69.
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Gabriel
Je traînai sur les réseaux sociaux, casque dans les oreilles avec des sons de rap dans ma chambre. J'étais correctement installé dans mon lit et je profitais de ma soirée pour me détendre. J'avais fait le fier devant Kate à lui dire que je n'avais pratiquement pas révisé alors que réellement : j'avais passé des après-midis cloué sur mon bureau à lire et relire mes cours de première année et unité d'enseignement de deuxième année. J'en avais marre de cette faculté, j'avais qu'une hâte : terminer mes études et me barrer d'ici pour vivre de mes propres ailes sans devoir dépendre du compte en banque de mon père. Alors que je me détendais, quelqu'un frappa à la porte de ma chambre. Je marmonnai, déjà agacé de devoir supporter la présence de mon père :
« Ouais ? »
La porte en bois s'ouvrit timidement et mon père apparut dans l'embrasure. Il tenait la poignée dans une de ses mains tandis que l'autre s'était réfugiée dans ses cheveux noirs grisonnants pour les toucher, embarrassé. Même si nous étions très différents lui et moi pour le caractère, nous avions néanmoins les mêmes mimiques et je lui ressemblais beaucoup. Je demandai, un peu agressif :
« Qu'est-ce que tu veux ?
-Je voulais juste t'informer que pour Noël, mamie sera à la maison. »
Oh mon dieu. Je roulai des yeux. Heureusement, je ne serais pas là : je n'avais pas envie de supporter cette vieille chouette toute la soirée. Elle allait encore formuler des propos racistes. Je soupirai et répondis :
« Tu invites qui tu veux, je ne serai pas là.
-Quoi ? Mamie vient à la maison pour pouvoir te voir ! »
Qu'on m'épargne cette horreur. Ce vieux plumeau allait encore me sonner que j'ai un look de mauvais garçon, me trouver répugnant de continuer à fumer, reprocher mon éducation à mon père ; ils vont s'engueuler le reste du repas de réveillon et ça va terminer par une dispute entre mon père et moi qui me reprochera d'avoir été un fils indigne. Je répondis, avec ironie :
« A la bonne heure ! Tu diras à ta mère que je ne veux pas la voir et que je me porte bien mieux sans elle. »
C'était simple, clair, net et précis. Je ne voulais pas supporter cette vieille peau. Mon père me gronda vivement :
« Gabriel, je te rappelle que c'est ta grand-mère.
-Je m'en bats les couilles ! Je ne fêterai pas avec vous, c'est mort !
-Et pourquoi ça ? Tu n'as pas le droit, ce sont nos seuls moments en famille.
-Je fais ce que je veux, je suis majeur depuis deux ans.
-Tu es vraiment odieux, me crie mon père. »
Je voulais juste éclater sa face de rat dans le mur et lui balancer les pires insanités dans la figure, mais je me retins. Au lieu de ça, je me levai en hurlant :
« Et toi, tu es le pire père du monde. Je t'ai dit que je ne fêterai pas Noël avec toi, je ne changerai pas d'avis. »
Je pris mes affaires en vitesse. Elles étaient posées sur la chaise de mon secrétaire. J'attrapai ma veste, mes clés de BMW et mon chargeur de téléphone. J'avançai vers la porte et l'agressai verbalement :
« Dégage de mon chemin, maintenant. »
Mon père baissa la tête. Je ne savais pas s'il se rendait compte de l'impact de ses propos. Depuis tout petit, il me rabaissait sans arrêt et m'éduquait comme un trou du cul. Il me laissa me frayer un passage et je lui assénai un coup d'épaule au passage le faisant réagir :
« Gabriel... »
Je ne l'écoutais plus. Je dévalai les escaliers et me chaussai une fois arrivé à la dernière marche. Il me suivit et j'enfilai ma veste en me dirigeant vers l'entrée. Il tenta de me retenir :
« Gabriel, tu as rencontré quelqu'un que tu ne viennes pas le fêter avec nous ? »
Change de sujet, tiens, crachai-je intérieurement en poussant un profond soupir. J'ouvris la porte d'entrée et franchis en deux-trois pas l'allée. Il me crie à la porte :
« Réponds-moi quand je te parle. »
Je m'arrêtai net et détournai lentement mes jambes pour lui faire face. Ses yeux foncés plongèrent dans mon regard noir. J'étais hors de moi. Avec férocité, je tranchai :
« Ca ne te regarde pas. »
**
J'avais donné rendez-vous à Martin à la salle de sport pour me défouler. J'avais besoin d'un peu de musculation et de boxe pour me changer les idées. Je consommai une de mes cigarettes devant la grande bâtisse. J'observai la berline de Martin pénétrer dans le vieux parking de la salle Leroi de la Gonflette.
J'extériorisai la fumée noire et elle s'échappa dans l'air au rythme du vent. Mon pied tapait durement contre le béton. La carrure de Martin apparut devant moi et il me tapa l'épaule avant de me piquer ma cigarette pour tirer un coup. Il me la tendit et prit la parole :
« Qu'est-ce qu'il se passe mon vieux ?
-J'ai des choses à te raconter Martin. Beaucoup de choses. Mais avant ça, allons nous échauffer, ça me calmera.
-Très bien mon pote, comme tu veux. Je te suis. »
Son ton jovial m'encouragea à me confier sur ma vie. J'avais besoin de conseils, de sortir un peu du cocon que j'avais forgé depuis plusieurs années.
Je passai la porte de la salle avec Martin. Nous allâmes nous changer avant de nous attaquer aux machines. Je démarrai le tapis de course et mes foulées. Martin n'aimait pas trop travailler son cardio, ses jambes étaient beaucoup moins endurantes que les miennes, mais aujourd'hui, il se pliait à mes volontés. Alors que la vitesse augmentait petit à petit, je me sentais plus léger. La course était un bon moyen de détente pour moi. Le sport avait toujours été un défouloir. En grandissant, je passais ma rage dans le sport et j'avais arrêté de brutaliser mes camarades de classe.
J'observais mon meilleur ami. Il courrait en silence. Je choisis ce moment pour lui avouer :
« J'ai rencontré quelqu'un. »
Martin arrêta soudainement sa machine et manqua de tomber face à ma déclaration. Il se rattrapa de justesse avant de se poser à côté de moi et il s'étrangla presque :
« Depuis quand ?
-Pas très longtemps.
-Tu t'es remis avec Kate ? »
C'est à mon tour de freiner mes pas de courses. Je ralentis la machine jusqu'à l'arrêt et je répondis avec franchise :
« Ouais. »
Martin sembla surpris, mais il me serra tout de même la main en me disant :
« Félicitations mec. Je savais que cette fille était pour toi. Je me demandais quand tu allais franchir le premier pas. »
Je lui souris et passai ma main dans mes cheveux avant de lui dire :
« Bientôt deux semaines. Elle a demandé pour qu'on se remettre ensemble dans une cabine de London Eye. Elle me laisse une seconde chance.
-Mais, c'est génial ! Je me doutais qu'il se passait quelque chose entre vous samedi à la fraternité, mais j'ignorais que vous vous laissiez une deuxième chance.
-Ouais. Le problème, c'est que nous sommes obligés de nous cacher.
-Vous cacher ? »
Martin semblait un peu plus surpris que nous vivions notre relation à l'abri des regards. Je m'expliquais un peu plus :
« Lucas ne supportera pas notre relation. On préfère attendre que cette histoire se tasse et que notre histoire se déroule bien.
-Plus vous lui cacherez, plus il vous en voudra. »
Je me pinçai les lèvres. Il avait raison, notre secret avait assez duré. Il fallait que je trouve une solution rapidement. La colère que mon père avait provoquée avait peu à peu disparu grâce à Martin. Nous avions discuté de ma relation avec Kate à travers des exercices de musculation. Entre deux, Martin me complimenta :
« En tout cas, tu as vraiment pris en masse alors que tu ne viens jamais.
-J'ai un punching-ball et des haltères dans le garage à mon père. Je fais aussi une série de pompes et d'abdominaux tous les matins. »
A la fin de la séance de musculation, nous regagnions le vestiaire. J'attrapai ma gourde d'eau dans mon sac et l'apportai à mes lèvres. Je retirai mon tee-shirt sali par la transpiration et après avoir mis du déo, j'en remis un propre. Je changeai de bas pour remettre mon jean. Je laçai mes chaussures lorsque j'appelai :
« Martin ? »
Le blond encore torse-nu se tourna vers moi en mettant son tee-shirt. Il répondit :
« Ouais ? »
Je mastiquai nerveusement mes lèvres avant de lui demander :
« Est-ce qu'il te reste un costume ? »
**
Coucou, voici un nouveau chapitre!
N'hésitez pas à laisser des avis! Bisoussss
-Elo
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