70.
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Cathy.
Le jour J du bal était enfin arrivé. Je bouclais mes derniers bagages pour mon départ à Villette demain matin. Lucas et moi tournions dans l'appartement et on allait dans tous les sens en se dictant les tâches :
« Linge sale ?
-Partie à la laverie en début d'après-midi, me rappela Lucas en rangeant la salle de bain.
-Nourriture ?
-Toute nourriture bientôt périmée consommée. Ménage ?
-Fait ! Valises ?
-Elles sont toutes bouclées. Cadeaux ?
-Emballés et pris.
-Très bien, je pense que nous n'avons rien oublié, soupira Lucas en s'écroulant dans le canapé. »
Je l'imitai et soufflai un bon coup. Pour cette fin de semaine, Lucas s'était calmé et nous avions repris une bonne complicité à nouveau sans énoncer le sujet de Gabriel : il s'était fait à l'idée qu'ils nous accompagnent. Alors que je reprenais peu à peu mon souffle à force de courir partout, Lucas reprit en riant :
« A chaque fois que je retourne chez ma mère, j'ai l'impression de déménager une nouvelle fois.
-Je comprends pourquoi maintenant. »
Je comprenais également pourquoi Lucas ne revenait pas tous les week-end à Villette : Faire et défaire sa valise prend énormément de temps et c'était aussi épuisant physiquement que mentalement. Vérifier au moindre détail que tout soit en ordre avant de partir comme le gaz qui soit bien éteint tout comme les lampes. Nous vérifions que les poubelles soient vidées et que l'appartement est en ordre pour éviter de faire le ménage au retour. Je soufflai une dernière fois avant de me lever. Je prévins Lucas :
« Je vais chercher mes vêtements pour le bal de ce soir et je me prépare chez Léa.
-D'accord. Tu n'as pas trouvé de cavalier, me demanda Lucas en se levant également.
-Non. »
J'étais déçue d'ailleurs. J'avais enfin la chance d'être en couple au moment d'un bal et il avait fallu que mon copain déteste les bals et refuse de venir. Lucas m'invita alors :
« Je suis déjà accompagné de quelqu'un mais elle ne verra pas d'inconvénient si je danse avec ma meilleure amie. Je te dois bien ça après tout. »
Au lycée, j'avais pas mal de demandes pour être la cavalière d'un garçon, mais je les repoussais toutes pour pouvoir soutenir mon meilleur ami qui n'avait aucune demande. J'étais contente qu'il me rende la même chose. Je souris pour le remercier et quémandai dans un même temps :
« Cachottier, qui s'est ?
-Léa Meens. »
Quoi ? Alors c'est avec mon meilleur ami qui accompagne ma peste d'amie au bal d'hiver ? Je ricanai :
« Dire qu'elle voulait me faire patienter jusque ce soir. Merci Lu'. »
Le blond plaqua ses mains contre sa bouche en se racontant de la bourde qu'il a faite. Il bredouilla :
« Merde, j'avais juré de garder le secret.
-Tu n'as jamais su garder un secret Lucas, ris-je un peu plus en prenant mon maquillage. »
Il haussa les épaules et s'assit sur mon lit double. Il changea de sujet :
« Au fait. À quelle heure vient Gabriel demain matin ? »
Je réfléchis quelques instants. Je ne lui avais pas encore dit d'heure. Je demandais pour rappel :
« A quelle heure est prévu le train ?
-9h30 s'il n'y a pas de grèves ou trop de retard, me répondit Lucas en vérifiant les billets sur l'application de son smartphone.
-Super, je lui enverrai un message.
-Ok. »
Je sortis la robe bleu marine de ma penderie. Immédiatement, mon meilleur ami se leva pour l'admirer. Il murmura, ébloui :
« Ouah, elle est magnifique ! Tu seras parfaite dedans, j'en suis sûr.
-Merci Lucas, le remerciai-je en prenant quelques couleurs face à tous ses compliments.
-Allez, va rejoindre ma cavalière ! Vous serez les plus belles ce soir. »
Il quitta ma chambre après avoir embrassé ma joue amicalement. Lorsque toutes mes affaires furent prêtes pour aller chez Léa, j'envoyai un message à Gabriel :
Coucou !
Demain matin, 8 h à l'appartement avec tes affaires et un grand sourire.
PS : ne sois pas en retard. :)
Je laçai mes baskets et attrapai mon sac après avoir mis mon gros blouson d'hiver. La température avait bien diminué dernièrement et la neige tombait de temps en temps. Grenoble avait un climat un peu montagnard par moment en cette période de l'année. J'arrivai au salon lorsque Gabriel répondit à mes textos :
Pourquoi le sourire ? Tu insinues que je fais la gueule dès le matin ?
Mais ouais ok.
Et bonne soirée.
Quelle mauvaise foi. Il est encore dans une humeur exécrable. J'ignorai ce qui le rendait insupportable à ce moment-même, mais je n'avais pas tellement envie de lui parler. Après hésitation, je décidai de lui répondre rapidement :
Merci.
Je pensais qu'il ne me répondrait plus, mais mon téléphone vibra presqu'immédiatement. Il avait répondu :
Je n'ai pas été correct avec toi. On se voit demain Kate. Amuse-toi bien, tu verras elle sera tout de même géniale.
Elle aurait été plus géniale avec toi Gabriel. Je soupirai et verrouillai mon téléphone avant de quitter l'appartement pour me préparer chez Léa.
**
« Oh mon dieu, cette robe est encore mieux maintenant, s'émoustilla Léa en tapant dans ses mains. »
Il était dix-neuf heures et le bal débutait dans une heure. J'avais enfilé ma robe bleu marine et je m'observais dans le miroir de la chambre de Léa en me tournant et me retournant. Je lui demandai, inquiète :
« Tu es sûr ? Ce n'est pas trop moulant ?
-Mais non ! Tu es absolument magnifique ! »
Je rougis. Je n'aimais vraiment pas les compliments. J'observai à mon tour la jeune brune en face de moi. Elle portait une petite robe noire à courtes manches. Le jupon descendait naturellement juste au-dessus des genoux. Je l'avais maquillé. Je lui avais appliqué un peu de fond de teint, un fard à paupières brun et pailleté suivant avec les tons de sa robe. J'avais ajouté un peu de blush, du mascara et un rouge à lèvre rouge. Quant à moi, mon maquillage lui ressemblait un peu. Le rouge à lèvre était juste de couleur mate. Nous avions laissé nos cheveux lâchés, mais nous les avions bouclés. Nous étions enfin prêtes.
En attendant le cavalier de Léa ou bien Lucas, nous parlions dans son salon. Je n'avais encore jamais vu son appartement et j'étais émerveillée. Il y avait une ambiance cosy, détendue, agréable à vivre. Je complimentais tous les objets que je voyais comme sa statue de bouledogue, ses cactus, son canapé vintage. Il me semblait même avoir complimenté ses fourchettes. Léa me dit :
« Bon, je t'avais promis de te dire qui était mon cavalier. »
Oh, tu sais, il s'est trahi tout seul, me dis-je intérieurement. Je souris à Léa et bougeai rapidement mes jambes en m'impatientant :
« Oui, tu as promis ! Je veux savoir !
-Lucas est mon cavalier. »
Je fis semblant d'être surprise. Est-ce que j'étais bonne comédienne ? Je m'exclamai avec une mine exagérée :
« Lucas ? Lucas Hermenz ? Mon meilleur ami ? »
Elle ricana et claqua abruptement ses talons au sol en criant vivement :
« Oui ! Tu l'aurais vu ! Il était trop mignon ! Il m'a demandé la semaine dernière de manière hyper timide !
-Lucas était déjà un grand timide lorsque nous étions petits, lui appris-je en racontant quelques éléments de notre passé. On se partagera le cavalier alors, il m'a promis une danse vu que je n'ai pas de cavalier.
-Attends... Gabriel ne vient pas ? »
Son rire se stoppa et soudainement, elle fut contrariée sans que je comprenne pourquoi. Je bredouillai :
« Euh... Non, pourquoi est-ce qu'il viendrait ? Il déteste les bals...
-Je ne sais pas, je pensais qu'il changerait d'avis, m'annonça t'elle sèchement.
-Écoute Léa, si ça te gêne que je danse une fois avec Lucas, je ne ferai rien. C'est juste que lorsque l'un de nous n'avait pas de cavalier au lycée, on lui promettait une danse. »
Sa mine agacée se transforma en un visage doux et angélique. Elle embrassa ma joue en me rassurant :
« Non, cela ne me dérange pas ne t'inquiète pas. Je suis juste déçue pour toi. Tu méritais d'être accompagnée ce soir, tu es comme une princesse ce jour-là.
-Disons que Gabriel est loin d'être un prince, annonçai-je en me levant brusquement. Tant pis pour lui, je m'amuserai bien aussi sans lui.
-Tu as raison. »
Léa me prévint que notre chauffeur nous attendait en bas. Nous échangeâmes un sourire et rejoignîmes Lucas dans sa SEAT. Je m'assis à l'arrière pour laisser les deux cavaliers ensemble. Lucas était étrangement bien vêtu. Sa mère aurait été là, elle aurait pleuré en disant à quel point son dernier bébé était devenu un homme. Il portait une chemise blanche avec un nœud papillon noir et une veste de costard noire. Je fis semblant de pleurer et me moquai tout en le complimentait :
« Oh mon dieu mon amour. Mon bébé Lucas, tu es tellement magnifique dans ce costume chéri ! »
Lucas éclata de rire et ajouta :
« Maman, sors du corps de ma meilleure amie d'il te plaît. »
Nous éclations un peu plus de rire et il me lâcha avec un immense sourire éclatant :
« Je te l'avais dit que tu serais sublime dans cette robe Kate. »
Il s'adressa ensuite à sa cavalière en baisant sa main :
« Et toi, tu es tout aussi parfaite ! J'ai les plus belles de cette fac pour moi tout seul, je suis trop content. »
Quel con. Léa et moi riions et il démarra à nouveau. Il conduisait en direction de l'université, là où se déroulait le bal d'hiver. Je savais que cela serait une bonne soirée. Léa m'avait prévenu ce matin que la fac avait déjà commencé à décorer et que le personnel avait apporté tout un buffet. La route était assez rapide. Mon amie n'habitait qu'à cinq minutes de la faculté en voiture. Dans le parking, les places étaient plus nombreuses que d'habitude. Le directeur avait accepté que les étudiants se garent exceptionnellement dans le gazon. Je descendis lentement de la voiture en faisant attention où est-ce que je mettais les pieds pour ne pas chuter. Je portais des petits talons.
Nous suivions les panneaux. Nous arrivions vers l'entrée. Ils avaient sorti une carpette rouge et un portique décoré de ballons blanc et bleu orné le panneau. Le directeur avait engagé spécialement un photographe pour cette fabuleuse soirée. J'observai qu'il photographiait chaque couple. Je me mis en retrait en leur disant :
« Allez faire une photo. Vous êtes ensemble pour le bal. »
Lucas fronça les sourcils et agrippa mon bras pour m'attirer vers lui. Il plaça son bras autour de mes épaules en me répondant :
« Hors de question, nous sommes un trio. »
Léa m'envoya un sourire, signe que cela ne la dérangeait pas. Au loin, j'aperçus Claire et Martin. Tout deux étaient assortis. Claire portait une petite robe en argent et des escarpins de même couleur. Elle avait noué ses cheveux un peu colorés en un chignon haut. Martin portait un smoking gris de dernier cri s'assemblant à la perfection à sa petite amie. Avant de les rejoindre, Lucas nous attira vers le photographe. Ce dernier nous dit :
« Rapprochez-vous un peu. Un grand sourire et cheese ! »
Au lieu de sourire, Léa et moi pouffions de rire. C'était tellement gênant. Je n'étais pas très photogénique. Après plusieurs clichés, Lucas nous entraîna vers le couple de Martin. Entre deux, Arsène s'était ajouté. Je le taquinais :
« Tu ne sais toujours pas mettre de cravate ! Et tes cheveux ! Oh mon dieu, un carnage !
-Hey, râla ce dernier lorsque je l'attirai vers moi pour renouer le nœud de sa cravate. »
Je replaçais correctement ses cheveux bouclés dans leur axe et je le pris dans mes bras. Il ricana et me remercia vivement :
« Tu es jolie ma princesse ! Merci du coup de main. »
Je lui envoyai un sourire et il caressa quelques instants ma joue de son index avant de me désigner une petite blonde assez mignonne :
« Je te présente ma cavalière. Elle s'appelle Pauline.
-Enchanté, me répondit la blonde en s'approchant de moi pour me faire une bise.
-Enchanté, je suis Kate. Une amie d'Arsène et la meilleure amie de son cousin.
-C'est cool. »
Elle me sourit tendrement et elle nous quitta avec Arsène. J'étais nostalgique. Aujourd'hui, les deux garçons qui ont bercé mon enfance étaient devenus des hommes et ils avaient tous les deux ; une fille avec qui partager un bon moment. Le groupe décida d'entrer dans le gymnase pour y passer la soirée. Enfin, c'était surtout un prétexte pour se ruer sur le buffet.
La soirée se passait bien. Nous rigolions et on buvait un dernier coup tous ensemble avant de se quitter deux semaines pour les vacances de Noël. Il était vingt-deux heures et je n'avais toujours aucune nouvelle de Gabriel. Il ne daignait pas à me demander comment se passait ma soirée. Alors que je déprimais un peu dans mon coin, la musique « Creep – Radiohead » démarra. Lucas avait attrapé ma main et m'entraîna sur la piste en me disant :
« Allez viens danser avec moi comme au bon vieux temps, ca te redonnera le sourire. »
Un petit sourire se creusa et des petites fossettes apparurent sur mon visage. Lucas plaça ses mains sur mes hanches tandis que je plaçais les miennes sur ses épaules. Il plongea son regard dans le mien et nos corps bougèrent lentement au rythme de la musique. Je me laissai bercer par la mélodie pour oublier tous mes derniers tracas. Je passais une bonne soirée, il fallait que je m'amuse un maximum.
« Je suis désolé de m'être mal comporté avec toi, s'excusa Lucas sur les paroles du chanteur de Radiohead.
-Ce n'est rien, c'est oublié. »
Lucas était tellement adorable. J'ajoutai :
« J'ai tellement de chance de t'avoir dans ma vie Lucas. Tu es un pilier dans ma vie.
-C'est réciproque Kate. Tu comptes beaucoup pour moi.
-Notre amitié est plus forte que les crocodiles. »
Cette phrase était un peu notre citation de l'amitié. Nous l'avions dite un après-midi sur le bac à sable du vieux parc de Villette quand nous avions sept-huit ans. Lucas m'offrit un sourire adorable et chuchota :
« Plus forte que les crocodiles et les rhinocéros. »
Je pouffais de rire et il me fit tourner plusieurs fois avant de se recoller à moi. Je serrai ses épaules et ajoutai :
« Tu as tellement grandi Lucas. Tu es devenu un homme, je suis fière de toi.
-Moi aussi, je suis fier de toi. Tu as beaucoup changé, tu es devenue une jolie femme. Je suis étonné de ne pas être tombé amoureux de toi.
-Imbécile, l'insultai-je gentiment en riant. Nous l'avons promis et répété : notre amitié est plus forte que les crocodiles et les rhinocéros. »
La chanson se terminait et dans un dernier élan, il m'attira dans ses bras pour me câliner. Je le serrai fort contre moi. Discuter avec lui de cette manière m'avait manqué, mais j'étais heureuse que pour lui, notre passé comptait toujours à ses yeux. Lentement, je m'éloignai et lui susurrai :
« Allez, prends ce deuxième slow avec Léa, elle t'attend. »
Je désignais une chaise au fond de la salle où Léa est installée en attendant son tour. Je lui fis un signe au loin avec un immense sourire pour lui laisser la place. C'était son cavalier après tout. Lucas me demanda :
« Et toi ?
-Ne t'en fais pas pour moi, le rassurai-je, je vais aller m'empiffrer au buffet.
-Très bien, à tout à l'heure. »
« Creep » s'arrêta lentement pour laisser place à Selena Gomez « Lose you to love me ». C'était le moment pour moi de les laisser profiter de leur soirée. Je rejoignis le buffet d'un pas lent en admirant la scène face à moi. J'observais les couples s'embrasser et danser à un rythme lent. Au loin, je remarquais Martin et Claire danser au milieu de la piste. Arsène discutait avec cette Pauline en la faisant tourner plusieurs fois. Lucas et Léa riaient ensemble. Et j'étais là, seule. J'attrapai un petit four entre mes doigts et le portai à mes lèvres lorsqu'une voix grave me susurra :
« Salut Kate. »
Je lâchai le petit four sous le coup de la surprise et mon corps pivota lentement. J'avais l'impression de rêver, de devenir folle. Il portait une chemise blanche. Les boutons de son cou n'étaient pas boutonnés.
To love love yeah
To love love yeah
To love yeah
Une veste noire chic accompagnait sa chemise à moitié fermée. Il avait abandonné son jean noir et portait un costume noir et des chaussures assez classes. Ses cheveux étaient éparpillés dans tous les sens comme d'habitude. Il portait un doux parfum. Je clignais plusieurs fois des yeux. Mille questions se bousculèrent dans ma tête et je bégayai :
« Ga...Gabriel ? »
**
Bonsoir, désolée de publier le chapitre aussi tardivement mais je travaillais cet après-midi et je suis très fatiguée. Je terminerai de corriger les dernières fautes demain.
Bonne lecture
Elo
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