53.
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Cathy.
« Je n'ai jamais couché avec quelqu'un. »
Je ne pouvais pas croire ce que je viens d'entendre. Peu à peu, ma gorge se noua et je retenais le plus possible les larmes qui menaçaient de couler. Ce n'est pas possible qu'il ait pu dire une chose pareille. Il me faut un moment pour assembler les morceaux du puzzle. J'étais comme paralysée au départ. Alors, nos derniers moments intenses ne comptaient pas pour lui ? Tout ce qui l'intéressait était mon cul pour qu'il ait presque honte d'avouer que nous avions pu coucher ensemble ? J'étais blessée. Lentement, je me levais avec le verre à la main. Je m'approchais de lui. Il me fixait avec un regard sadique et plein de rancœur. Très bien, Gabriel. J'essuyais les quelques larmes qui avaient coulé. Je déglutis lentement et d'un geste rapide, mon alcool s'étala sur le beau visage de Gabriel le surprenant. Je lui criai avec vulnérabilité :
« Tu es un gros connard, je te déteste. »
Je n'attendis même pas une quelconque réaction de sa part. Il ne veut plus de moi dans sa vie, très bien. Je ne veux plus de lui dans la mienne non plus. Il faut que je me dise que me donner à lui était la pire erreur de ma vie. Je me fis une place dans la foule et m'enfuis le plus loin possible de Gabriel. Une voix lointaine m'appela :
« Kate ! »
Arsène me cherchait dans la foule. Je me retournai, il me suivit et nous sortions dans la petite cour. La première fois que je suis venue dans cette cour remonte à ma première soirée universitaire et je n'avais pas remis les pieds ici depuis. Je m'assis sur la chaise du patio et pleurai. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, c'était le cas de le dire. Arsène s'assit à mes côtés et me prit dans ses bras en me consolant :
« Ne pleure pas ma belle, Gabriel est un gros con et tu n'as pas besoin de lui dans ta vie. »
J'aimais Gabriel tout comme je le détestais. Je l'aimais car j'avais eu cette impression qu'il me montrait une vraie partie de lui, qu'il s'attachait vraiment à moi. Je me sentais importante à ces yeux, il était si doux et si attentionné avec moi ces derniers jours. J'y ai cru et c'était que du pipo. Tout était mensonge avec lui. Je le détestais pour m'avoir utilisé, manipulé, détruite. Il m'a humilié en me disant qu'il n'avait encore rien fait avec une fille. Arsène reniflait et je savais qu'il était comme moi : Quand quelqu'un pleurait, il pleurait lui aussi. Je serrai fort Arsène contre moi. Je pleurnichai :
« Vous aviez raison, j'aurai du rester loin de lui.
-Non, c'est de notre faute. On aurait jamais dû te présenter Gabriel, on aurait jamais pu penser qu'il te ferait souffrir à ce point.
-Vous n'y êtes pour rien si je suis tombée amoureuse de lui. »
Eh oui, je suis tombée amoureuse de ce garçon violent car j'ai été assez idiote pour penser que ce mec pouvait avoir des sentiments un jour dans sa vie mais il n'y avait que lui qui comptait et personne d'autre. Gabriel est égoïste, manipulateur, destructeur. Lucas nous avait trouvé dans le patio et il était assez remonté. Il se tira les cheveux en faisant les cent pas. Il se mit à crier :
« Putain mais quel fils de pute ! »
En dix-neuf ans d'existence et d'amitié, je n'avais jamais vu Lucas dans une colère pareille. Je ne l'avais jamais entendu insulter quelqu'un de « fils de pute ». J'ignorai ce qu'il s'était dit avec Gabriel mais je ne voulais pas savoir. Lucas balança à Arsène :
« Il a menti pour la blesser et ça me dégoûte. Anniversaire ou pas, il n'avait pas le droit de dire ça.
-Je me retiens de lui en mettre une, lui répond Arsène en caressant mes cheveux.
-Crois-moi que j'ai failli lui en mettre une.
-Ça ne sert à rien de le frapper, répondis-je doucement, laissez-le dans son coin. Il regrettera peut-être son geste.
-Je ne veux pas te faire de faux espoirs, je ne pense pas qu'il regrette ce qu'il a fait. »
Mes lèvres se pincèrent. Lucas avait raison, je ne devais rien espérer de lui. Je finis par me lever péniblement de la chaise en métal et je leur demandai :
« Est-ce qu'on peut rentrer ?
-On va rentrer, m'annonça Arsène en posant sa main au milieu de mon dos pour m'accompagner vers la porte menant à la fraternité. »
Je décidai de repasser au petit salon pour saluer Martin et Claire. Lorsque j'arrivais, je fus surprise de voir que tout avait été saccagé, un vrai chantier. Le sol collait à cause de l'alcool et du verre était éparpillé un peu partout dans le salon. Martin était embêté tout comme Claire. Je soupirai :
« Je suppose qu'il a défoulé ses nerfs sur la table.
-Ouais, avoua Martin encore plus embarrassé. Je suis désolé, je n'aurai jamais cru qu'il se comporterait comme ça.
-Ce n'est rien Martin, j'ai été trop naïve. Je vais rentrer. »
Dans un élan hésitant, il m'attira dans ses bras fébrilement pour me montrer à quel point il est désolé. A vrai dire, il croyait réellement que son meilleur ami aurait pu craqué pour moi mais il s'est trompé et il n'en peut rien. Je me forçai à sourire pour le rassurer :
« Celui qui a merdé, c'est Gabriel. Bonne soirée Martin, bonne soirée Claire. »
Je quittai le bâtiment avec mes deux fidèles amis depuis toujours : Arsène et Lucas. Je grimpai dans la Peugeot 208 d'Arsène pour rentrer à l'appartement. Le bouclé baissa le son de la radio et je m'installai correctement à l'arrière. J'étais dans mes pensées. Mon meilleur ami n'était toujours pas calmé. Il en voulait atrocement à Gabriel et j'en voulais énormément à ce garçon aussi. D'ailleurs, sur la route, il avait essayé de me parler en m'envoyant un message :
Ecoute-moi, je regrette ce que j'ai fait...Je suis désolé.
Je roulais les yeux au ciel avec quelques larmes. Il se fout vraiment de ma gueule. Je balaie son message sur le côté et le supprimai sans regret. Va te faire foutre Gabriel Hood.
**
Le reste du week-end était passé très lentement. J'avais passé mon dimanche à déprimer plutôt que travailler et je savais que c'était mauvais de me mettre dans cet état pour un garçon pendant les études. Lucas avait passé son dimanche avec moi à essayer de me remonter le moral avec Arsène. Nous avions fait quelques jeux de sociétés mais rien ne pouvait retirer cette vision de Gabriel me disant droit dans les yeux :
« Je n'ai jamais couché avec quelqu'un. »
C'était un monstre. J'avais passé mon week-end à pleurer et Lucas ne s'était pas calmé. Il m'avait promis de lui faire payer son erreur.
En ce lundi matin, je n'avais presque pas mangé au petit-déjeuner et j'avais peu dormi. Je m'étais mal fringuée et je ne m'étais même pas maquillée. J'étais lamentable. Lorsque je me brossais les dents, je n'osais pas affronter mon propre visage dans le miroir de crainte de me faire vraiment peur. Je dois être cernée. Je soufflai et pris mollement mon sac de cours avant de rejoindre Lucas dans l'entrée. Heureusement, nous commencions à la même heure aujourd'hui :
« Par quoi est-ce que tu commences, me demande Lucas pour faire la conversation sur la route.
-Littérature étrangère. »
J'étais brève. Je passai mon temps à observer le paysage qui s'offrait à moi du côté passager. La musique « Beautiful people » d'Ed Sheeran résonnait à bon décibel dans la Seat Ibiza. Les arbres dénudés passaient en rafale. Le ciel nuageux ne présageait rien de bon : il va pleuvoir toute la journée. J'inspirai un grand coup au moment où Lucas se gara dans le parking de l'université. Sur le chemin, Lucas croisa la BMW de Gabriel garé près de la faculté et il sortit les clés de l'appartement. Il s'approcha rapidement de l'ancienne voiture noire et je l'interrompis :
« Qu'est-ce que tu fous ?
-Je vais la rayer sa BM.
-Ne fais pas ça, l'engueulai-je en chuchotant, Gabriel est un gros con mais il ne mérite pas qu'on lui griffe sa voiture.
-Comme tu veux. »
Lucas avait l'air contrarié que je lui refuse ce plaisir mais il finit par se relever et ranger ses clés avant de reprendre la marche pour la faculté. Sur le chemin, nous croisions Tony, le colocataire de Gabriel. Je baissais la tête en espérant qu'il ne me reconnaisse pas c'était raté :
« Cathy, attends ! Il faut que je te parle.
-Elle n'a rien à te dire, répliqua Lucas méchamment.
-Laisse-le, je te rejoins, lui informai-je en posant une main sur son bras pour le rassurer.
-Très bien. »
Il hocha lentement la tête et me laissa en tête-à-tête avec Tony. Le barbu me toisa difficilement. Il commença :
« Je ne sais même pas par où débuter. Je suis désolé, j'ignorai que tu étais en couple avec Gabriel.
-Nous ne sommes plus en couple, crachai-je d'un mauvais ton.
-Ecoute-moi, il y a un vrai malentendu entre nous. Je ne cherche surtout pas à te draguer, tu n'es pas mon genre du tout.
-Eh bien, Gabriel ne l'a pas vu de cet œil-là et si j'avais su que ça irait aussi loin, j'aurai refusé, lâchai-je en me remettant à marcher pour ne plus avoir à l'écouter.
-J'aime les garçons Cathy. »
J'avais franchi une dizaine de mètres lorsqu'il m'avoua son homosexualité. Je me stoppai dans mon élan et pivotai vers lui, abasourdie :
« Est-ce que tu es sérieux ?
-Oui, j'aime les mecs.
-Oh mon dieu. »
Je plaquai mes mains sur mes lèvres pour ne pas craquer à nouveau. Tout un pat-à-caisse pour une histoire de verre alors que Tony ne cherchait qu'à me connaître. Je me sentais idiote de lui avoir mal parlé et je m'excusai vivement :
« Je suis désolée, je ne savais pas.
-Ce n'est rien, ne t'en fais pas, m'assura-t-il d'un sourire franc.
-Il faut le dire à ce débile qui te sert de colocataire, lui dis-je en espérant qu'il accepte pour que Gabriel se rende compte de ses conneries.
-Je n'ai plus de colocataire, m'avoua-t-il une nouvelle fois en deux minutes. »
Je me pris une première claque. Gabriel s'est barré de la colocation ? Pourquoi ? Je ne peux m'empêcher d'être curieuse sur ce mec détestable :
« Pourquoi ?
-Le directeur l'a viré. »
Je déglutis. Viré ?
« Pourquoi, tentai-je à voix basse.
-Violence, insultes et plusieurs rappels à l'ordre. Il a littéralement balancé mes affaires par la fenêtre. »
Oui, je me souviens très bien de ce moment : je pleurais comme une madeleine dans la voiture de Lucas. Je fis semblant de ne pas savoir et mima une mine choquée :
« Il n'a pas fait ça ?
-Si. Il a pété les plombs, je ne peux pas rester en colocation avec un type timbré.
-Tu as raison. »
Je devais revenir sur Terre : Gabriel ne changera jamais, il restera toujours ce mec violent et sans état d'âme. Nous marchions sur la terre boueuse de l'université. Il cherchait un truc dans son sac car depuis quelques minutes, il fouillait de fond en combles son sac. Je finis par interloquer :
« Qu'est-ce que tu cherches ?
-J'ai trouvé ça dans notre chambre. Je crois que cela t'appartient Catherine. »
J'étais incrédule. Qu'est-ce que...
« Comment est-ce que tu connais mon prénom ?
-C'est le nom qui est inscrit sur ce journal intime. C'était une couverture de filles, je trouvais ça bizarre que Gabriel ait ça dans ses affaires. »
Je tombais dénue lorsqu'un petit carnet d'enfant sortit du sac de Tony. Je n'y croyais pas. Que faisait mon journal intime dans les affaires de Gabriel ? Ma gorge se noua à nouveau. Comment a-t 'il pu me voler ma vie entière en prenant ce petit carnet ? Ce carnet était l'un des biens les plus précieux que je pouvais posséder avec Teddy, ce sont des présents de mon père. Ce journal intime est peut-être quelque chose pour les enfants mais il regorgeait de si beaux souvenirs. Je balbutiai :
« C'est...C'est à moi...
-Je me doutais. Je suis venu te le rendre.
-Merci beaucoup Tony. »
Ma voix était légèrement brisée. Je pris rapidement mon carnet et le rangeai précieusement dans mon sac de cours avant de le saluer. Je ne voulais plus pleurer devant quelqu'un. Je n'allais donc pas à la première heure de cours de la journée : je me suis isolée dans les toilettes pour relire mon journal et pleurer sur tous ces souvenirs perdus :
Cher journal,
Aujourd'hui, nous sommes allés à la plage avec papa et maman. C'était la première fois que je voyais l'eau de la mer et c'était pas bon. C'est salé. J'ai vu des petits poissons aussi avec mon papa. On a fait des châteaux de sable et on a joué au ballon. Il m'a appris à nager aussi. C'était chouette.
Ces souvenirs m'appartenaient et Gabriel me les a volés. J'étais en colère : personne ne pouvait avoir accès à ses secrets et il s'est permis d'épier les miens. Je tournai au fur et à mesure les pages découvrant mes secrets volés. J'étais dégoûtée et blessée. J'écoutais de la musique pour décompresser avant de retourner en cours. Je rangeais ce maudit journal dans mon sac et attrapai les bretelles de mon sac. Je sortis des toilettes d'un pas déterminé. Je n'allais plus me laisser impressionnée par un voleur et un imposteur.
Au cours de neuf heures, j'entrai dans la salle d'un pas nonchalant comme si je me foutais de tout le monde. Je voulais montrer au monde entier que j'allais bien et que je n'allais pas me laisser abattre par un mauvais garçon. Je m'installai au fond de l'amphithéâtre et sortis mes blocs notes en attendant le professeur.
Pendant le cours, j'avais reçu plusieurs messages de Gabriel :
Kate, réponds-moi...
Je suis désolé, ok ?
Putain de merde.
Tu fais chier, arrête de m'ignorer.
J'avais à nouveau supprimé tous ces messages et bloquai son numéro. Sors de ma vie Gabriel.
**
Bonsoir,
Je vous présente un nouveau chapitre. Je vous en publie un second dans la foulée, j'arrive à reprendre de l'avance dans mon écriture! Bonne lecture à vous et passez un bon Week-end!
-Elo
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