7.

Cathy

Je rentrai de mon week-end de chez ma mère. J'avais pris le reste de mes affaires. Arsène m'avait déposé dans mon nouvel appartement : Lucas a récupéré sa voiture vendredi mais il n'était pas apte à venir me chercher à la gare aujourd'hui. J'étais inquiète lorsque j'ouvris la porte de l'appartement. Mes yeux furent aussi ronds qu'un ballon de football en constatant le carnage dans toutes les pièces. Des gobelets en plastique étaient étalés partout dans le salon et dans la cuisine. La poubelle débordait de bouteille d'alcool vide. Je comprends mieux maintenant tout ce bazar : Lucas a improvisé une petite fête en mon absence.

Je laissai ma valise dans le hall. Je me dirigeai immédiatement vers ma chambre. Rien n'avait bougé sauf les couettes. Qui a dormi ici ? Lorsque je retournai au salon, Gabriel apparut. Il sortait de la chambre de Lucas. Je demandais avec un air dubitatif :

« Qu'est-ce que tu fais ici ?

-Rien. »

Il s'assit sur le fauteuil, qui était encore en bon état : propre. Je le suivis et demandai à nouveau :

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? »

Gabriel leva les yeux vers moi et posa son téléphone sur la table basse. Il sortit sa cigarette.

« Une fête. »

Oui, je me doute bien, je ne suis pas aussi débile que tu penses, lui répondis-je intérieurement. Il allait fumer dans le salon lorsque je lui pris sa cigarette des mains en geignant :

« Tu ne fumes pas ici.

-Je fais ce que je veux, répondit-il agacé que je lui prenne son plaisir quotidien.

-Non, tu n'es pas chez toi ici.

-J'habitais ici avant que tu arrives.

-Désolé qu'on t'ait mis dehors alors.

-Tu peux l'être, dit-il en prenant sa cigarette de mes mains.

-Je n'y peux rien. »

Mais bien-sûr. Je n'y peux rien, ce n'est pas de ma faute s'il ne vit plus ici. Je lui posai encore une fois une question, l'agaçant encore plus :

« C'est toi qui as dormi dans mon lit ?

-Oui putain, qu'est-ce que ça peut te foutre ? »

Je l'imitai en ricanant et ramassai les gobelets traînant dans l'appartement. Je fis semblant de ne pas avoir remarqué sa contrariété et je posai à nouveau :

« Où est Lucas ?

-Sorti.

-Ok, merci. »

Je jetai un regard en biais et je vis Gabriel lever les yeux au ciel en posant ses pieds sur la table basse en bois blanc. Il n'a aucun respect ce mec. Je suis toute seule avec lui et je dois me taper tout le rangement. J'allai vider la poubelle pleine et je rabâchai :

« Tu pourrais m'aider à ranger hein.

-Ce n'est pas mon appartement, répond-il avec un air de « m'en foutiste » »

Il m'énerve. Je râlai :

« C'est votre bordel !

-Tais-toi, tu donnes un mal de crâne, dit-il en se massant la tête d'un air cynique

-Je n'en ai rien à foutre, bouge ton cul Gabriel ! »

Il lève les yeux au ciel et finit par se lever. Il prit le sac poubelle plein et se dirige vers la porte. Avant de la claquer derrière lui, il me dit :

« Tu m'ouvres quand je sonne, je la descends au sous-sol.

-D'accord, merci Gabriel. »

Je ne me fais pas de faux espoirs, il serait capable de sortir les poubelles pour se barrer chez lui juste après. Je fermai tout de même derrière lui continuant de ranger le bazar dans la cuisine. Je terminai de ramasser les gobelets pour les jeter dans le nouveau sac poubelle pourque la sonnette retentit. Attendez, il est vraiment revenu ? Je cours vers le hall et ouvre la porte. Gabriel était bien revenu pour m'aider. Il entra sans dire à mot et me demanda :

« Il te reste quoi ?

-Quelques gobelets et passer un coup de serpillères sur les tâches collantes au sol et un coup d'éponge sur la table et le plan de travail. Pour ma chambre, je m'en occuperai. Vous n'avez rien touché ?

-Non, je ne crois pas, dit-il sans aucune hésitation. »

J'hausse les épaules et ramasse les deux derniers gobelets. Gabriel prit une des éponges de l'évier et la mouilla avant de nettoyer le plan de travail dans la cuisine. J'étais contente d'avoir un coup de main même si ce n'est pas de bon cœur. Je murmurai un « merci. » inaudible.

Après ça, je fis couler de l'eau chaude avec un détergent dans un sceau pour nettoyer le sol de l'appartement. Je proposai :

« Tu peux mettre de la musique si tu veux, ça sera moins ennuyant.

-Ouais mais je ne sais pas si tu aimeras. »

Il sortit son téléphone et me le tendit. Oh, première fois que je le trouve gentil depuis notre rencontre. Avec une légère méfiance, je pris son téléphone. Il avait ouvert une playlist. Je parcourais la liste et je souris :

« Gabriel, tes sons sont au top vraiment !

-Sérieux ? Tu kiffes ?

-J'adore, je te jure ! Je ne suis pas difficile en musique, tu peux mettre tout ce que tu veux. »

Je mis en aléatoire et cela tomba sur « Eminem, Mockingbird ». C'était doux. Je lavai le sol en fredonnant légèrement et je me rendis compte que Gabriel faisait la même chose. Il vint m'aider avec la serpillère après avoir terminé la table du salon. Je lui dis :

« Je ne te trouve pas si désagréable que ça.

-Je te trouve trop chiante, ça ne change pas, répond-il avec un sourire moqueur. »

Je m'esclaffais et il sourit. Il sourit réellement de me faire rire. Je ne veux pas le contrarier à nouveau et nous nous aidons en silence.

**

On se posa dans le canapé après avoir remis l'appartement dans un état convenable. Je rangerai ma chambre plus tard. Nous étions tous les deux sur nos téléphones. Mon weekend avec ma mère était bizarre : elle était ailleurs, elle ne parlait pas beaucoup. Je m'inquiétais pour elle, elle a l'air absente depuis mon départ. J'étais dans les nuages et je n'ai pas entendu Gabriel me parler.

« Cathy ? »

Première fois qu'il m'appelle par mon prénom aussi.

« Oui, excuse-moi ?

-Je te demandais si t'avais de la bouffe.

-Je crois que j'ai des gâteaux dans le placard. »

Il se leva pour les prendre. Un silence apparut. C'est un silence gênant. Il s'assit à côté de moi et me demanda :

« Pourquoi est-ce que tu m'as giflé l'autre soir ? »

Son ton était calme, aucune once d'agressivité et ça me plaisait. Peut-être que nous pourrons bien nous entendre finalement. Je répondis avec ce même ton :

« Je n'aimais pas ta façon de parler et de traiter les gens.

-Je ne suis pas facile à vivre, tu as du le comprendre, me dit-il en plantant ses yeux bruns dans les miens.

-J'ai mauvais caractère aussi mais si on y met du nôtre, on pourrait bien s'entendre.

-Je ne sais pas. »

Il a à nouveau le regard fuyant, dans le vide. Je me rapproche de lui mais il s'éloigne en se levant.

« Je ne pourrai jamais être ami avec toi.

-Qu'est-ce qui t'en empêche ?

-Parce que tu es une fille. »

Je ne comprends pas le rapport entre mon sexe et l'amitié.

« Que je sois une fille ou pas, qu'est-ce qui importe ?

-Je n'ai pas de respect, je ne sais pas comment me comporter avec une fille, me dit-il sincèrement.

-Sois naturel.

-Je suis moi-même, c'est ça le pire.

-Je ne vais pas te rejeter.

-Ah oui ? »

Une lueur d'espoir éclaira son visage et il se rassit à côté de moi, moins tendu. J'essaye de comprendre ce qui tourmente ce garçon si en colère.

« Oui, répondis-je simplement en souriant. »

Il s'approcha de mon visage en me susurrant :

« Tu dois toujours exécuter le gage de Claire. »

J'écarquille les yeux. Pourquoi est-ce qu'il me parle de ce gage ? Ce n'est qu'un jeu qui remonte à la semaine dernière.

« Tu ne me rejetteras pas si je fais ça ? »

Il désigne le gage. Je n'avais jamais pensé à embrasser ses lèvres mais il a l'air tellement déboussolé. Je veux découvrir ce qu'il cache au fond de lui. Je donne mon accord en parcourant un peu plus la distance qui nous séparait.

« Non, je ne te repousserai pas. »

Il posa sa main sur ma joue et ses lèvres prirent possession de mes lèvres de manière maladroite. Je mouvais mes mouvements aux siens et ma main trouva refuge au niveau de sa nuque. Je n'arrive pas à croire que Gabriel est en train de m'embrasser dans l'appartement de Lucas. Son baiser était si doux, tendre et ne correspond pas du tout à la personne qu'il dégage : un personnage grossier, sans morale, sans valeur, détestant les femmes. Il m'embrasse d'une manière que je ne saurai qualifier : c'était attentionné et j'aimais embrasser Gabriel. Lorsqu'il se retira, il dit :

« Il faut que j'y aille. »

Je ne pus le retenir qu'il avait déjà pris son sac pour quitter l'appartement dans la seconde. Je restai plantée, le dos raide contre le canapé, touchant mes lèvres. Est-ce qu'il m'a prise pour une conne ?

**

Voici un nouveau chapitre où j'ai décidé de mettre un peu de piment entre eux. J'espère que vous aimez bien!

A l'occasion, posez des questions aux personnages si vous voulez, je ferai une FAQ un jour.

Lucas

Gabriel

Cathy

Arsène

Martin

Claire

-Elo