce que je fis le premier.
Je m'installai à ma place habituelle, soit le deuxième rang. Je ne voulais pas être au premier rang pour ne pas faire fayot et ni être au fond afin de pouvoir suivre le cours convenablement. J'étais donc contre le mur, près du radiateur, table que désirait les plus frileux d'entre nous et dont j'étais privilégié.
La classe se remplit rapidement et alors que nous croyions que le cours allait commencer, Madame Bourbin fit entrer une élève et la présenta à toute la classe comme une élève qui fut changée de classe à cause de problèmes personnelles. Je reconnus directement la fille que j'avais bousculé à la bibliothèque quelques jours auparavant.
« Sath, tu peux aller t'installer au fond, à côté de Vincent. »
Sath ? C'était le nom que j'avais entendu le matin même lors de l'altercation entre l'homme et la fille. Alors c'était elle ? La fille aux cheveux noirs passa à côté de moi, ne me lançant aucun regard et s'installant au fond, à la place indiquée par la professeure. Je me surpris fixer Sath du coin de l'oeil. Celle-ci s'en était rendue compte et m'avait lancé un regard noir. Décidémment, elle avait l'air de m'en vouloir encore. Le reste de l'année prévoyait d'être encore plus compliquée que je ne l'avais prévu.
[Chapitre 2 terminé ! J'espère que vous commencez à cerner le personnage principal et son entourage ! ^^ Bon, j'avoue qu'à certain moment, la lecture a dû être quelque peu étrange, notamment à l'emploi du subjonctif passé ! (Le "séparassent") MDR. Bon, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaires ! :) Je publierai la suite dans la semaine ! :) Je vous souhaite une bonne soirée ainsi qu'une bonne continuation sur ce site. A bientôt.]
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