75.
Avant de démarrer le chapitre, je voulais m'excuser pour le retard. Ces dernières semaines n'ont pas été faciles pour moi et je n'avais aucune motivation à publier un chapitre ou quoi d'autres. Bonne lecture.
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75.
Cathy.
Après le repas d'hier soir en tête-à-tête, j'avais pris le chemin le plus long pour pouvoir discuter aussi longtemps que possible avec Gabriel. J'avais plus parlé de moi sur le trajet. Gabriel essayait d'en savoir plus sur la Cathy du passé et il ne me laissait pas l'occasion de lui poser des questions sur lui. A vrai dire, je pense qu'il faisait exprès pour ne pas avoir à y répondre. Nous étions rentrés assez tard : il était minuit lorsque nous entrions chez moi. Ma mère était déjà au lit. Nous avions fait le moins de bruits possible et au contraire de ce que ma mère m'avait demandé, j'allai seulement dans ma chambre pour prendre un pyjama et je me réfugiai dans la chambre d'ami avec Gabriel pour dormir à ses côtés.
J'étais à présent dans la cuisine en train de prendre mon petit-déjeuner. J'étais en pyjama, sirotant mon thé à la menthe pendant que ma mère préparait du café. Des tartines grillaient. Gabriel était levé également. Il était seulement dans le jardin en train de fumer. Je lui avais interdit de fumer dans la maison. Ma mère ne faisait que le fixer dehors et je finis par lui demander quel est le problème avec lui. Elle me répondit avec mauvais goût :
« Ton père est décédé d'un cancer et tu choisis un fumeur.
-Ce n'est pas parce que Gabriel fume que je ne respecte pas la mémoire de mon défunt père. »
Je n'arrivais pas à le croire qu'elle me fasse culpabiliser sur la mort de mon père parce que mon petit ami se crame les poumons avec du goudron, de la nicotine et autres substances toxiques. Elle leva les yeux au ciel et bougonna :
« Manquerait plus qu'il soit tatoué tiens. »
Un mauvais sourire s'afficha sur mon visage. Je décidai de répondre par une provocation insolente :
« Oh il a deux tatouages aussi. »
Elle se crispa et je me retins de rire. Elle m'insupportait avec ses préjugés. Je ne comprenais pas d'où elles détenaient ça : La région parisienne regorgeait de tout type de personne, de toute origine, toute culture et tout style. Elle s'étrangla :
« Tu plaisantes ?
-Non. Il a un cerf et une rose dans le dos. »
J'haussai les épaules et me levai pour chercher le pain grillé dans la machine. La confiture et le beurre était posé sur la table. Gabriel rentra à ce moment-là et ma mère fit tout un drame en se bouchant le nez. Elle exagérait, Gabriel mâchait un chewing-gum pour éliminer le maximum d'odeur de tabac. Je râlais :
« Arrête de faire semblant, Gab a fait gaffe à pas te foutre son tabac dans la maison. »
J'aimais être vulgaire devant elle pour qu'elle crie mais elle ne fit rien. Peut-être a-t-elle compris que c'était peine perdu et que je me défendrai peu importe ses propos. Elle finit par demander confirmation à Gabriel qui venait de s'assoir :
« Ma fille m'a dit que tu étais tatoué. »
Le brun me fixa avec des gros voulant dire : « Pourquoi tu lui as dit ça ? ». J'haussai les épaules et il toussota avant de répondre avec franchise :
« Ouais. Mais ce sont des conneries d'adolescents.
-Et ça fait longtemps que tu fumes ? »
Pourquoi est-ce qu'elle fait genre qu'elle s'intéresse à lui ? Et surtout pourquoi un sujet tabou tel que les tatouages ou les cigarettes ? Il répondit en attrapant la bouteille de fruits en face de lui :
« Depuis mes quatorze ans. »
J'écarquillai les yeux. J'ignorai qu'il s'y était mis si jeune. Depuis presque six ans il se bousillait les poumons avec cette merde et cela lui a valu une bonne pneumonie il y a moins de deux mois. Ma mère hocha la tête lentement. La franchise de Gabriel ne la décevra pas, c'est clair. Elle se tourna vers lui et lança un sourire presque forcé :
« Du café ?
-Oh, oui, je veux bien. »
Il tendit la tasse que j'avais posé devant lui pour qu'il se serve de ce qu'il veut. Elle avait l'air surprise mais le servit tout de même. Je l'entendis lui répondre :
« Merci. »
J'étais étonnée qu'il puisse se montrer poli. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être courtois.
Chacun se servit pour prendre son petit-déjeuner. Ma mère s'installa entre moi et Gabriel pour déjeuner. Elle essaya de faire la conversation. Elle avait l'air plus détendue que la veille :
« Alors comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ? »
Gabriel et moi nous fixions pour savoir lequel de nous deux parlerait et il commença :
« A la gare. Je l'ai déposé elle et Lucas à leur appartement.
-Ah oui, Lucas n'avait plus sa voiture à ce moment-là.
-Oui, affirmai-je laissant Gabriel continuer. »
J'étais intéressée de ce qu'il va raconter à ma mère. Il était tellement imprévisible.
« Je l'ai revu le soir-même à une soirée. Je ne vais pas vous mentir, je me suis comporté comme un gros con avec Kate. »
Je pouffai de rire. Ca pour s'être comporté comme un gros con, il dépassait les limites :
« Vous en avez mis du temps, je commençais à me faire chier avec cette musique de merde. »
Oh putain...
« Gaby, toujours aussi rabat-joie, se moqua Arsène.
Il lui répondit d'un doigt d'honneur. Je pus observer un peu mieux cet individu grossier. Il avait toujours sa veste en cuir noir. Il portait un tee-shirt noir uni, un jeans trou noir et des baskets noires. Ses cheveux étaient en bataille et j'observai une petite mèche blond platine sur le devant. C'est ridicule. En revanche, il était beau garçon. Ses lèvres étaient pulpeuses. Je cesse de le fixer lorsque Lucas me fit signe de m'assoir à côté de lui. Une jeune fille de mon âge débarqua en petite robe et fit la bise aux garçons et se présenta :
« Oh salut ? Tu dois être Kate, Lucas nous a beaucoup parlé de toi. Je m'appelle Claire.
-Enchanté alors. Je ne pensais pas que Lucas pouvait parler de moi. »
Elle rit et je la suivis. Elle me fit la bise également et me tendit un verre rempli et je suppose que c'est sûrement de l'alcool. J'allai refuser poliment lorsque le prénommé Gaby prit la parole :
« Laisse tomber Claire, tu perds ton temps. Vu ses fringues, elle a cru que c'était soirée pyjama. »
Rien qu'en y repensant, je me retins de rire encore plus comme une attardée. J'affirmai une nouvelle fois :
« Tu étais vraiment un gros con. »
Gabriel me lança un doigt d'honneur sous la table suivi d'un sourire presque hypocrite. Il ajouta à son récit :
« J'ai mal parlé à Kate et cela m'a valu une grosse gifle. »
Ma mère ne peut s'empêcher de rire. Elle me reconnaissait bien-là J'avais le même tempérament qu'elle lorsqu'il s'agit de péter un câble. Gabriel attendit que ma mère l'écoute à nouveau pour dire :
« On s'est disputé assez violemment. J'ai assez mauvais caractère aussi. »
Je ne sais pas à quoi est-ce qu'il jouait mais il m'impressionnait. J'étais contente qu'il en dévoile un peu plus sur lui et sur la construction de notre relation.
« On se dispute beaucoup mais cela ne dure jamais longtemps. Cela nous avait plus rapproché.
-Et comment est-ce que vous vous êtes mis ensemble, demanda ma mère plus curieuse en buvant une gorgée de son café.
-À London Eye, commençai-je.
-Elle m'a convaincu que se mettre ensemble était une bonne idée, termina Gabriel en me lançant un clin d'œil discret.
-C'est récent, répondit ma mère en prenant sa tartine dans la main. »
Je débarrassai ma tasse et nettoyai ma place en jetant les miettes à la poubelles et en passant un coup d'éponge sur la table. Je m'assis à nouveau et elle demanda à Gabriel :
« Alors que font tes parents ? »
Mauvaise question, me dis-je intérieurement. Je pensais que Gabriel se fermerait à la conversation mais il me surprit une nouvelle fois lorsqu'il répondit lentement :
« Mon père est professeur. »
Je savais que sa famille n'était pas un sujet dont il aimait aborder et généralement cela se terminait en cris. Ma mère, innocente reprit :
« Et ta mère ? »
Gabriel se figea. Il ne s'attendait pas à ce que ma mère relance la question. Il finit seulement par lui répondre avec une voix presque muette :
« Elle est partie lorsque j'étais petit. »
J'envoyai un sourire compatissant à Gabriel et lui demandai pour tenter de le « sauver » des questions indiscrètes de ma mère :
« Est-ce que tu as fini de manger ?
-Euh, ouais. »
Il finit rapidement son café et se leva pour m'aider à débarrasser lorsque ma mère lui demanda avec un surplus de curiosité déplacée :
« Et ton père ne s'est pas remarié ? »
Vu la tête qu'affiche Gabriel, je voyais que c'était un sujet sensible à ne surtout pas aborder. Je claquais plus fortement que je pensais les bols dans l'évier :
« Maman, tu es trop curieuse là !
-Quoi, je m'informe sur la personne qui sort avec ma fille.
-Oui mais ta question ne se pose pas. »
Je tranchais la discussion et je m'échappais avec Gabriel à l'étage. Lorsque nous fûmes à nouveau dans la chambre d'ami, il me remercia vivement :
« C'est gentil d'avoir fui la conversation pour moi.
-C'est normal, lui dis-je avec un sourire. Elle est aussi curieuse comme quoi mais elle a tendance à dépasser les bornes. C'est pourtant ce qui a plu à mon père. »
Parler de mon père est toujours aussi difficile. J'ai toujours mon cœur qui se comprime en pensant à mon père et nos vieux souvenirs. Profitant de ce moment, je lui dis :
« Je...Il faudrait que j'aille le voir d'ailleurs. »
J'étais embêtée. Je ne me voyais pas amener ce garçon au cimetière pour voir mon père enterré. C'était beaucoup trop glauque. Le brun hocha lentement la tête avant d'ouvrir le placard pour prendre de quoi se changer. C'était silencieux. Gênée, je sortis brusquement de la pièce pour aller dans ma chambre et prendre à mon tour et mes vêtements. J'observais ma chambre vide. Toutes mes décorations étaient restées à l'appartement. Le miroir face à moi reflétait mon image. Je me fixais quelques instants avant de secouer le visage et attraper mon visage. Je la déposais sur mon lit et prit un jeans propre ainsi qu'un pull et un débardeur. J'attrapai des sous-vêtements au pif dans le fond de ma valise et des chaussettes. Gabriel pénétra dans la chambre pour me prévenir :
« Je vais me laver, je t'attends ?
-Non, ne t'inquiète pas, lui souriais-je un peu triste. »
Repenser à mon père me fit chavirer automatiquement à la remarque de ma mère il y a une demi-heure. Je me demandais ce qu'il penserait si j'amenais Gabriel. Paix à son âme mais s'il était en vie, est-ce qu'il aurait été plus tolérant que ma mère ? Il est vrai que Gabriel avait vraiment un physique de mauvais garçon. Il avait un passé sombre, inconnu à mes yeux. Est-ce que l'homme qui était mon petit ami était réellement celui qu'il prétend être ou n'est-ce qu'une illusion ? Je pensais être seule mais mon petit ami n'avait pas bougé. Il essayait de deviner chacune de mes pensées. Il était accoudé contre l'ouverture de la porte en supposant :
« Tu es bizarre, est-ce que j'ai merdé ? »
Je secouai la tête, silencieuse. Il soupira et s'approcha :
« Je te promets que je ne m'énerverai pas si c'est de ça dont tu as peur.
-Ce n'est pas toi Gabriel. Je trouve juste ça glauque de t'emmener avec moi dans un cimetière, je trouverai un moment lorsque l'on verra Lucas et Arsène.
-Cela ne me dérange pas de venir avec toi, me rassura-t'il doucement.
-D'accord. »
Je n'étais pas plus bavarde et il insista une nouvelle fois :
« Je ne suis pas vraiment patient Kate, qu'est-ce qu'il y a ? »
Je pinçai mes lèvres entre elles. Pourquoi est-ce que c'est si dur de demander ? Je me tournai vers lui, les bras chargés de vêtements. Gabriel avait avancé de quelques pas et à présent il s'impatientait que je ne crache pas le morceau. Je pris une inspiration, il a promis de ne pas s'énerver. J'avouais :
« J'aimerai en savoir plus sur toi. »
Gabriel écarquilla les yeux et je repris en bredouillant :
« Je ne connais pas tellement de choses sur toi à part que ta couleur préférée est bleue. Tu aimes lire Stephen King et autres livres du 18ème siècle, ...
-Qu'est-ce que tu veux clairement savoir sur moi, me coupa Gabriel d'un coup calme.
-Ton passé. »
Il sembla se crisper à l'idée de se confier et il répondit avec tristesse :
« Vaut mieux pas que tu saches certaines choses. Il a fait que je suis comme ça aujourd'hui. »
Il recula.
« J'ai mal vécu cette partie de ma vie et depuis l'université je revis un peu, me dit-il en partant vers la salle de bain.
-J'ai juste envie de t'aider. »
Je voulais lui faire un roman de ce que j'étais capable de faire pour lui venir en aide mais il me coupa rapidement en restant absolument calme :
« Kate, je t'en parlerai un jour. Mais je ne suis pas sûre que te le dire m'aidera. »
Il ferma la porte de la salle de bain derrière lui...
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